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Paul Féval: Les Habits Noirs Tome VII – Les Compagnons Du Trésor

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Les Habits Noirs Tome VII – Les Compagnons Du Trésor: краткое содержание, описание и аннотация

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Les deux derniers tomes de ce cycle criminel ont pour thème central la recherche frénétique du trésor des Habits noirs, caché jalousement par le colonel Bozzo. Dans les Compagnons du trésor se trouve entrelacée à cette quête la sanglante loi de succession de la famille Bozzo, dont l'ancêtre est Fra Diavolo: le fils doit tuer le père pour lui succéder, à moins que le père ne tue le fils. L'architecte Vincent Carpentier, qui a construit la cache du trésor pour le colonel Bozzo, est poursuivi par l'idée fixe de la retrouver. Son fils adoptif, le jeune peintre Reynier, découvre par hasard qu'il est le petit-fils du colonel Bozzo…

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– Si vous me venez en aide, monsieur, dit-il, pour recouvrer la position que j’ai perdue, ne le devrai-je pas un peu à cette chère demoiselle?

– Mais du tout! mais du tout! voulut affirmer le vieillard, je ne fais jamais rien de ce qu’elle veut…

– D’abord, interrompit Fanchette, qui lui jeta son bras charmant autour du cou, je ne veux pas m’en aller. Et puis, père, vous êtes un méchant! Et encore vous mentez comme un arracheur de dents, car tout le monde sait bien que je vous mène par le bout du nez!

Le colonel l’attira sur son cœur et l’y tint un instant serrée.

– Vous avez une chère petite fille, monsieur Carpentier, dit-il avec une émotion qui semblait involontaire, et vous savez comme on adore ces démons-là.

Fanchette, qui avait sa bouche tout contre l’oreille du vieillard, murmura:

– Père, regarde-le donc bien. Mais je ne lui trouve pas l’air si malade.

– Sangodémi! s’écria le colonel, nous ne sommes pas ici pour nous attendrir. Mangeons, mes bijoux! J’espère que notre camarade Vincent va être content de moi au dessert.

Par-dessus la tête blanche du colonel, Fanchette avait les yeux fixés sur le visage de son hôte.

– Père ne m’a pas répondu, pensait-elle; moi je trouve que M. Carpentier a bonne mine, mais père s’y connaît mieux que moi… Pauvre petite Irène!

II Au dessert

En vérité, dans cette maison, tout était respectable. Le dîner était servi avec une abondante simplicité, et les domestiques eux-mêmes vous avaient tournure de ces vieux valets qu’on admire dans les images de La Moraleen action.

Le colonel ne buvait que de l’eau, mais sa main tremblante et en même temps guillerette remplissait souvent le verre de Vincent Carpentier. Quant à Fanchette, elle mangeait et gazouillait comme un oiseau.

– Il faut que tu saches tout, père, disait-elle. Jamais il ne te racontera son histoire comme à moi. Ils ont été d’abord bien heureux, j’entends sa femme et lui. Elle s’appelait Irène comme la petite bien-aimée. Elle était belle, belle, mais belle! et toute jeune. Monsieur Vincent avait un cabinet. Il faisait pas mal d’affaires pour un débutant, mais crac, voilà que madame Irène devient pâle et qu’elle commence à tousser, quelques mois après avoir mis au monde la mignonne, qui est tout son portrait. Les médecins viennent et ordonnent les eaux, puis l’Italie; on ne travaille plus. Et, vois-tu, ce n’est pas son argent que monsieur Vincent aurait voulu donner, c’est son sang, c’est sa vie…

– Pauvre monsieur Vincent! interrompit le colonel, qui réussit assez bien à dissimuler un bâillement. Voilà un bien grand malheur!

– Cela dura trois ans, continua Fanchette. Madame Irène mit tout ce temps-là à souffrir et à mourir. Quand monsieur Vincent revint en France tout seul et en deuil, il avait deux enfants à nourrir, parce qu’il ramenait avec sa fille, un joli petit garçon que madame Irène aimait bien et qu’ils avaient rencontré en Italie. Il a pour nom Reynier, il sera bientôt un jeune homme. Pour les élever tous les deux, Reynier et la petite Irène, monsieur Vincent reprit la truelle et travailla de ses mains…

– Mignonne, fit le colonel en repoussant son assiette, tu racontes comme un ange. Quelle heure est-il?

