Сигизмунд Кржижановский - Estampillé Moscou
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- Название:Estampillé Moscou
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- Издательство:Verdier
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- Год:2014
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Le tramway numéro 17, terminus Cimetière de Novodievitchi, plus sûrement que bien des livres vous conduira au nom : Vladimir Soloviev. Il s’inscrit en un nœud de signes noirs et déliés sur la croix blanche entre les trois icônes œcuméniques. Si l’on examine les lettres décolorées de celle du bas, on ne discerne que : erit …
Soit. Il suffit de remuer cet écheveau, il suffit de tirer un fil, pour que toute l’énorme pelote suive : Moscou. Vous êtes sans doute perplexe : comment ai-je pu m’attacher à ce que j’appelle « mon problème », comment mes errances à travers les significations de Moscou ont-elles commencé ?
C’est très simple. Ma chambre ne fait pas huit mètres carrés. C’est peu. Vous connaissez ma vieille manie – quand je pense à quelque chose et que je me débats avec mes idées – de tourner comme un ours en cage. Ici, la cage est trop étroite. J’ai bien essayé ; en plaçant la table contre la fenêtre et la chaise sur le lit, je libérais de l’espace : trois pas en avant, un et demi de côté. Pas de quoi faire des cabrioles. Résultat : dès qu’une pensée se met en mouvement dans ma tête, j’ai envie de faire la même chose : fuir mes trois pas verrouillés et suivre les longues courbes des rues.
Impossible de protéger la vie lovée entre nos os temporaux de celle qui tourbillonne autour de nous, impossible de penser en marchant dans la rue sans voir celle-ci. J’ai beau concentrer mes idées, j’ai beau mettre ma pensée à l’abri des impulsions extérieures, cela reste impensable. La rue m’envahit : elle se faufile sous mes paupières baissées, elle frappe à mes tympans, exaspérante et brutale, elle use de ses pavés mes semelles élimées. On n’échappe à la rue qu’en tournant dans une ruelle ; on n’échappe à celle-ci que pour tomber dans une impasse. Et cela recommence. La ville martèle mes tempes de ses hurlements, de ses crissements, de ses lettres arrachées aux mots ; elle cherche à pénétrer mon crâne jusqu’à le remplir du clignotement bariolé de ses lambeaux.
Nul doute qu’il y a en moi une certaine passivité. Au début, j’ai résisté. Puis j’ai renoncé : j’ai laissé entrer la ville en moi. Quand je marchais, frappant les lignes étirées des rues du pointillé de mes pas, je le sentais parfois se prolonger en une ligne qui se confondait avec celle de la rue. Par moments, arrêté à un carrefour désert, j’entendais nettement les pulsations de Moscou résonner à mes tempes. Ou encore, il m’arrivait cette chose étrange : je marche, pressant le pas, de rue en rue, et, au moment où ma pensée s’arrête brutalement, je lève le regard et je me vois dans un cul-de-sac de pierre, entouré de petites fenêtres aux rideaux tirés et de lanternes penchées au bord des trottoirs. Oui. J’ai plus d’une fois remarqué, non sans une certaine joie, que les lignes de la pensée se confondent avec celles qui sillonnent la ville : courbe sur courbe, détour sur détour, méandre sur méandre – avec la précision d’une superposition géométrique.
Peu à peu, je me suis laissé entraîner dans ce jeu de l’esprit avec l’espace : j’aimais à marcher le soir d’un pas régulier le long des lanternes alignées, jetant un regard sur l’ombre qui glissait derrière moi. Arrivé au pied d’une lanterne, je m’arrêtais un instant et je savais qu’alors l’ombre silencieuse me dépasserait pour venir serpenter devant moi, formant avec mon corps un angle à 90°. Ou encore, toujours flânant, je regardais les numéros blancs sur fond bleu augmenter régulièrement : 1-3-5-7…, 2-4-6-8… Mais assez parlé. Si je continue, deux timbres ne suffiront pas.
J’ai déplié le plan de Moscou. J’ai l’intention d’étudier sérieusement cette tache bariolée, ronde comme un tampon, qui s’élargit avec le temps en prenant des couleurs différentes : non, elle ne m’échappera pas. Je vais la prendre en tenailles.
Deuxième lettre
Étrange : à peine ai-je mis ma première lettre dans la boîte jaune que partout, à chaque coin de rue, des boîtes en fer-blanc au ventre gonflé semblent me guetter. Elles ouvrent leurs étroites bouches noires rectangulaires et attendent : encore. Eh bien, va pour encore. À propos, quel immense flot de paroles Moscou déverse tous les jours dans ces boîtes ! À huit heures du matin et à cinq heures du soir, des sacs en grosse toile remplis de mots entassés les uns sur les autres bringuebalent sur des charrettes postales ; puis Moscou frappe les mots de son tampon et les lance à la volée aux quatre coins de l’horizon. Les quelques miens avec. Soit.
