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Pierre Lemaitre: Au revoir là-haut

Здесь есть возможность читать онлайн «Pierre Lemaitre: Au revoir là-haut» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию). В некоторых случаях присутствует краткое содержание. Город: Paris, год выпуска: 2013, ISBN: 978-2226249678, издательство: Éditions Albin Michel, категория: Историческая проза / Современная проза / на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале. Библиотека «Либ Кат» — LibCat.ru создана для любителей полистать хорошую книжку и предлагает широкий выбор жанров:

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Pierre Lemaitre Au revoir là-haut

Au revoir là-haut: краткое содержание, описание и аннотация

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« Pour le commerce, la guerre présente beaucoup d’avantages, même après. » Sur les ruines du plus grand carnage du XX siècle, deux rescapés des tranchées, passablement abîmés, prennent leur revanche en réalisant une escroquerie aussi spectaculaire qu’amorale. Des sentiers de la gloire à la subversion de la patrie victorieuse, ils vont découvrir que la France ne plaisante pas avec ses morts… Fresque d’une rare cruauté, remarquable par son architecture et sa puissance d'évocation, est le grand roman de l’après-guerre de 14, de l’illusion de l’armistice, de l’État qui glorifie ses disparus et se débarrasse de vivants trop encombrants, de l’abomination érigée en vertu. Dans l’atmosphère crépusculaire des lendemains qui déchantent, peuplée de misérables pantins et de lâches reçus en héros, Pierre Lemaitre compose la grande tragédie de cette génération perdue avec un talent et une maîtrise impressionnants.

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On disait parfois le « petit Péricourt » pour jouer avec le paradoxe, parce que, pour un garçon né en 1895, il était extrêmement grand, un mètre quatre-vingt-trois, vous pensez, c’était quelque chose. D’autant qu’avec une taille pareille, on a vite l’air maigre. Il était déjà comme ça à quinze ans. À l’institution, ses camarades l’appelaient « le géant », et ce n’était pas toujours bienveillant, il n’était pas très aimé.

Édouard Péricourt, le genre de type qui a de la chance.

Dans les écoles qu’il fréquentait, tous étaient comme lui, des gosses de riches à qui rien ne pouvait arriver, qui entraient dans l’existence bardés de certitudes et d’une confiance en soi sédimentée par toutes les générations d’ascendants fortunés qui les avaient précédés. Chez Édouard, ça passait moins bien que chez les autres parce qu’en plus de tout ça, il était chanceux. Or on peut tout pardonner à quelqu’un, la richesse, le talent, mais pas la chance, non, ça, c’est trop injuste.

En fait, sa veine était avant tout un excellent sens de l’autoconservation. Quand le danger était trop grand, que la tournure des événements devenait menaçante, quelque chose le prévenait, il avait des antennes, et il faisait le nécessaire pour rester dans la course sans y laisser trop de plumes. Évidemment, voir comme ça Édouard Péricourt allongé dans la gadoue le 2 novembre 1918 avec une jambe en bouillie, on peut se demander si la chance ne vient pas de tourner, et dans le mauvais sens. En fait, non, pas tout à fait, parce qu’il va garder sa jambe. Il boitera le restant de ses jours, mais sur deux jambes.

Il retira rapidement son ceinturon et il en fit un garrot qu’il serra très fort pour arrêter l’hémorragie. Puis, épuisé par cet effort, il se relâcha et s’allongea. La douleur se calma un peu. Il allait devoir rester là un moment et il n’aimait pas cette position. Il risquait d’être atomisé par un obus, ou pire encore… C’était une idée qui courait fréquemment à cette époque : la nuit, les Allemands sortaient de leurs tranchées pour venir achever les blessés à l’arme blanche.

Pour relâcher ses muscles, Édouard poussa sa nuque dans la boue. Il ressentit un peu de fraîcheur. Ce qu’il y avait derrière lui, maintenant, il le voyait tout à l’envers. Comme s’il était à la campagne, allongé sous les arbres. Avec une fille. C’est une chose qu’il n’avait jamais connue, avec une fille. Celles qu’il avait croisées, c’étaient surtout celles des boxons du côté des Beaux-Arts.

Il n’eut pas le loisir de remonter plus loin dans ses souvenirs, parce qu’il aperçut soudain la haute dégaine du lieutenant Pradelle. Quelques instants plus tôt, le temps de tomber, de se rouler par terre de douleur et de faire son garrot, Édouard avait laissé tout le monde en train de courir vers les lignes boches et voilà le lieutenant Pradelle à dix mètres derrière lui, debout, immobile, comme si la guerre s’était arrêtée.

