Roger du Gard - Les Thibault — Tome II [La Mort du père — L'Eté 1914]

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Les Thibault — Tome II [La Mort du père — L'Eté 1914]: краткое содержание, описание и аннотация

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A travers les destins de Jacques Thibault, idéaliste et révolté, et d'Antoine, sérieux, conservateur, deux frères que tout oppose, Roger Martin du Gard nous entraîne dans une vaste fresque sociale et historique.
Après l'interminable agonie de leur père, Jacques, bouleversé, découvre que l'homme qu'il croyait dur et sans tendresse aimait ses fils. Dans cette famille en deuil, l'Histoire fait soudain irruption lorsque se profile le spectre de la guerre après l'attentat de Sarajevo. Devenu socialiste aux côtés de Jaurès, Jacques tente en vain de convaincre son frère de l'imminence du conflit et de ses répercussions dramatiques…
Les Thibault,

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— « Vous avez lu les journaux ? »

Antoine dévisagea une seconde son frère avant de répondre ; et ce regard semblait avouer : « Peut-être que tu avais raison. »

— « Oui », fit-il, pensif. « Nous avons tous lu les journaux. »

— « Nous n’avons pas parlé d’autre chose depuis le début du repas », confessa Studler, en caressant sa barbe noire.

Antoine se surveillait pour ne pas trop laisser voir son inquiétude. Toute la matinée, il avait ressenti une sourde irritation. Il avait besoin, autour de lui, d’une société convenablement organisée, comme il avait besoin d’une maison bien réglée, où les questions matérielles fussent résolues, en dehors de lui et de façon satisfaisante, par un personnel consciencieux. Il voulait bien tolérer certains vices du régime, passer l’éponge sur certains scandales parlementaires, de même qu’il fermait les yeux sur les gaspillages de Léon et les petits profits de Clotilde. Mais, en aucun cas, le sort de la France ne devait lui donner plus de souci que le fonctionnement de l’office ou de la cuisine. Et il supportait mal l’idée que des perturbations politiques pussent venir entraver sa vie, menacer ses projets de travail.

— « Je ne crois pas », dit-il, « qu’il faille s’effrayer outre mesure. On en a vu d’autres… Il est évident, néanmoins, que la presse, ce matin, fait entendre un bruit de sabre assez inattendu… assez désagréable… »

Manuel Roy, au dernier mot, avait levé vers Antoine son jeune visage, aux yeux noirs :

— « Un bruit de sabre, Patron, qu’on entendra de l’autre côté des frontières. Et qui ne manquera pas, sans doute, d’intimider les voisins trop gourmands ! »

Jousselin, penché sur son assiette, leva la tête pour considérer Roy. Puis il se remit à sa besogne : méticuleusement, du bout de la fourchette et du couteau, il pelait une pêche.

— « Rien n’est moins sûr », dit Studler.

— « Malgré tout, c’est probable », fit Antoine. « Et c’était peut-être nécessaire. »

— « Savoir ! » dit Studler. « La politique d’intimidation est toujours périlleuse. Elle exaspère l’adversaire, plus souvent qu’elle ne le paralyse. Je pense surtout que le gouvernement commet une faute grave en laissant se propager à tous les échos votre… bruit de sabre ! »

— « Il est bien difficile de se mettre à la place des hommes responsables », déclara Antoine, d’un ton pondéré.

— « Je demande aux hommes responsables d’être, avant tout, des hommes prudents », repartit Studler. « Adopter une attitude agressive est une première imprudence. Faire croire que cette attitude est devenue nécessaire, en est une seconde. Rien ne serait plus dangereux pour la paix que de laisser s’ancrer dans l’opinion l’idée qu’une guerre nous menace… On même qu’une guerre est possible ! »

Jacques se taisait.

— « Pour moi », reprit Antoine, sans regarder son frère, « je comprends parfaitement qu’un ministre, même si, en tant qu’homme, il condamne la guerre, soit amené à prendre certaines mesures agressives. Et cela, par le seul fait qu’il est au pouvoir. Un homme qui a été mis à la tête d’un pays pour veiller à sa sécurité, s’il a le sens des faits, si la politique menaçante des États voisins lui apparaît comme une réalité… »

— « Sans compter », interrompit Roy, « qu’on ne conçoit pas un homme d’État qui serait décidé, par sensiblerie personnelle, à éviter coûte que coûte la guerre ! Être à la tête d’un pays qui tient une place sur l’échiquier, d’un pays qui possède un territoire, un empire colonial, ça oblige à une vision réaliste. Le plus pacifiste des présidents du Conseil, dès qu’il est en fonction, doit s’apercevoir très vite qu’un État ne peut pas conserver ses richesses, soustraire ses propriétés à la convoitise des voisins, sans avoir une armée forte, qui impose le respect, et qui fasse, de temps à autre, sonner son sabre, ne fût-ce que pour rappeler au reste du monde qu’elle existe ! ».

