Stanislas Petrosky - Je m’appelle Requiem et je t’…

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Je m’appelle Requiem et je t’…: краткое содержание, описание и аннотация

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Moi, vous ne me connaissez pas encore, mais ça ne va pas tarder. Je m’appelle Estéban Lehydeux, mais je suis plus connu sous le nom de Requiem. Je suis curé, ça vous en bouche un coin ?
Oubliez tout ce que vous savez sur les prêtres classiques, je n’ai rien à voir avec eux, d’autant que j’ai un truc en plus : je suis exorciste. Je chasse les démons.
Bon pas tous, parce que je dois d’abord gérer les miens, surtout quand ils font du 95 D, qu’ils dandinent du prose et qu’ils ont des yeux de biche.
Chasser le diable et ses comparses n’est pas de tout repos, je ne vous raconte pas. Enfin si, dans ce livre.
Ah, un dernier détail : Dieu pardonne, moi pas…
L'individu qui se cache derrière le pseudonyme de Stanislas Petrosky est français et vit en Normandie, à quelques kilomètres du Havre. Sa profession, thanatopracteur, n'est probablement pas pour rien dans son goût pour le crime et l'humour… noir. Cet auteur atypique voue un culte immodéré à Frédéric Dard. Sa plume est trempée dans la même encre. Résultat, on se passionne, on se gondole, on frémit, bref on se régale. La preuve c'est Nadine Monfils, la mère de Mémé Cornemuse et d'Evis Cadillac qui signe la préface. Biographie de l'auteur

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— Nous sommes réunis en ce jour pour rendre un dernier hommage à Suzette Alanis qui nous a quittés à l’aube de ses quatre-vingt-dix printemps, à l’issue d’une vie bien remplie. Je connaissais bien Suzette, chaque jour ou presque elle illuminait l’église de son sourire. Toujours aimable, fleurissant l’autel, pieuse mais pas bigote, une sainte femme. Seigneur, tu peux en ce jour compter un invité de plus à ta table. Pourtant la vie de Suzette n’a pas été un long fleuve tranquille. Henri, son époux est décédé très jeune, elle ne s’est pas remariée. Suzette voulait rester fidèle à la mémoire de son défunt mari, mœurs d’une autre époque. Pas d’enfant. Juste quelques amies dans sa rue, Suzette était seule, sans aucune famille. Son refuge était la nourriture, elle mangeait son héritage comme elle se plaisait à le dire lorsque je lui disais qu’elle avait un peu forci.

Les copines de Suzette, qui à l’entrée de la boîte à domino s’étaient muées en pleureuses de la belle époque se marrent de concert avec les pingouins de chez Borniol. La famille un peu moins, je dois avouer. Le grand con se lève et, le regard haineux, me lance :

— Monsieur l’abbé, je vous précise que nous sommes les neveux et nièces de madame Alanis, donc sa famille…

Je le toise en souriant, puis reprends mon oraison :

— Non monsieur Crémant, vous devez faire erreur. Vous auriez été de sa famille, vous seriez venu la voir, vous auriez pris de ses nouvelles. Vous auriez été de sa famille, Suzette ne m’aurait pas répété sans cesse : Mon père, mon neveu, Alex Crémant est une vraie merde.

— Vous auriez été de sa famille, Suzette n’aurait pas écrit ce petit mot que je vais vous lire :

Si monsieur le curé lit ces mots, c’est que je suis morte. Que j’ai rejoint le Seigneur et que je suis peut-être au Paradis. Vous mes neveux et nièces, vous devez tous être là, aux premiers rangs, les yeux mouillés. Par de fausses larmes bien sûr. Jamais vous ne m’avez aimée, ou peut-être si, quand je vous signais un chèque.

Là le père Estéban vous saoule, il dit des choses que vous ne voulez pas entendre, puis il est long, c’est une de mes volontés, une longue messe, qui j’espère va vous mettre en retard chez le notaire. Car pingres comme vous êtes, vous avez dû prévoir cela dans la foulée, pour éviter de faire deux fois le voyage.

Je suis morte sans vous, mais pas seule, mes amies ont toujours été là, elles sont formidables, elles sont ma famille, la vraie.

Mes chers neveux et nièces, vous êtes venus pour rien. Ici vous n’avez pas de peine, ni la foi, chez le notaire vous n’aurez rien, tout mon argent ira à des œuvres caritatives. Dieu reconnaîtra les siens dit la Bible, moi je ne vous reconnais plus et je vous emmerde.

Je plie soigneusement la feuille en quatre dans un silence absolu, je regarde le grand con en souriant.

Il tremble, ne me quitte pas des yeux, il n’a qu’une envie : bouffer du curé. Tu n’imagines pas comment cela me plaît. Il hésite, doit-il se lever et m’en mettre une ? Non, il ne bouge pas. Pas encore…

Je termine la cérémonie, l’encens, l’eau bénite. Ils vont bientôt pouvoir défiler devant la dépouille de la pauvre Suzette, marmonner une dernière fois une insulte à son encontre.

