Sheri Tepper - Rituel de chasse

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Rituel de chasse: краткое содержание, описание и аннотация

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Le monde va mal, le monde est malade.
Un terrible fléau se répand dans l’univers, une infection mortelle qui menace d’exterminer toute vie. Aucune planète n’est épargnée. Aucune, sauf Grass. Pourquoi ? Comment expliquer cette immunité ? Marjorie est envoyée en mission sur Grass pour trouver la réponse.
Grass, planète dont on sait peu de chose, si ce n’est qu’elle est couverte d’herbe et que des colons s’y sont installés, voici quelques siècles. Aristocrates, ils ont fait de la chasse leur occupation favorite. Chasse à courre, chasse à mort...
Là-bas, à des millions de kilomètres de la Terre, Marjorie va découvrir un monde étrange, une culture fascinante et cruelle. Mais pourra-t-elle percer le secret de Grass ? Un secret qui peut sauver l’univers — ou le conduire à sa perte…

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Quelques secondes plus tard, elle comprit. Plusieurs voix humaines se superposaient à l’aimable babil des fantômes Arbai ; elle n’en reconnaissait aucune.

— Écoutez, dit-elle, sur le qui-vive. Son regard fouillait les arbres.

Ils étaient trois, trois silhouettes qui se balançaient au-dessus d’eux avec une agilité simiesque. Ils se reçurent en souplesse, au terme d’un saut vertigineux.

— Frère Flumzee, dit Mainoa, sans manifester la moindre émotion. Tu es bien la dernière personne que je souhaitais rencontrer ici.

L’autre fit une courbette. Il se confectionna un sourire épanoui.

— Beaupré, pour vous servir. Je vous présente mes compagnons de forfaiture, Petit Mât et Guibolles. Nous étions cinq, les Hipparions ont eu raison de Fildefer et de Zigomar. Le Vénérable Fuasoi et son énergumène familier, l’abominable Shoethai, ont subi le même sort, je le crains fort, bien que nous n’ayons pas fait demi-tour pour nous en assurer.

— Que faites-vous, si loin du Monastère ?

— Excellente question. Nous sommes en service commandé. La mission était des plus agréables, tu en conviendras, vieux frère, puisqu’il s’agissait de te régler ton compte. Ordre du Vénérable. Il n’aime pas les traîtres, paraît-il. Le voilà bien puni d’avoir nourri de mauvaises pensées.

Une ombre chatoyante s’insinua entre eux. Petit Mât laissa s’échapper un cri, Guibolles fit un bond en arrière. Beaupré se contenta de battre l’air de sa main, comme on chasse une abeille envahissante.

— Qu’est-ce que ce pullulement ? Est-ce que cela mord ?

— Ce ne sont que des hologrammes, expliqua Marjorie. Ils représentent les bâtisseurs de la cité, ses anciens habitants.

Beaupré regarda autour de lui ; son visage s’éclaira.

— Je me sens bien, ici. Un acrobate pourrait y passer sa vie. À condition de trouver dans la forêt de quoi étancher sa soif et assouvir sa faim.

— Pendant la belle saison, il y a des fruits, des baies, des noix en quantité, dit Mainoa. En hiver, personne ne peut résister au froid.

— Le Faubourg n’est pas loin, répliqua Beaupré. Son œil se fit égrillard. Il est d’autres besoins qu’un homme aime à satisfaire de temps à autre.

— Sérieusement, tu envisagerais de t’installer ici ? demanda Guibolles avec inquiétude. Une fois le travail fait, tu envisages de jeter l’ancre au milieu de ces fantômes grouillants ? Ils me donnent la chair de poule.

— As-tu une meilleure idée ? Connais-tu un refuge plus approprié ? Cette cité suspendue semble avoir été construite à notre intention.

— Avez-vous faim ? demanda Marjorie. Si vous souhaitez partager nos provisions…

— L’offre est agréable à entendre, dans la bouche d’une personne si appétissante, murmura Beaupré, fixant sur elle un regard à tout assassiner. Plus de première jeunesse, sans doute, mais très fraîche encore ; pas très copieuse, mais bien enveloppée. Son front se barra d’un pli. Depuis quelque temps, on parle beaucoup d’épidémie, de lèpre ou de je ne sais quel fléau. Vous ne seriez pas contaminée, par hasard ?

Marjorie conservait toutes les apparences de la sérénité. Son cœur battait à coups précipités.

— Comment savoir si je ne me suis pas trouvée, à mon insu, en contact avec des malades ? Les cas se multipliaient, quand nous avons quitté la Terre. Comment savoir si je ne suis pas moi-même atteinte ? Elle haussa les épaules. Le mal est souvent très lent à se déclarer.

