Сигизмунд Кржижановский - Le thème étranger

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Pour tenir dans ces quelques phrases, j’ai dû me tasser, simplifier mes pensées. À mesure que les lignes de ce schéma grossier augmentaient, à mesure que ses traits de plus en plus nombreux se dessinaient, sa complexité s’est accrue – du moins pour moi – à tel point que je me suis empêtré de façon extrêmement désagréable dans ses angles et tracés. Je cherchais comment faire pour surnager dans cette mer d’encre sillonnée de mille plumes et trouver la côte, et, bien entendu, j’ai abordé un autre thème, plus vaste encore. Tout cela, parce que pour moi, la littérature, c’est plus que de la littérature. Quand Saül Sbuth parlait de se séparer de la vie, il n’a pas évoqué une séparation plus importante encore : celle d’avec soi-même. C’est vrai, parfois, ce « je ne sais quoi » désigné en trois lettres, le « moi », quitte l’homme comme un chien son maître, pour aller errer le diable sait où. Et quand le « moi » s’absente, quand on n’est plus que la couverture d’un livre dont les pages ont été arrachées… C’est quelque chose d’impossible à expliquer, parce qu’on manque de… « parce que ». Je ne connaissais qu’une seule personne qui pût me rendre mon statut antérieur, mais publier dans nos journaux des annonces du genre : « Perdu âme, je vous en supplie, récompenserai généreusement… », ça ne se fait pas. Ce serait tout de même trop peu marxiste. Certes, trouver un moyen de trouver Sbuth n’était pas si facile. Les individus de sa profession n’ont pas coutume de laisser des traces ontologiques dans les bureaux de renseignements. Selon la théorie des probabilités, une rencontre fortuite dans une ville de deux millions d’habitants et de huit mille carrefours revient à une chance sur huit millions multipliée par… en un mot, la théorie des probabilités était elle aussi contre moi. J’ai interrogé les hommes de lettres de ma connaissance : sur les uns, les deux syllabes du nom de Saül Sbuth faisaient l’effet d’un brusque éclat de lumière – ils baissaient les yeux ; les autres regardaient autour d’eux et se dépêchaient de partir, comme s’ils venaient d’entendre le nom d’un créancier ; pour être juste et objectif, je dois signaler qu’un écrivain a même rougi. C’était d’ailleurs le plus jeune et le moins trempé d’encre, si je puis m’exprimer ainsi. Sans aucun doute, l’ex-critique avait en partie dit vrai.

Quatorze mois s’écoulèrent, ce qui nous conduit, nous aussi, à la fin de notre histoire. Finalement, je l’ai rencontré. Il y a trois semaines. Et vous savez, j’avais à tel point cessé de croire au concours du hasard que je n’ai pas tout de suite reconnu le marchand de systèmes métaphysiques. Il était d’ailleurs difficile de reconnaître le Sbuth d’autrefois dans cette silhouette maigre, enfouie dans des haillons. Seule la vue de l’écharpe familière, aux pans battant comme des ailes d’oiseau dans le vent acéré d’octobre a retenu mon attention et mes pas. Cependant, Sbuth, sans me remarquer, poursuivait rapidement sa route. Je me suis élancé sur ses traces. Au début, je ne voyais rien d’autre que son dos étroit. Ensuite, réagissant probablement au bruit des talons qui le pourchassaient, il s’est retourné, puis a soudain détourné les yeux et accéléré l’allure. Moi aussi. Sbuth a bifurqué dans un passage. Moi de même. Ayant pour tout vêtement des trous et une écharpe, il allait d’un pas plus léger que moi qui portais un lourd manteau de fourrure, mais comme je suis de ceux qui déjeunent tous les jours, j’ai eu l’avantage. En parcourant les derniers mètres, j’ai vu que son pas faiblissait, il a chancelé une ou deux fois et j’ai compris qu’il ferait encore une dizaine d’efforts pour actionner les jambes, puis qu’il s’arrêterait, comme une montre dont le ressort est à bout ; j’avançais, bousculant les passants. Certains ralentissaient : à première vue, on pouvait croire à un pickpocket pris en chasse par le propriétaire des poches inquiétées. Perplexe, un agent de police a porté son sifflet à la bouche. Deux ou trois personnes se sont précipitées pour intercepter Sbuth. Mais celui-ci n’en pouvait déjà plus : il s’appuyait de la main sur les briques du mur, le visage trempé de sueur, et me montrait les dents d’un air étrange. Nos souffles haletants se sont croisés dans le rayon du réverbère.

— Que voulez-vous ? Je ne vous dois pas un chien vaillant. Laissez-moi !

