Robert Heinlein - Citoyen de la galaxie

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Citoyen de la galaxie: краткое содержание, описание и аннотация

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Le marché aux esclaves se tenait sur la Place de la Liberté, du côté du port spatial, en face du capitole des Neuf Mondes. Le marchand de chair humaine psalmodiait les enchères sur un ton monocorde, constamment interrompu par le rugissement des fusées.
Pourquoi un marché d’esclaves dans cet avenir lointain, dans cette Galaxie repue de progrès ? Pourquoi y vendre un jeune homme, Thorby, aussitôt après son arrivée ? Et qui est Thorby au juste ? Les gens sont libres. Chaque vaisseau spatial est un état souverain. Mais les Libres Marchands ont peut-être trouvé la pire solution au plus difficile problème : comment être humain et survivre dans toutes les situations. Et Thorby se pose une question : à quoi bon être un Citoyen de la Galaxie ?

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Il jeta un coup d’œil circulaire. Il était dans un quartier commercial pas encore occupé par des usines : un assortiment de petites boutiques, de commerces marginaux, de bouges et d’entreprises mineures vouées à l’échec. Il était derrière une toute petite blanchisserie artisanale. Il y avait des fils tirés entre des poteaux, des baquets en bois. De la fumée sortait d’un tuyau dans le bâtiment annexe. Il savait maintenant qu’il se trouvait à deux portes du fameux comptoir. Il se rappela l’enseigne fabriquée maison : « BLANCHISSERIE MAJESTIC – Les prix les plus bas . »

Il pouvait couper autour de cet immeuble, mais avant il valait mieux vérifier. Il s’aplatit, colla un œil à l’angle du bâtiment et regarda l’allée.

Oh, oh ! Deux policiers la remontaient… Il s’était trompé, complètement trompé ! Ils n’avaient pas laissé tomber l’affaire, mais avaient donné l’alarme. Il se retira en arrière et regarda autour de lui. La blanchisserie ? Non. Le bâtiment annexe ? Non plus, la patrouille le vérifierait. Rien d’autre à faire que de se sauver… Et se jeter dans les bras d’une autre patrouille. Thorby savait avec quelle rapidité la police pouvait encercler un quartier. Près de la Place, il aurait pu leur échapper, mais ici il était en terrain étranger. Son œil brilla en voyant un vieux baquet… En l’espace d’un instant, il était dessous, plié en deux, les genoux au menton, et des échardes dans la peau du dos. Il craignit que son vêtement ne dépasse, mais il était trop tard pour y remédier. Il entendit quelqu’un venir.

Un bruit de pas se rapprocha de lui, il cessa de respirer.

On monta sur le baquet sans en redescendre.

— Hé là, femme ! appela une voix masculine. Tu es là depuis longtemps ?

— Assez. Prenez garde à ce poteau, vous allez faire tomber ces vêtements.

— Tu as vu un garçon ?

— Quel garçon ?

— Un adolescent, presque aussi grand qu’un homme. Du duvet au menton. Un pantalon, mais pas de sandales.

— J’ai vu quelqu’un, répondit la voix de femme au-dessus de lui d’un ton indifférent, qui courait comme s’il était poursuivi par son ombre. Je ne l’ai pas vraiment vu. J’essayais de tirer ce satané fil.

— C’est notre homme ! Où est-il parti ?

— Par-dessus la barrière entre ces maisons.

— Merci ! Viens, Juby.

Thorby attendit. La femme continua son travail. Ses pieds se déplaçaient et le baquet craqua. Enfin elle descendit et s’assit dessus, puis le tapota gentiment.

— Reste là, chuchota-t-elle.

Un instant plus tard, il l’entendit s’éloigner.

Thorby attendit malgré ses os endoloris, en se résignant à rester sous le baquet jusqu’à la nuit. Ce serait risqué, car la patrouille de nuit interrogeait tout le monde sauf les nobles après le couvre-feu, mais il était impossible de quitter les parages en plein jour. Thorby n’arrivait pas à deviner la raison de tout ce remue-ménage de gardes rien que pour lui, mais il n’avait pas envie de savoir. Il entendait quelqu’un, peut-être la femme, se déplacer de temps en temps dans la cour.

Au moins une heure plus tard, il perçut le grincement de roues non huilées. On tapota de nouveau sur le baquet.

— Quand je soulèverai le baquet, rentre dans la fourgonnette à toute vitesse. Elle est juste en face de toi.

Il ne répondit rien. Le jour l’aveugla, mais il vit un petit engin, sauta dedans en essayant de se faire tout petit. Du linge lui tomba dessus. Mais avant d’être complètement recouvert, il remarqua que le baquet n’était plus exposé, vide, aux yeux de tous. Il était caché derrière un écran de draps.

