Ils l’entraînèrent un peu plus avant dans le bois, jusqu’à un creux herbeux entre de douces collines vertes. Là, César découvrit un millier des hommes et des femmes les plus beaux qu’il eût jamais vus. Il s’assit à flanc de colline et entendit toutes leurs doléances et accusations et, après les avoir entendues, il prononça des jugements si sages que tout le monde fut content et que personne ne s’en retourna avec le sentiment d’être victime d’une injustice.
Ils étaient si ravis des jugements de Jules César qu’ils lui proposèrent tout ce qu’il voulait en récompense. Jules César réfléchit un moment, puis répondit qu’il aimerait gouverner le monde. Ils lui promirent qu’il en serait ainsi.
Le 14 mai 1810, Strange écrit à John Segundus : «… Ici, on trouve une grande passion pour les visions, que je suis toujours heureux de satisfaire chaque fois qu’il m’est possible. Quoi que Norrell puisse dire, ce n’est pas très difficile, et rien ne ravit davantage le profane. Mon seul regret est que les invités finissent toujours par me demander de leur montrer leurs proches. Mardi, j’étais à Tavistock-square, dans la demeure de la famille Fulcher. J’ai versé un peu de vin sur la table, ai pratiqué mon enchantement et leur ai donné à voir une bataille navale qui faisait rage à ce moment-là aux Bahamas, une vue d’un monastère napolitain en ruine au clair de lune et, finalement, l’empereur Napoléon Bonaparte qui buvait une tasse de chocolat les pieds dans une bassine d’eau fumante.
« Les Fulcher étaient suffisamment bien élevés pour paraître s’intéresser à mes réalisations, mais à la fin de la soirée ils m’ont demandé si je pouvais leur représenter leur tante qui habite à Carlisle. Pendant la demi-heure qui a suivi, Arabella et moi avons été contraints de converser l’un avec l’autre tandis que la famille fascinée contemplait le spectacle d’une vieille dame coiffée d’un bonnet de nuit blanc qui tricotait, assise au coin du feu. » Recueil de lettres et papiers de Jonathan Strange , John Segundus, John Murray éd., Londres. 1824.
« Tapisserie Haig & Chippendale » (N.d.T) .
Un livre appartenant à la bibliothèque de Mr Norrell. Mr Norrell l’avait cité, quelque peu indirectement, quand Mr Segundus et Mr Honeyfoot lui présentèrent leurs respects au début janvier 1807.
Belinda , roman de Maria Edgeworth qui raconte les débuts d’une jeune fille dans la belle société du XVIII esiècle (1801) (N.d.T.) .
Il s’agit des tableaux vénitiens que Mr Norrell avait vus dans la demeure de Mrs Wintertowne deux ans plus tôt. À l’époque, Mrs Wintertowne avait confié à Mr Norrell qu’elle avait l’intention de les donner en cadeau de mariage à Sir Walter et à Miss Wintertowne.
L’Arbre des batailles d’Honoré Bonet, traité d’art militaire médiéval, a inspiré Le Livre des faits d’armes et de la chevalerie de Christine de Pisan (N.d.T.) .
Parmi les formes de magie perpétrées par Strange et Norrell en 1810, citons : causer l’ensablement d’une zone maritime dans le golfe de Gascogne et l’apparition d’un immense bois d’arbres monstrueux (détruisant ainsi vingt navires français) ; provoquer des vents et des marées inhabituels pour dérouter les bâtiments français et détruire les récoltes et le bétail français ; façonner avec de la pluie flottes de guerre, villes fortifiées, personnages gigantesques, nuées d’anges, etc., afin d’effrayer, de troubler ou d’ensorceler les soldats et les marins français ; faire tomber la nuit alors que les Français attendaient le jour et vice versa.
Tous les articles ci-dessus sont cités dans le De generibus artium magicarum anglorum de Francis Sutton-Grove.
Le précédent ministre de la Guerre, Lord Castlereagh, s’était querellé violemment avec Mr Canning vers la fin de 1809. Les deux gentlemen s’étaient battus en duel, après quoi tous les deux avaient été obligés de donner leur démission du gouvernement. L’actuel ministre de la Guerre, Lord Liverpool, était en fait la même personne que Lord Hawkesbury, dont il a été question plus haut dans ces pages. Il avait renoncé à un titre pour en prendre un autre à la mort de son père, en décembre 1808.
« Sable du cheval » (N.d.T.) .
Thaumatomane : personne possédée d’une passion pour la magie et ses prodiges, Dictionary of the English Language de Samuel Johnson.
Floors Castle est la demeure des ducs de Roxburghe.
Le Comité des privilèges finit par se décider en faveur de Sir James Innés et, tout comme Mr Lascelles l’avait prédit, le nouveau duc mit aussitôt la bibliothèque en vente.
La vente aux enchères, qui eut lieu à l’été 1812 (pendant le séjour de Strange dans la Péninsule), fut peut-être l’événement bibliographique le plus notable depuis l’incendie de la bibliothèque d’Alexandrie. Elle dura quarante et un jours et fut à l’origine d’au moins deux duels.
Parmi les livres du duc se trouvaient sept textes de magie, tous extraordinaires :
Rosa et Fons était une méditation mystique sur la magie d’un magicien inconnu du XVI esiècle ;
Thomas de Dundelle , un poème jusque-là inconnu de Chrétien de Troyes, était une version colorée de la vie de Thomas Dundale, le premier serviteur humain du roi Corbeau ;
The Book of Loveday Ingham (« Le Livre de Loveday Ingham ») était un compte-rendu des occupations quotidiennes d’un magicien de Cambridge du XV esiècle ;
Exercitatio magica nobilissima était une tentative du XVII esiècle pour décrire toute la magie anglaise ;
The History of Seven (« L’Histoire de Sept ») était un ouvrage confus, partie en anglais, partie en latin et partie dans un idiome féerique inconnu. Il est impossible de le dater ni d’identifier son auteur, et le but que ledit auteur poursuivait en rédigeant ce livre nous est obscur. Dans l’ensemble, cela semble être l’histoire d’une cité du monde des fées, « Sept ». Cette information est présentée dans un style déroutant, et l’auteur s’écarte fréquemment de son récit pour accuser un personnage anonyme de lui avoir nui de quelque mystérieuse manière. Ces passages du texte ressemblent davantage à un libelle qu’à autre chose ;
The Parliament of Women (« Le Parlement des femmes ») était une description allégorique du XVII esiècle de la sagesse et de la magie qui appartiennent en propre aux femmes ; l’ouvrage de loin le plus merveilleux était The Mirror of the Lyf of Ralph Stokesie (« Le Miroir de la vie de Ralph Stockesie »), qui fut vendu aux enchères le dernier jour, avec la première édition du Decameron de Boccace. Jusqu’alors même Mr Norrell ignorait l’existence de ce livre. Il parait avoir été écrit par deux auteurs : l’un, un magicien du XV esiècle du nom de William Thorpe ; l’autre, un serviteur féerique de Ralph Stockesie, Col-Tom-Blue. Pour ce trésor, Mr Norrell déboursa la somme inouïe de 2 100 guinées.
Mr Norrell inspirait un respect si général qu’aucun gentleman présent dans la salle ne surenchérit contre lui. En revanche, une lady surenchérit sur lui pour chaque ouvrage. Dans les semaines précédant la vente aux enchères, Arabella Strange avait été très occupée. Elle avait écrit nombre de lettres à la parentèle de Strange et rendu visite à toutes ses amies londoniennes afin d’emprunter assez d’argent pour acheter certains spécimens pour son époux, mais Norrell ne lui en avait pas laissé un seul.
Читать дальше