Beaupré souriait, de l’air de quelqu’un qui ne s’en laisse pas conter.

— Oubliez-vous que le mensonge est l’un des sept péchés capitaux ? Si vous aviez attrapé ce virus, vous seriez morte depuis longtemps !

— Détrompez-vous, déclara le Père James avec aplomb. C’est un mal sournois, avec une période d’incubation interminable. Elle peut se prolonger pendant des années.

Beaupré le toisa, l’œil froid.

— Drôle d’accoutrement ! Qui êtes-vous, un laquais ? Prenez un autre ton, je vous prie, quand vous parlez au seigneur des acrobates ! Assez perdu de temps. Vous autres, saisissez-vous de ces deux potiches. Je saute sur la fille.

— Tu ne feras rien de tel ! cria quelqu’un depuis le sommet d’un arbre. Pas avant d’en avoir fini avec moi. Viens me chercher, si tu l’oses. Il est fou, il est poltron, que fera Beaupré ?

Rillibee. Marjorie poussa un immense soupir de soulagement. Est-il revenu seul, les autres sont-ils arrivés à bon port ? se demanda-t-elle fugitivement.

Beaupré l’avait déjà oubliée. Du regard, il cherchait le provocateur, invisible dans la masse verte, bruissante, qui l’enveloppait.

— Où te caches-tu ?

— Plus haut que tu n’as jamais rêvé d’aller. Que fera le poltron ?

L’hésitation de Beaupré fut imperceptible.

— Vous, ne la perdez pas de vue, et méfiez-vous de ces deux quidams, lança-t-il à ses compagnons. Ce n’est que partie remise.

Il sauta dans un arbre. C’était presque un plaisir de suivre de l’œil sa reptation silencieuse, coupée de bonds prodigieux. Marjorie se souciait peu d’admirer Beaupré. À très petits pas, elle s’était rapprochée de « sa » maison. Le sac était posé juste derrière la porte ; dans l’une de ses poches se trouvait un couteau-laser. Elle s’élança. Petit Mât fut le plus rapide. Un croc-en-jambe projeta la jeune femme horrifiée, titubante, les mains tendues vers le drame qui allait arriver, qui arrivait, le saut dans le vide après avoir heurté le garde-fou ridiculement bas qui cernait l’esplanade sur toute sa périphérie. Son propre hurlement s’effila à ses oreilles. Sur elle s’abattirent d’énormes étendues d’ombre et de silence. Le souvenir de la forêt lui resta au coin des yeux.

— Une créature très inférieure demande à être reçue, annonça l’ange de service. Il était le portrait du Père Sandoval, si celui-ci avait eu des ailes.

Enveloppé dans un drapé de nuages, Dieu se tenait devant une haute fenêtre. Il contemplait le champ des étoiles.

— Faites-la entrer.

— Mon Dieu, comme je suis heureuse de paraître en votre présence, murmura Marjorie.

Le Tout-Puissant tourna vers elle des yeux immenses, dans un visage maigre couronné de boucles brunes.

— Créature inférieure, soyez la bienvenue. Quel souci vous ronge ?

— Sur le moment, ce fut un rude choc d’apprendre que vous ignoriez mon nom. C’est une idée à laquelle je commence à m’habituer.

— Comment pourrais-je l’ignorer quand je puis appeler chaque brin d’herbe et me faire entendre de lui ?

— Je m’appelle Marjorie, et vous ne le savez pas.

Dieu eut l’air sincèrement étonné.

— En effet, je ne le savais pas !

— Marjorie, réveillez-vous !

Une main impatiente lui secouait l’épaule. Elle entrouvrit les paupières. Le feuillage étincelait au-dessus d’elle.

— Père James, bredouilla-t-elle, pas le moins du monde étonnée.

— Marjorie, c’est extraordinaire ! Je vous croyais…

— Je l’ai vu, dit-elle. Je lui ai parlé.

— Marjorie, je vous croyais morte.

Elle se mit sur son séant ; la forêt tournoyait autour d’elle.

— Que s’est-il passé ? Ce jeune homme m’a-t-il frappée ?

— Vous avez perdu l’équilibre. Vous avez basculé par-dessus le garde-fou.

— Les acrobates, je me souviens. Où sont-ils ?

— Grâce à l’intervention de l’un des renards, ils ont été acculés dans l’une des maisons. Il a déboulé d’un arbre au moment précis où vous basculiez dans le vide. Un véritable ouragan. Peu après, j’étais transporté auprès de vous.

— Tomber d’une telle hauteur et s’en sortir vivante ! Je n’en reviens pas.

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