Сигизмунд Кржижановский - Rue involontaire
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- Название:Rue involontaire
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- Год:2014
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La traque semblait s’être calmée, s’être interrompue quelque part là-bas, derrière l’os frontal. La pensée resta dans son refuge, s’efforçant de ne pas bouger. C’est ainsi que se produisit la première migration de pensée de l’histoire : poussée par l’extrême nécessité, l’idée passa du cerveau à son entourage, de la tête – au chapeau.
4
On ne peut plus classiquement, sa femme le trompait avec un amant on ne peut plus classique. Celui-ci possédait des cols taille 42 et des biceps de trente-huit centimètres. Dans sa jeunesse, sa pensée était répartie de façon plus ou moins régulière dans tout son système nerveux. Mais par la suite, elle s’était concentrée dans les quatrième et cinquième vertèbres lombaires, qui gouvernent, comme chacun sait, les réflexes sexuels. Pour l’amant, les femmes ne se distinguaient que par la couleur de leur robe qui, soit dit en passant, est impossible à distinguer au crépuscule. Crépuscule avec lequel il était d’ailleurs en très bons termes. Et quand, après n étreintes, une clé plate fouilla la serrure de la porte d’entrée, l’amant se précipita dans le coin le plus sombre, en quête d’un coup de main dudit crépuscule. Tout près – devant la porte fermée – passèrent des pas familiers et chiches. À droite, le battant d’une porte claqua. L’amant, en arrangeant sa tenue, gagna l’entrée sur la pointe des pieds et, après avoir échangé un baiser silencieux, prit son chapeau sur le crochet du portemanteau. Dans sa précipitation, il ne vit pas que c’était celui du mari. Le feutre gris frotta docilement sa laine rêche entre l’index et le pouce de sa main gauche.
5
L’amant marchait dans les rues endormies de la ville, en s’éventant avec le chapeau. Le ciel avait allumé les feux verts des étoiles : la route de la vie était libre.
Sa poitrine aspirait aisément l’air noir. Il pensait : que c’est bien que la vie n’ait aucun sens, que c’est bien que j’aie eu une femme pour le dîner et que là-bas, à la maison, sur la table attendent du jambon et une bouteille de vin blanc, que c’est bien que quelque part quelqu’un pense à la place de ceux qui peuvent ne pas penser. L’homme regarda devant lui : la bosse d’un pont se rapprochait. Les lumières de la ville nuiteuse tentaient de se noyer – mais elles ne pouvaient pas : la rivière et le vent les berçaient sur l’onde noire. Il alla jusqu’au milieu du méandre et se pencha par-dessus le parapet du pont. Des gouttes de pluie dispersées en bruine fine lui tombèrent dessus. Il lui fallait mettre son chapeau. Voilà, ça y était.
Àquoibon, sentant l’os humain chaud appuyer sur le cuir de son logement provisoire, se ranima. Diable, il n’était pas fait pour les affres de la vie extracrânienne. Il se souvenait de la chaleur du cerveau, du moelleux du cortex, de la profondeur accueillante des circonvolutions des pensées. Il s’extirpa du giron de cuir, s’approcha de la suture temporale et sauta avec précaution dans le cerveau de l’inconnu.
Il y a des cerveaux qui sont des centres cérébraux perpétuellement sur le qui-vive – sous les lampions toujours allumés des sens – dont les circonvolutions se croisent comme les carrefours des avenues new-yorkaises. Il y a des esprits calmes, mais travailleurs, comme un village de pêcheurs. Ils aiment les pauses ensommeillées (Descartes dormait onze heures par jour), mais, quand ils se réveillent, ils jettent leurs nasses dans la réalité et attendent patiemment d’attraper quelque chose. Il y a des esprits qui étaient des esprits mais se sont décatis, ont gaspillé les pensées qui les habitaient, les ont laissées s’entasser sous le sable des secondes, se transformant en pensées de musée visitées par de rares pensées-touristes. C’était exactement le cas du cerveau de l’homme qui venait d’enfiler un chapeau inconnu abritant un Àquoibon inconnu dans son bandeau de cuir. La pensée, impatiente de retrouver un cerveau, sauta dans cette tête elle aussi inconnue et se mit à parcourir à toute allure – avec le zèle d’un authentique touriste – tous ses coins et recoins les plus cachés. Les pas d’Àquoibon effleurèrent tous les neurones, toutes les fibres et les filaments nerveux. L’homme accroché au parapet restait debout, tourné vers les lumières à demi noyées. Entre son chapeau et son front perlaient des gouttes de sueur froide. Ses lèvres se déformèrent : « À quoi bon ? », il se pencha plus bas, puis encore plus bas et, pour seule réponse brève et froide, les feux s’ouvrirent en un jaillissement.
