Primo Levi - Si c'est un homme

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"On est volontiers persuadé d'avoir lu beaucoup de choses à propos de l'holocauste, on est convaincu d'en savoir au moins autant. Et, convenons-en avec une sincérité égale au sentiment de la honte, quelquefois, devant l'accumulation, on a envie de crier grâce. C'est que l'on n'a pas encore entendu Levi analyser la nature complexe de l'état du malheur. Peu l'ont prouvé aussi bien que Levi, qui a l'air de nous retenir par les basques au bord du menaçant oubli : si la littérature n'est pas écrite pour rappeler les morts aux vivants, elle n'est que futilité." Angelo Rinaldi." 'Si c'est un homme', occupe une place centrale dans la littérature de témoignage sur l'extermination des Juifs d'Europe et l'univers concentrationnaire."J.-B. Marongiu – "Libération"

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Quant a l'aspect moral de ce nouvel état de choses, nous avons dû convenir, Alberto et moi, qu'il n'y avait pas de quoi être très fiers, mais il est si facile de se trouver des justifications ' Et d'ailleurs le seul fait d'avoir de nouveaux sujets de conversation est déjà un gros avantage.

Nous parlons de notre projet d'acheter une deuxième menaschka pour établir un roulement avec la première, de façon a n'avoir plus a faire qu'une seule expédition par jour dans le coin perdu du chantier où Lorenzo travaille actuellement Nous parlons de Lorenzo et de la manière dont nous pourrions le dédommager, après, si nous en revenons, oui, c'est sûr, nous ferons tout ce que nous pourrons pour lui, mais à quoi bon parler de l'après? Aussi bien lui que nous, nous savons que nous avons peu de chance d'en réchapper Non, il faudrait faire quelque chose tout de suite, nous poumons essayer de lui faire réparer ses chaussures au service de cordonnerie du Lager où les réparations sont gratuites (cela peut sembler paradoxal, mais officiellement, dans les camps d'extermination, tout est gratuit) C'est Alberto qui s'en chargera: le chef cordonnier est une de ses connaissances, peut-être que quelques litres de soupe suffiront.

Nous parlons de nos trois dernières prouesses, et nous nous accordons à déplorer que, pour d'évidentes raisons de secret professionnel, il soit fortement déconseillé d'aller nous en vanter: dommage, notre prestige personnel y gagnerait

La première est une initiative de mon cru J'ai appns que le Blockaltester du 40 était à court de balais, et j'en ai volé un au chantier jusque-là, rien d'extraordinaire Mais la difficulté était de «passer» clandestinement le balai au Lager pendant la marche de retour, et c'est là que j'ai trouve une solution inédite, à ce que je crois, en démembrant le corps du délit en deux parties, brosse et manche, en sciant en deux ce dernier, en portant au camp les différents éléments séparément (les deux tronçons de manche attachés aux cuisses sous le pantalon), et en reconstituant le tout au Lager, après m'être dûment procuré un morceau de tôle, un marteau et des clous pour assembler les morceaux Le tout en quatre jours seulement

Contrairement à ce que je craignais, mon client, loin de dénigrer mon balai, l'a montré comme une curiosité à plusieurs de ses amis, qui m'ont passé régulièrement commande pour deux autres balais «du même modèle».

Mais Alberto a bien d'autres exploits à son actif. Tout d'abord, il a mis au point l'«opération lime», et l'a déjà expérimentée deux fois avec succès Alberto se présente au magasin de l'outillage, demande une lime et en choisit une plutôt grosse Le magasinier inscrit «une lime» en face de son numéro matricule, et Alberto s'en va De là, il se rend tout droit auprès d'un civil de confiance (un Tnestin, filou de haute volée, qui a plus d'un tour dans son sac et prête son concours à Alberto plus par amour de l'art que par intérêt ou philanthropie) qui se fait fort de changer la grosse lime sur le marche libre contre deux petites de valeur égale ou inférieure Alberto rend «une lime» au magasin et vend l'autre

