Pierre Lemaitre - Au revoir là-haut

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Au revoir là-haut: краткое содержание, описание и аннотация

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« Pour le commerce, la guerre présente beaucoup d’avantages, même après. » Sur les ruines du plus grand carnage du XX
siècle, deux rescapés des tranchées, passablement abîmés, prennent leur revanche en réalisant une escroquerie aussi spectaculaire qu’amorale. Des sentiers de la gloire à la subversion de la patrie victorieuse, ils vont découvrir que la France ne plaisante pas avec ses morts…
Fresque d’une rare cruauté, remarquable par son architecture et sa puissance d'évocation,
est le grand roman de l’après-guerre de 14, de l’illusion de l’armistice, de l’État qui glorifie ses disparus et se débarrasse de vivants trop encombrants, de l’abomination érigée en vertu.
Dans l’atmosphère crépusculaire des lendemains qui déchantent, peuplée de misérables pantins et de lâches reçus en héros, Pierre Lemaitre compose la grande tragédie de cette génération perdue avec un talent et une maîtrise impressionnants.

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Albert se retourna.

Le soldat lui tendait la lettre qu’il avait ramassée par terre.

Il resta près de quatre heures à attendre, assis sur une chaise. Un temps suffisant pour remuer toutes les raisons pour lesquelles un obscur soldat comme lui pouvait être convoqué chez le général Morieux. De la décoration pour fait d’armes à l’état d’Édouard, passons cet inventaire, chacun imagine.

Le résultat de ces heures de cogitations s’effondra en une seconde, lorsqu’il vit, au bout du couloir, apparaître la longue silhouette du lieutenant Pradelle. L’officier le fixa dans les yeux et avança dans sa direction en roulant des épaules. Albert sentit une boule descendre de sa gorge à son estomac, une nausée s’empara de lui qu’il retint à grand-peine. À la vitesse près, c’était le même mouvement qui l’avait précipité dans son trou d’obus. Le lieutenant cessa de le regarder lorsqu’il fut à sa hauteur et qu’il se tourna, tout d’un bloc, pour frapper à la porte du bureau de l’ordonnance du général, derrière laquelle il disparut aussitôt.

Albert, pour digérer ça, il lui aurait fallu du temps, il n’en eut pas. La porte s’ouvrit de nouveau, son nom fut aboyé, il s’avança en chancelant dans le saint des saints qui sentait le cognac et le cigare, peut-être qu’on fêtait la victoire prochaine.

Le général Morieux semblait extrêmement âgé et ressemblait à n’importe lequel de ces vieillards qui avaient envoyé à la mort les générations entières de leurs fils et de leurs petits-fils. Fusionnez les portraits de Joffre et de Pétain avec ceux de Nivelle, de Gallieni et de Ludendorff, vous avez Morieux, des bacchantes de phoque sous des yeux chassieux noyés dans un teint rougeâtre, des rides profondes et un sens inné de son importance.

Albert est tétanisé. Difficile de savoir s’il est concentré, le général, ou en proie à la somnolence. Un côté Koutouzov. Assis derrière son bureau, il est plongé dans des papiers. Devant, face à Albert, dos au général, le lieutenant Pradelle, dont pas un trait ne bouge, le regarde lentement de la tête aux pieds de manière insistante. Les jambes écartées, les mains derrière lui, comme pour l’inspection, il semble se balancer légèrement. Albert comprend le message et rectifie sa position. Il se tient raide, se cambre, il en a mal aux reins. Le silence est lourd. Le phoque lève enfin la tête. Albert se sent tenu de se cambrer davantage. S’il continue, il va se retourner, comme les acrobates de cirque. Normalement, le général devrait le soulager de cette position inconfortable, mais non, il fixe Albert, se racle la gorge, baisse les yeux vers un document.

— Soldat Maillard, articule-t-il.

Albert devrait répondre, « À vos ordres, mon général », ou quelque chose d’approchant, mais aussi lentement qu’aille le général, il ira toujours trop vite pour Albert. Le général le regarde.

— J’ai là un rapport…, reprend-il. Lors de l’attaque de votre unité le 2 novembre, vous avez délibérément tenté de vous soustraire à votre devoir.

Ça, Albert ne l’a pas prévu. Il en a imaginé des choses, mais ça, non. Le général lit :

— Vous vous êtes « réfugié dans un trou d’obus afin de vous dérober à vos obligations »… Trente-huit de vos courageux camarades ont laissé leur vie dans cette attaque. Pour la patrie. Vous êtes un misérable, soldat Maillard. Et je vais même vous dire le fond de ma pensée : vous êtes un salaud !

