Pierre Lemaitre - Au revoir là-haut

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Au revoir là-haut: краткое содержание, описание и аннотация

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« Pour le commerce, la guerre présente beaucoup d’avantages, même après. » Sur les ruines du plus grand carnage du XX
siècle, deux rescapés des tranchées, passablement abîmés, prennent leur revanche en réalisant une escroquerie aussi spectaculaire qu’amorale. Des sentiers de la gloire à la subversion de la patrie victorieuse, ils vont découvrir que la France ne plaisante pas avec ses morts…
Fresque d’une rare cruauté, remarquable par son architecture et sa puissance d'évocation,
est le grand roman de l’après-guerre de 14, de l’illusion de l’armistice, de l’État qui glorifie ses disparus et se débarrasse de vivants trop encombrants, de l’abomination érigée en vertu.
Dans l’atmosphère crépusculaire des lendemains qui déchantent, peuplée de misérables pantins et de lâches reçus en héros, Pierre Lemaitre compose la grande tragédie de cette génération perdue avec un talent et une maîtrise impressionnants.

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La morphine avait produit son effet. Même si les doses allaient diminuer régulièrement, pour le moment, Édouard avait droit à une ampoule toutes les cinq ou six heures, il ne se tordait plus de douleur et sa chambre ne résonnait plus en permanence de geignements lancinants, ponctués de hurlements à vous glacer le sang. Quand il ne somnolait pas, il semblait flotter, mais devait rester attaché de crainte qu’il ne tente de gratter ses plaies ouvertes.

De leur vivant, Albert et Édouard ne s’étaient jamais fréquentés, ils s’étaient vus, croisés, salués, peut-être un sourire de loin, ici ou là, rien de plus. Édouard Péricourt, un camarade comme tant d’autres, proche et terriblement anonyme. Aujourd’hui, pour Albert, une énigme, un mystère.

Le lendemain de leur arrivée, il s’aperçut que les affaires d’Édouard avaient été posées au pied de l’armoire en bois dont une porte béait et grinçait au moindre courant d’air. N’importe qui pouvait entrer, voler — qui sait ? Albert se décida à les mettre à l’abri. En se saisissant du sac en toile qui devait contenir les effets personnels, Albert dut convenir en son âme et conscience qu’il n’avait pas voulu le faire plus tôt parce qu’il aurait été incapable de résister à la tentation de fouiller. Il ne l’avait pas fait par respect pour Édouard, c’était une raison. Mais, il y en avait une autre. Ça lui rappelait sa mère. M me Maillard était de ces mères qui fouillent. Toute son enfance, Albert avait déployé des trésors d’ingéniosité pour lui cacher des secrets d’ailleurs insignifiants, que M me Maillard finissait toujours par découvrir et par brandir devant elle en déversant sur lui des torrents de reproches. Qu’il s’agisse de la photo d’un cycliste découpée dans L’Illustration , de trois vers qu’il avait recopiés d’une anthologie ou de quatre billes et d’un calot gagnés à Soubise à la récréation, M me Maillard considérait chaque secret comme une trahison. Les jours de grande inspiration, en agitant une carte postale de l’arbre des Roches, au Tonkin, qu’un voisin avait donnée à Albert, elle pouvait se lancer dans un monologue enflammé invoquant tour à tour l’ingratitude des enfants, l’égoïsme particulier du sien et son ardent désir de rejoindre bientôt son pauvre mari pour être enfin soulagée, vous devinez la suite.

Ces pénibles souvenirs s’évanouirent quand Albert tomba, presque aussitôt après avoir ouvert le sac en toile d’Édouard, sur un carnet à la couverture rigide fermé par un élastique, qui avait visiblement bourlingué et qui ne comportait que des dessins au crayon bleu. Albert s’assit là, bêtement, en tailleur, face à l’armoire qui grinçait, immédiatement hypnotisé par ces scènes, pour certaines rapidement crayonnées, pour d’autres travaillées, avec des ombres profondes faites de hachures serrées comme une mauvaise pluie. Tous ces dessins, une centaine, avaient été réalisés ici, sur le front, dans les tranchées, et montraient toutes sortes de moments quotidiens, des soldats écrivant leur courrier, allumant leur pipe, riant à une blague, prêts pour l’assaut, mangeant, buvant, des choses comme ça. Un trait lancé à la va-vite devenait le profil harassé d’un jeune soldat, trois lignes et c’était un visage exténué aux yeux hagards, ça vous arrachait le ventre. Presque rien, à la volée, comme en passant, le moindre coup de crayon saisissait l’essentiel, la peur et la misère, l’attente, le découragement, l’épuisement, ce carnet, on aurait dit le manifeste de la fatalité.

