Sheri Tepper - Rituel de chasse

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Rituel de chasse: краткое содержание, описание и аннотация

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Le monde va mal, le monde est malade.
Un terrible fléau se répand dans l’univers, une infection mortelle qui menace d’exterminer toute vie. Aucune planète n’est épargnée. Aucune, sauf Grass. Pourquoi ? Comment expliquer cette immunité ? Marjorie est envoyée en mission sur Grass pour trouver la réponse.
Grass, planète dont on sait peu de chose, si ce n’est qu’elle est couverte d’herbe et que des colons s’y sont installés, voici quelques siècles. Aristocrates, ils ont fait de la chasse leur occupation favorite. Chasse à courre, chasse à mort...
Là-bas, à des millions de kilomètres de la Terre, Marjorie va découvrir un monde étrange, une culture fascinante et cruelle. Mais pourra-t-elle percer le secret de Grass ? Un secret qui peut sauver l’univers — ou le conduire à sa perte…

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Peu après, il poussait la porte d’une chambre plongée dans la pénombre. Marjorie entra ; discret, le jeune secrétaire s’éclipsa.

Une tente occupait presque tout l’espace. Stella gisait là-dessous, sa tête hérissée de canules et de sondes. Marjorie regarda longtemps ce visage rendu méconnaissable. Un silence absolu recouvrait tout ; il ne lui fit aucun bien.

— Êtes-vous sa mère ?

Une voix de femme. Marjorie fit volte-face.

— Je suis le Docteur Lees Bergrem. Vous devez être Marjorie Westriding. Il est un peu tôt pour se prononcer sur les chances qu’a votre fille de retrouver toute sa raison. Les fonctions de l’organisme sont intactes. Par contre, elle souffre de plusieurs lésions des centres nerveux.

— Certaines facultés resteront-elles… atrophiées ? murmura Marjorie.

— La mémoire est atteinte. Ces troubles peuvent entraîner des manifestations d’infantilisme dans le comportement mental ou affectif. Votre fille a eu beaucoup de chance, comparée à Janetta bon Maukerden ou même Dimity bon Damfels, dont la captivité a pourtant duré moins longtemps. Leurs cerveaux sont une page blanche.

Marjorie ne trouva rien à dire. Elle ne ressentait qu’une colère froide, contre Rigo, contre sa propre fille, réduite à l’état de somnambule. On ne pouvait rejeter sur les seuls Hipparions l’entière responsabilité du drame. Une main se posa sur son épaule. Rillibee venait d’entrer.

— Stella guérira, dit-il. J’en ai le pressentiment.

Marjorie opina. Au même instant, quelqu’un lui souffla, sur un ton de tendre ironie, que la rancune était mauvaise conseillère, et la vindicte une perte de temps.

— Vous-même, vous avez besoin de soins, déclara le médecin. Vous avez sur le front une bosse de la taille d’un œuf de pigeon et vos yeux divaguent… En premier lieu, une longue toilette vous ferait le plus grand bien.

Marjorie se laissa conduire dans une chambre et s’enferma dans la salle de bains contiguë. En ressortant, elle trouva des vêtements propres posés sur le lit. Elle s’habilla et rejoignit le Docteur Bergrem dans son bureau. Tout en l’examinant, le médecin lui parlait de la formation qu’elle avait reçue à l’université de Semling, prolongée par le séjour effectué sur la Pénitentiaire. Sa voix s’anima lorsqu’elle aborda le sujet des vocations qui se faisaient jour parmi la nouvelle génération de faubouriens. Ses « étudiants » étaient tous en train de travailler à la résolution d’un passionnant mystère biologique, une particularité offerte par la Prairie.

— Je sais, j’ai lu vos ouvrages, dit tout à coup Marjorie.

— Ces textes ont dû vous sembler bien arides ; ils n’étaient pas destinés à des profanes.

— Je suis loin d’avoir tout compris, il est vrai.

Lees Bergrem lui posa des questions précises sur la forêt, les renards, les liens qui unissaient ceux-ci aux Hipparions, l’extermination des Arbai. Marjorie raconta ce qu’elle savait avec méthode, sans rien omettre, si ce n’est l’expérience de caractère indéniablement voluptueux qu’elle avait eue avec Lui , dans l’intimité de sa conscience. Elle décrivit la cité arboricole, son peuple d’ombres pathétiques. Elle en arriva à l’épisode des acrobates et du viol dont l’un d’eux l’avait menacée.