« Conserver ses richesses », songeait Jacques. « Nous y voilà ! Conserver ce qu’on possède et s’approprier à l’occasion ce que possède le voisin ! C’est toute la politique capitaliste — qu’il s’agisse des particuliers ou des nations… Les particuliers luttent pour s’assurer des profits ; les nations, pour conquérir des débouchés, des territoires, des ports ! Comme s’il n’y avait pas d’autre loi à l’activité humaine, que la concurrence… »

— « Malheureusement », dit Studler, « quel que soit le tour que prendront les choses demain, votre bruit de sabre risque d’avoir les plus déplorables conséquences, sur la politique française, tant extérieure qu’intérieure… »

En parlant, il s’était penché vers Jacques, comme pour lui demander son avis. Ses prunelles avaient un éclat languide, troublant, qui forçait presque à détourner les yeux.

Jousselin leva de nouveau la tête pour regarder Studler ; puis son regard passa les autres visages en revue. Il avait une figure de blond, tout en finesse et en douceur : un nez aquilin, assez long et triste ; une bouche longue, fine, facilement souriante ; des yeux, longs aussi, étranges, d’un gris doux.

— « Tout de même », murmura-t-il distraitement, « vous paraissez trop oublier que, la guerre, personne n’en veut ! Personne ! »

— « En êtes-vous sûr ? » dit Studler.

— « Quelques vieillards », concéda Antoine.

— « Quelques dangereux vieillards qui se gargarisent de belles formules héroïques », reprit Studler, « et qui savent bien que, au cours d’une guerre, ils pourraient se gargariser tout à loisir, sans risque aucun, à l’arrière… »

— « Le danger », insinua Jacques, avec une prudence qu’Antoine remarqua, « c’est que, presque partout en Europe, les postes de commande sont aux mains de ces vieillards-là… »

Roy regarda Studler en riant :

— « Vous, Calife, qui ne craignez pas les idées neuves, vous pourriez préventivement lancer cette idée-là : en cas de mobilisation, toutes les vieilles classes d’abord ! tous les vieux en première ligne ! »

— « Ça ne serait déjà pas si bête », murmura Studler.

Il y eut un silence, tandis que Léon servait le café.

— « Il existe pourtant un moyen, un seul, d’éviter presque à coup sûr les guerres », déclara Studler, sombrement. « Un moyen radical, et parfaitement réalisable en Europe. »

— « Et c’est ? »

— « D’exiger le référendum populaire ! »

Jacques fut le seul à approuver d’un signe de tête.

Studler, encouragé, poursuivit :

— « N’est-ce pas illogique, n’est-ce pas absurde, que, dans nos démocraties de suffrage universel, l’acte de déclarer la guerre soit laissé à l’initiative des gouvernements ?… Jousselin dit : « Personne ne veut la guerre. » Eh bien, aucun gouvernement, dans aucun pays, ne devrait plus avoir le droit de décider, ou même d’accepter une guerre, contre la volonté formelle de la majorité des citoyens ! Quand il y va de la vie ou de la mort des peuples, le moins qu’on puisse dire, c’est que la consultation des peuples eux-mêmes est légitime. Et elle devrait être obligatoire. »

Dès qu’il s’animait, les narines de son nez busqué commençaient à frémir, des taches assombrissaient ses pommettes, et le blanc de son grand œil chevalin s’injectait d’un peu de sang.

— « Ça n’a rien de chimérique », reprit-il. « Il suffirait que chaque peuple oblige ses gouvernants à ajouter trois lignes d’amendement à la Constitution : La mobilisation ne pourra être décrétée, une guerre ne pourra être déclarée, qu’après un plébiscite, et à la majorité de 75 %. Réfléchissez-y. C’est le seul moyen légal, et à peu près infaillible, d’empêcher à jamais de nouvelles guerres… En temps de paix — nous l’avons vu en France — on trouve, à la rigueur, une majorité pour élire au gouvernement l’homme d’une politique cocardière : il y a toujours des imprudents pour jouer avec le feu. Mais, à la veille d’une mobilisation, cet homme-là, s’il était obligé de consulter ceux qui l’ont mis au pouvoir, ne trouverait plus personne pour lui consentir le droit de déclarer la guerre ! ».

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