Sheri Tepper - Rituel de chasse

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Rituel de chasse: краткое содержание, описание и аннотация

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Le monde va mal, le monde est malade.
Un terrible fléau se répand dans l’univers, une infection mortelle qui menace d’exterminer toute vie. Aucune planète n’est épargnée. Aucune, sauf Grass. Pourquoi ? Comment expliquer cette immunité ? Marjorie est envoyée en mission sur Grass pour trouver la réponse.
Grass, planète dont on sait peu de chose, si ce n’est qu’elle est couverte d’herbe et que des colons s’y sont installés, voici quelques siècles. Aristocrates, ils ont fait de la chasse leur occupation favorite. Chasse à courre, chasse à mort...
Là-bas, à des millions de kilomètres de la Terre, Marjorie va découvrir un monde étrange, une culture fascinante et cruelle. Mais pourra-t-elle percer le secret de Grass ? Un secret qui peut sauver l’univers — ou le conduire à sa perte…

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— Asmir Tanlig ? Qui est-ce ?

— L’un des deux auxiliaires indigènes que j’ai engagés ce matin, dès que j’ai pu me débarrasser de ce crampon de Haunser.

— Ce Monsieur Tanlig est-il un bon ?

— Cela m’étonnerait fort. Plutôt le petit-fils du rejeton naturel d’un bon.

— Un collatéral, en somme, un vulgaire paltoquet, commenta Marjorie de l’air entendu de quelqu’un qui détient des informations de première main. M. Tanlig ne danse ni ne chasse, c’est bien malheureux pour lui.

Son époux lui jeta un bref regard intrigué.

— J’ai aussi engagé un Mécano, dit-il.

Ce fut au tour de Marjorie d’avoir l’air déconcerté.

— Un mécano ? Était-ce bien nécessaire ?

— Sebastien Mecano, tel est le nom de mon second assistant. Un héritier philologique des Smith ou des Wright{Forgeron, ou Charpentier. En France, Charpentier est un patronyme assez répandu. S’il existe peu de Forgeron, en revanche, on rencontre des Maréchal, à l’origine domestique chargé de soigner les chevaux, avant de devenir avec l’adjonction du qualificatif ferrant, l’un des grands artisans de la forge. (N.d.T.) }. Celui-ci n’a pas une seule goutte de sang bleu dans les veines, ainsi qu’il me l’a avoué avec beaucoup de réticence. Rigo tomba dans un fauteuil et se massa la nuque avec force grimaces. L’hibernation n’est pas faite pour les êtres humains, ronchonna-t-il. Je me sens aussi faible que si je relevais d’une longue maladie.

— Moi, j’ai l’impression de vivre une sorte de rêve éveillé. La réalité n’a pas vraiment de consistance…

— Ma chère, en toutes circonstances, il y a toujours en toi un peu de la princesse lointaine.

Il avait repris sa voix séductrice, pourtant Marjorie ne fut pas dupe. Elle accueillit l’insinuation avec un triste sourire. Combien de fois ne s’était-elle pas entendu brocarder au sujet de son air distant et de sa froideur, reproches à l’origine infondés, prétexte trop facile pour justifier les fugues du mari volage trouvant refuge entre les bras d’une maîtresse « chaleureuse », Mademoiselle Eugénie Le Fèvre, et toutes celles qui l’avaient précédée. C’est ainsi qu’une épouse humiliée se transforme en princesse lointaine, songeait Marjorie avec amertume. Spirale d’hypocrisie, de malentendus, dans laquelle s’était enfuie l’affection conjugale.

Rigo avait vu l’ombre passer sur le visage de sa femme. Satisfait de ce résultat, il changea de sujet.

— As-tu enregistré les noms de mes recrues ? Asmir Tanlig et Sebastien Mecano.

— Quelle tâche comptes-tu leur confier ? demanda-t-elle. L’infiltration des classes moyennes ?

— Sauf dans la Zone Franche, où s’épanouit une bourgeoisie affairiste auprès de laquelle Tanlig pourrait bien m’être utile s’il y consentait, et si l’on ne tient pas compte du personnel nombreux des latifundia, il n’existe pas à proprement parler de couche sociale intermédiaire entre les aristocrates et la paysannerie. Mes lascars circuleront de village en village, et glaneront tous les indices pouvant se rapporter à notre affaire. Mecano, en particulier, me semble très représentatif du monde agricole. Il se vante bien haut d’avoir encore de la paille dans ses sabots, d’une manière un peu farouche et agressive qui en dit long sur son ressentiment.

