Michel Zévaco - Les Pardaillan – Livre VI – Les Amours Du Chico

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Les Pardaillan – Livre VI – Les Amours Du Chico: краткое содержание, описание и аннотация

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La suite de Pardaillan et Fausta. Au cours de son ambassade à la Cour d'Espagne, Pardaillan est amené à protéger une jeune bohémienne, La Giralda, fiancée d'El Torero, Don César, qui n'est autre que le petit-fils secret et persécuté de Philippe II. Or, Fausta a jeté son dévolu sur El Torero pour mener à bien ses intrigues, et elle bénéficie de l'appui du Grand Inquisiteur Don Espinoza dans ses criminelles manoeuvres. Le chevalier est aidé dans cette lutte par le dévouement absolu d'un pauvre déshérité, le malicieux Chico et sa bien-aimée Juana…

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Un jour, elle avait eu la fantaisie d’aller faire un tour hors de la ville. À la porte de la Macarena, où le hasard l’avait conduite, sa litière fut arrêtée. Un officier vint la reconnaître et, sans s’opposer le moins du monde à sa sortie, en termes fort polis, déclara qu’il aurait l’honneur d’escorter Sa Seigneurie. Et aussitôt, dix hommes d’armes, bien montés, entourèrent la litière. Sans se départir de son calme habituel, Fausta fit remarquer qu’elle avait ses trois gentilshommes et que cette escorte lui suffisait. À quoi l’officier, toujours très poliment, fit observer que c’était l’ordre formel de S. M. le roi, qui tenait à honorer tout particulièrement Sa Seigneurie.

Fausta avait compris. Somme toute, elle était prisonnière. Cela ne l’inquiétait pas autrement. Elle savait que lorsqu’elle le voudrait elle saurait fausser compagnie à son terrible allié: d’Espinosa. Mais cela l’énervait. Et elle se demandait, sans pouvoir se faire une réponse satisfaisante, quelles étaient les intentions du grand inquisiteur à son égard.

Tout ceci avait été cause que pendant les quinze jours qu’avait duré la détention de Pardaillan, elle s’était tenue sur une extrême réserve.

Tous les jours, elle allait voir d’Espinosa et s’informait de Pardaillan. D’Espinosa lui rendait compte de l’état du prisonnier et de ce qui avait été fait ou se préparait.

Elle écoutait gravement, approuvait ou désapprouvait, donnait un conseil, soufflait une idée. Après quoi, pour clore l’entretien, elle s’informait immuablement de l’état de don Almaran.

La veille de ce jour, où nous avons vu Pardaillan arracher la Giralda aux griffes de Barba-Roja, elle était allée, dans la soirée, faire sa visite au grand inquisiteur. À ses questions, d’Espinosa, sur un ton étrange, avait répondu:

– Les tourments du sire de Pardaillan sont terminés.

– Dois-je comprendre qu’il est mort? avait demandé Fausta.

Et le grand inquisiteur, sans vouloir s’expliquer davantage, avait répété sa phrase:

– Ses tourments sont terminés.

En ce qui concernait don Almaran, elle avait appris que, complètement remis, il avait projeté d’aller le lendemain au château de Bib-Alzar, où l’appelait il ne savait quelle affaire.

Fausta avait souri. Elle savait, elle, quelle était cette affaire qui appelait Barba-Roja à la forteresse de Bib-Alzar. Et elle était rentrée chez elle.

Or, ce jour, une heure environ après le moment où nous avons vu Pardaillan s’éloigner en murmurant: «À nous deux, Fausta!», la princesse se trouvait dans ce petit oratoire de sa maison de campagne qui, on ne l’a pas oublié sans doute, communiquait par une porte secrète avec les sous-sols mystérieux de la somptueuse demeure.

Au moment où nous pénétrons dans cette petite pièce, très simplement meublée, Fausta terminait un long entretien qu’elle venait d’avoir avec le Torero.

– Madame, disait le Torero d’une voix très triste, croyant m’amener à accepter vos propositions et levant certains scrupules que j’avais, vous avez eu la cruauté de me faire connaître la douloureuse et sombre vérité sur ma naissance. Peut-être eût-il été plus humain de me laisser ignorer cette fatale vérité!… N’importe, le mal est fait, il n’y a plus à y revenir… Mais votre but n’est pas atteint. À quoi bon vous obstiner inutilement? Je ne suis pas le frénétique ambitieux que vous avez souhaité. Je n’éprouve aucune jouissance malsaine à la pensée de dominer mes semblables et, maintenant plus que jamais, je suis résolu à ne pas me dresser contre celui qui est et restera, pour moi, le roi… pas autre chose. Mon ambition, madame, est de me retirer dans ce beau pays de France avec mon ami M. de Pardaillan, et de tâcher de me faire ma place au soleil. Le rêve de ma vie est de finir mes jours avec la compagne que j’ai choisie. Celle-là n’a pas votre incomparable beauté, elle n’a ni titres ni richesses, elle n’a même pas un nom à elle… Mais je l’aime… et cela suffit.

