Pierre Lemaitre - Au revoir là-haut

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Au revoir là-haut: краткое содержание, описание и аннотация

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« Pour le commerce, la guerre présente beaucoup d’avantages, même après. » Sur les ruines du plus grand carnage du XX
siècle, deux rescapés des tranchées, passablement abîmés, prennent leur revanche en réalisant une escroquerie aussi spectaculaire qu’amorale. Des sentiers de la gloire à la subversion de la patrie victorieuse, ils vont découvrir que la France ne plaisante pas avec ses morts…
Fresque d’une rare cruauté, remarquable par son architecture et sa puissance d'évocation,
est le grand roman de l’après-guerre de 14, de l’illusion de l’armistice, de l’État qui glorifie ses disparus et se débarrasse de vivants trop encombrants, de l’abomination érigée en vertu.
Dans l’atmosphère crépusculaire des lendemains qui déchantent, peuplée de misérables pantins et de lâches reçus en héros, Pierre Lemaitre compose la grande tragédie de cette génération perdue avec un talent et une maîtrise impressionnants.

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Un ordre avait été donné de transférer Édouard de toute urgence et, dans l’attente, on autorisa Albert, dont l’histoire autant de fois racontée que déformée fit rapidement le tour de l’hôpital, à rester au chevet de son camarade. Par bonheur, il avait été possible de placer le blessé dans une chambre individuelle, dans un secteur privilégié du bâtiment situé à l’extrémité sud et d’où l’on ne percevait pas en permanence les gémissements des moribonds.

Albert assista presque impuissant à la remontée d’Édouard par paliers successifs, activité épuisante, désordonnée, à laquelle il ne comprit pas grand-chose. Il surprenait parfois, chez le jeune homme des expressions, des mimiques qu’il pensait interpréter avec justesse, mais si fugitives qu’elles avaient disparu avant qu’Albert trouve un mot capable de les désigner. Je l’ai dit, Albert n’avait jamais été très vif, le petit incident dont il venait d’être victime n’avait rien arrangé.

Édouard souffrait terriblement de ses blessures, il hurlait et s’agitait si furieusement qu’il fallut l’attacher sur son lit. Albert comprit alors que la chambre à l’extrémité du bâtiment n’avait pas été donnée au blessé pour son confort, mais pour éviter aux autres de supporter ses plaintes à longueur de journée. Quatre années de guerre n’avaient pas suffi, sa naïveté était encore quasiment sans fond.

Albert se tordit les mains des heures entières en entendant hurler son camarade dont les cris, des gémissements aux sanglots et aux rugissements, couvrirent, en quelques heures, toute la gamme de ce qu’un homme peut exprimer lorsqu’il se trouve placé en continu à la limite de la douleur et de la folie.

Alors qu’il était incapable de défendre son bout de gras devant un sous-chef de service de sa banque, Albert se mua en fervent avocat, il plaida que l’éclat d’obus que son camarade avait reçu n’avait rien à voir avec une poussière dans l’œil, etc. À son niveau, il s’en sortit très bien, il pensa avoir été efficace. En réalité, il n’avait été que pathétique, ce qui fut toutefois suffisant. Comme on avait fait à peu près tout ce qu’on pouvait dans l’attente du transfert, le jeune chirurgien accepta d’administrer de la morphine à Édouard pour calmer ses douleurs, à condition qu’on s’en tienne à la dose minimum et qu’on la diminue régulièrement. Il était impensable qu’Édouard reste là plus longtemps, son état nécessitait des soins aussi spécialisés que rapides. Son transfert était des plus urgents.

Grâce à la morphine, la lente remontée d’Édouard fut moins mouvementée. Ses premières sensations conscientes furent assez confuses, le froid, le chaud, quelques échos difficiles à distinguer, des voix qu’il ne reconnaissait pas, le plus éprouvant étant ces élancements qui irriguaient tout le haut du corps à partir de la poitrine et qui épousaient les battements de son cœur, une suite ininterrompue de vagues qui deviendraient un calvaire à mesure que les effets de la morphine diminueraient. Sa tête était une caisse de résonance, chaque vague s’achevait par un cognement grave et sourd ressemblant au bruit que produisent, contre le quai, les bouées des bateaux lorsqu’ils arrivent au port.

Il sentit sa jambe aussi. La droite, écrabouillée par une balle scélérate et qu’il avait contribué à amocher davantage en allant sauver Albert Maillard. Mais cette douleur se brouilla également sous l’effet des drogues. Il perçut très confusément qu’il avait toujours sa jambe, ce qui était vrai. En capilotade, certes, mais encore à même de rendre (au moins partiellement) les services qu’on est en droit d’attendre d’une jambe de retour de la Première Guerre mondiale. Sa conscience des événements resta longtemps obscurcie, noyée sous les images. Édouard vivait dans un rêve chaotique et ininterrompu où se succédait, sans ordre ni priorité, un condensé de tout ce qu’il avait jusqu’alors vu, connu, entendu, senti.

