Сигизмунд Кржижановский - Le thème étranger
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- Название:Le thème étranger
- Автор:
- Издательство:Editions Verdier
- Жанр:
- Год:1999
- ISBN:9782864322870
- Рейтинг книги:3 / 5. Голосов: 1
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— Ainsi, vous persistez ?
Sans attendre ma réponse, il s’est avancé vers la porte. J’ai tenté de le retenir. Avec une force surprenante, il m’a repoussé. Une minute plus tard, il ne restait plus rien de Saül Sbuth dans la pièce, hormis deux flaques sur le parquet formant deux larges taches devant les pieds du fauteuil où il s’était assis.
Quelques jours s’écoulèrent, et l’impression produite par cette rencontre s’effaçait peu à peu. Nous sommes très exigeants envers les pensées des autres : il suffit que la logique contracte ne serait-ce qu’une forme anodine de paralogisme pour que nous en éloignions notre cerveau, par peur de la contagion. La vision que j’avais de Sbuth en avait souffert : l’homme dont j’attendais le secours avait lui-même tout simplement besoin des secours d’un… docteur.
J’avais presque plaisir à me rappeler la façon dont j’avais repoussé sa dernière idée : cela rendait toutes celles qui précédaient plus pâles, plus douteuses. Psychologiquement, cela m’arrangeait bien.
Et il y a peu, un matin, il s’est passé quelque chose, quelque chose de… non, vraiment, il n’y a pas de mots pour le dire. J’ai reçu un paquet par la poste. Dedans – et je ne m’y attendais pas du tout – j’ai trouvé le manuscrit du séparisticien, les pages qui, tout récemment, avaient été mes hôtes, en compagnie de leur auteur, Sbuth.
Je les ai tournées avec perplexité et j’ai relu de bout en bout cette fantasmagorie sur les sympes. Étrange, qu’est-ce que ces pages pouvaient encore me vouloir ? J’étais prêt à les renfoncer dans l’enveloppe, quand j’ai vu, tout en bas du dernier feuillet, une ligne tracée au crayon, qui m’avait échappé :
« Vous avez raison : je suis un sympe… donc… »
Suivait un mot illisible. Voudriez-vous jeter un coup d’œil ? J’ai le texte sur moi. C’est là. Quelle écriture étrange, n’est-ce pas ? Quoi ? Le café ferme ? Onze heures ? Très bien, nous partons. Je paye, et… prenez donc le manuscrit : dehors, ça ne sera pas pratique, il gèle. Pour quoi faire ? Je ne manquerai pas de vous l’expliquer. Voilà, je vous remercie d’avance. Allons-y.
Que ce ressort grince ! Et cette bouffée d’air bleu glacé, tout à fait comme ce jour-là. J’aime quand le crissement de la neige dénombre nos pas. Et puis j’aime le gel, en général. La logique et le gel sont parents, ça ne fait aucun doute.
Voilà, j’ai presque tout dit. Reste à en finir avec le « presque ». Je ne le cache pas, la ligne écrite au crayon qui se trouve dans la poche de votre manteau jouera un certain rôle dans mon… d’ailleurs, jouer un rôle dans ce qui est déjà joué, ça manque de style, même pour un ex-écrivain. Je me souviens que dès que j’ai eu fini de le lire, la première fois, je me suis précipité sur le téléphone pour essayer d’en tirer quelques informations sur Saül Sbuth. L’oreille téléphonique n’avait rien entendu à son sujet et, ces dix derniers jours, personne ne l’avait rencontré, nulle part. Puis, j’ai réfléchi plus profondément au sens de la phrase et j’ai compris ce qu’au début je m’étais obstinément refusé à comprendre : Sbuth était à jamais proscrit de toute rencontre et ce n’était plus la peine de le chercher, même au cimetière, car les tombes des vagabonds sont en général anonymes.
