Сигизмунд Кржижановский - Estampillé Moscou

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Estampillé Moscou: краткое содержание, описание и аннотация

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Ou bien je passe par le Pont-Haut au-dessus de la rivière fétide Iaouza, et soudain une association : laouza, je fais le lien 3. Jamais des associations de ce genre ne m’étaient venues à l’esprit. Vous savez pourquoi ? Ici, en ville, elles sont en général curieusement univoques : une association par analogie, et surtout par analogie profonde, est un phénomène rare, sinon inexistant. Ici, les coiffeurs taillent toutes les moustaches de la même façon, les magasins de vêtements boutonnent tous leurs clients dans le même modèle, les vitrines des librairies proposent les mêmes jaquettes avec la bande « Vient de paraître ». De neuf heures à dix heures du matin, les quatre cinquièmes de toute la foule des yeux se cachent derrière les mêmes journaux, identiques jusqu’à la moindre coquille. Non, ici, en ville, si l’on pense par analogie, on en vient à tout confondre – le connu et l’inconnu, ce qui est d’aujourd’hui et ce qui est d’hier – on tombe dans la mélancolie et peut-être même dans la folie.

L’homme d’ici, l’ homo urbanus, pratique essentiellement l’association par juxtaposition ; l’assemblage et la construction de la ville apprennent à ceux qui la peuplent à assembler et à construire discours et pensée ainsi, et pas autrement. Où qu’il se pose, le regard trouve, en rangs serrés : une tour de sept étages, derrière elle une petite isba à trois fenêtres et, juste à côté, un hôtel biscornu à péristyle ; à dix pas des colonnes, un marché ; un peu plus loin, un urinoir souillé ; plus loin encore, l’envol clair de la flèche d’un clocher élancé et les coupoles parées de diadèmes pointant dans l’azur ; et, à nouveau, écrasant l’église de sa masse, une énorme bâtisse luisante de peinture fraîche. Moscou, c’est un dépotoir d’édifices, d’immeubles, de maisons et de baraques que rien, ni la logique ni la perspective, ne relie, bourrés de la cave au grenier de bureaux, d’appartements et de gens que rien ne rassemble et qui vivent isolés, chacun à son rythme, chacun dans son coin, mais séparés par de simples cloisons, souvent en contre-plaqué, qui ne montent même pas jusqu’au plafond. À Moscou, les gens et ce qui les entoure sont proches, non pas parce qu’ils sont proches les uns des autres, mais parce qu’ils sont près, voisins, c’est-à-dire, dans le langage de James et de Bain, « juxtaposés ». Ici, dans le tourbillon de Moscou, on se rassemble et parfois on se lie d’amitié non pas parce qu’on se ressemble mais parce que les bancs sur les boulevards ont plusieurs places et que les fiacres ont leurs sièges en vis-à-vis. Parmi les huit cents rues de cette ville-amalgame, on trouve la rue du Mélange (n’est-ce pas là la source de tout ?) avec, à l’entrée, une petite église peinte en blanc, Notre-Dame-du-Meslinge (ancienne forme de « meslange » ou « mélange »). L’église a été construite en trois temps ; elle est faite de trois « près de » : une chapelle, une autre, et une troisième auprès de celle-là. Après cent ans de réflexion, on a soudain ajouté un parvis à la troisième chapelle.

C’est l’association par juxtaposition qui, dès le XVII esiècle, a produit le hameau Izmaïlovski (à côté de Moscou) ; c’est elle aussi qui a édifié Kolomenskoïe comme un oiseau construit son nid, sans plan, guidé par l’instinct de construction : palais sur palais, sans lien logique, selon le principe de la simple proximité. L’ancienne « vue perspective » dessinée au XVII esiècle par le peintre Zoubov, et qui permet de voir les maillons perdus de la vieille résidence des tsars dans les environs de Moscou, est tout à fait inattendue pour la pensée architecturale classique : pour se représenter Izmaïlovski aussi bien que Kolomenskoïe, dont il ne reste aujourd’hui que des vestiges épars, il est inutile de se servir du principe de l’unité par ressemblance. Et il me vient à l’idée que toutes ces charpentes pourries depuis longtemps – étages, cages, moitiés et quarts de cages entassés les uns sur les autres, planches clouées à la hâte ou simplement accolées – ne savaient peut-être pas donner à une ville la forme d’un ensemble harmonieux comme le faisait l’architecture occidentale, mais quelles exprimaient de manière plus ferme et plus incontestable l’essence de la ville qui semble toujours désordonnée et réunit sur sa surface exiguë ce qui est logiquement incompatible. Tous ces Smirnoï, Pétouchki, Potapov et Postnik ne possédaient pas les matériaux nécessaires et les techniques adéquates, mais ils avaient une intuition juste de ce que veut dire « construire une ville », ils savaient penser la ville.

