Jean-Christophe Grangé - La Ligne noire

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Il existe, quelque part en Asie du Sud-Est, entre le tropique du Cancer et la ligne de l'Equateur, une autre ligne. Une ligne noire jalonnée de corps et d'effroi…
Jean-Christophe Grangé, 42 ans, est l’auteur de thrillers devenus mythiques
(1994),
(1998),
(2000) et
(2003), best-sellers internationaux traduits dans une trentaine de pays notamment aux Etats-Unis où
sort chez Harper Collins à ’l'automne 2004. Biographie de l'auteur

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Mais cette nuit-là, pour la première fois, j’ai vu ce que je ne devais pas voir. Des membres enlacés, des remous de chairs, des couleurs violacées. Maman avec quelque chose dans la bouche. Des fesses brunâtres. Un « zizi » de fille qui ressemblait à une blessure irritée. Et toujours ces cris d’animaux, ces râles, ces suffocations… Sans pouvoir le caractériser, ce que je contemplais était un viol — le viol de l’espèce humaine, de tout ce que je croyais savoir sur les « grands ».

J’étais malade. Je ne voulais plus endurer ça. Pourtant, chaque soir, j’étais posté derrière ma porte. Je voulais revoir mon papa. C’est alors que j’ai commencé à perdre tout repère. Parce que à chaque fois, il était différent ! Parfois, il était petit, malingre, tout blanc. Une autre fois, il était gras, chauve, cuivré. Un autre soir, c’était un Noir, colossal, aux gestes lents et lustrés. Je devenais fou. Je me disais : Si mon papa a plusieurs têtes, alors moi aussi, je suis « plusieurs ». Je devenais mouvant, liquide, instable. Le matin, quand je me lavais les dents, j’avais l’impression que mon visage s’effritait sous la brosse. Je perdais toute identité. Je me disloquais…

Reverdi marchait toujours, allant et venant dans la salle d’acier. Il parlait tête baissée. Comme ployant sous ses souvenirs. Sa longue silhouette noire, traversée d’éclairs bleutés, donnait une forme animale à sa douleur. Une coulée sombre, puissante, familière des abysses.

— Un jour, reprit-il, ma mère m’a surpris derrière la porte. J’entends encore son gloussement. Ce flagrant délit lui a donné une nouvelle idée. Si cela m’intéressait tant que ça, eh bien, je resterais avec eux. Dans la chambre. Caché dans l’armoire. Une espèce de malle verticale, en rotin, comme on en faisait à l’époque, située en face du lit.

À partir de cette date, ce fut le même rituel. Chaque soir, la porte sonnait et, avant de me pousser à l’intérieur de l’armoire, parmi les robes suspendues, elle me chuchotait : « Cache-toi vite, papa arrive… » Cette phrase, combien de fois je l’ai entendue ? Elle est restée imprimée en moi, au fond de mon cerveau reptilien, là où siègent les instincts primitifs. La faim. La haine. Le désir…

La voix de Reverdi s’éteignit. Il demeura immobile, absent, aspiré par sa propre mémoire.

Marc sentait s’amplifier l’irritation dans sa gorge. Le mal de tête montait en puissance, avec l’intensité d’un étau industriel.

D’une manière absurde, il songea à la psychiatre de Malaisie. La femme voilée avait vu juste. La schizophrénie de Reverdi ; sa perte d’identité ; les multiples visages de son père. Mais ce qu’elle imaginait comme des fantasmes était une réalité.

L’apnéiste reprit un ton de conversation légère :

— Pourquoi ma mère faisait-elle cela ? On pourrait répondre : parce qu’elle était démente. Mais ce serait une explication trop simpliste. Il y avait autre chose. Quelque chose que nous partageons tous. Avec l’âge adulte, je me suis senti moi aussi attiré par ces extrêmes, ces contraires qui brisent des barrières et libèrent le plaisir. Ces déviations qui accroissent, on ne sait par quel sortilège, la jouissance. Je sais aujourd’hui que ma présence dans l’armoire apportait une dissonance à son intimité, une fêlure qui renforçait sa satisfaction. Ma proximité aggravait sa nudité, son exposition, sa vulnérabilité : tout ce qui fondait son délice de femme crucifiée par l’homme.