Édouard le voit de loin, à l’envers et de profil. Les mains posées sur le ceinturon, il regarde à ses pieds. On dirait un entomologiste penché sur une fourmilière. Imperturbable au milieu du fracas. Olympien. Puis, comme si l’affaire était terminée ou qu’elle ne le concernait plus, peut-être a-t-il achevé son observation, il disparaît. Qu’un officier s’arrête en pleine charge pour regarder à ses pieds, c’est tellement étonnant qu’un instant Édouard ne sent plus la douleur. Il y a là quelque chose d’anormal. Déjà, qu’Édouard se fasse écraser une jambe, c’est surprenant ; il a traversé la guerre sans une éraflure, se retrouver cloué au sol avec une jambe en capilotade, il y a quelque chose qui ne va pas, mais, à la limite, dans la mesure où il est soldat et qu’on est dans un conflit passablement meurtrier, être blessé, c’est quand même dans l’ordre des choses. En revanche, un officier qui s’arrête sous les bombes pour observer ses pieds…

Péricourt relâche ses muscles, retombe sur le dos, tâche de respirer, les mains serrées autour de son genou, juste au-dessus du garrot improvisé. Quelques minutes plus tard, c’est plus fort que lui, il se cambre, regarde de nouveau l’endroit où le lieutenant Pradelle se tenait debout il y a quelques instants… Rien. L’officier a disparu. La ligne d’attaque s’est encore avancée, les explosions se sont éloignées de plusieurs dizaines de mètres. Édouard pourrait en rester là, se concentrer sur sa blessure. Par exemple, il pourrait réfléchir pour savoir s’il vaut mieux attendre les secours ou tenter de se traîner vers l’arrière, au lieu de quoi il demeure cambré, comme une carpe sortie de l’eau, les reins creusés, le regard rivé à cet endroit.

Enfin, il se décide. Et là, c’est très dur. Il se soulève sur ses coudes pour ramper à reculons. Sa jambe droite ne répond plus, tout à la force des avant-bras, avec juste l’appui de la jambe gauche ; l’autre traîne dans la gadoue, comme un membre mort. Chaque mètre est un effort. Et il ne sait pas pourquoi il agit ainsi. Il serait incapable de le dire. Sauf que ce Pradelle est un homme vraiment inquiétant, personne ne peut l’encadrer. Il confirme l’adage selon lequel le véritable danger pour le militaire, ce n’est pas l’ennemi, mais la hiérarchie. Si Édouard n’est pas suffisamment politisé pour se dire que c’est le propre du système, son esprit va quand même dans cette direction-là.

Il est brusquement arrêté dans son élan. Il vient de ramper sur sept ou huit mètres, guère plus, quand une explosion terrible, un obus d’un calibre insoupçonné, le cloue au sol. Peut-être que couché par terre, ça amplifie les détonations. Il se raidit, tendu comme une perche, rigide, même sa jambe droite ne résiste pas à ce mouvement. On dirait un épileptique saisi dans sa transe. Son regard reste fixé sur l’endroit où se trouvait Pradelle quelques minutes auparavant lorsqu’une immense gerbe de terre se soulève, comme une vague colérique et rageuse, et s’élève dans les airs. Édouard a l’impression qu’elle va l’ensevelir tellement il la sent proche, enveloppante, et elle retombe avec un bruit terrible, feutré comme le soupir d’un ogre. Les explosions et les balles sifflantes, les fusées éclairantes qui s’épanouissent dans le ciel, ce n’est presque plus rien à côté de ce mur de terre qui s’écroule près de lui. Tétanisé, il ferme les yeux, le sol vibre sous lui. Il se tasse, cesse de respirer. Lorsqu’il reprend ses esprits, constater qu’il est encore vivant lui donne le sentiment d’être un miraculé.

La terre est entièrement retombée. Aussitôt, comme un gros rat de tranchée, avec une énergie qu’il serait incapable d’expliquer, il rampe de nouveau, toujours sur le dos, il se hisse là où son cœur l’appelle, puis il comprend : il est arrivé là où la vague s’est effondrée et, à cet endroit, une petite pointe d’acier perce le sol sur la terre presque poudreuse. Quelques centimètres. C’est l’extrémité d’une baïonnette. Le message est clair. Là-dessous, il y a un soldat enterré.