Voilà, c’est fait le corbillard s’en va, emmenant ma vieille Suzette, je regagne la Sacristie pour me changer et replonger dans le sac de nœud de cette vidéo.

À peine ai-je viré ma soutane que la porte claque, le grand con est face à moi, son faciès bovin est rouge de colère, je ne l’aurais pas cru aussi courageux. Courageux ou inconscient, va savoir…

— Je n’ai jamais aimé les curetons, jamais ! Alors tu vas manger pour tous les autres !

— Je ne suis pas les autres, c’est ça ton problème.

Il me balance une droite à assommer un bœuf, si, une maousse je te jure, la preuve, il a fendu la porte de l’armoire. J’ai bien fait de l’esquiver, tout comme la seconde. C’est dommage, avoir un punch pareil et ne pas savoir l’utiliser.

Bon ce n’est pas que je m’ennuie, mais j’ai autre chose à faire… Crois-moi, je ne le loupe pas : une prune, une seule, en pleine face, ça craque. Tu sais comme quand tu casses des fagots pour allumer ton barbecue, ben là, ça a craqué sévère.

Il me regarde deux secondes dans les yeux, puis il part à dame, extinction des feux, terminus tout le monde descend.

J’ouvre la porte qui donne sur la rue et traîne le grand couillon jusqu’aux poubelles qui stagnent là. Ça tombe bien, aujourd’hui, ce sont les encombrants que l’on ramasse.

Je passe devant la grande croix, je m’agenouille :

— Je tiens à vous signaler que ce n’est pas moi qui ai commencé, je n’ai fait que me défendre… Et Suzette vous vouait un amour au-dessus de tout, j’espère qu’elle a trouvé une bonne place auprès de vous.

Pas de courant d’air dans les endosses, il n’a pas l’air trop en colère, pourtant la castagne dans l’église, le Vieux n’est pas trop fan.

Je dois avouer que je suis heureux, décocher ce bourre-pif m’a fait un bien fou. Tu ne peux pas imaginer comme je hais ce genre de teigneux, de salopard qui ne vit que pour le pognon, qui se contrefiche de l’humain.

Moi qui avais besoin de me calmer avant de reprendre mes recherches, me voici plus serein.

8

Ce n’est pas le tout, mais j’ai quand même une enquête à mener

Si je pars du principe que Martine a été repérée ici, en ville, j’ai peut-être une petite chance de trouver un début de piste, d’indice pour me remonter vers ces types.

Je décroche mon téléphone et appelle la môme. J’ai besoin de connaître les lieux qu’elle fréquente, où elle achète son pain, ses clopes, son bifteck… C’est assez aléatoire comme méthode, je te le concède. Il me faudrait un sacré coup de bol pour tomber nez à nez avec un type que je ne connais pas.

Ce n’est pas forcément parce que tu es un pervers que cela se voit sur ta tronche. Tu as des mecs avec de belles gueules, à qui tu donnerais le bon Dieu sans confession et qui sont de véritables ordures. Des hommes à qui tu fais confiance et qui te la mettent en biais dès qu’ils le peuvent, et là, les exemples sont légions, suffit de feuilleter le trombinoscope de l’Assemblée.

Je suis le premier à gueuler contre le délit de sale gueule, surtout pour défendre des lecteurs dans ton genre, et là, je veux croire que grâce à cela je vais retrouver cette bande de malades.

Je veux y croire parce que je me dis que pour faire de telles saloperies on ne peut pas être normal, on doit être dans l’exception qui confirme la règle. De tels crimes, cela doit marquer un visage, ce n’est pas possible autrement. Je pense que là-haut, bien perché sur son paradis, le tout-puissant, mon Patron, il a dû prévoir un truc sur le faciès de ces enculés. Sinon il est vraiment à la ramasse le Vieux.

Je sais ce que tu te dis, à proférer de telles choses envers Dieu, je risque la censure… eh bien sache, ô mon lecteur, que j’adore qu’on me censure, tu n’imagines même pas… si l’on me censure, cela veut dire que je dénonce, que j’ai mis le doigt là où ça fait mal, que je pique le cul des bien-pensants. Du coup cela me donne envie de continuer, de provoquer encore plus. Faut vivre dangereusement.

La môme m’a dit de passer d’ici une heure, le temps pour elle de dresser une liste complète. Elle aurait pu me la balancer par mail, non, faut que je me déplace. Mon petit doigt me dit qu’elle a un peu les chocottes la Martine.

Je reprends mes recherches sur la toile, différemment cette fois-ci. Je vais me balader du côté des sites libertins et échangistes. Je pars du principe que ce genre de prédateur doit poser des filets partout, qu’il cherche toutes sortes de rencontres. Alors je crée un compte, où je deviens Savannah la sauvageonne.

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