— Voilà deux associés peu susceptibles de rehausser notre prestige aux yeux des grands.

— Mes relations avec Tanlig et Mecano doivent rester secrètes. Comment pouvons-nous espérer arriver à un résultat si nous n’avons pas accès, d’une manière ou d’une autre, à toutes les régions et à toutes les catégories ? Veux-tu savoir comment je suis entré en contact avec ces deux hommes, à l’insu de bon Haunser ? Les diplomates de Semling que nous avions rencontrés avant notre départ m’avaient communiqué leurs noms en précisant que je pouvais leur faire confiance. Dès notre première entrevue, je n’y suis pas allé par quatre chemins. Après leur avoir révélé, dans ses grandes lignes, l’objet de la mission, j’ai aussitôt voulu savoir quelle était la situation sur la Prairie.

Marjorie retint son souffle.

— Alors ?

— Jusqu’à présent, rien. À leur connaissance, aucun mal étrange et incurable ne se serait déclaré nulle part.

L’épidémie aurait donc réellement épargné la Prairie ? Tout espoir n’était pas perdu, par conséquent. Marjorie osait à peine y croire.

— Gardons-nous de tout optimisme prématuré. Après tout, s’il ne s’agissait que de quelques cas encore isolés, comment sauraient-ils ?

— Tous deux ont de la famille dans la Zone Franche. Si l’on assistait là-bas à l’apparition d’un phénomène de caractère menaçant, ils n’auraient pas manqué de l’apprendre. L’information circule moins sûrement en sens inverse. Nous sommes dans un monde archaïque, contrôlé à quatre-vingt-quinze pour cent par une aristocratie foncière. Quantité d’événements peuvent survenir dans ces immensités semi-désertiques dont les habitants de la Zone Franche n’ont pas la moindre idée.

Marjorie acquiesça d’un signe de tête. La fatigue et la faim fondirent sur elle. Elle étouffa un bâillement.

— Tu n’as pas perdu ton temps, murmura-t-elle avec lassitude. Je te félicite. Sais-tu où se trouve Anthony ?

— Là-haut, sans doute, en compagnie de sa sœur. Je leur ai demandé de dresser un plan sommaire de l’étage. Il faudra bien songer à se procurer quelques meubles, si nous voulons être en mesure de prendre nos quartiers d’été avant l’arrivée des grosses chaleurs. Selon Asmir, il existe, dans le Bourg, l’agglomération de la Zone Franche, une Rue Neuve dans laquelle sont regroupés tous les corps de métiers. Curieux nom. Si la Rue Neuve est ici, où peut bien se trouver l’Ancienne ?

— Où veux-tu ? Sans doute traverse-t-elle quelque cité de Notre Mère la Terre.

— Asmir s’engage à nous faire livrer un mobilier très satisfaisant en l’espace de quelques semaines. Il s’agit, bien sûr, des longues semaines de la Prairie. Notre homme a déjà battu le rappel de ses fournisseurs par le truchement d’un mystérieux « Grand Communicateur », nom terrifiant dont ils affublent un banal réseau téléphonique, m’a-t-il semblé. Nous devrions bientôt recevoir la visite d’une délégation d’artisans.

— À l’appréciation de qui sera soumis ce mobilier très satisfaisant. Gageons que les bon auront l’œil à tout. Gageons que nos malheureux chevaux dorment encore parce que les aristocrates jugent leur présence indésirable. Ils ont ici des montures d’un genre très particulier.

— Les Hipparions ? J’en ai entendu parler, en des termes très vagues, très ambigus.

— Ces fières cavales trouveraient indigne d’être emprisonnées dans des stalles. Le simple fait de l’envisager constitue presque un crime de lèse-majesté.

— Les Hipparions sont donc élevés en liberté ?

— Autant dire que ces créatures ne sont pas élevées du tout. On leur passe leurs quatre volontés. De temps à autre, elles daignent trouver refuge dans certains endroits qu’il ne serait pas convenable d’appeler des écuries. Des anti-écuries, en quelque sorte. Si nous allions les visiter ?

On pénétrait dans les anti-écuries par de hautes ouvertures étroites pratiquées à flanc de colline. On se trouvait sur le seuil d’une immense caverne ; le sol et les parois en étaient aplanis, la voûte soutenue par une forêt de piliers.

— Cet antre est assez vaste pour contenir nos deux étalons, les quatre juments ainsi que tous leurs descendants pendant un siècle, fit observer Stella en jetant autour d’elle un regard dégoûté. Ce n’en est pas moins le dernier endroit où l’on oserait installer des chevaux.

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