Pierre Lemaitre - Au revoir là-haut

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« Pour le commerce, la guerre présente beaucoup d’avantages, même après. » Sur les ruines du plus grand carnage du XX
siècle, deux rescapés des tranchées, passablement abîmés, prennent leur revanche en réalisant une escroquerie aussi spectaculaire qu’amorale. Des sentiers de la gloire à la subversion de la patrie victorieuse, ils vont découvrir que la France ne plaisante pas avec ses morts…
Fresque d’une rare cruauté, remarquable par son architecture et sa puissance d'évocation,
est le grand roman de l’après-guerre de 14, de l’illusion de l’armistice, de l’État qui glorifie ses disparus et se débarrasse de vivants trop encombrants, de l’abomination érigée en vertu.
Dans l’atmosphère crépusculaire des lendemains qui déchantent, peuplée de misérables pantins et de lâches reçus en héros, Pierre Lemaitre compose la grande tragédie de cette génération perdue avec un talent et une maîtrise impressionnants.

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Édouard dessinait tout le temps. On le disait vicieux parce qu’il adorait choquer, il n’en ratait pas une, mais le coup de la sodomie de sainte Clotilde par l’évêque de Reims avait vraiment vexé l’institution. Et ses parents. Outrés. Son père, comme d’habitude, avait payé ce qu’il fallait pour éviter le scandale. Rien n’avait fait plier l’institution. Côté sodomie, elle était restée intraitable. Tout le monde contre Édouard. Sauf quelques copains, notamment ceux que les dessins émoustillaient, et sa sœur, Madeleine. Elle, ça l’avait fait rigoler, pas tant que l’évêque défonce Clotilde, ça encore, c’était de l’histoire ancienne, mais d’imaginer la tête du directeur, le père Hubert, ça oui… Elle y était allée, elle aussi, à Sainte-Clotilde, côté filles, elle connaissait ça par cœur. Madeleine riait beaucoup du culot d’Édouard, de ses perpétuelles insolences, elle adorait lui ébouriffer les cheveux ; mais il fallait qu’il s’y prête parce que, bien que plus jeune qu’elle, il était si grand… Il se penchait et elle plongeait ses mains dans sa chevelure dense, elle frottait le cuir chevelu avec tant d’énergie qu’il finissait par demander grâce en riant. Il n’aurait pas fallu que leur père les trouve à faire ça.

Pour en revenir à Édouard, dans son éducation, tout s’était bien terminé parce que ses parents étaient très riches, mais rien ne s’était convenablement passé. M. Péricourt gagnait déjà un argent fou avant la guerre, le genre de types que les crises enrichissent, à croire qu’elles sont faites pour eux. Maman, on ne parlait jamais de sa fortune, tâche inutile, autant demander depuis quand il y a du sel dans la mer. Mais comme maman était morte jeune, maladie de cœur, papa était resté seul aux commandes. Accaparé par ses affaires, il avait délégué l’éducation de ses enfants à des institutions, des professeurs, des précepteurs. Du personnel. Édouard disposait d’une intelligence que tout le monde reconnaissait supérieure à la moyenne, un incroyable talent pour le dessin, inné, même ses maîtres des Beaux-Arts en étaient restés pantois, et une chance insolente. Qu’est-ce qu’il aurait pu espérer de plus ? C’est peut-être pour toutes ces raisons qu’il avait toujours été si provocateur. Savoir qu’on ne risque rien, que tout s’arrangera, ça désinhibe. On peut dire tout ce qu’on veut, comme on veut. En plus, ça rassure : plus on se met en danger, plus on mesure ses protections. De fait, M. Péricourt sauva son fils de toutes les situations, mais il le fit pour lui-même, parce qu’il refusait que son nom soit éclaboussé. Et ça n’était pas facile parce que Édouard, c’était le défi permanent, il adorait les scandales. Son père ayant fini par se désintéresser de son sort et de son avenir, Édouard en avait profité pour entrer aux Beaux-Arts. Une sœur aimante et protectrice, un père puissamment conservateur qui le reniait chaque minute, un talent incontestable, Édouard avait à peu près tout ce qu’il faut pour réussir. Bon, on l’a compris, ça ne va pas se passer tout à fait comme ça, mais au moment où la guerre se termine, c’est objectivement la situation. À part sa jambe. Sacrément amochée.

De tout ça, bien sûr, tandis qu’il le veille et renouvelle ses linges, Albert ne sait rien. La seule chose dont il est certain, c’est que, quelle qu’elle ait été, l’orbite d’Édouard Péricourt a brusquement changé de trajectoire le 2 novembre 1918.

Et que sa jambe droite va rapidement devenir le cadet de ses soucis.

Albert passa donc tout son temps auprès de son camarade et servit d’auxiliaire volontaire aux infirmières. À elles, les soins destinés à contrarier les risques d’infection, la nourriture à la sonde (on lui intubait un mélange de lait, d’œufs délayés, ou de jus de viande), à Albert, tout le reste. Quand il ne lui essuyait pas le front avec un chiffon humide ou qu’il ne le faisait pas boire avec des précautions de joaillier, il changeait ses alèses. Il serrait alors les lèvres, se détournait, se pinçait le nez, regardait ailleurs, se persuadant que de la minutie de cette corvée dépendait peut-être l’avenir de son camarade.

Son attention fut donc entièrement absorbée par ces deux tâches : chercher, vainement, une méthode lui permettant de respirer sans soulever aucune côte et tenir compagnie à son camarade en guettant l’arrivée de l’ambulance.