Lors des premiers jours que j’ai passés à Moscou, j’avais l’impression de me trouver à l’intérieur d’un tourbillon de mots. L’alphabet en folie dansait autour de moi, grimpait sur les panneaux, les affiches murales, les enseignes en fer-blanc peinturluré, sortait des paquets des vendeurs de journaux, m’écorchait les oreilles de fragments de mots. Des caractères géants, noirs, rouges et bleus, emportaient mes yeux dans leur ronde, les taquinaient du haut des toiles qui flottaient au vent, suspendues au-dessus des rues. Je marchais dans un chaos de lettres, mes pupilles, d’abord attirées, se rétractaient de fatigue. Ces lettres, je m’efforçais de les esquiver ou de les traverser du regard, mais elles me retroussaient effrontément les paupières, cherchaient sans cesse à se faufiler sous mes cils en un flot ininterrompu de taches de couleur aveuglantes. La nuit, après avoir fait claquer l’interrupteur, je tentais de cacher mes yeux sous mes paupières, mais le foisonnement des lettres s’animait en eux, refusait de s’endormir, se répandait en graffiti chamarrés sur l’oreiller blanc et s’agitait longtemps encore tout près de l’œil, s’accrochant aux cils, les empêchant de se refermer.
Il est curieux que mes premiers cauchemars à Moscou – immeubles qui s’effondraient en silence sur moi, course nerveuse jusqu’à l’épuisement mortel dans un dédale de rues conduisant inéluctablement, encore et toujours, au seul et même carrefour tordu, angoisse lancinante des ruelles vides et mortes, qui tantôt rapprochent de la lueur bourdonnante d’une grande place grouillante de monde, et tantôt font volte-face et reconduisent vers le mutisme et la putrescence – que ces cauchemars, donc, aient été en fait ma première approche de Moscou, à tâtons, ensommeillée… mes premières tentatives, aussi inconscientes et maladroites fussent-elles, pour saisir, faire la synthèse.
Il est à remarquer que les conclusions que je tirais de la réalité ne contredisaient pas, au fond, la sombre logique de mes cauchemars. Au début, la réalité la plus ensoleillée, la plus diurne, partie intégrante du moi, provoquait la sensation qu’on éprouve après plusieurs tours de manège, tandis que les arbres, les nuages, les gens et les pavés des trottoirs continuent à tournoyer, emportés sur je ne sais quelle orbite. Je me confiais souvent aux tramways A et B, et surtout au C qui décrivait un grand cercle irrégulier (drôle de coïncidence) : je regardais défiler les enseignes aux lettres fuyantes, les gens qui allongeaient le pas sur le ruban glissant des trottoirs, les jantes des calèches et des charrettes qui grinçaient plaintivement ; aux confins de la ville, la lettre C prenait de l’élan, faisant tinter et vibrer les parallèles des rails, et glissait le long des places désertes, laissant apercevoir les chapiteaux délavés des manèges qui parfois tournaient mais le plus souvent restaient immobiles, accablés de fatigue. Je me retournais pour les suivre du regard et me disais : c’est là.
Je me souviens très bien d’une colonne d’affichage tout écorchée – quelque part du côté de la rue Khapilovka : mots recouverts de mots. Ils se décollaient de la surface métallique et pendaient en d’absurdes lambeaux, telle une guenille bariolée et crasseuse. J’appuyai les mains sur les lettres à moitié putréfiées, et le manège de mots dans un grincement rouillé fit un demi-tour… Et moi aussi parfois, mortellement épuisé, les paupières lourdes et tombantes, je marchais sans regarder les passants, ne sentant que des coudes qui s’accrochaient à mes coudes. Je ne voyais alors que des bouts de chaussures qui pointaient comme des nez, ronds, longs, brillants ou ternes : traînant sur l’asphalte, trébuchant sur les pavés du trottoir défoncé, les nez marchaient méthodiquement et faisaient résonner leurs pas avec une indifférence tellement mécanique que, si les chaussures n’avaient pas été séparées des yeux par un bon mètre et demi… Je levais la tête et voyais avec étonnement non pas des visages et des yeux mais les pentes colorées des toits se dessinant sur l’air bleuté, couleur de coton délavé, que piquetaient les taches blanches des nuages. Un jour, j’entrai dans une gargote nommée À la lune, rue Néglinni (voilà bien un nom tombé du ciel !) : le garçon, qui venait de nettoyer la table des peaux de pois (« Une bière ? »), plongea le regard sous les bords de mon chapeau d’une manière telle que je n’eus pas le courage de me tourner aussitôt vers le miroir : et si jamais sous le chapeau j’allais découvrir à la place du visage – le vide ?
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