Son cerveau mélangeait la réalité et des dessins, des tableaux, comme si la vie n’était rien d’autre qu’une œuvre supplémentaire et multiforme dans son musée imaginaire. Les beautés évanescentes de Botticelli, la frayeur soudaine du garçon mordu par un lézard du Caravage suivaient le visage d’une marchande de quatre-saisons de la rue des Martyrs dont la gravité l’avait toujours bouleversé ou, allez savoir pourquoi, le faux col de son père, celui qui avait une teinte légèrement rosée.

Au sein de ce camaïeu de banalités quotidiennes, de personnages de Bosch, de nus et de guerriers furieux, fit irruption de façon récurrente L’Origine du monde . Il n’avait pourtant vu ce tableau qu’une seule fois, en cachette, chez un ami de la famille. Je vous parle de ça, c’était longtemps avant la guerre, il devait avoir onze ou douze ans. Il était encore à l’institution Sainte-Clotilde, à cette époque. Sainte Clotilde, fille de Chilpéric et Carétène, une sacrée salope celle-là, Édouard l’avait dessinée dans toutes les positions, enfournée par son oncle Godégisil, en levrette par Clovis, et, aux environs de 493, suçant le roi des Burgondes avec Remi, l’évêque de Reims, par-derrière. C’est ce qui lui avait valu son troisième renvoi, définitif celui-là. Tout le monde convenait que c’était sacrément fouillé, c’était même à se demander, à son âge, où il avait pris les modèles, il y avait de ces détails… Son père, qui considérait l’art comme une dépravation de syphilitique, serrait les lèvres. En fait, dès avant Sainte-Clotilde, ça ne se passait déjà pas très bien pour Édouard. Surtout avec son père. Édouard s’était toujours exprimé dans le dessin. Dans toutes les écoles, tous ses professeurs avaient eu droit, un jour ou l’autre, à leur caricature d’un mètre de haut sur le tableau noir. Autant dire que c’était signé, du Péricourt tout craché. Au fil des années, son inspiration, concentrée sur la vie des institutions où son père, par ses relations, parvenait à le faire admettre, s’était peu à peu développée autour de nouvelles thématiques, ce qu’on pourrait appeler sa « période sainte », culminant dans la scène où M lle Juste, professeur de musique, en Judith, brandissait d’un air gourmand la tête découpée d’un Holopherne ressemblant à s’y méprendre à M. Lapurce, professeur de mathématiques. On savait qu’ils fricotaient ensemble, ces deux-là. Jusqu’à leur séparation, symbolisée par cette admirable séquence de décapitation, on avait eu droit, grâce à Édouard qui en tenait la chronique, à pas mal d’épisodes scabreux, sur les tableaux, sur les murs, sur des feuilles que les enseignants eux-mêmes, lorsqu’ils les saisissaient, se repassaient les uns aux autres avant de les remettre au directeur. Personne ne pouvait apercevoir dans la cour le fade professeur de mathématiques sans le projeter aussitôt en satyre égrillard doté d’une stupéfiante virilité. Édouard avait alors huit ans. Cette scène biblique lui valut une convocation en haut lieu. L’entretien n’arrangea pas ses affaires. Lorsque le principal, brandissant à bout de bras le dessin, évoqua Judith d’un ton outré, Édouard fit remarquer que certes la jeune femme tenait le décapité par les cheveux, mais que, cette tête étant posée sur un plateau, il aurait été plus judicieux de voir Salomé plutôt que Judith et donc saint Jean-Baptiste plutôt qu’Holopherne. Édouard avait aussi ce côté pédant, des réflexes de chien savant qui agaçaient pas mal.

Indiscutablement, sa grande période d’inspiration, celle qu’on pourrait qualifier d’« efflorescente », commença à l’époque de la masturbation où ses sujets débordèrent d’imagination et d’inventivité. Ses fresques mirent alors en scène l’ensemble du personnel — jusqu’aux domestiques qui accédaient là à une dignité très blessante pour les cadres de l’institution — dans de vastes compositions où l’abondance des personnages autorisait les configurations sexuelles les plus originales. On riait, quoique en découvrant cet imaginaire érotique chacun s’interrogeait un peu sur sa propre vie, forcément, et les plus avisés y discernaient un penchant inquiétant pour les relations, on cherchait le mot, suspectes.

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