Je pensais écrire ce livre après Demain j'arrête ! , mais vous m'avez plébiscité en comédie et je n'ai pas voulu perturber notre relation naissante. Alors il m'a fallu attendre, patienter en gardant pour moi-même cette envie de galoper dans ce récit-là. Avec le recul, ce fut une chance, un vrai mieux, car durant ces années, non seulement vous m'avez offert ce lien exceptionnel que je savoure chaque jour, mais j'ai aussi appris à donner une autre profondeur aux personnages en me libérant du carcan des genres. C'est ainsi qu'entre deux comédies, ce roman m'a permis de conjuguer tout ce que j'aime écrire et vivre.
Pour mener à bien l'écriture de ce Premier Miracle , j'ai effectué énormément de recherches, de voyages et rencontré des experts. C'est un aspect du travail que j'apprécie énormément parce qu'il me permet de côtoyer des passionnés et d'apprendre à leur contact. C'est un immense privilège. Pour nourrir mon texte, je me suis plongé dans de l'eau encore plus froide que celle qui m'avait inspiré, mais aussi dans des archives de toutes sortes. Plus j'avançais dans l'intrigue, plus j'étais troublé par la façon dont les éléments réels se combinaient avec ce que j'avais imaginé. À chaque étape, j'aspirais de plus en plus à partager mon enthousiasme avec vous.
Mais avant de vous en parler, je souhaite vous conter une histoire autour de l'histoire, qui vous concerne de très près…
Tout au long des années écoulées, j'ai reçu énormément de courrier de votre part. Vous m'avez spontanément écrit des lettres, vous m'avez envoyé des cartes postales pour que je puisse décorer les murs de mon antre. J'ai reçu de tout, du spectaculaire, du poétique, du bouleversant, vous m'avez fait rire, vous m'avez impressionné. Chacun de vos envois m'a ému, j'ai mis des mois à tout lire. J'en ai reçu tellement que je n'ai pas pu tout mettre en place ! L'année dernière, vous m'avez à nouveau massivement écrit pour le concours, et ce sont au total des dizaines de milliers de cartes qui me sont parvenues. Chaque message représente un élan, un signe de vous, avec votre écriture, vos mots qui vous font exister dans ma vie et me touchent. Ces gestes envers moi sont sacrés, ils sont un peu mon premier miracle ! Je n'en tire aucune fierté, seulement du bonheur et une motivation supplémentaire à donner tout ce que je peux de mieux.
La question de savoir ce que j'allais faire de tous ces courriers s'est alors posée — ça m'apprendra à vous lancer des défis, vous m'avez blindé mon garage ! Il n'était pas question de me débarrasser de vos cartes. J'ai donc cherché la solution afin de leur assurer un avenir digne de ce qu'elles représentent à mes yeux et respectueux de votre attention à mon égard. Qu'était-il envisageable de faire de ces nombreux sacs postaux remplis grâce à vous ?
C'est un soir, dans le train qui me ramenait de Londres, après des recherches techniques, que j'ai trouvé la solution qui m'a tout de suite emballé.
Votre place est dans ma vie. Vous le savez, mes livres n'existent que pour vous et par vous, alors j'ai le plaisir de vous annoncer que pour la première fois au monde, grâce à l'appui de mes éditeurs qui m'ont suivi dans cette idée un poil déraisonnable, vos mots sont dans les miens. Le livre que vous tenez entre les mains est imprimé sur un papier recyclé qui contient la totalité de vos envois. Vous êtes physiquement dans ces pages. Vos petits mots constituent, au sens propre, une partie de la matière dont ce livre est fait. Personne n'avait jamais réalisé cela auparavant. J'aime l'idée que vos écrits se mélangent à ce que j'imagine pour vous. À mon sens, cet aspect symbolise fidèlement la relation que nous entretenons. Les minuscules petits points que vous pouvez distinguer dans les pages proviennent de toutes les régions de France, du monde, et peut-être de chez vous. Étant donné la complexité de l'opération, seul le premier tirage de mon livre bénéficie de cette particularité, jusqu'à épuisement. Ce n'est peut-être qu'un détail, mais il est pour moi essentiel et riche de sens. Pour avoir permis cet exploit discret, je veux ici remercier mon éditrice, Anna Pavlowitch, véritable alliée dans ce projet, mais aussi MM. Antoine Gallimard et Gilles Haéri, qui ont soutenu et rendu possible cette opération hors norme. Merci beaucoup aussi à Yves Lhommée, sans l'expertise technique et humaine duquel nous n'aurions pas réussi. Grâce à vous, mes modestes livres prennent une autre dimension. Nous ne sommes pas dans le recyclage, nous sommes dans l'affection !