— Il n’y a pas si longtemps, j’aurais pardonné sans hésiter, au nom des principes religieux auxquels je suis attachée depuis l’enfance. Et tant pis pour les futures victimes. Après tout, ce monde n’est pas notre maison, comme il est écrit dans le Livre, et le pardon des offenses est censé nous acheter notre place dans l’au-delà. J’ai changé d’avis. Il m’en a coûté, de laisser la vie à ces malheureux ! Désormais, je veux me battre en cette vie ! Je veux faire mon paradis ici-bas !

Le salon de l’hôtel était bondé. Autour d’une table avaient pris place les membres du conseil municipal, quelques notables du Faubourg, Rigo, Mainoa. Celui-ci venait de prendre la parole.

— Il faut boucher l’entrée du tunnel, et le plus tôt sera le mieux, assura-t-il. C’est le moyen dont se sont dotés les Hipparions pour envahir la Zone Franche.

— Quelques-uns sont déjà là, dit Alverd Bee. Dès que nous avons appris l’existence de cette galerie souterraine, nous avons posté des guetteurs sur la colline, de façon à pouvoir surveiller la clairière que vous nous aviez indiquée. Ils ont signalé l’apparition de plusieurs Hipparions. Ils sont une douzaine et semblent devoir rester groupés à proximité de l’ouverture.

— Ils seront une centaine à la nuit tombée si nous ne faisons rien pour les arrêter, répliqua Rigo. Frère Mainoa a raison, nous devons fermer le tunnel. Vous disposez bien d’explosifs ? Vous exploitez des carrières, des mines. Avec quoi faites-vous sauter les parois rocheuses, quand vous agrandissez vos quartiers d’hiver ? Ce matériel conviendra très bien.

— Nous y avons déjà songé, dit le maire. Malheureusement, le dispositif de mise à feu ne se déclenche pas à distance. Qui voudra se sacrifier pour amorcer les explosifs sous le nez des Hipparions ?

— Ne pourrait-on envisager un lâcher de bombes ?

Alverd Bee et certains élus échangèrent un regard excédé.

— Messire ambassadeur, nous n’avons jamais eu besoin de bombes, et rien ne laissait prévoir qu’il n’en serait pas toujours ainsi. Nous serions capables d’en fabriquer, bien sûr, si le temps ne nous était pas compté.

— Je ne vois qu’une solution, soupira Rigo. Nous devons opérer une diversion pour libérer l’entrée du tunnel et permettre à vos artificiers de faire leur travail. Il faut aller vite, avant que les monstres ne se décident à lancer une attaque massive.

— Une diversion ? Alverd Bee tourna vers Rigo son long visage mélancolique sur lequel se lisaient un peu de méfiance et beaucoup d’espoir. Comment ferez-vous ?

— Si je le savais !

Le maire secoua la tête, découragé.

— Notre affaire se présente bien mal. Comment tout cela finira-t-il ?

Naturellement, Rigo ressentit cette réaction comme un défi à son intelligence et à son courage. Il considéra tous ces hommes sans imagination, que rien ne prédisposait au combat et qui semblaient prêts à s’incliner devant la « fatalité des événements », l’excuse des âmes faibles. Il haussa le ton.

— Si l’épidémie ne peut être enrayée, il se pourrait bien que cette planète soit le dernier rivage de l’humanité, et ses habitants les derniers survivants de l’espèce. Ils méritent peut-être que vous leur laissiez une chance de vendre chèrement leur vie.

Alverd Bee soutint son regard sans émotion. La séance fut levée, le conseil municipal quitta la pièce. Rigo se tourna vers Roald Few.

— Faites descendre la population dans les étages souterrains. Rassemblez des volontaires et distribuez-leur des armes. Les couteaux-laser feront l’affaire, à défaut d’autre chose.

— Ce sera fait. Nous disposons d’un rempart naturel, le Montebello, derrière lequel nous disposerons nos défenses.

— Faites évacuer les vaisseaux stationnés dans le port. Dites aux équipages de veiller à la fermeture de toutes les issues et postez des sentinelles. Ces vaisseaux pourraient bien nous être utiles par la suite. Où se trouve votre centrale électrique ?

— Au dernier sous-sol. Il faudra qu’ils nous tuent tous avant de l’atteindre.

— Messire ambassadeur ?

— Qu’y a-t-il, Sebastien ?

— Un moine voudrait avoir un entretien avec vous. Le grand manitou de la Fraternité en personne.

— Comment s’appelle-t-il ?

— Jhamlees Zoe. Il insiste pour vous parler de toute urgence.

— Je puis lui accorder trois minutes, pas davantage.

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