Сигизмунд Кржижановский - Le thème étranger

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— Mais il existe aussi un autre verbe, mon bon Saül. À la première personne du singulier, il se conjugue ainsi : j’aime.

— Fadaises : si on l’inverse, aime donne mêê , tout juste bon pour des moutons, et pour ce qui est du sens, les deux se valent. C’est qu’en prison, j’ai eu le temps de penser à tout ça, sous toutes les coutures. Si le christianisme est mort, dis-je, c’est uniquement parce que le monde ne l’est pas. Oui, oui, regardez donc le rythme des quatre Évangiles. Tout repose sur l’idée que la fin du monde est proche et que le temps restant ne s’évalue pas en années, mais en mois ou en jours. La cognée est mise à la racine des arbres, malheur aux faucheurs, qui… et celui qui sera dans les champs lorsque la trompe résonnera et que le ciel se retirera comme un papyrus qu’on enroule et ainsi de suite, et… non, ne parlons pas de suite, mais de fin, la terre projetée hors de son orbite, dans la mort. Donc, si l’on admet que cet anéantissement est imminent, il est tout à fait logique d’aimer son prochain comme soi-même et c’est même la seule chose à faire. Il n’y a pas d’autre solution. Si pour moi, aujourd’hui, « tu » égale « je », alors demain… mais « demain » dissipe le christianisme comme le jour dissipe le brouillard, parce que, vous me l’accorderez, aimer son prochain comme soi-même, ça va un jour, mettons deux, mais toute sa vie et de génération en génération, deux mille ans d’affilée, c’est du nonsense psychologique. Seule une apocalypse peut arranger les affaires du christianisme. Mais je crains que même cela ne suffise plus.

On aurait pu ajouter à la parabole des vierges sages une variante sur les vierges trop sages qui économisèrent l’huile de leurs lampes jusqu’à ce que le soleil se lève et les rende inutiles. Aimer d’amour christique jour après jour, c’est comme peler une pomme de terre avec un rasoir. Sur une peau sale et rugueuse, de tels raffinements n’ont aucun sens. Pour fabriquer quelque chose de solide, caisse ou société, peu importe, il faut taper sur les clous, ou sur les gens, avec un marteau, jusqu’à tant que… Mais nous nous sommes écartés de notre thème. Car « l’homme sympathique », ce n’est pas le chrétien, l’être qui s’évertue à introduire le sermon de la montagne dans les galeries à taupes des catacombes, non, c’est l’épigone de la trentième génération, misérable survivance qui ne sait plus très bien à quoi se raccrocher : il cédera poliment sa place au paradis, mais pas dans le tramway ; il ne distribuera pas ses biens aux pauvres, mais il leur dira : « Dieu vous récompensera » ; giflez-lui la joue gauche, et il vous tendra… le droit, enfin, un article de loi… Vous me direz : c’est une caricature, il existe des milliardaires sympathiques qui sacrifient des millions à la charité, vous-même, vous faites l’aumône aux pauvres et vous m’avez offert le thé, mais c’est d’autant plus grave pour vous. Car plus vous serez sympathiques, plus votre bonté se bonifiera, et plus vite nous en aurons fini avec vous tous !

— C’est une menace, on dirait ?

— Bien plus. Je veux proposer aux autorités des mesures concrètes. Il faut exterminer tous les sympathiques. Du premier jusqu’au dernier. Gentils, généreux, magnanimes, aimables, compatissants, miséricordieux – « feu ! » et adieu tout le monde. Une Saint-Barthélemy, vous dites ? Soit. Le nom importe peu. D’ailleurs, j’explique tout cela ici.

Un bouton s’ouvrit sur sa poitrine et un paquet blanc surgit entre les mains de Sbuth qui se mit à lire.