Avant d'entrer dans le vif du sujet et de vous en dire davantage, j'ai deux faveurs à vous demander : si vous n'avez pas encore lu l'histoire, n'allez pas plus loin. Je vous en conjure, ne découvrez les pages qui suivent qu'après avoir traversé mon roman. J'ose vous faire cette demande uniquement afin de préserver votre plaisir.
Si par contre vous sortez tout juste de l'aventure et que vous en avez envie, je vous souhaite la bienvenue dans cette section qui vous est réservée. Mais j'ai du coup ma seconde demande à vous soumettre : pour garantir la surprise et la qualité de lecture de celles et ceux qui pourraient être tentés de se lancer dans l'histoire, je vous prie de ne rien révéler de l'intrigue ou de ses rebondissements. Merci de permettre à chacun une découverte aussi complète que sereine. L'aventure de Karen et Ben sera notre secret, partagé avec ceux qui auront fait le chemin. Je vous remercie de votre compréhension et de votre appui à ce sujet. Ma requête ne vise qu'à protéger ceux qui me donnent ma chance.
Puisque nous voilà entre complices, je peux vous en dire plus à propos de l'intrigue. Je vous l'annonçais plus haut, concocter cette histoire m'a demandé beaucoup de documentation, et j'ai eu l'occasion d'accumuler des données historiques qui m'ont à la fois passionné et fasciné. Je souhaite ici vous livrer quelques clés. Si mon histoire a produit en vous l'effet espéré, vous vous demandez sans doute ce qui est vrai et ce qui relève de l'imaginaire. La part de réalité est bien plus importante qu'on pourrait le croire. À titre d'exemple, les éléments figurant dans les passages et notes en italique du professeur Wheelan sont rigoureusement authentiques, sauf deux qui sont des extrapolations. Quelques faits parmi beaucoup : l'église d'York existe, et elle correspond précisément aux caractéristiques décrites, protégée par une ceinture de maisons qui la dissimule de la rue, privée d'électricité malgré le progrès, et réellement équipée d'une trappe dans son incroyable décor. Le kofun d'Osaka est aussi fascinant que l'histoire le présente. L'accès en est effectivement interdit et son dôme s'est véritablement effondré en 1872. Le temple d'Abou Simbel a bel et bien été déplacé dans une incroyable opération de sauvetage conformément à ce qu'explique Ben, et sa structure initiale est immergée exactement là où je la situe. Les découvertes archéologiques mentionnées sont intégralement basées sur des faits réels et avérés, que ce soit au Mexique, en Irlande ou en Égypte. Au chapitre historique, Rudolf Hess a bien effectué un vol secret jusqu'en Écosse et s'est effectivement écrasé dans les circonstances mentionnées. Les campagnes de fouilles du Reich, notamment au Moyen-Orient, continuent d'attiser la curiosité des spécialistes sans qu'aucune conclusion satisfaisante concernant leurs résultats ne puisse être établie. La version officielle de la mort d'Hitler racontée dans mon récit résulte du croisement des sources les plus fiables disponibles à ce jour émanant des Alliés, des Russes et de ses proches ayant écrit leurs mémoires. Les trois U-Boote allemands, U-296, U-396 et U-398, ont bien disparu aux dates spécifiées et ce qu'ils sont devenus reste un mystère encore aujourd'hui.
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