La Lénivka, la « paresseuse » et les Pétrovskie Linii, les « lignes de pierre », sont les deux rues les plus courtes de Moscou. La Paresseuse, qui compte tout juste trois ou quatre maisons disposées à la diable, est courte parce qu’elle a la paresse d’aller plus loin. Les Lignes-de-Pierre n’ont donné qu’une malheureuse droite, courte et sans force, parce que, malgré tous les oukases de Pierre le Grand sur la construction « en lignes », les Lignes se sont aussitôt dispersées en un écheveau de ruelles, d’impasses aveugles, de passages et de méandres, et n’ont jamais fait plus de cent pas. La ruellerie de Moscou aura eu vite fait de régler son compte à la « ligne ». Dégingandée, capricieuse, conduisant à droite pour aussitôt vous faire tourner à gauche, elle a dérouté mes pensées pendant les premières semaines de mon séjour à Moscou lorsque, après avoir usé deux paires de chaussures, je piétinais encore, incapable de parvenir à cette question élémentaire : si je n’arrive pas à démêler les nœuds de Moscou, est-ce parce qu’ils sont trop serrés ou parce que mes doigts sont trop faibles ? Je devais donc me muscler les doigts, les rendre aptes à saisir et à tenir : ce à quoi je m’employai avec méthode.

Troisième lettre

Quand j’arrivai à Moscou, ma valise solidement bouclée contenait trois changes de linge, les trois Critique de Kant, un volume dépareillé de Soloviev, mon bric-à-brac de célibataire et une demi-livre de lettres de recommandation. Ces lettres étaient attachées par une ficelle : le paquet dénoué, moi-même transformé en « porteur de la présente », je me mis à errer de sonnette en sonnette. Sur les portes, à côté de la poignée, je trouvais immanquablement une affichette : pour untel, deux longs, un bref ; pour untel, trois brefs ; c’était tout. Je sonnais selon les indications, tant de longs, tant de brefs, pressant avec application la sonnette de mon doigt, et il en résultait toujours la même chose : d’abord, on décachetait l’enveloppe et l’on parcourait le texte du regard, puis c’était moi que l’on décachetait et que l’on toisait. Il y avait des regards longs et il y en avait de brefs ; généralement longs au début, ils devenaient de plus en plus courts ; les pupilles me palpaient, comme ci, comme ça, une fois, deux fois, trois fois ; le regard se plissait pensivement, il se posait d’abord sur moi, puis passait à travers moi, puis à côté.

Écoutant le bruit léger de la serrure américaine, je comptais les marches mal équarries de l’escalier qui ramenait au rez-de-chaussée et je cherchais, mon ami, des métaphores. L’image de la sonnette fatiguée eut vite fait de m’ennuyer. Un jour, comme je traversais le marché, je trouvai quelque chose de plus éloquent : les gens qui se pressent parmi les étals et les cageots savent parfaitement ce qu’est une brioche, une brioche ordinaire, que le petit vendeur soumet au toucher des clients, pour que l’acheteur méfiant puisse s’assurer de la qualité de la marchandise. Chaudes et potelées, les brioches s’amoncellent dans un panier, protégées par un tissu. Mais l’une d’elles, toujours seule, reste sur la toile, livrée aux doigts qui la palpent : les passants, serviette, sac ou cabas à la main, qui se hâtent de rejoindre leur bureau ou de finir leurs courses, empoignent la brioche solitaire – les uns d’un geste rapide et brutal, les autres d’un mouvement lent et pensif, la pétrissant entre leurs doigts – et de nouveau elle frissonne sur la toile, séparée de ses semblables ; elle a depuis longtemps perdu sa parure croustillante et dorée, son corps chaud grelotte, il n’est plus que plaies et bosses, traces d’attouchements.

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