Je ne répéterai pas ligne à ligne le contenu complexe de ce document fort intéressant. Le texte était parsemé de termes comme « viscosité psychique », « hétérophtalmie », « colarmoyeurs », « mansuéture », « cordialisme ». Le projet présentait pour commencer les caractéristiques biologiques des sympes pris comme les cellules d’un rudiment social, les excroissances d’une classe à supprimer avant qu’elles ne purulent, telles des appendices cæcaux ; les mains n’étant pas faites pour qu’on les serre, mais pour travailler, les serreurs de mains devaient être éliminés. Suivait ce raisonnement : la répugnance des sympes à tuer, due à leur sens de la co-humanité, deviendrait quelque peu problématique en cas de guerre ; ils étaient charitables, leurs glandes lacrymales ne réagissaient qu’au profit des « humiliés et offensés », et seuls les vaincus excitaient leur compassion. Conséquemment, si la classe ouvrière voulait s’attirer la compassion des sympes, il fallait qu’elle fût vaincue. D’où il ressortait que…

Mais déjà, je ne voyais plus les pages défiler. Peu à peu, mon attention était passée du mouvement des lignes au visage de leur auteur. Les joues creuses de Sbuth flambaient d’un rouge maladif et, de temps à autre, se posaient sur moi ses yeux où brûlaient les flammes noires de la peur. Ses phrases volaient de virgule en virgule et suscitaient en moi une image étrange, par contagion, peut-être : l’essieu d’un char au-dessus d’une frontière, une roue de ce côté-ci de la logique et l’autre déjà là-bas, de l’autre côté.

L’acte d’accusation porté contre moi laissait présager la peine capitale, mais malgré tout j’éprouvais, sympe méprisable que j’étais, une pitié opiniâtre et impénitente pour… mon procureur. En effet, je me rendais compte que nous étions très, très nombreux sur le banc des accusés, et que lui, l’homme qui marche du côté soleil de la route, mais la nuit, était complètement seul.

Enfin, les feuillets se sont tus. Saül Sbuth les a rassemblés de ses mains enflées par une chaleur qui leur était inhabituelle :

— Alors ?

Je n’ai pu m’empêcher de sourire :

— L’opinion d’un sympe ne devrait pas vous intéresser. Avez-vous montré votre document aux autorités concernées ?

Sbuth restait muet.

— C’est pourtant clair : vous n’obtiendrez de la sympathie pour votre projet d’extermination des sympathiques qu’en vous adressant à des gens capables de sympathiser. On tourne en rond. Non ?

— Aucunement. Tout cela m’est bien égal.

— Admettons. Mais je ne suis pas seulement un être de sentiment, mais aussi de pressentiment. Et je prédis aisément que ce document ne se séparera jamais de son auteur.

— Pourquoi ?

— C’est pourtant simple : parce qu’il a été écrit par un homme sympathique. Si si…, calmez-vous, je sais, c’est un coup dur, mais prenez-le avec courage, Sbuth : vous êtes désespérément sympathique, je dirai même plus, vous êtes d’une gentillesse bouleversante.

— Je vous défends…

J’ai vu un spasme parcourir son visage ; il a voulu se lever, mais je l’ai retenu – comme alors, contre le mur – par le bras. La situation me procurait une sorte de satisfaction cruelle.

— Reprenez-vous. Croyez bien que si vous ne m’étiez aussi symp…

— Calomnie. Vous mentez sans vergogne ! C’est faux.

— Mais alors, les autres mentent aussi. Tous ceux qui vous ont rencontré (je lançai une série de noms) m’ont dit : quel sympathique personnage que ce Saül Sbuth !

Entraîné par une réaction réflexe dans ce jeu étrange, je me suis mis à mentir pour de bon. L’exterminateur de sympes semblait totalement abattu, son visage avait blêmi, s’était soudain creusé. Il a marmonné, une ou deux fois encore, pour protester de sa non-sympathie et s’est tu.

À ce moment-là, en le regardant attentivement, je me suis demandé si je n’avais pas un peu forcé la dose.

Brusquement, il s’est levé. Il maîtrisait sa voix, seuls ses doigts qui attachaient nerveusement le bouton de sa veste où il avait glissé les feuillets, trahissaient son émotion :

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