Сигизмунд Кржижановский - Estampillé Moscou

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Estampillé Moscou: краткое содержание, описание и аннотация

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Quant à Alexis Tolstoï, c’est tout simple : je renverrai à Tchoukovski, le Pétersbourgeois, car on voit mieux de loin. « A. Tolstoï, écrit-il, se borne à voir, il ne pense pas. »

Mister Williams Hardail, l’actionnaire du Trust D E 8, balaie des millions de gens de la surface de l’Europe de manière qu’ils ne l’empêchent pas de la voir. J’ignore si Ehrenbourg a quoi que ce soit en commun avec M. Hardail, mais sous l’amoncellement de ses images dans lesquelles il récupère presque toute la vieille Europe, c’est à peine si l’on trouve deux ou trois « parce que » et c’est en vain qu’on chercherait un seul « pourquoi ».

Les romans de Pilniak, que lui-même tient parfois pour de simples « matériaux », constituent un vaste entrepôt de décors de théâtre multicolores dans lequel fouille, hélas, un simple accessoiriste. Et c’est en vain que Pasternak quitte Moscou pour aller à Marbourg chercher l’ Unsichtbar – l’invisible -bref, une paire de paupières amovibles (fabrication allemande !) : elles ne sont d’aucune utilité pour Moscou.

Moscou est trop bigarrée, trop multiple, et ses images frappent trop droit pour que celui qui y vit sans paupières puisse mettre la moindre de ses cellules grises ou le moindre recoin de sa tête à l’abri de ces images, qui envahissent spontanément le cerveau. C’est pourquoi la pensée habitée par Moscou est tellement encombrée : comme dans un magasin aux accessoires, tout y regorge de toiles multicolores – et l’artiste s’y trouve à l’étroit. Images, images, images ; nulle place pour des idées : elles se dérobent à la pensée, comme si elles se frayaient un chemin sous une averse de soleil. Puisqu’on ne peut fuir son regard – sinon au gré du regard.

Regardante ne visite pas seulement les poètes : elle a un laissez-passer permanent pour le Kremlin. C’est elle qui a dicté à Nicolas Tikhonov : « Au Kremlin, on ne dort pas ». La Tremblante sans paupières erre le long des murailles du Kremlin plongées dans la nuit, telle l’image de la vigilance éternelle ; elle interpelle les sentinelles en éveil et plonge son regard dans les fenêtres jamais éteintes de la citadelle.

Regardante « a bien mérité de la Révolution ». De même que Macbeth, lorsqu’il tue le roi, devient en conséquence l’« assassin du sommeil », de même la Révolution ne peut-elle s’en prendre aux rois que lorsqu’elle en finit avec le sommeil. L’insurrection des masses, c’est un réveil général ; et, comme il existe un sommeil profond, il peut aussi y avoir un éveil profond, une ouverture sur le réel si pleine et si durable, une telle acuité du système nerveux, que la vie se transforme en une insomnie en état d’alerte maximum.

Les révolutionnaires ne dorment pas. Même dans le sommeil, leur cerveau ne connaît pas le repos. Enveloppé par le bourdonnement des fils téléphoniques, par l’incessante vibration des nerfs, habité et transpercé par la vigilance, il empêche les paupières de se refermer ; il vit et il pense comme si elles n’existaient pas.

Ce n’est qu’en liquidant la nuit, en supprimant le temps perdu dans les trous noirs du sommeil, en rattachant les jours aux jours, en faisant de la vie un Octobre qui dure comme s’il se prolongeait à l’infini, que la Révolution a trouvé le temps de faire ce qu’elle a fait. Il ne faut pas sous-estimer les mérites de Regardante.

Et si l’homme qui peut fermer les yeux ne comprend pas ceux dont les paupières ont été arrachées, tant pis pour lui. Qu’il use de ses paupières : qu’il les baisse.

