Isaac Asimov - Les cavernes d'acier

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Les cavernes d'acier: краткое содержание, описание и аннотация

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Les cavernes d’acier sont les villes souterraines du futur. Là, bien que privés d’air et de lumière naturels, des millions d’hommes vivent à un rythme étourdissant.
Malgré une civilisation superscientifique et l’apparition de robots intelligents, les passions humaines n’ont pas cessé pour autant et le meurtre n’a pas disparu.
Mais le problème de Lije Baley West pas seulement de retrouver un meurtrier, il est aussi d’y parvenir avant son collègue R. Daneel. R. = Robot, car R. Daneel est un androïde au cerveau électronique ultraperfectionné, créé certes par l’homme, mais qui n’attend peut-être que l’occasion de prendre sa place.

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Le « quartier de la levure » n’était cependant pas le nom officiel d’un secteur de New York ; aucun plan de la ville ne le mentionnait, et la presse ne l’utilisait pas ; mais, dans le langage courant, on désignait ainsi les arrondissements périphériques de la Cité, à savoir Newark, New Brunswick et Trenton. C’était un vaste espace qui s’étendait sur ce que, à l’Epoque Médiévale, on appelait New Jersey ; on y trouvait, surtout à Newark et à Trenton, de nombreux immeubles d’habitation, mais la majeure partie de ce quartier était occupée par des usines de levure ; à vrai dire, c’étaient plutôt des fermes, où l’on cultivait des milliers de variétés de levures, qui servaient à la fabrication d’aliments de toutes espèces. Un cinquième de la population travaillait à cultiver cette denrée, et un autre cinquième était employé dans des usines, où s’effectuait la transformation des autres matières premières nécessaires à l’alimentation de la Cité. Celle-ci recevait quotidiennement, en effet, des montagnes de bois et de cellulose brute qui provenaient des monts Alleghanis ; cette cellulose était traitée dans des bassins colossaux pleins d’acide, où on l’hydrolysait en glucose ; puis on y incorporait principalement des tonnes de nitrates et de phosphates, et, en quantités moins importantes, des matières organiques issues des laboratoires de produits chimiques. Mais toutes ces opérations n’aboutissaient qu’à produire, toujours et davantage, une seule et même denrée : la levure. Sans elle, six des huit milliards d’habitants de la Terre seraient morts de faim en moins d’un an.

A cette seule pensée, Baley frissonna. Trois jours plus tôt, cette éventualité n’était ni plus ni moins invraisemblable, mais elle ne lui serait jamais venue à l’esprit.

Il quitta l’autoroute et s’engagea dans une avenue aboutissant aux faubourgs de Newark ; elle était bordée, de part et d’autre, de colossales constructions de ciment, et si peu peuplées que la circulation y était très facile.

— Quelle heure est-il, Daneel ? demanda Baley.

— 16 h 45, répondit aussitôt le robot.

— S’il fait partie de l’équipe de jour, il doit être là !

Il gara la voiture dans un hall de livraison, et passa vivement devant le poste de contrôle.

— Sommes-nous arrivés à la principale usine de levure de New York, Elijah ? demanda R. Daneel.

— C’est une des principales, oui, dit Baley.

Ils pénétrèrent dans un couloir donnant accès à de nombreux bureaux, et à l’entrée duquel une employée leur dit, d’un air souriant :

— Vous désirez, messieurs ?

— Police, répliqua Baley en montrant sa plaque.

— Y a-t-il ici, parmi le personnel, un nommé Francis Clousarr ?

— Je vais voir, dit la femme, qui parut troublée.

Elle avait devant elle un standard téléphonique dans le tableau duquel elle enfonça une fiche à endroit marqué « Personnel » ; puis ses lèvres remuèrent comme si elle parlait, mais sans émettre aucun son. Baley connaissait bien les laryngophones, mais il dit à la téléphoniste :

— Parlez tout haut, je vous prie ! Je désiré entendre ce que vous dites.

L’employée s’exécuta, en achevant sa phrase :

— … Et il dit qu’il est de la police, monsieur.

Un instant plus tard, un homme bien mis, aux cheveux bruns soigneusement peignés et portant une fine moustache, franchit une porte et vint à Baley.

— Je suis le directeur du personnel, dit-il en souriant courtoisement. Qu’y a-t-il pour votre service, inspecteur ?

Baley le regarda froidement, et le sourire du chef de service se figea.

