Сигизмунд Кржижановский - Le thème étranger

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Deux ou trois minutes plus tard, je ne savais déjà plus ce qui l’avait fait rire : sa rhétorique ou la première expérience de séparistique qui avait entraîné notre expérimentateur dans une aventure il est vrai assez cocasse.

Le premier chien qui était accouru au sifflement de Sbuth était un quadrupatte de race indéterminée et de couleur encore moins distincte, et qui s’avéra fin prêt pour l’adoption. L’organisateur d’absences fut particulièrement séduit par les yeux intelligents de l’animal qui semblait comprendre tout le sens de cette entreprise, postulats métaphysiques inclus. La moitié du déjeuner de Sbuth engloutie, le chien partit sur les talons de son dieu bienfaiteur. Dieu et chien passèrent la nuit sur un banc froid du boulevard. Le lendemain matin, la dernière page du journal se plaignait à tous vents : « Perdu… enfui… disparu. »

Sbuth se mit à étudier en détail les signes particuliers : il s’y connaissait mal en héraldique canine et le pelage incertain du chien prodigue correspondait à presque toutes les descriptions. Il tenta de vérifier les noms, mais l’autre, plein d’empressement, réagissait à tous en dressant les oreilles et en faisant « oui » de la queue. C’était une nature avide et peu difficile, saisissant au vol tous les noms et toutes les nourritures, déchets compris. Après de longues hésitations, l’expérimentateur entoura l’un des rectangles de la page, siffla le chien et se rendit à l’adresse indiquée. À une centaine de pas du but, l’organisateur d’absences fut arrêté par cette pensée : fallait-il accélérer ainsi le tempo ? Remplacer la langueur du slentando par un vivace pressé ? Il fallait donner à l’ennui le temps de mûrir ; ce n’était pas un hasard, non, vraiment pas, si dans la sonate en mi majeur, les tropes du ralentissement, quieto et ritardando , apparaissaient au deuxième mouvement. Un retour trop rapide ne provoquerait pas une réaction suffisante. Sbuth tourna les talons. Une journée s’écoula. La personne qui s’était signalée dans le journal se désespérait-elle ? Mystère… Mais Sbuth, lui, était au désespoir : l’animal vorace avait dévoré deux bons tiers du casse-croûte acheté par son ravisseur et continuait effrontément à quémander. Le lendemain matin, Sbuth sacrifia sa dernière piécette pour acheter le journal… l’annonce avait disparu. Le moment était venu : saisir l’émotion, l’arracher brusquement des ténèbres et la précipiter dans la lumière. Il faut savoir rattraper à temps quelqu’un qui sombre dans l’affliction : « Pssit, Daisy, on y va. » Une douzaine de minutes plus tard, Sbuth sonnait à la porte de l’appartement indiqué dans le journal de la veille. En réponse, un aboiement derrière la porte. Une voix sourde : « Au pied, Daisy. » Puis des pas traînants et une tête entre les battants. Sbuth n’eut pas le temps d’ouvrir la bouche que la tête s’écria : « C’est pas l’équarrisseur ici ! », puis souffla avec dédain et la porte claqua. Sbuth m’assura que la fausse Daisy avait l’air découragée. Je crois qu’il ne l’était pas moins. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’il examina sa compagne quadrupatte et qu’il vit toute la misère de ses attributs canins. C’était une chienne bâtarde, sans feu ni lieu, plus couverte de crasse que de poils. L’organisateur d’absences tenta bien d’abandonner la fausse Daisy dans l’entrée de l’immeuble, mais se séparer d’elle ne s’avéra pas si simple. Au premier coin de rue, la chienne le rattrapa avec un aboiement joyeux. Sbuth tapa du pied pour faire fuir la candidate à l’adoption. Rien n’y fit.

— Alors je me suis dit, conclut Sbuth, qu’il y avait des problèmes bien plus envahissants… et puis, on était dans la misère tous les deux, la chienne et moi. Depuis, on ne se quitte plus. Fausse, ici !

Une boule hirsute sauta hors de l’herbe et, les pattes sur les genoux de son maître, tenta avec dévotion de saisir le regard du monsieur.

— Oui, Fausse, tu l’auras, ta pâtée. Et vous savez, comme c’est souvent le cas, cette bonne action m’a été des plus profitables. Fausse gagne son pain : l’aristocratie canine dorlotée en chambre a un penchant pour les chiennes du peuple… bref, elle me facilite grandement le travail.