Albert a le cœur tellement lourd qu’il en pleurerait. Depuis des semaines et des semaines qu’il espère en finir avec cette guerre, ça va donc se terminer ainsi…

Le général Morieux le fixe toujours. Il trouve ça lamentable cette lâcheté, vraiment. Navré devant l’incarnation de l’indignité que représente ce soldat minable, il conclut :

— Mais la désertion n’est pas de mon ressort. Moi, je fais la guerre, vous comprenez ? Vous relevez du tribunal militaire, du conseil de guerre, soldat Maillard.

Albert a relâché la position. Le long de son pantalon, ses mains se mettent à trembler. C’est la mort. Ces histoires de désertion ou de types qui se blessent eux-mêmes pour échapper au front sont présentes dans tous les esprits, rien de nouveau. On a beaucoup entendu parler du conseil de guerre, surtout en 17, quand Pétain est revenu mettre un peu d’ordre dans le boxon. On en a passé on ne sait combien par les armes ; sur la question de la désertion, le tribunal n’a jamais transigé. Il n’y a pas eu beaucoup de fusillés, mais tous sont bel et bien morts. Et très vite. La vitesse d’exécution fait partie de l’exécution. À Albert, il reste trois jours à vivre. Au mieux.

Il doit expliquer, c’est un malentendu. Mais le visage de Pradelle, qui le fixe, ne laisse place à aucun malentendu.

C’est la seconde fois qu’il l’envoie à la mort. On peut survivre à un ensevelissement vivant, avec beaucoup de chance, mais au conseil de guerre…

La sueur ruisselle entre ses omoplates, sur son front, lui brouille la vue. Ses tremblements gagnent en amplitude et il se met à pisser là, debout, très lentement. Le général et le lieutenant regardent la tache s’élargir au niveau de la braguette, descendre vers les pieds.

Dire quelque chose. Albert cherche, ne trouve rien. Le général a repris l’offensive, c’est une chose qu’il connaît, ça, l’offensive, en tant que général.

— Le lieutenant d’Aulnay-Pradelle est formel, il vous a parfaitement vu vous jeter dans le vase. N’est-ce pas, Pradelle ?

— Parfaitement vu, mon général. Tout à fait.

— Alors, soldat Maillard ?

Ce n’est pas faute de chercher les mots si Albert ne peut en articuler un seul. Il bredouille :

— C’est pas ça…

Le général fronce les sourcils.

— Comment, c’est pas ça ? Vous avez participé à l’attaque jusqu’au bout ?

— Euh non…

Il devrait dire « Non, mon général », mais impossible de penser à tout, dans cette situation.

— Vous n’avez pas participé à l’attaque, hurle le général en tapant du poing sur la table, parce que vous étiez dans un trou d’obus ! C’est ça ou c’est pas ça ?

La suite va être difficile à négocier. D’autant que le général tape à nouveau du poing.

— Oui ou non, soldat Maillard ?

La lampe, l’encrier, le sous-main, tout se soulève à l’unisson. Le regard de Pradelle reste planté sur les pieds d’Albert où la tache de pisse s’élargit sur le tapis élimé du bureau.

— Oui, mais…

— Bien sûr que oui ! Le lieutenant Pradelle vous a parfaitement vu, n’est-ce pas, Pradelle ?

— Parfaitement vu, oui, mon général.

— Mais votre lâcheté n’a pas été récompensée, soldat Maillard…

Le général lève un index vengeur.

— Vous avez même failli en mourir, de votre lâcheté ! Vous ne perdez rien pour attendre !

Dans la vie, il y a toujours quelques instants de vérité. Rares, c’est sûr. Dans celle d’Albert Maillard, soldat, la seconde qui vient en fait partie. Cela tient en trois mots qui condensent toute sa foi :

— C’est pas juste.

Une grande phrase, une tentative d’explication, le général Morieux l’aurait balayée d’un revers de main agacé, mais ça… Il baisse la tête. Semble réfléchir. Pradelle regarde maintenant la larme qui perle au bout du nez d’Albert et que celui-ci ne peut pas essuyer, tout figé qu’il est dans sa position. La goutte pend lamentablement, se balance, s’allonge, ne se décide pas à tomber. Albert renifle bruyamment. La goutte frémit, mais ne cède pas. Ça fait juste sortir le général de sa torpeur.

— Pourtant, vos états de service ne sont pas mauvais… Comprends pas ! conclut-il en levant les épaules d’un air impuissant.

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