Il y a environ six mois, arrivait à Moscou un homme de lettres originaire de Leningrad – ou plutôt de Saint-Pétersbourg. Le littérateur qui venait de la ville des idées à la ville des images avait avec lui un manuscrit. Lorsque, entouré de Moscovites, il se mit à le lire, nous eûmes tous l’impression (en fait, le « nous » est ici de trop : moi-même je ne suis pas de Moscou, je ne suis qu’un des « arrivants ») que des taches sans forme ni couleur rampaient sur les pages : impossible de les saisir du regard. À la fin de la lecture, un débat s’engagea : les Moscovites affirmaient d’une seule voix que l’auteur n’avait rien vu ; l’auteur – Pétersbourgeois – que les Moscovites n’avaient rien compris. Sur quoi on se sépara.

Il était tard. Je sonnai à la porte de mon immeuble. Au bout de quarante minutes, je pensai, ou plutôt je vis : d’abord deux vers d’un poème assez connu, puis une phrase d’un épitomé de l’histoire de Moscou, que vous ignorez sans doute :

Au bord des îlots déserts, il se dressait

Plein de grandespensées 9

Et :

… Et Vassili Gretchine dit au prince : « Une vision me vint : en ce lieu sera érigée une ville grande et de haute ascendance… et son nom sera : Moscou. »

Cinquième lettre

On trouve chez Monroe une évocation de Han Lin Yuan, dont le nom signifie en chinois « la forêt des crayons ». Ce nom fut donné, je ne sais quand, à un minuscule hameau réunissant une quinzaine de toits de bambou et dans lequel furent installés, de par la volonté du pouvoir, les meilleurs écrivains, poètes et érudits de l’Empire du Milieu.

L’arbre à thé chinois, si populaire à Moscou, n’y arrive malheureusement qu’après avoir été débité, sous forme de petits cubes solidement empaquetés. Mais nous avons notre propre « forêt de crayons » à Moscou.

Au début, il y a une centaine d’années, ce n’était qu’un minuscule verger de crayons : un boqueteau d’une quinzaine de troncs vernis à la cime encore plate. Mais les arbres se redressaient, poussant d’un même élan. Les sommets arrondis laissaient bientôt percer la pointe de la mine. Petits crayons devenaient grands. Notre littérature moscovite venait d’éclore à l’abri des remparts.

Peu à peu, naquit une habitude : passer le dimanche au bois de Sokolniki, et, aux heures de loisir, avant de se coucher, faire une promenade « culturelle » dans la « forêt des crayons ». Mais comme elle grandissait, multipliant et fortifiant ses troncs vernis, jaunes ou rouges, cylindriques ou hexagonaux, la forêt envahissait une surface de papier de plus en plus importante, des tranches de temps de plus en plus grandes. Et aujourd’hui, on ne sait pas de quoi un vrai Moscovite est le plus fier : du bois de Sokolniki ou de la « forêt de crayons ». La littérature de Moscou est effectivement une littérature de crayon : elle ne vient pas de la plume, mais de la fragile mine de plomb. En Occident, tout comme à Pétersbourg d’ailleurs, on écrit à la plume – ici, non.

La plume est souple, mais elle est ferme, précise et convenable ; elle aime les pleins et les déliés ; elle est encline à la méditation : elle s’arrête dans l’encrier avant de revenir sur la page. Le crayon écrit d’un trait, sans s’arrêter ; il est nerveux, sans soin ; il aime le brouillon : à peine son crissement a-t-il recouvert un griffonnage par un autre qu’en plein élan – crac ! il se casse.

Après avoir visité la ville dans les années vingt du siècle dernier, un étranger dédaigneux faisait entendre cette plainte : « À Moscou, j’ai découvert un cinquième élément : la boue. » Le regard moscovite maîtrise les quatre éléments : disciple de Regardante, il voit tout le visible et embrasse tout, des étoiles aux grains de poussière. En lui, le monde se pose comme la terre, coule comme l’eau, souffle comme l’air et brûle comme le feu. Mais, comme le dit si justement l’étranger, aux quatre éléments vient s’ajouter le « cinquième » qui recouvre tout de la patine grise et sale laissée par le crayon, de la fine poussière terne de la mine de plomb. La vue est nette, l’écriture négligée : l’œil saisit, les doigts lâchent.

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