6
Tout le monde alentour aimait le vieux Khodovits. Il travaillait comme gardien et signaleur à six kilomètres de la ville, en amont de la rivière. Ce jour-là, de même que la veille et l’avant-veille, il se leva aux premiers jaunissements de l’aube et, ses cannes à pêche sur son épaule voûtée, il descendit la pente sablonneuse pour aller sur la berge. Les signaux – des panneaux blanc et rouge sur un mât en forme de L renversé – étaient en place. Ayant accroché ses vers, Khodovits jeta ses hameçons dans l’eau encore endormie du matin. Un alevin flirta un peu avec la mort, taquinant le bouchon, puis regagna les profondeurs. Il restait vingt-trois minutes avant le passage du vapeur venant de la ville. Khodovits se pencha au-dessus de ses cannes pour vérifier les vers. La première allait bien. La seconde – aussi. La troisième – nom d’un chien ! – s’était coincée dans la vase et tendait sa ligne comme une corde. Le vieux tira plus fort : une chose grise, ronde et bombée se mit à filer droit sur lui. Dix secondes plus tard, Khodovits, hochant la tête avec étonnement, examinait le chapeau gris imbibé d’eau qu’il venait de décrocher de son hameçon. Un miracle.
7
Le dimanche, le gardien avait l’habitude d’aller boire deux, trois gorgées de bière au Kneipe le plus proche. Deux, trois gorgées, c’est une façon de parler, bien entendu. Sur l’écume de bière éclataient les bulles futiles de l’écume des souvenirs, les tintements amicaux retentissaient, verre contre verre, la fumée des pipes tentait de s’élever – indemne – aux cieux, et les joues du garçon – de virer au rouge andrinople pour s’assortir à son tablier.
Cette fois-là, « le vieux Khodovits » reçut un accueil particulièrement triomphant. Une dizaine de chopes se levèrent pour saluer avec respect le nouvel arrivé. Le triomphe avait été orchestré par le triomphateur lui-même : le feutre gris que lui avait offert la rivière et qu’il avait soigneusement fait sécher et repassé, ce chapeau de ville qu’il avait, non sans appréhension, enveloppé dans un foulard et porté à deux mains, se pavanait maintenant sur les cheveux gris du vieil homme, avec son ruban graphite étincelant, sa coiffe élégamment bombée et son cordon de soie gris.
Ce jour-là, la bière glougloutait avec une facilité particulière dans les entonnoirs des gorges. Le feutre s’était enfoncé sur les tempes et écoutait attentivement les toasts et le tintement des chopes. Le vieux buvait, répondait aux plaisanteries et aux félicitations et, à chaque gorgée, devenait de plus en plus maussade et incompréhensible à lui-même.
Il faut dire qu’Àquoibon, trempé et transi de froid dans le chapeau où il avait eu le temps de bondir pour fuir le cerveau du noyé, comme on saute dans le canot de sauvetage d’un navire qui fait naufrage, recherchait la chaleur du sang humain et la douceur de l’abri crânien. S’étant faufilé – à la première pression de la tête contre le chapeau – dans le cerveau inerte et scléreux du vieillard, il avait aussitôt entrepris d’en disposer à sa façon.
Plus mort que vif, évoquant un village qui vient d’être dévasté par la peste, le cerveau du vieil homme n’était peuplé que de rares pensées-invalides et pensées-retraitées. Elles recevaient leur maigre pension en approbations, accolades amicales, « ça, c’est sûr, mon vieux », « vas-y, raconte encore », mais se déplaçaient en s’appuyant sur des béquilles logiques, clopin-clopant. Quand Àquoibon fit irruption, les invalides neuronaux allèrent tous se cacher dans leurs trous, et le cerveau fut livré à son plein pouvoir.
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