Robert Heinlein - Sixième colonne

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Sixième colonne: краткое содержание, описание и аннотация

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Les États-Unis viennent de tomber sous les attaques des forces Panasiates. La population qui n’a pas été massacrée se voit réduite en esclavage par les forces du Céleste Empereur. Le monde occidental semble perdu. Pourtant, quelques scientifiques survivants, réfugiés dans une Citadelle inconnue des envahisseurs, s’efforcent d’organiser la résistance. A leur tête, Whitey Ardmore, un ancien publicitaire. Grâce à une extraordinaire découverte et à une rare maîtrise de la « guerre psychologique », ce dernier va tenter de renverser l’ennemi et de redonner au pays sa liberté.
Premier roman de science-fiction publié par Robert Heinlein, Sixième colonne contient en germe l’œuvre à venir : celle d’un auteur en prise avec son quotidien, fort d’une conscience politique mise au service d’une histoire menée tambour battant.

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— Il n’y a pas de “Mais, chef” qui tienne. J’ai pris cette décision depuis longtemps. Kendig est au courant, et le reste de l’état-major aussi. D’ailleurs, vous en feriez partie depuis le début si je n’avais pas eu besoin de vous comme chef du Renseignement.

Ardmore se regarda dans un miroir et brossa sa barbe blonde et frisée. Tous ceux qui devaient paraître en public comme prêtres avaient laissé pousser leur barbe. Le but était double : d’une part, cela tendait à donner aux Panasiates, relativement imberbes, un sentiment d’infériorité et, d’autre part, cela provoquait chez eux une vague et indéfinissable répugnance.

— Vous avez peut-être remarqué qu’aucun des officiers en chef n’a reçu de grade plus élevé que le vôtre. C’est parce que j’avais cette éventualité en tête.

— Que faites-vous de Calhoun ?

— Ah oui… Calhoun. Votre nouvelle affectation vous donne automatiquement autorité sur lui, bien sûr, mais je crains que cela ne vous aide pas beaucoup dans vos relations avec lui. Il vous faudra certainement user de diplomatie. Il vous restera toujours la possibilité d’arguer de la force majeure, mais allez-y doucement. Je sais, d’ailleurs, que je n’ai même pas besoin de vous le recommander.

Un messager, vêtu comme un diacre, entra vivement et salua :

— Major, l’officier de quart du temple vous fait savoir que le commandant panasiate commence à s’impatienter.

— Parfait. C’est ce que je désire. Les notes subsoniques sont-elles activées ?

— Oui, major. Cela nous rend tous très nerveux.

— Vous pouvez le supporter : vous savez d’où vient cette nervosité. Dites à l’officier de quart de veiller à ce que le préposé varie continuellement l’intensité des notes subsoniques, de façon irrégulière, avec quelques pointes au maximum. Je veux que ces Panasiates soient bons à enfermer lorsque j’arriverai.

— Bien, major. Doit-on dire quelque chose au commandant de bord ?

— Pas directement. L’officier de quart l’informera simplement que je suis à mes dévotions et que je ne peux être dérangé.

— Très bien, major !

Le messager fit demi-tour et partit au pas. Il était ravi et se promettait bien de rester à proximité pour voir la tête que ferait ce putois quand il entendrait ça !

— Je suis heureux que l’équipement des turbans ait pu être amélioré à temps, remarqua Ardmore tandis que son aide de camp le coiffait du sien.

À l’origine, les turbans n’avaient été conçus que dans le but de dissimuler le mécanisme émettant l’auréole flottant au-dessus de la tête des prêtres de Mota. L’ensemble les faisait mesurer environ deux mètres, ce qui ne pouvait manquer de provoquer un complexe d’infériorité chez les Panasiates. Mais Scheer avait eu l’idée de profiter du turban pour y dissimuler également un émetteur-récepteur à ondes courtes. Tel était désormais l’équipement standard.

Ardmore, de ses propres mains, ajusta le turban, s’assurant que le récepteur à conduction osseuse appuyait bien sur son apophyse mastoïde, puis il dit à voix presque basse, ne s’adressant apparemment à personne :

— Commandant en chef… Essai.

À l’intérieur même de sa tête, semblait-il, une voix, étouffée, mais parfaitement distincte, répondit :

— Officier de communication… Essai concluant.

— Parfait, approuva Ardmore. Que les radiocompas soient tous dirigés sur moi jusqu’à nouvel ordre. Et qu’on me maintienne en contact permanent avec le quartier général, en faisant relayer le circuit par le temple le plus proche. Je pourrais avoir besoin d’utiliser le circuit A à tout moment.

Le circuit A était le réseau de diffusion générale qui atteignait tous les temples du pays.