Oui, la réussite est assurée à qui ne redoute pas l’échec. Et peu à peu, j’ai pris le tour de main. Comme tout mécanisme, le cœur a son remontoir. Si l’on fait attendre quelqu’un trop longtemps, il cessera d’attendre, le mécanisme des émotions arrive au bout du ressort et s’arrête. « Rien de trop », comme disait le poète antique. J’ai étudié tous les comportements des chiens, des chats et de leurs maîtres, surtout de ces derniers. Et je vous assure qu’il y a peu de gens que l’on accueille aussi chaleureusement, parfois même avec des larmes de bonheur, que moi. Certains ont peut-être quelques soupçons et devinent la vérité, mais l’émotion des retrouvailles entre bipède et quadrupède efface tout : pour elle, pour sentir cette accélération du pouls, les gens sont prêts à prodiguer roubles et poignées de main. Oui, le métier de fournisseur de petites joies ordinaires rend optimiste, je veux bien croire que l’affaire prendra de l’ampleur. Si j’arrive à économiser la somme nécessaire, j’ouvrirai un commerce de… matériel spécial, pour ainsi dire : sur l’enseigne, en lettres noires bien nettes : « Tout pour le suicide », et sur la vitrine : « Renseignements sur le non-être de 11 heures à 16 heures. » Vous dites que cela n’a rien à voir avec ce qui précède ? Au contraire : quand on monte une affaire d’absences, la première idée qui vient à l’esprit c’est d’aider ceux qui veulent s’absenter de la vie. Oui, oui, c’est encore le thème des petites flammes à un sou que le vent doit éteindre. Celui qui est entré dans la vie et oscille entre le « non-être » et « l’être » ne fait que retarder le mouvement général ; l’existence n’admet pas qu’on emménage chez elle « sans intentions sérieuses ». Certes, non pas que les poussières dussent être balayées hors de l’existence, mais si l’une d’elles désire se balayer elle-même, mon bureau sera toujours ouvert pour lui fournir l’indispensable. Oh, vous allez voir : tôt ou tard, mes expériences passeront de la dernière à la première page des journaux ; il y aura une chaire de séparistique dans toutes les universités ; nous mettrons hommes et femmes sur des continents différents ; nous irons jusqu’au bout de la séparation des classes. Mais c’est seulement quand le métronome de l’histoire aura battu le dernier temps de l’ Abwesenheit [5]que s’accompliront le vivacissimamente radieux du retour de tous, tous, tous, vers tous, tous, tous et le Wiederleben [6]panplanétaire et que résonnera la coda de la sonate des Adieux !

Une minute plus tard, la longue silhouette de Sbuth accompagnée du chien qui gambadait à ses côtés s’éloignait, bottines cirées jaune foncé étincelant sur le sable jaune clair du boulevard.

J’ai bien sûr manqué mon rendez-vous. Ce fut, si vous voulez, ma modeste contribution à la théorie de la séparation. J’ai passé toute la soirée seul. Qui sait, peut-être est-ce justement ce soir-là que la logique m’a indiqué la voie menant à cette décision : me séparer de la littérature. Mais cela ne s’est bien sûr pas fait d’un coup. Ensuite… je passerai sur les détails personnels et mon récit avancera sans s’attarder dans… les petites gares. Toujours est-il que j’avais l’impression d’être en terrain boueux, sautant de pensée en pensée comme de motte en motte. Il y a déjà bien des années, en lisant les notes d’un célèbre sculpteur français, je suis tombé sur cette observation : la beauté n’est pas un attribut, une qualité permanente, mais seulement une étape dans l’évolution d’un objet : on ne peut la contempler, il faut la surprendre, du ciseau la saisir en plein vol, comme on perce un oiseau d’une flèche ; par exemple, affirmait le vieil artiste, l’épanouissement d’un corps de jeune fille est presque aussi bref que celui des fleurs d’un pommier ou d’une achillée millefeuille. Œil et ciseau doivent donc être aux aguets et attendre patiemment que le modèle, dont le métier est de dénuder tous les jours son corps, de retirer sa robe, ne dénude soudain son âme. Ainsi, ciseau et œil ne doivent pas perdre une séance pour finir avant que ne disparaisse ce qui seul justifie qu’on affine et perfectionne son appareil aperceptif. Sans relâche, nous interrogeons les choses, mais celles-ci ne répondent qu’une seule fois. Manquer cet instant unique, c’est avoir tout manqué. Montée, sommet, descente. Et voilà que la fraîcheur a défraîchi, que le corps dévêtu n’est plus que nu, je dirais même – dénudé de sa nudité. Rodin et Altenberg l’avaient compris. Si l’on y réfléchit bien, voilà ce qu’on peut comprendre : l’artiste est un homme à la recherche de l’unique. Trouver cet unique dans les multitudes n’est déjà pas chose facile ; le trouver épanoui, accompli, dans sa plénitude, est encore plus difficile. Et l’atteindre au moment où nos propres forces sont au plus haut, c’est-à-dire quand le summum du sujet coïncide avec le summum de l’objet, c’est tout simplement impossible. Je n’accepte rien de moins que le summum. Sans quoi, on est un cran au-dessous de l’art, et donc pas dans l’art.

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