– Et bien heureux encore de l’avoir rencontré, ce Reynier! continua Fanchette avec l’impétueuse obstination des enfants à qui on veut enlever la parole. Tu crois toujours tout savoir, père, et c’est ce qui te trompe. Reynier n’est pas une charge maintenant, Reynier garde la maison, Reynier fait le ménage, il apprend à lire et à écrire à ma petite Irène. Ah! s’il trouvait à travailler pour soulager son ami! Tiens! regarde! Monsieur Vincent a les larmes aux yeux, et tout à l’heure il me disait: cet enfant-là est la bénédiction de Dieu dans ma maison. Sans lui, qui garderait ma chérie? Je n’ai aucune inquiétude tant qu’il est près d’elle. C’est un homme pour la force et surtout pour le courage. Pour les soins, pour la tendresse, c’est une femme. Il me semble que je laisse ma petite Irène avec une sœur aimée. Il a dit mieux que cela! n’est-ce pas, monsieur Vincent, vous avez dit: «Il me semble que je la laisse avec sa mère!»

Vincent tourna vers elle un regard reconnaissant, mais il dit:

– C’est trop parler de moi et de mes affaires, mademoiselle.

– Du tout, du tout, fit le colonel, ça m’amuse. Fanchette est la maîtresse ici, pas vrai, trésor? Elle s’assoirait sur la tête du bon papa-gâteau, si elle voulait. Je n’ai plus qu’elle à aimer, monsieur Vincent, aussi…

– Aussi, tu vas me renvoyer, père, interrompit la fillette, dont le visage pétillait de spirituelle bonté, je lis cela dans tes yeux. Eh bien! je vais être obéissante et me sauver tout de suite, si vous voulez me permettre quelque chose, monsieur Vincent et toi. Va, ce n’est pas toi qui feras le plus grand sacrifice. Je veux que Reynier aille au collège et Irène en pension. Est-ce dit?

Elle s’était levée et ses lèvres roses restaient suspendues au-dessus du front du grand-père.

– C’est dit, répliqua celui-ci.

Parmi la douce pluie de baisers qui tomba sur le crâne du colonel, Fanchette demanda encore:

– Et vous, monsieur Vincent?

– Oh! moi, répliqua ce dernier dont les yeux étaient mouillés, si je voyais assurée l’éducation de ces chers enfants…

– C’est promis, dit le colonel avec une visible impatience. Fais monter le café, Minette, et va lire Robinson Crusoé. Si plus tard tu es abandonnée dans une île déserte, c’est toi qui seras contente de savoir comment t’y prendre pour avoir un parapluie en peau de bête!

Fanchette secoua la main de monsieur Vincent comme un petit homme et disparut.

Le vieillard se renfonça dans son fauteuil, amena les manches de sa douillette et tourna ses pouces d’un air méditatif.

– Mon compagnon, demanda-t-il après un silence et de sa voix la plus paisible, que feriez-vous si votre fille, à l’âge de ma Fanchette, aimait un coquin sans foi ni loi?

– Un coquin! s’écria Vincent avec une véritable épouvante: aimé de cet adorable enfant! Mademoiselle Francesca!

Le domestique entra et servit le café.

– J’ai presque envie de faire un petit extra, dit le colonel en se parlant à lui-même. J’ai dîné comme un loup, je vais tremper un canard dans votre tasse. Allez! Giampietro, nous n’avons plus besoin de rien.

Le valet se retira.

– Giampietro est un Sicilien, reprit le colonel. Cela veut dire Jean-Pierre, à Catane. À Naples, les Jean sont des Giovan. Mon cocher s’appelle Giovan-Battista. Nous venons tous un peu d’Italie, ici.

Il mit la moitié d’un morceau de sucre dans la fumée qui s’élevait au-dessus de la tasse de Vincent, et répéta:

– Que feriez-vous? Vincent hésita.

– Le tueriez-vous, demanda encore le colonel.

La cuiller tomba des mains de Vincent. Le vieillard se mit à rire bonnement.

– J’étais très drôle dans le temps, murmura-t-il, j’avais le mot pour rire. Buvez votre café pendant qu’il est chaud, mon camarade. Chacun de nous a ses chagrins et ses embarras, c’est certain. Voulez-vous que je vous dise? vous êtes un ambitieux maté et rentré, mais au fond vous avez des désirs de tous les diables.

Ses yeux rencontrèrent ceux de Vincent, qui portait la demi-tasse à ses lèvres. Vincent eut comme un frisson. Le vieillard grignotait son petit morceau de sucre.

– Cela va m’agiter, reprit-il, je le sais bien, mais je ne suis pas prêt de me mettre au lit. Nous avons à travailler tous les deux cette nuit.

L’effroi se lisait de plus en plus distinctement dans le regard de Vincent.

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