Sa voix s’étrangla. Reverdi se saisit la tête à deux mains, comme s’il subissait une névralgie foudroyante. Durant plusieurs secondes, ses dents crissèrent encore. Puis il se redressa, le visage détendu :

— Pour moi, ces moments passés dans l’armoire ont été — comment dire ? très formateurs. Mille fois, j’ai voulu sortir pour sauver ma mère — parce que je croyais encore qu’elle avait mal — mais la crainte me paralysait. J’avais peur de lui. Et surtout d’elle. Je connaissais ses crises — son sadisme latent, qui s’exerçait discrètement sur moi : la nourriture trop salée, les bains glacés, les réveils en sursaut… Ma mère a toujours prétendu qu’elle m’aimait, mais elle n’était que mensonges. L’incarnation du mensonge. Comme toutes les femmes.

Reverdi se planta face à Marc et le fixa droit dans les yeux :

— Je sais que tu aimes les détails. Je pourrais te parler des heures de cette armoire tressée, qui est devenue ma seconde peau. Ma boîte de Pandore. Je pourrais t’expliquer comment je frissonnais dans le noir, assailli de crampes, comment je tentais, malgré moi, de regarder à travers les mailles. Comment, lorsque je voyais le nouveau visage de mon père, ses traits s’infiltraient sous ma peau, jusqu’à distendre mes os. Parfois, l’homme se redressait dans le lit et demandait : « T’as pas entendu un bruit ? » Il se levait, s’approchait à frôler l’armoire. Je m’enfonçais au fond de ma cachette, je ne respirais plus. Il s’approchait si près que je sentais son haleine lourde, chargée de bière ou de cannabis. Derrière lui, j’entendais ma mère qui ricanait : « Laisse tomber, ça doit être une souris. » Puis elle répétait plus fort, à mon intention : « Une sale petite souris vicieuse ! » Et elle éclatait de rire alors que la brute retournait la rejoindre.

Reverdi imitait chaque voix — l’homme, la femme, le souffle court de l’enfant. Le spectacle de cet athlète, à la pureté olympique, devenant tour à tour chaque personnage, était un sommet d’effroi. Encore une fois, le D r Norman avait raison : Jacques Reverdi n’était pas constitué d’une seule personnalité. Plusieurs êtres distincts cohabitaient en lui, s’articulaient sans jamais former un ensemble cohérent.

Marc se cambra. La migraine devenait insoutenable. Des taches noires dansaient dans la pièce circulaire. Il n’était pas sûr de vivre jusqu’au bout de l’histoire.

L’apnéiste reprit, comme s’il avait voulu enchaîner sur les pensées de Marc :

— Mais surtout, je souffrais du manque d’oxygène. L’air manquait dans ma cachette. Je respirais mal. Je paniquais. Je ne cessais plus de mourir. Alors, je ne sais comment, j’ai trouvé la parade…

D’un coup, ses traits s’assouplirent en un large sourire, rayonnant, orgueilleux :

— L’arme de la lutte, qui allait me rendre invincible. L’apnée. Toutes mes biographies racontent que j’ai découvert cette discipline à Marseille, après la mort de ma mère. Moi-même j’ai propagé cette légende. Mais c’est faux. J’ai découvert l’apnée en banlieue parisienne. Au fond d’une armoire.

Je ne sais comment, un jour, au lieu de chercher désespérément l’oxygène à travers le treillis de rotin, j’ai retenu ma respiration. Là, s’est produit un miracle. Soudain, je me suis senti investi d’une force extraordinaire. Les soupirs de ma mère s’éloignèrent, la menace de mon père, ses visages multiples, tout recula… L’apnée dressait entre moi et le monde extérieur un mur, une paroi absolument étanche. Tout se brisait contre ma carapace. J’étais devenu impénétrable.

J’ai commencé à m’entraîner, toutes les nuits, dans ma cachette. Je n’écoutais plus leurs cris, leurs gémissements, leurs insultes. Je me concentrais pour améliorer mon temps. Détail symbolique : je me chronométrais avec la montre oubliée par l’un de mes « pères ». Chaque soir, je m’améliorais. Chaque soir, je devenais plus fort. Je n’avais plus peur de l’armoire : j’étais moi-même un coffre, hermétique, inviolable, qui protégeait mon identité contre les autres.

Grâce à cette discipline, j’ai réussi à grandir. J’ai repoussé mes cauchemars, mais aussi mes pulsions, de plus en plus sombres. Ma puberté n’a pas été l’éveil de l’amour, mais celui de la mort. Bien sûr, mes envies de meurtre se focalisaient sur ma mère. Des voix me parlaient, me soufflaient de la tuer. Mais, lorsque la crise culminait, lorsque j’étais au bord de passer à l’acte, l’apnée me sauvait toujours.

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