Pierre Lemaitre - Au revoir là-haut

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« Pour le commerce, la guerre présente beaucoup d’avantages, même après. » Sur les ruines du plus grand carnage du XX
siècle, deux rescapés des tranchées, passablement abîmés, prennent leur revanche en réalisant une escroquerie aussi spectaculaire qu’amorale. Des sentiers de la gloire à la subversion de la patrie victorieuse, ils vont découvrir que la France ne plaisante pas avec ses morts…
Fresque d’une rare cruauté, remarquable par son architecture et sa puissance d'évocation,
est le grand roman de l’après-guerre de 14, de l’illusion de l’armistice, de l’État qui glorifie ses disparus et se débarrasse de vivants trop encombrants, de l’abomination érigée en vertu.
Dans l’atmosphère crépusculaire des lendemains qui déchantent, peuplée de misérables pantins et de lâches reçus en héros, Pierre Lemaitre compose la grande tragédie de cette génération perdue avec un talent et une maîtrise impressionnants.

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Albert quitta aussitôt la chambre et courut jusqu’au bureau des sœurs infirmières. Personne. Il brailla dans le couloir « Quelqu’un ? » Personne. Il repartait déjà mais il s’arrêta brusquement. Il revint sur ses pas. Non, il n’oserait pas. Si ? Il scruta le couloir, à droite, à gauche, les hurlements de son camarade étaient encore dans ses oreilles, ça l’aida, il entra dans la pièce, il savait où ça se trouvait, depuis le temps. Il attrapa la clé dans le tiroir de droite, ouvrit l’armoire vitrée. Une seringue, de l’alcool, des ampoules de morphine. S’il était pris, c’était cuit pour lui, vol de matériel militaire, la trogne du général Morieux se rapprochait à vue d’œil, suivie de l’ombre malfaisante du lieutenant Pradelle… Qui s’occuperait d’Édouard ? se demandait-il avec angoisse. Mais personne ne survint, Albert sortit en nage du bureau, serrant son butin contre son ventre. Il ne savait pas s’il faisait bien, mais ces douleurs devenaient insupportables.

La première injection fut toute une aventure. Il avait souvent assisté les sœurs, mais quand il faut le faire soi-même… Les alèses, l’odeur pestilentielle et maintenant les piqûres… Empêcher un gars de se jeter par la fenêtre, ce n’est déjà pas si facile, pensa-t-il tandis qu’il préparait la seringue ; le torcher, le respirer, le piquer, dans quoi il s’enfonçait ?

Il avait glissé une chaise sous la poignée de la porte pour éviter toute entrée intempestive. Ça ne se passa pas trop mal. Albert avait bien estimé la dose ; elle devrait faire la jonction avec la prochaine administrée par la sœur.

— Au petit poil, tu vas voir, tout va aller beaucoup mieux.

C’est vrai que ça s’arrangea. Édouard se détendit, s’endormit. Même pendant son sommeil, Albert continua de lui parler. Et de réfléchir à la question de ce transfert fantôme. Il arriva à la conclusion qu’il fallait remonter à la source : se rendre au bureau des personnels.

— Quand tu es tranquille, expliqua-t-il, ça m’embête, tu sais. Mais comme je ne suis pas sûr que tu vas être raisonnable…

À regret, il attacha Édouard à son lit et sortit.

Dès qu’il quittait la chambre, il surveillait ses arrières et rasait les murs, mais en courant, pour être absent le moins longtemps possible.

— Ça, c’est la meilleure de l’année ! dit le type.

Il s’appelait Grosjean. Le bureau des personnels était une petite pièce dotée d’une minuscule fenêtre et dont les étagères croulaient sous les dossiers à sangle. Derrière l’une des deux tables noyées sous les papiers, les listes, les rapports, le caporal Grosjean avait l’air accablé.

Il ouvrit un large registre, suivit les colonnes d’un index marron de nicotine en bougonnant :

— C’est qu’on en a eu des blessés ici, tu peux pas savoir…

— Si.

— Si, quoi ?

— Si, je peux savoir.

Grosjean leva la tête de son registre et le regarda fixement. Albert mesura son erreur, comment se rattraper, mais Grosjean avait déjà replongé, absorbé dans sa recherche.

— Merde, je le connais ce nom-là…

— Forcément, dit Albert.

— Bah oui, forcément, mais où qu’il est, sacré b…?

Soudain, il hurla :

— Là !

Il venait de remporter une victoire, on le voyait tout de suite.

— Péricourt, Édouard ! Je le savais ! Là ! Ah, je le savais !

Il renversa le registre vers Albert, son gros index soulignant le bas d’une page. Il tenait à prouver à quel point il avait raison.