Et enfin il vient de mettre la dernière main à un véritable chef-d'œuvre, une combinaison audacieuse, sans précédent, et d'une rare élégance Il faut savoir que depuis quelques semaines, Alberto s'est vu confier une tâche un peu particulière: le matin, au chantier, on lui remet un seau avec des pinces, des tournevis et plusieurs centaines de plaquettes en celluloïd de différentes couleurs qu'il doit monter sur des petits supports spéciaux, pour différencier entre elles les nombreuses et interminables conduites d'eau chaude et froide, de vapeur, d'air comprimé, de gaz, de mazout, de vide, etc qui parcourent en tous sens la Section de Polymérisation. Il faut savoir aussi (et cela peut sembler sans rapport, mais l'ingéniosité ne consiste-t-elle pas justement à trouver ou à créer des relations entre ordres d'idées apparemment différents 9) que pour tous les Haftlinge la douche est un moment extrêmement désagréable pour de nombreuses raisons: il ne coule qu'un filet d'eau, l'eau est froide ou bouillante, il n'y a pas de vestiaire, nous n'avons pas de serviettes, nous n'avons pas de savon et, pendant notre absence forcée, nous nous faisons facilement voler. Comme la douche est obligatoire, les Blockàlteste ont besoin d'un système de contrôle pour pouvoir appliquer des sanctions à ceux qui cherchent à se défiler; la plupart du temps, un homme de confiance du Block s'installe devant la porte et, tel Polyphème, nous tâte au passage lorsque nous sortons: ceux qui sont mouillés reçoivent un ticket, ceux qui sont secs reçoivent cinq coups de fouet. Le lendemain matin, il faut présenter son ticket pour avoir droit à la ration de pain.

L'attention d'Alberto s'est portée sur les tickets. En général, ce sont de simples morceaux de papier que l'on rend le lendemain tout froissés, humides, en piteux état. Alberto connaît les Allemands, et les Blockàlteste sont tous allemands ou dressés à l'école allemande: ils aiment l'ordre, la méthode, la bureaucratie; de plus, tout en étant des êtres grossiers, emportés et brutaux, ils n'en nourrissent pas moins un amour infantile pour les objets brillants et multicolores.

Le thème ainsi introduit, en voici maintenant le brillant développement. Alberto a subtilisé systématiquement une série de plaquettes de même couleur; avec chacune d'elles il a confectionné trois rondelles (l'instrument nécessaire, un foret à bouchons, c'est moi qui l'ai «organisé» au Laboratoire); une fois arrivé à deux cents rondelles, chiffre correspondant aux effectifs d'un Block, il s'est présenté au Blockàltester et lui a offert la «Spezialitàt» pour la somme folle de dix rations de pain, en paiements échelonnés. Le client a accepté avec enthousiasme, et Alberto dispose à présent d'un sensationnel article de mode qu'il est sûr de placer dans toutes les baraques, une couleur par baraque (aucun Blockàltester ne voudra passer pour pingre ou rétrograde), et, détail essentiel, sans avoir à craindre la concurrence puisqu'il est le seul à avoir accès à la matière première. N'est-ce pas bien imaginé?

Nous parlons de tout cela, en pataugeant d'une flaque à l'autre, entre le noir du ciel et la boue du chemin. Nous parlons et nous marchons. Moi je porte les deux gamelles vides, Alberto la menaschka délicieusement pleine. Encore une fois la musique de la fanfare, la cérémonie du «Mùtzen ab», tout le monde enlève son calot d'un geste militaire devant les SS; encore une fois Arbeit Macht Frei et la formule consacrée du Kapo: «Kommando 98, zwei und sechzig Hàftlinge, Stàrke stimmt», «soixante-deux prisonniers, le compte est bon». Mais on ne nous donne pas l'ordre de rompre les rangs, on nous fait marcher jusqu'à la place de l'Appel. Est-ce qu'on va faire l'appel? Il ne s'agit pas de l'appel. Nous avons vu la lumière crue du phare et le profil bien connu de la potence.

Pendant plus d'une heure encore, les équipes ont continué à défiler, dans le piétinement dur des semelles de bois sur la neige glacée. Quand tous les Kommandos ont été de retour, la fanfare s'est brusquement tue, et une voix rauque d'Allemand a imposé silence. Dans le calme instantané qui a suivi, une autre voix allemande s'est élevée et a parlé longuement avec colère dans la nuit hostile. Enfin, le condamné est apparu dans le faisceau de lumière du phare.

Tout cet apparat et ce cérémonial implacable ne sont pas nouveaux pour nous. Depuis que je suis au camp, j'ai déjà dû assister à treize pendaisons; mais les autres fois, il s'agissait de délits ordinaires, vols aux cuisines, sabotages, tentatives d'évasion. Cette fois-ci, c'est autre chose.

Le mois dernier, un des fours crématoires de Birkenau a sauté. Personne parmi nous ne sait exactement (et peut-être ne le saura-t-on jamais) comment les choses se sont passées: on pa^le du Sonderkommando, le Kommando Spécial préposé aux chambres à gaz et aux fours crématoires, qui est lui-même périodiquement exterminé et tenu rigoureusement isolé du reste du camp. Il n'en reste pas moins qu'à Birkenau quelques centaines d'hommes, d'esclaves sans défense et sans forces comme nous, ont trouvé en eux-mêmes l'énergie nécessaire pour agir, pour mûrir le fruit de leur haine.

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