Sa voix, entrecoupée par les bondissements de son cœur, était glapissante et rauque ; un instant, son aspect ébouriffé, haillons hérissés dans le vent, a projeté dans mon cerveau l’image de Fausse. Mais l’heure n’était plus aux associations d’idées. Le cercle de badauds allait se refermer. J’ai hélé un cocher. Visiblement, Sbuth avait une préférence pour le mur collé à ses omoplates. Tant bien que mal, je l’ai arraché aux briques gelées, je l’ai poussé derrière le rideau ouvert par le cocher et les patins du traîneau nous ont charitablement tirés de cette mêlée absurde. Dix minutes plus tard, je dégelais Sbuth avec du thé préparé sur le réchaud et une chaufferette électrique posée devant ses bottines éculées jaune passé, aux bouts percés. La porte de mon bureau était bien fermée. Sbuth avalait le thé bouillant et de ses doigts qui rougissaient en se réchauffant rompait des morceaux de pain. Seule la conversation restait gelée, et les pauses s’empilaient comme les briques d’un mur en construction. Enfin, j’ai fait une tentative.

— Cher Sbuth – ai-je dit, coulant, non sans émotion, un regard dans ses yeux creusés, comme enfoncés dans son crâne – au bout du compte, quand il est question de quelqu’un qui travaille au service du mot, c’est-à-dire de la littérature, le silence n’est pas une mauvaise réponse. Mais je suis convaincu que vous, et vous seul, pouvez me proposer quelque chose de plus que le silence ou même… qu’un système philosophique. Je vous en prie, vous êtes l’unique personne à qui je n’ai pas honte de le demander : aidez-moi, je me suis enfermé dans un raisonnement difficile et…

Les yeux de mon hôte se sont brusquement détournés :

— Et m’a-t-on aidé, moi, quand j’étais enfermé ? Et pas dans un raisonnement, autant le dire ! Vous croyez peut-être que c’était une partie de plaisir ? Que les quatre lois de l’esprit plus quatre murs et des barreaux, c’est pas grand-chose ?

Cette fois, si la pause a duré, c’était de ma faute. Enfin, péniblement, j’ai rassemblé mes mots pour en jeter une poignée à travers le silence :

— Je ne voulais que vous aider à m’aider. Vous l’avez bien déjà fait une fois. Mais puisque vous vous retranchez derrière vos huit murs, puisque, pour quelque raison inconnue, je ne vous suis pas sympathique…

Sbuth, qui avait suivi avec une ironie patiente ma requête – phrase après phrase, elle s’était repliée en bon ordre – partit soudainement à l’attaque :

— « Pas sympathique » ? Oh, cela nous arrangerait bien tous les deux. Mais voilà, le problème, c’est que justement vous m’êtes sympathique, voyez-vous, extrêmement sym-pa-thique, et c’est cela qui me rebute.

— Autrefois, vous plaisantiez différemment, Sbuth.

— Oui, mais l’heure n’est plus à la plaisanterie. Humour tendre, sourire de bonté plaqué sur le visage, c’est ça, les gens sympathiques. Pour ma part, j’ai fermement décidé de couper court, une fois pour toutes, à cette honteuse petite aventure avec le sympathique, le charitable, l’humain, et autres fadaises. Rencontrer quelqu’un de bon me compromet. C’est clair ?

— Pas vraiment, je l’avoue. Que vous a-t-on fait ?

— Pure prétention ! Comprenez donc, vous qui êtes un homme sympathique, que vous et vos semblables, vous ne pourrez jamais agir pour qui que ce soit, où que ce soit ni en quoi que ce soit. Ce mot qui vous désigne, composé de sun et pathos , ne suggère en rien l’idée d’acte. Ce n’est que tout récemment que nous, non, pas vous, mais nous, les non-sympathiques, nous avons trouvé la traduction exacte de ce terme grec en russe : compatissant. Non pas que vous ne puissiez rien, citoyens sympes, bien au contraire : la science aura effacé les derniers vestiges de la notion d’« âme » depuis des milliers d’années que vous serez encore là, entre sympathiques, à « épancher vos âmes », à « raconter vos états d’âme », à vous appeler « amis », à vous rassembler « au coin du feu », ça, ça ne fait pas de doute. Pendant des siècles et des siècles, vous continuerez à prodiguer thé chaud et accueil chaleureux, à vous gargariser d’ offrandes du soir – et toujours à l’aube des temps –, vous, les compatissants, vous brandirez votre préfixe pour rejoindre le coprolétariat, le co-égalitarisme, co-inégalitarisme, co… Nom de Dieu ! Vous piétinerez devant les incendies et offrirez pour les éteindre les petites larmes qui perlent de vos yeux ; pendant que les autres battront tambour, vous vous frapperez la poitrine, prêts à souffrir le martyre pour la culture en péril, pour… bref, pour le pour et non pas pour le contre. Je vous hais !

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