Сигизмунд Кржижановский - Le thème étranger
Здесь есть возможность читать онлайн «Сигизмунд Кржижановский - Le thème étranger» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Год выпуска: 1999, ISBN: 1999, Издательство: Editions Verdier, Жанр: Русская классическая проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.
- Название:Le thème étranger
- Автор:
- Издательство:Editions Verdier
- Жанр:
- Год:1999
- ISBN:9782864322870
- Рейтинг книги:3 / 5. Голосов: 1
-
Избранное:Добавить в избранное
- Отзывы:
-
Ваша оценка:
- 60
- 1
- 2
- 3
- 4
- 5
Le thème étranger: краткое содержание, описание и аннотация
Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Le thème étranger»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.
Le thème étranger — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком
Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Le thème étranger», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.
Интервал:
Закладка:
Sbuth se tut une minute, découpant en mesures – d’un geste de la main – le silence. Puis :
— Cet andante espressivo m’effraye un peu : il sait si bien créer l’absence, nous arracher aux êtres et aux choses… Encore quelques mesures, semble-t-il, et tout retour sera impossible. Ce sentiment, nous l’avons tous éprouvé, quand les roues emmènent « loin de » et que la pensée ramène « vers », quand l’espace entre le « je » et le « tu » augmente irréversiblement, et plus l’unique est proche, plus on est loin, et plus on est loin, plus on est proche. Je comprends pourquoi Beethoven, quand il a voulu transmettre à des doigts qui n’étaient pas siens la mélancolie à trois bémols de la sonate de la séparation, n’a pas pu puiser, pour la première fois de sa vie, dans les formules existantes. Car, c’est là, oui, juste au-dessus du thème des adieux qu’apparaît, comme égarée parmi des mots italiens, une indication dans sa langue maternelle : « In gehender Bewegung, doch mit Ausdruck. » Je me souviens aussi qu’à ce moment-là, un minuscule « je vous en supplie » a traversé furtivement la course de plus en plus rapide des touches, le vent montant des octaves et des tierces ; mais à cet instant les six mesures de conclusion qui ramenaient au tempo primo ont retenti et, avant même que j’aie pu saisir l’indication du début, la sonate a attaqué le troisième mouvement : le vivacissimamente m’a soudain empli les oreilles de son flot d’allégresse. C’était le célèbre « Retour », la réunion des êtres désunis. Vous vous rappelez ce balancement de triolets à la main gauche, ces mains qui se joignent, cette fébrilité des touches et des lèvres, la pédale qui revient sur les temps faibles et essouffle le piano… D’ailleurs, Stuart Mill dit avec raison : comprendre, c’est enfreindre. Le diable seul sait comment tout cela est fait, mais ce qui est sûr, c’est qu’une fois le morceau fini, je restai longtemps sous la fenêtre refermée, sans trouver le courage de dire adieu à la sonate. À cette époque, j’avais du temps libre : j’invitai la sonate à descendre des touches et flâner avec moi sur les pavés sales des ruelles du Zamoskvoretchié. En échange de l’émotion que la musique m’avait offerte, je lui proposai de l’aider à terminer ce qu’elle avait commencé. Le bonheur, expliquai-je, n’aime pas entrer au service des hommes, car ceux-ci ne lui accordent jamais de jours de congé. S’ils savaient vivre comme une sonate, en trois mouvements, glisser des séparations entre les rencontres, permettre au bonheur de s’éloigner un tant soit peu, ne serait-ce que pour quelques mesures, peut-être seraient-ils moins malheureux. En fait, ce n’est pas la musique qui est dans le temps, mais le temps qui est dans la musique. Et malgré tout, nous avons vis-à-vis de notre temps un comportement qui n’a rien de musical. La ville ignore les séparations, elle est une foule toujours unie, une musique sans pauses ; les gens y sont trop près les uns des autres pour être proches. Ces ruelles, où toi et moi, sonate, nous marchons, se bousculent en se croisant, tant elles sont à l’étroit, dans tous les sens du terme ; mais le non-toit du ciel au-dessus de nos têtes nous rappelle l’existence de vides infinis, infranchissables. Si les orbites, comme les rues, se retrouvaient aux carrefours, si les étoiles se croisaient comme les gens, elles se briseraient les unes contre les autres, et le ciel resterait sans lumière et noir. Mais non, là-haut, tout est fondé sur le principe de l’éternelle séparation. Il faut donc enfoncer le coin de l’absence dans nos existences étroites, il faut que les collectifs quittent leurs rangs serrés et se dispersent, sans quoi nous sommes perdus. Un proverbe compare la séparation au vent qui éteint une chandelle mais attise les flammes. Alors, semons le vent. Pour que disparaissent au plus vite – et le plus vite sera le mieux – toutes ces petites coulures à un sou, ces minuscules sentiments qui donnent plus de suie que de chaleur et de lumière. Celui qui ne veut pas de sa soupe tourne une fois sa cuillère, puis repousse son assiette ; mais ceux qui n’ont aucun appétit l’un pour l’autre tournent la langue sans repos, hésitant à repousser l’inutile. L’absurde « coin du feu » tombe aussi sous le coup du vent des absences : plus de salons, ni d’abat-jour, ni de tables rondes. Une série de mesures strictement appliquées : les jours impairs, disons, interdiction aux amis de se reconnaître lorsqu’ils se croisent ; suppression des fiacres à deux places en faveur de ceux à une place ; infliction d’une amende pour toute promenade en couple. Les époux se rendront visite comme on rend visite aux prisonniers ; les enfants ne parleront à leurs parents qu’au téléphone ; tarif réduit sur les transports pour les personnes abandonnant leur famille…
Saül Sbuth aurait certainement continué son énumération, si je n’avais protesté. Il m’a écouté avec attention, marquant d’un hochement de tête le rythme de mes paroles.