— Si c’est possible, inspecteur, reprit-il, je voudrais éviter d’énerver les ouvriers. Ils sont assez susceptibles, dès qu’il est question d’une intervention de la police.

— Ah ! vraiment ? fit Baley. Est-ce que Clousarr est là ?

— Oui.

— Bon. Alors, donnez-moi un indicateur. Si je ne trouve pas Clousarr à son poste, je reviendrai vous voir.

— Entendu ! fit l’autre, qui ne souriait plus du tout. Je vais vous procurer un indicateur.

On appelait ainsi un petit objet banal que l’on tenait dans la paume de la main, et qui se réchauffait à mesure que l’on s’approchait du lieu cherché ; de même, il se refroidissait dès que l’on s’éloignait du but. Il n’y avait qu’à le régler, au départ, sur une destination donnée, et le directeur du personnel précisa à Baley que l’indicateur le mènerait ainsi au Groupe CG, section 2, ce qui, dans la terminologie de l’établissement, désignait une certaine partie de l’usine, mais Baley ignorait laquelle.

Un amateur n’aurait probablement pas pu se servir d’un tel appareil, tant étaient faibles les variations de température qu’il subissait ; mais, en fait, peu de citoyens new-yorkais étaient des amateurs, dans l’utilisation de ces objets, qui rappelait beaucoup le jeu de la main chaude, très populaire parmi les enfants. Dès leur plus jeune âge, on leur donnait en effet de petits indicateurs miniatures, et ils s’amusaient follement à se cacher et à se chercher les uns les autres, dans le dédale des couloirs de la Cité, en criant : « Tu es froid, tu te réchauffes, tu brûles ! »

Baley s’était bien souvent dirigé avec aisance dans des centaines d’usines et de centrales d’énergie, plus vastes les unes que les autres, en se servant de ces sortes d’indicateurs, grâce auxquels il était sûr d’atteindre par le chemin le plus court son objectif, comme si quelqu’un l’y avait véritablement conduit par la main.

C’est ainsi qu’après dix minutes de marche, il pénétra dans une grande pièce brillamment éclairée, l’indicateur chauffant la main. Avisant un ouvrier qui travaillait près de l’entrée, il lui demanda :

— Est-ce que Francis Clousarr est ici ?

L’ouvrier se redressa brusquement, et montra d’un geste l’autre bout de la salle, vers lequel le policier se dirigea aussitôt. L’odeur de levure était forte et pénétrante, en dépit de l’air conditionné que des souffleries au ronflement sonore ne cessaient de renouveler.

A l’approche de Baley, un homme se leva et ôta son tablier. Il était de taille moyenne, et, en dépit de sa relative jeunesse, il avait un visage profondément ridé et des cheveux déjà grisonnants. Il essuya lentement de grosses mains noueuses à son tablier.

— Je suis Francis Clousarr, dit-il.

Baley jeta un bref coup d’œil à R. Daneel, qui acquiesça d’un signe de tête.

— Parfait, dit-il. Y a-t-il ici un coin où l’on peut parler ?

— Ca peut se trouver, répliqua l’homme. Mais j’arrive au bout de ma journée. On ne peut pas remettre ça à demain ?

— Il se passera bien des choses d’ici demain ! fit Baley en montrant l’insigne de la police. C’est tout de suite que je veux vous voir.

Mais Clousarr continua à s’essuyer les mains d’un air sombre, et il répondit froidement :

— Je ne sais pas comment ça se passe dans la police, mais, ici, les repas sont servis à heures fixes ; si je ne dîne pas entre 17 heures et 17 h 45, je suis obligé de me mettre la ceinture !

— Ne vous en faites pas ! dit Baley. Je donnerai des ordres pour qu’on vous apporte votre repas ici.

— Parfait, parfait ! grommela l’homme, sans paraitre pour autant satisfait. Vous me traitez en somme comme un aristocrate, à moins que ce ne soit comme un flic galonné. Quelle est la suite du programme ? Salle de bains particulière ?

— Faites-moi le plaisir de répondre simplement à mes questions, Clousarr ! rétorqua durement Baley. Vos grosses blagues, vous pouvez les garder pour votre petite amie ! Où pouvons-nous parler sans être dérangés ?

— Si c’est parler que vous voulez, vous pouvez aller dans la salle des balances. Arrangez-vous avec ça. Moi, je n’ai rien à vous dire.

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