— A-t-on des nouvelles du capitaine Downer ?

— Il vient d’en arriver à l’instant, major. Je les fais suivre à votre bureau, répondit la voix intérieure.

— Ah ? Oui, je vois, dit Ardmore.

Un transparent rouge marqué Prioritaire venait de s’allumer sur son bureau. Le major l’éteignit et arracha la feuille de papier du téléfax :

“Prévenez le commandant en chef, disait le message, que quelque chose est sur le point d’éclater. Je n’ai pu découvrir de quoi il s’agissait, mais les grands pontes ont un air très insolent. Soyez très attentifs et très prudents.”

C’était tout, et même ce peu d’informations avait pu être déformé par les personnes qui l’avaient acheminé. Ardmore fronça les sourcils, eut une moue, puis fit signe à son ordonnance :

— Demandez à M. Mitsui de venir ici.

Quand Mitsui arriva, Ardmore lui tendit le message :

— Vous avez appris, je suppose, qu’on venait m’arrêter ?

— Tout le monde ne parle que de ça, dit Mitsui calmement, en lui rendant le message.

— Frank, si vous étiez le prince royal, que chercheriez-vous à accomplir en m’arrêtant ?

— Chef, protesta Mitsui avec une certaine détresse dans le regard, vous faites comme si j’étais un de ces… de ces assassins de…

— Je vous demande pardon… Mais je veux quand même avoir votre avis.

— Eh bien, je suppose que j’aurais l’intention de vous refroidir, puis de m’abattre sur votre église.

— Rien d’autre ?

— Je ne sais pas. Je crois que je n’agirais pas sans m’être assuré d’avoir un moyen d’annihiler vos protections.

— Oui, c’est bien ce que je pensais, fit Ardmore.

Puis, parlant à nouveau en l’air, il dit :

— Bureau des communications. Message prioritaire pour le circuit A.

— Direct ou relais ?

— C’est vous qui enverrez le message. Je veux que chaque prêtre regagne immédiatement son temple, s’il en est absent, et je veux qu’il le fasse le plus vite possible. Message prioritaire urgent ; accuser réception et se présenter au rapport.

Puis Ardmore se tourna de nouveau vers ceux qui étaient avec lui :

— Maintenant, je mange un morceau, et je file. Notre ami jaune, là-haut, doit être en train de piquer une crise. Y a-t-il encore quelque chose à mettre au point avant mon départ ?

Ardmore entra dans la grande nef du temple par la porte se trouvant derrière l’autel. Il se dirigea d’un pas lent et majestueux vers les deux immenses vantaux ouverts sur l’extérieur. Il savait que le commandant panasiate le voyait venir, et il parcourut les deux cents mètres avec calme et dignité. Il était vêtu d’une robe blanche immaculée et entouré d’un essaim d’acolytes aux robes rouges, vertes, bleues ou dorées qui s’empressaient autour de lui, mais le quittèrent lorsqu’il s’approcha de la grande arche d’entrée. Ardmore sortit et se dirigea seul vers le Panasiate qui suffoquait de colère.

— Votre maître désire me voir ?

Le Panasiate eut du mal à recouvrer suffisamment son calme pour pouvoir parler anglais. Il parvint à articuler :

— Vous aviez ordre de vous présenter à moi ! Comment avez-vous osé…

— Votre maître désire-t-il me voir ? l’interrompit Ardmore.

— Absolument ! Pourquoi ne…

— Alors, veuillez me conduire jusqu’à lui.

Ardmore, passant devant l’officier, se mit à descendre les marches, plaçant les Panasiates dans l’alternative ou bien de courir pour le rejoindre, ou bien de le laisser les devancer. Le commandant du croiseur, obéissant à sa première impulsion, voulut courir ; il faillit tomber sur les larges marches, et finit par fermer le cortège en compagnie de son escorte, en toute ignominie.

Ardmore était déjà allé dans la ville dont le prince royal avait fait sa capitale, mais pas depuis l’occupation panasiate. Quand l’appareil atterrit sur la plate-forme municipale, Ardmore regarda autour de lui avec une avidité dissimulée, pour voir quels changements étaient intervenus. Apparemment, les passerelles étaient en service, probablement à cause du pourcentage beaucoup plus élevé d’Asiatiques dans cette ville. Mais à part ça, il n’y avait guère de changements apparents. Le dôme du capitole de l’État apparaissait sur la droite ; Ardmore savait que le seigneur de la guerre en avait fait son palais. L’aspect extérieur du bâtiment semblait avoir été modifié, sans que le major puisse déceler quelles transformations y avaient été apportées, si ce n’est que l’édifice n’avait plus l’air de relever de l’architecture occidentale.

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