Le coup de l’ensevelissement est un grand classique, un de ceux dont il a entendu parler, mais auquel il n’a jamais été confronté personnellement. Dans les unités où il a combattu, il y avait souvent des sapeurs avec des pelles et des pioches pour tenter de déterrer les types qui se retrouvaient dans cette mauvaise position. On arrivait toujours trop tard, on les ressortait le visage cyanosé, les yeux comme explosés. L’ombre de Pradelle repasse un instant dans l’esprit d’Édouard, il ne veut pas s’y arrêter.

Agir, vite.

Il se retourne sur le ventre et aussitôt sa blessure à la jambe le fait hurler parce que, ouverte de nouveau, bouillonnante, la plaie s’écrase maintenant contre le sol. Son cri rauque ne s’est pas encore achevé qu’il gratte fébrilement, les doigts recourbés en forme de griffes. Instrument dérisoire si le gars qui est là-dessous commence déjà à manquer d’air… Il ne faut pas longtemps pour qu’Édouard s’en rende compte. À quelle profondeur est-il ? Si seulement il y avait quelque chose pour racler. Péricourt se tourne vers la droite. Son regard tombe sur des cadavres, à part ça, rien d’autre qui traîne, pas un outil, rien de rien. Une seule solution, parvenir à retirer cette baïonnette et s’en servir pour creuser, mais ça va prendre des heures. Il a l’impression que le type appelle. Bien sûr, même s’il n’est pas enterré profondément, avec le boucan qu’il y a ici, aucune chance de l’entendre même s’il hurlait, c’est un effet de son imagination, à Édouard, son cerveau bouillonne, il sent combien c’est urgent. Les ensevelis, il faut les sortir tout de suite ou on les retire morts. Tandis qu’il gratte avec ses ongles de chaque côté de l’extrémité de la baïonnette qui émerge, il se demande s’il le connaît ; des noms de gars de son unité, des visages défilent dans sa tête. C’est incongru dans la circonstance : il voudrait sauver ce camarade et que ce soit quelqu’un avec qui il a parlé, quelqu’un qu’il aime bien. Ça l’aide à travailler vite, ce genre de pensée. Il se tourne sans cesse à droite et à gauche, cherchant du regard une aide quelconque, mais rien, il en a mal aux doigts. Il a réussi à dégager la terre sur une dizaine de centimètres de chaque côté, mais quand il essaye d’ébranler la baïonnette, ça ne bouge pas d’un millimètre, c’est comme une dent saine, c’est décourageant. Depuis combien de temps s’acharne-t-il, deux minutes, trois ? Le type est peut-être déjà mort. À cause de la position, Édouard commence à ressentir une douleur dans les épaules. Il ne va pas tenir longtemps comme ça, une sorte de doute le gagne, un épuisement, ses gestes se fatiguent, il perd sa respiration, ses biceps se durcissent, une crampe lui vient, il tape du poing par terre. Et, soudain, il en est certain : ça a bougé ! Ses larmes se mettent aussitôt à couler, il pleure vraiment, il a pris le bout de fer à deux mains et il pousse et il tire de toutes ses forces et sans s’arrêter, il essuie d’un revers de bras les larmes qui lui noient le visage, c’est devenu facile soudainement, il cesse de remuer, recommence à gratter et plonge la main pour tenter de la retirer. Il pousse un cri de victoire lorsque la baïonnette cède. Il la sort et la contemple un court instant comme s’il n’y croyait pas, qu’il en voyait une pour la première fois, mais il la replante d’un geste rageur, il hurle, il rugit et poignarde le sol. Il dessine un large cercle avec le tranchant émoussé et, en mettant la lame à plat, il la passe sous la terre pour la soulever et la chasser ensuite à la main. Combien de temps ça lui prend ? La douleur à la jambe est de plus en plus vive. Enfin, c’est là, il voit quelque chose, il tâte, un tissu, un bouton, il gratte comme un fou, un vrai chien de chasse, il palpe de nouveau, c’est une vareuse, il y met les deux mains, les deux bras, la terre s’est comme effondrée dans un trou, il sent des choses, il ne sait pas ce que c’est. Puis il rencontre le poli d’un casque, il en suit le contour et, au bout des doigts, c’est le gars. « Hé ! » Il pleure toujours, Édouard, et il crie en même temps, tandis que ses bras, mus par une force qu’il ne maîtrise pas, font le ménage, furieusement, balayent la terre. La tête du soldat apparaît enfin, à moins de trente centimètres, comme s’il dormait ; il le reconnaît, il s’appelle comment déjà ? Il est mort. Et cette idée est tellement douloureuse qu’Édouard s’arrête et regarde ce camarade, juste en dessous de lui, et, un court moment, il se sent aussi mort que lui, c’est sa propre mort qu’il contemple et ça lui fait un mal immense, immense…

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