– Oh! gronda Fausta avec rage, aurai-je donc toujours cette cruelle déception, croyant m’adresser à des hommes, de ne rencontrer que des femmes… de misérables et faibles femmes, qui ne vivent que de sentiments!… Pourquoi ne suis-je pas un homme moi-même?…

– Eh! madame, ne faites pas fi du sentiment. Il nous aide diantrement à trouver la vie supportable.

Comme si elle n’avait pas entendu, Fausta continua:

– Ce Pardaillan que tu veux suivre, misérable insensé, ce Pardaillan, l’homme du sentiment par excellence, sais-tu seulement ce qu’il est devenu?

– Que voulez-vous dire? s’exclama le Torero qui ignorait l’arrestation du chevalier.

– Mort! dit Fausta d’une voix glaciale. Mort, ce Pardaillan dont la pernicieuse influence t’a soufflé ta stupide résistance. Mort fou… fou furieux… Ah! ah! ah! un fou furieux était tout désigné pour servir de modèle à cet autre fou que tu es toi-même! Et c’est moi, moi Fausta, qui l’ai acculé à la folie, moi qui l’ai précipité dans le néant.

– Par le Christ! madame, si ce que vous dites est vrai, votre…

D’un geste violent, Fausta l’interrompit.

– Tu m’écouteras jusqu’au bout, gronda-t-elle. Et n’oublie pas qu’au moindre geste que tu feras, tu tomberas pour ne plus te relever… Ces murs ont des yeux et des oreilles… et je suis bien gardée… César… puisque tu t’appelles César. Quant à ta bien-aimée… cette misérable bohémienne pour qui tu refuses le trône que je t’offre… eh bien!… sache-le donc, misérable fou, elle est morte… morte, entends-tu?… morte déshonorée, salie par les baisers de Barba-Roja… Sois donc fidèle à son souvenir… Peut-être, toi aussi, à l’imitation de Pardaillan le fou, as-tu résolu de vivre éternellement fidèle au souvenir d’une morte… une morte souillée!

D’un bond le Torero fut sur elle et lui saisit le poignet, et avec des yeux de dément, il lui cria dans la figure:

– Répétez, répétez ces infâmes paroles… et, j’en jure Dieu, votre dernière heure est venue… Vous ne pourrez plus jamais vous vanter d’avoir assassiné personne.

Fausta ne sourcilla pas. Elle ne chercha pas à se dégager de son étreinte. Seulement, la main libre alla fouiller dans son sein et en sortit un mignon petit poignard.

– Une simple piqûre de ceci, dit-elle froidement, et tu es mort. La pointe de ce stylet a été plongée dans un poison qui ne pardonne pas.

Et profitant de sa stupeur, elle se dégagea d’un geste brusque, et s’adossant à la cloison, de sa voix implacable, elle reprit:

– Je répète: Pardaillan est mort fou… et c’est mon œuvre… Ta fiancée est morte souillée!… et c’est encore mon œuvre… Et toi tu vas mourir désespéré… et ce sera mon œuvre, encore, toujours!…

En disant ces mots, elle actionna le ressort qui ouvrait la porte secrète et, sans se retourner, elle fit un bond en arrière.

Elle se heurta à une poitrine humaine. Un homme était là… derrière cette porte secrète qu’elle croyait être seule à connaître… Un homme qui avait entendu, peut-être, ce qu’elle venait de dire. Qui était cet homme? Peu importait: L’essentiel était qu’il disparût. Elle leva le bras armé du poignard empoisonné et l’abattit dans un geste foudroyant.

Sa main fut happée au passage par une autre main, une tenaille vivante qui lui broya le poignet et l’obligea à lâcher l’arme mortelle, ensuite de quoi la tenaille la ramena dans le cabinet, cependant qu’une voix narquoise qu’elle reconnaissait enfin disait:

– J’entends parler de mort, de poison, de folie, de torture, que sais-je encore! J’imagine que M meFausta doit avoir un entretien d’amour… Toutes les fois que Fausta parle d’amour, elle prononce le mot: mort.

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