— Certes, certes… Cependant, les éléments ne peuvent pas ne pas être élémentaires. Je veux bien que mes réformes soient aussi mécanistes et mortes que le battement d’un métronome, mais ce n’est qu’avec un métronome que l’on peut clouer le rythme dans l’arythmie, enseigner la musique aux sourds de l’âme. Chaque détail doit donc être éclairé comme une punaise qui cherche à s’échapper. Tenez, par exemple, cette assommante ritournelle d’illusions, ce traité de non-séparation qu’est le mariage… Si l’on prend l’histoire de l’idiot qui, à la vue d’une noce, s’écrie : « Oh, mon Dieu… », je ne vois pas… l’idiot est-il vraiment celui qu’on croit ? Je n’en suis pas sûr… Vies unies ne signifie pas forcément mains unies, et la cloche d’une gare peut tout à fait remplacer celle de l’église. Sinon, on se retrouve dans une tombe à deux places. La seigneurie de Florence qui chassa Dante hors les murs, l’arrachant à sa praediletta donna , rendit un grand service à l’amour. Ce n’est qu’après avoir connu l’Enfer de l’adieu, le Purgatoire des séparations et retrouvé le pays du retour que le grand maître composa les trois cantiques de sa divine sonate, ou comédie, si vous voulez. Oh, je pourrais sans problème vous exposer les principes complexes mais élégants de la séparistique, mais ce qui m’intéresse pour l’instant, c’est l’art de la séparistique ; non pas la théorie, mais la pratique. Je vais vous raconter mes premières expériences dans le domaine…
— Dans le domaine du vol de chiens, soufflai-je, prêt à riposter, rudesse pour rudesse.
— Vous avez vu juste, répondit Sbuth, absolument imperturbable. Mais que faire… on ne peut offrir que ce qui a été ôté. Si l’on donne à quelqu’un quelque chose qui n’est pas à lui, qui n’est pas compris dans sa vie comme le terme d’une addition l’est dans la somme, cela ne lui conviendra pas. La justesse d’une addition ne se vérifiant que par la soustraction, j’ai choisi de jouer le rôle du moins. Car si un homme sain n’a pas conscience de sa santé, un convalescent, lui, en a une perception aiguë. Il est vrai que la mort – et ce à l’échelle mondiale – s’adonne depuis bien longtemps à la soustraction, et le plus inconsolable des cadres noirs autour d’un nom qu’elle a soustrait à l’existence ne parviendra jamais à l’attendrir. De plus, la mort, me direz-vous, ne lit pas les journaux. Alors que moi, j’ai l’avantage – toute question d’échelle mise à part – d’être sensible aux prières et de ne pas lésiner sur les journaux. Je sais fournir aux gens l’occasion de s’affliger tout leur saoul, inspirer des annonces douloureuses, quasi funèbres, par colonnes entières, et écouter ensuite leurs supplications, m’apitoyer, puis enfin leur restituer leurs réconforts aboyants, miaulants et glapissants. En outre, comme cela s’est confirmé par la suite, il ne faut pas les empêcher de se montrer généreux… enfin, pour ce qui est de la récompense. Oui, il est des jours où j’ai l’impression d’être un bon petit Dieu, qui arrive comme le « voleur dans la nuit » de l’Évangile, dérobe leur pauvre pousse de bonheur flétrie à la seule fin de l’abriter dans mes jardins paradisiaques de la grêle et de la sécheresse terrestres, puis la leur rapporte, florissante et splendide, sur… – et Sbuth se mit soudain à rire gaiement.
Читать дальшеИнтервал:
Закладка:
Похожие книги на «Le thème étranger»
Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Le thème étranger» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.
Обсуждение, отзывы о книге «Le thème étranger» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.