Сигизмунд Кржижановский - Estampillé Moscou

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Estampillé Moscou: краткое содержание, описание и аннотация

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Je me souviens qu’au moment où vint le tour de la lettre portant pour adresse « 14, boulevard du Crochet 4 », j’eus comme une hésitation. Je pris mon chapeau. Le reposai. Dépliai le plan. Une longue enfilade de lettres – C-r-o-c-h-e-t – et soudain un nom me saute aux yeux : Tâtons 5. Cela me disait quelque chose. Je feuilletai : Zabéline d’abord – rien, il n’y est pas ; puis Martynov ( Rues et ruelles de Moscou ), et enfin Snéguirev. Tiens, tiens, c’est donc cela : il se trouve que la rue des Tâtons s’appelait anciennement rue des Tasteurs, et que ce mot désignait une longue pique munie d’un crochet de métal qui servait à tâter et à sonder toutes les marchandises arrivant aux portes de Moscou. Il faut avouer qu’en l’espace de deux ou trois siècles, les Moscovites sont parvenus à perfectionner cet instrument subtil, à le rendre invisible tout en renforçant et en améliorant son efficacité.

L’histoire de l’ancienne Moscou, c’est l’histoire de son emmurissement.

Au XVIII esiècle, alors que toutes les villes grandes et petites, en Russie comme en Occident, avaient depuis longtemps abattu leurs murailles, s’en débarrassant comme de vestiges inutiles, Moscou abritait toujours son gros corps rond derrière l’enceinte de ses murs et de ses remparts.

Au début du XIX esiècle encore, protégée par ses postes de garde et ses infranchissables chevaux de frise, méfiante, les yeux plissés, elle scrutait à travers les battants entrebâillés de ses portes tous ceux qui vivaient « hors Moscou », tout ce qui venait de province, et elle levait tout doucement ses barrières colorées devant ces « venus d’ailleurs », arrivant d’au-delà des murs.

Bien sûr, tout cela était : mais tout s’est-il enfui dans l’« était » ?

Tous les jours, dans les six gares, les trains ne cessent de déverser de nouveaux arrivages : on amène les gens dans des wagons verts et dans des wagons rouges, on amène du bois, de la farine et des œufs de Kiev dans des clayettes.

Les uns après les autres, les œufs sont contrôlés à la lumière à travers leur frêle coquille, on utilise pour ce faire de petits tubes de papier. Quant aux gens… personne ne s’avise de les déranger en quoi que ce soit. Et pourtant, eux qui se tenaient droits au début, qui marchaient à grands pas et parlaient haut à la manière des provinciaux, se fanent étrangement vite, baissent le ton et se comportent comme s’ils avaient été testés du doigt et de l’œil. Le pas jour après jour plus court et plus discret, les bras ballants, le nouvel arrivé apprend vite à marcher dans la rue du côté ombre, à s’extraire nerveusement des regards qui convergent, à fuir tout ce qui touche et qui accroche.

Quant à vous, cher ami, Moscou n’est parvenue à vous atteindre qu’à travers des lettres, des numéros dépareillés de revues, et le hasard de quelques livres. Mais l’estampille Moscou ne nous perce-t-elle pas du regard, écarquillant son œil rond, noir comme l’encre ? Et les livres ? Ne sentez-vous pas leurs lignes qui se tendent pour vous palper ?

La littérature sur Moscou est complexe, touffue et disparate. Pourtant, il y a longtemps que, sans disperser les mots, je veux embrasser dans une seule et unique image (ou dans une formule) tout cet amoncellement de papier qui m’irrite. Mais l’image se dérobe.

À bientôt…

Quatrième lettre

Et je trouvai : Regardante. Les formules pour chasser les fièvres évoquent le vieux Sisinios et les treize sœurs Tremblantes. L’une d’elles s’appelle Regardante.

Chez nous, tout est bien de chez nous. Point d’Hélicon ni de Parnasse, mais sept tertres surgis des marécages et de la boue, les sept collines de l’ancien site de Moscou ; au lieu du chant des cigales, les piqûres des moustiques paludéens ; au lieu des neuf Muses, les treize sœurs Tremblantes.