— Et alors ? demanda Albert.

— Eh bien, ton pote, il est enregistré.

Il appuya sur ce mot, « enregistré ». Dans sa bouche, il prenait valeur de verdict.

— C’est ce que je te disais ! Je m’en souvenais, je ne suis pas encore gâteux, merde, à la fin !

— Et alors ?

Le type en ferma les yeux de bonheur. Il les rouvrit.

— Il est enregistré ici (il tapait de l’index sur le registre) et après, on rédige le bon de transfert.

— Et il va où, ce bon de transfert ?

— À l’unité logistique. C’est eux qui décident, pour les véhicules…

Albert allait devoir retourner au bureau de la logistique. Il s’y était rendu deux fois déjà, et pas de bulletin, pas de bon, pas de papier au nom d’Édouard, c’était à devenir dingue. Il regarda l’heure. La suite serait pour plus tard, il fallait retourner voir Édouard, lui donner à boire, il doit boire beaucoup, avait recommandé le toubib. Il fit demi-tour, se ravisa. Merde, se dit-il. Et si…

— C’est toi qui apportes les bons à la logistique ?

— Oui, affirma Grosjean. Ou quelqu’un vient le chercher, ça dépend des fois.

— Et celui au nom de Péricourt, tu te souviens qui l’a emporté ?

Mais il connaissait déjà la réponse.

— Affirmatif. Un lieutenant, je ne connais pas son nom.

— Un type grand, mince…

— Exact.

— … avec des yeux bleus ?

— C’est ça !

— L’enculé…

— Ça, je peux pas te dire…

— Et c’est long d’établir un autre bon ?

— C’est un duplicata, que ça s’appelle.

— D’accord, un duplicata, c’est long à établir ?

Grosjean était vraiment dans son élément. Il tira son encrier, attrapa un porte-plume, le dressa vers le ciel.

— C’est comme si c’était fait.

La chambre empestait la chair pourrie. Édouard devait vraiment être transféré très vite. La stratégie de Pradelle était en train de réussir. Le nettoyage par le vide. Pour Albert, le conseil de guerre n’était pas passé loin, mais, pour Édouard, le cimetière se rapprochait dangereusement. Encore quelques heures et il aurait pourri sur pied. Le lieutenant Pradelle n’avait pas envie qu’il y ait trop de témoins de son héroïsme.

Albert déposa lui-même le duplicata au service logistique.

Pas avant demain, lui dit-on.

Ce délai lui sembla interminable.

Le jeune médecin venait de quitter l’hôpital. On ne savait pas encore qui le remplacerait. Il y avait bien des chirurgiens, d’autres toubibs qu’Albert ne connaissait pas, l’un d’eux passa dans la chambre, il resta peu de temps, comme si ça n’en valait pas la peine.

— On le transfère quand ? demanda-t-il.

— C’est en cours, c’est à cause du bon de transfert. En fait, il est bien porté sur le registre, mais…

Le médecin le coupa très vite :

— Quand ? C’est que du train où vont les choses…

— On m’a dit demain…

Il leva les yeux au plafond, sceptique. Le genre de toubib qui en a vu pas mal. Il hocha la tête, il comprenait. Bon, c’est pas le tout, il se retourna et tapota l’épaule d’Albert.

— Et aérez la pièce, dit-il en sortant, ça empeste ici !

Le lendemain, dès l’aurore, Albert fit le siège du bureau logistique. Sa principale crainte : trouver le lieutenant Pradelle sur sa route. Il avait réussi à empêcher le transfert d’Édouard, il était capable de tout. Ne pas se montrer, pour Albert, était la seule chose qui comptait. Et qu’Édouard parte aussi vite que possible.

— Aujourd’hui ? demanda-t-il.

Le gars l’avait à la bonne. Il trouvait formidable qu’on s’occupe comme ça d’un camarade. On en voyait tellement qui s’en foutaient, qui ne pensaient qu’à leur gueule. Hein ? Non, pas aujourd’hui, il regrettait. Mais demain.

— Tu sais à quelle heure ?

Le gars consulta longuement ses différents états.

— Moi, répondit-il sans lever les yeux, vu les lieux de ramassage — excuse, vieux, c’est comme ça qu’on dit, nous autres —, l’ambulance devrait être ici en début d’après-midi.

— Sûr et certain ?

Albert voulait s’y accrocher, d’accord, à demain, mais il s’en adressait des reproches, d’être aussi lent, de ne pas avoir compris plus tôt. D’avoir tant traîné. Édouard aurait déjà été transféré, s’il était tombé sur un camarade moins con.

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