Et soudain, j’ai senti la culpabilité s’abattre – de tout son poids – sur ma conscience. Au fond, qu’avais-je fait ? J’avais poussé un homme faible et malade à la mort. Et pourquoi ? Parce qu’il m’avait offert des pensées, sans rien demander en échange, des pensées qui, en tout état de cause, étaient meilleures que les miennes. Je n’étais pas le seul, me direz-vous, oui, oui, peut-être bien. Tous contre un. Et maintenant… cela va vous sembler étrange… maintenant qu’est impossible toute rencontre avec ce généreux donateur de systèmes philosophiques, d’aphorismes, de formules, de fantasmes, ce dispensateur d’idées enroulé dans son écharpe misérable, c’est la fin de notre littérature – c’est ce que je sens en tout cas – la fin. D’ailleurs, toutes ces plumes « trottant comme des souris [7] » ne me concernent déjà plus. Et la seule chose que je vous demande, à vous, l’écrivain que j’ai choisi, c’est de prendre ce thème avec ce manuscrit. C’est le thème d’un autre, dites-vous ? Eh bien, voilà encore une chose que Sbuth m’aura apprise : à donner, sans rien demander en retour. Vous devez le faire, en souvenir de lui. Vos mots sont si résistants et si soudés qu’ils doivent pouvoir supporter cette charge sans être réduits au silence. Bon, il ne reste plus qu’à souhaiter au thème bon voyage.
La lecture de la suite de ce manuscrit présente un certain danger. Il est du devoir de l’auteur d’avertir : la moindre erreur d’appréciation du texte peut entraîner une confusion entre différents « je ». Cela s’explique pour une part parce que les « je » sont faits, un point c’est tout ; et cela vient, pour une autre part, de l’imprévoyance de l’auteur qui a autorisé son personnage à mener le récit à la première personne en lui prêtant, pour ainsi dire, son pronom personnel et qui ne sait plus comment faire pour le reprendre et finir en son nom propre.
Selon la loi, tout objet possédé – bien entendu – de bonne foi, bona fide , devient, après une durée déterminée, la propriété de son possesseur. Mais en littérature, on n’a toujours pas décrété à partir de quelle page le « je », passé de l’auteur au personnage, devenait la propriété inaliénable de ce dernier. La seule personne qui aurait pu répondre à cette question, Saül Sbuth, n’est plus en mesure de le faire.
Ainsi, un individu s’étant approprié un manuscrit et un thème ayant un droit contestable à utiliser la première personne du singulier, il faudra, dans ces derniers paragraphes, se contenter du mot « il », malgré tout l’inconfort stylistique que suppose ce choix.
Le thème étranger, une fois arrivé parmi les thèmes de l’écrivain, mit longtemps à trouver une place sur une feuille de papier. L’homme débordé dont la serviette avait recueilli les formules de Sbuth, devait d’abord terminer son propre récit et s’acquitter de deux ou trois contrats. Le thème dut se mettre à la queue, tout au bout. Et lorsqu’enfin son tour arriva, il se débattit sous la plume et refusa de se donner à un inconnu. Celui-ci, qui possédait assez bien l’art d’aborder les sujets, savait qu’il était vain dans ces cas-là de recourir à la force et que, sans déclencheur approprié, ses tentatives auraient pour seul résultat de rendre à jamais autre le thème étranger. Il rangea sa plume et attendit le déclic.
Des semaines passèrent. Un jour qu’il se laissait porter par la foule sur l’un des trottoirs les plus fréquentés de Moscou, il remarqua une forme familière. C’était l’homme qui lui avait confié les feuillets inutiles. Il ne fallait pas laisser passer l’occasion de rendre le thème à qui de droit. Celui qui se désigne par le pronom « il » eut un mouvement : rattraper, interpeller. Mais à ce moment-là, quelque chose dans le contour, l’inclinaison et la démarche de la silhouette qui avançait devant lui arrêta l’écrivain. La forme voûtée se mouvait étrangement, comme un noyé au fil de l’eau ; ballotté au rythme des coups donnés par ceux qui arrivaient derrière et sur les côtés, il glissait sur le trottoir, penchant ses épaules raidies tantôt à droite, tantôt à gauche ; quand il était pris dans le tourbillon d’un carrefour, il ne regardait ni devant, ni autour, et son visage gonflé, qui s’offrit un instant au regard de son poursuivant, exprimait l’absence et le silence.
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