Les Muses enseignent la pulsation régulière du vers enfermé dans son mètre et dans son rythme ; les Tremblantes savent comment enfiévrer et déchirer la strophe qui, chez elles, toujours tressaute, nerveuse, disperse les lettres. Les formules magiques n’agissent pas sur les Tremblantes. Elles sont vivantes. Et proches : ici même. Toute rencontre avec elles est dangereuse. Mais la plus dangereuse, c’est celle avec Regardante. Regardante ne sait qu’une chose : regarder, n’enseigne qu’une chose : regarder. Chez l’homme, les orbites ne sont pas vides, mais les yeux qui s’y logent peuvent tour à tour se remplir ou se vider, voir ou ne pas voir, interrompre le flot des images ou lui donner libre cours, fermer leurs paupières dans le sommeil ou les ouvrir sur la réalité. Regardante a les yeux nus : elle est sans paupières – on les lui a arrachées.

Pour les autres, le ciel s’embrase au matin et s’assombrit au soir, il est tantôt d’azur, tantôt luisant d’étoiles ; tour à tour, les choses disparaissent dans les ténèbres ou retournent dans la lumière impitoyable du soleil. Seule Regardante ne connaît ni nuit ni repos ni sommeil : son lot est de voir sans répit, sans arrêt, éternellement. Ceux qui ont honte peuvent baisser honteusement les paupières : Regardante sans paupières n’a rien à baisser.

Voilà pourquoi certains la nomment l’Effrontée. C’est vrai : la Tremblante n’est pas très pudique, elle fixe d’un regard calme et droit le ciel azuré et les trous des latrines, l’infâme et le pur, l’ignoble et le saint. Mais Regardante est pure, parce qu’elle connaît la grande souffrance de voir : le soleil fouette de ses rayons ses yeux nus, éclat sur éclat, image sur image ; ni fuite ni repos ; mais Regardante ne cherche pas à se protéger du soleil et, sans se plaindre, continue de remplir la haute et terrible mission de voir. Quand, pupilles nues, elle erre dans les rues de la ville plongée dans la nuit sans dédaigner La Moscou des tripots 6 , ce n’est pas parce que dans ces bouges et ces boxons on boit et l’on aime pour de l’argent, mais parce qu’on n’y dort pas : on respecte l’insomnie, précepte de Regardante.

Les imaginistes ont été trop oubliés : ils ont pourtant été les premiers à savoir soutenir le regard de Regardante. Aujourd’hui, leur école se niche dans une minuscule Auberge 7mais, pendant les années de la Révolution, ces disciples de Regardante avaient su envahir presque toutes les devantures des librairies ainsi que les kiosques de Moscou. La vision des imaginistes est sans paupières : les images viennent se plaquer sur leurs yeux et boucher la fente de leurs pupilles ; leur théorie de l’« image libre » ne libère que l’image qui peut faire ce qu’elle veut de l’œil sans défense.

La vieille formule « Homère sommeille » voulait dire que les images peuvent ouvrir ou fermer les yeux, à l’instar des gens ; des césures visuelles séparent les images ; tantôt le soleil tend ses rayons au dehors et tantôt il les rétracte ; tour à tour les couleurs dorment et s’éveillent, les lignes courent ou s’immobilisent.

La nouvelle formule « l’image est libre » disait : à bas les césures visuelles ; au diable leurs couleurs fanées ; que le soleil monte au zénith et qu’il arrache à l’œil sa paupière. Mais le principe imaginiste vit dans tous les mouvements littéraires de Moscou, il anime les images dans les strophes et les phrases de tous les poètes de cette ville, de tous ses écrivains.

Pour comprendre la poésie de Moscou, il ne suffit pas de la vigilance dont parle I. Lejnev, qui « ouvre l’œil et même les deux » : il faut en venir à l’idée d’une vigilance sans paupières.

Maïakovski fait semblant d’avoir les paupières à leur place comme si, fidèle à ses habitudes de banlieusard, il écarquillait les yeux devant toute chose, parce que cela lui plaît. Mais dans ses poèmes-enseignes en vers, dans sa poésie qui envahit les rues et frappe impitoyablement les yeux des passants au lieu de se tenir tranquille sous les reliures, on sent comme une revanche : eh bien, tenez, souffrez donc un peu vous aussi ! Je ne peux pas ne pas voir – eh bien je n’admets pas que vous ne voyiez pas !

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