En le feuilletant, Albert en eut le cœur serré. Parce que, dans tout cela, jamais un mort. Jamais un blessé. Pas un seul cadavre. Que des vivants. C’était plus terrible encore parce que toutes ces images hurlaient la même chose : ces hommes vont mourir.

Il rangea les affaires d’Édouard, passablement remué.

5

Sur le recours à la morphine, le jeune médecin resta inébranlable, on ne pouvait pas continuer comme ça, on s’habitue à ce genre de drogue et ça provoque des dégâts, on ne peut pas tout le temps, voyez, non, il va falloir arrêter. Dès le lendemain de l’opération, il avait diminué les doses.

Édouard, qui remontait lentement à la surface, à mesure qu’il redevenait conscient, recommençait à souffrir le martyre et Albert s’inquiéta de ce transport pour Paris qui n’arrivait toujours pas.

Le jeune médecin, interrogé, leva les bras en signe d’impuissance, puis il baissa la voix :

— Trente-six heures ici… Il devrait déjà être transféré, je ne comprends pas. Remarquez, il y a sans cesse des problèmes d’encombrement. Mais ça n’est pas vraiment bon qu’il reste là, vous savez…

Il avait un visage extrêmement préoccupé. Dès ce moment, Albert, affolé, se fixa un seul et unique objectif : obtenir dans les meilleurs délais le transfert de son camarade.

Il ne cessa de se démener, alla interroger les sœurs qui, bien que l’hôpital soit maintenant plus calme, continuaient à courir dans les couloirs comme des souris de grenier. Ces démarches n’aboutirent à rien, c’était un hôpital militaire, autant dire un lieu où il est à peu près impossible d’apprendre quoi que ce soit, à commencer par l’identité des personnes qui commandent vraiment.

Il revenait toutes les heures au chevet d’Édouard et attendait que le jeune homme se rendorme. Le reste du temps, il le passait dans les bureaux, dans les allées qui desservaient les principaux bâtiments. Il se rendit même à la mairie.

Au retour d’une de ces démarches, deux soldats faisaient le pied de grue dans le couloir. Leur uniforme propre, leur visage rasé, le halo de confiance en soi qui les entourait, tout dénotait des soldats en poste au QG. Le premier lui remit un document cacheté, tandis que le second, peut-être pour prendre une contenance, posait la main sur son pistolet. Albert pensa que ses réflexes de méfiance n’étaient pas si infondés que ça.

— On est entrés, dit le premier soldat avec l’air de s’excuser.

Il désigna la chambre du pouce.

— Mais après, on a préféré attendre dehors. L’odeur…

Albert pénétra dans la pièce et lâcha aussitôt la lettre qu’il commençait à décacheter pour se précipiter vers Édouard. Pour la première fois depuis son arrivée, le jeune homme avait les yeux presque ouverts, deux oreillers lui avaient été tassés dans le dos, une sœur de passage sans doute, ses mains attachées disparaissaient sous les draps, il dodelinait de la tête et poussait des grognements rauques qui finissaient en gargouillis. Décrit comme ça, on n’aurait pas dit une amélioration franche et positive, mais Albert n’avait eu jusqu’à présent devant lui qu’un corps hurlant et saisi de spasmes violents ou somnolant dans un état assez proche du coma. Ce qu’il voyait là était beaucoup mieux.

Difficile de savoir quel courant secret était passé entre les deux hommes pendant ces journées où Albert avait dormi sur une chaise, mais dès qu’Albert posa la main sur le bord de son lit, Édouard, tirant brusquement sur ses liens, parvint à lui attraper le poignet et le serra avec une force de damné. Tout ce qu’il y avait dans ce geste, personne ne serait à même de le dire. Il condensait toutes les peurs et tous les soulagements, toutes les demandes et toutes les questions d’un jeune homme de vingt-trois ans blessé à la guerre, incertain de son état et souffrant tellement qu’il lui était impossible de situer le siège de la douleur.

— Eh ben, te voilà réveillé, mon grand, dit Albert en tentant de mettre dans ces mots le plus d’enthousiasme possible.

Une voix derrière lui le fit sursauter :

— Va falloir y aller…

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