Des mains arrangèrent les ballots au-dessus de lui et une voix souffla :

— Ne bouge pas avant que je te le dise.

— O.K… Et merci beaucoup ! Je vous le rendrai un jour.

— Laisse tomber. – Elle respira avec peine. – J’ai eu un homme une fois. Maintenant il est dans les mines. Ça m’est bien égal ce que tu as fait. Je ne donne personne à la police.

— Oh, je suis désolé.

— Tais-toi.

La fourgonnette cahota ce qui indiqua à Thorby qu’ils entraient dans la rue. Ils s’arrêtèrent parfois, la femme enlevait un ballot, s’éloignait quelques minutes, revenait et jetait des vêtements sales. Il endura tout le processus avec la longue patience des mendiants.

Longtemps après, le véhicule abandonna la chaussée. Il s’arrêta, la femme murmura :

— Quand je te le dirai, tu sortiras à droite et tu courras sans t’arrêter.

— D’accord. Merci encore !

— Tais-toi.

La fourgonnette cahota encore un peu, ralentit sans s’arrêter complètement et elle dit :

— Maintenant !

Thorby s’élança en rejetant ce qui le couvrait, atterrit sur ses pieds, le tout en un seul geste. Il se trouvait en face d’un passage entre deux bâtiments, qui servait de lien entre une allée et la rue. Il s’y précipita, mais jeta un coup d’œil par-dessus son épaule.

L’engin disparaissait juste, à ce moment-là. Il n’avait jamais vu le visage de la femme.

Deux heures plus tard, il était dans son propre quartier. Il se glissa à côté de Baslim.

— Ça n’a pas marché.

— Pourquoi ?

— Des flics. Partout.

— L’aumône, noble sire ! Tu l’as avalé ? Une aumône pour la santé de vos parents !

— Bien sûr.

— Prends la sébile.

Baslim se mit sur ses mains et sur ses genoux et s’éloigna.

— Pop ! Tu ne veux pas que je t’aide ?

— Reste là.

Thorby resta à contrecœur, il était mécontent que Pop n’ait pas attendu d’entendre le récit complet. Il se dépêcha de rentrer dès la tombée de la nuit, trouva Baslim dans la cuisine tout son attirail étalé autour de lui. Il utilisait à la fois l’enregistreur et la visionneuse. Thorby jeta un coup d’œil à la page projetée. Il ne pouvait pas la lire et se demanda de quelle langue il s’agissait ; elle était bizarre en tout cas : les mots étaient tous composés de sept lettres, pas plus, pas moins.

— Eh, Pop. Veux-tu que je prépare le dîner ?

— Pas de place… Pas le temps non plus. Mange du pain. Que s’est-il passé aujourd’hui ?

Thorby lui raconta son aventure tout en mâchonnant. Baslim se contenta de hocher la tête.

— Allonge-toi. Je vais t’hypnotiser encore une fois. Nous avons une longue nuit devant nous.

Baslim lui demandait de mémoriser une série de chiffres, de dates et une suite interminable de mots absurdes de trois syllabes. La légère hypnose et le murmure de la voix du vieil homme dans l’enregistreur lui parurent agréables.

Pendant une des pauses, après avoir été sommé de se réveiller, il demanda :

— A qui dois-je délivrer ce message ?

— Si tu as l’occasion de le faire, tu le sauras. Tu n’auras aucun doute. Si tu as du mal à t’en rappeler, demande-lui de te mettre en transes légères. Cela reviendra tout seul.

— Demander à qui ?

— A lui. Peu importe. Tu t’endors. Tu es endormi.

Baslim claqua dans ses doigts.

Tandis que l’appareil bourdonnait, Thorby fut vaguement conscient de l’arrivée de Baslim dans la pièce. Il portait sa jambe artificielle, ce qui étonna le garçon somnolent. Car il ne la portait généralement qu’à la maison. Une autre fois, il sentit une odeur de fumée et pensa confusément que quelque chose devait brûler dans la cuisine. Il devrait aller vérifier, mais il était incapable de bouger et les mots absurdes continuaient à être débités dans ses oreilles.

Il réalisa qu’il était en train de réciter à Pop la leçon apprise.

— C’est juste ?

— Oui. Maintenant dors le reste de la nuit.

Le lendemain matin, Baslim n’était plus là. Thorby n’en fut pas surpris. Ses déplacements étaient pour le moins imprévisibles ces derniers temps. Après le petit déjeuner, il prit son bol et se dirigea vers la Place. Les affaires ne marchaient pas, Pop avait raison. Désormais le garçon était trop sain et trop bien nourri pour la profession. Il devrait peut-être apprendre à disloquer ses articulations comme Granny le Serpent, ou acheter des lentilles avec des cataractes montées à l’intérieur.

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