Ce faisant, il ne cessait de voir Édouard Péricourt à demi allongé sur lui lorsqu’il était remonté d’entre les morts. Mais, en toile de fond, ce qui le hantait, c’était l’image du lieutenant Pradelle, cette charogne. Il consacra un nombre incalculable d’heures à imaginer ce qu’il lui ferait quand il le trouverait sur sa route. Il revoyait Pradelle lui foncer dessus sur le champ de bataille et ressentait presque physiquement la manière dont le trou d’obus l’avait, en quelque sorte, aspiré. Il lui était néanmoins difficile de se concentrer longtemps, de réfléchir, comme si son esprit n’était pas encore parvenu à retrouver sa vitesse de croisière.

Toutefois, peu après son retour à la vie, des mots lui vinrent : on avait essayé de le tuer.

L’expression sonnait bizarrement, mais elle ne semblait pas déraisonnable ; somme toute, une guerre mondiale, ça n’était jamais qu’une tentative de meurtre généralisée à un continent. Sauf que cette tentative-là lui avait été personnellement destinée. En regardant Édouard Péricourt, Albert revivait parfois l’instant où l’air s’était raréfié, et sa colère bouillonnait. Deux jours plus tard, il était prêt, lui aussi, à devenir un assassin. Après quatre années de guerre, il était temps.

Lorsqu’il était seul, il pensait à Cécile. Elle s’était comme éloignée, elle lui manquait terriblement. La densité des événements avait propulsé Albert dans une autre vie, mais, comme aucune autre vie n’était possible si Cécile ne l’habitait pas, il se berçait de son souvenir, regardait sa photo, détaillait ses innombrables perfections, sourcils, nez, lèvres, jusqu’au menton, comment ça pouvait exister, cette chose inouïe que la bouche de Cécile. On allait la lui voler. Un jour, quelqu’un viendrait la lui prendre. Ou bien elle partirait. Se rendrait compte de ce que c’est, au fond, qu’Albert, pas grand-chose, tandis qu’elle, ses épaules, rien que ça… Et ça le tuait d’y penser, il vivait des heures effroyablement tristes. Tout ça pour ça, se disait-il. Il sortait alors une feuille de papier et tentait de lui écrire une lettre. Fallait-il tout lui raconter, à elle qui n’attendait qu’une seule chose, justement, qu’on n’en parle plus, qu’on en finisse enfin avec la guerre ?

Quand il ne pensait pas à ce qu’il allait écrire à Cécile, ou à sa mère (à Cécile d’abord, à sa mère ensuite, s’il avait le temps), quand il ne s’appliquait pas à son rôle d’infirmier, Albert ressassait.

Par exemple, cette tête de cheval, auprès de laquelle il s’était retrouvé enseveli, lui revenait souvent à l’esprit. Curieusement, au fil du temps, elle perdit de son caractère monstrueux. Même le relent d’air putride qui en était sorti et qu’il avait inhalé pour essayer de survivre ne lui semblait plus aussi ignoble et écœurant. Par contre, autant l’image de Pradelle, debout au bord du cratère, lui apparaissait avec une exactitude photographique, autant la tête de cheval dont il aurait pourtant voulu conserver le détail fondait, perdait sa couleur et ses traits. Malgré ses efforts de concentration, cette image s’évanouissait et cela provoquait, chez Albert, un sentiment de manque qui, obscurément, l’inquiétait. La guerre se finissait. Ce n’était pas l’heure des bilans, mais l’heure terrible du présent où l’on constate l’étendue des dégâts. À la manière de ces hommes qui étaient restés courbés pendant quatre ans sous la mitraille et qui, au sens propre du terme, ne s’en relèveraient plus et marcheraient ainsi leur existence entière avec ce poids invisible sur les épaules, Albert sentait que quelque chose, il en était certain, ne reviendrait jamais : la sérénité. Depuis plusieurs mois, depuis la première blessure dans la Somme, depuis les interminables nuits où, brancardier, il allait, noué par la crainte d’une balle perdue, chercher les blessés sur le champ de bataille et plus encore depuis qu’il était revenu d’entre les morts, il savait qu’une peur indéfinissable, vibrante, presque palpable, était peu à peu venue l’habiter. À quoi s’ajoutaient les effets dévastateurs de son ensevelissement. Quelque chose de lui était encore sous la terre, son corps était remonté à la surface, mais une partie de son cerveau, prisonnière et terrifiée, était demeurée en dessous, emmurée. Cette expérience était marquée dans sa chair, dans ses gestes, dans ses regards. Angoissé dès qu’il quittait la chambre, il guettait le moindre pas, passait prudemment la tête par une porte avant de l’ouvrir en grand, marchait près des murs, imaginait souvent une présence derrière lui, scrutait les traits de ses interlocuteurs et se tenait toujours à portée d’une issue au cas où. En toutes circonstances, son regard, en alerte, ne cessait d’aller et venir. Au chevet d’Édouard, il avait besoin de regarder par la fenêtre parce que l’atmosphère de la pièce l’oppressait. Il restait sur le qui-vive, tout était l’objet de sa méfiance. Il le savait, c’était parti pour la vie entière. Il devrait maintenant vivre avec cette inquiétude animale, à la manière d’un homme qui se surprend à être jaloux et qui comprend qu’il devra dorénavant composer avec cette maladie nouvelle. Cette découverte l’attrista immensément.

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