Jean-Christophe Grangé - Le Passager

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Le Passager: краткое содержание, описание и аннотация

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Je suis l'ombre. Je suis la proie. Je suis le tueur. Je suis la cible. Pour m'en sortir, une seule option : fuir l'autre. Mais si l'autre est moi-même ?…
Grangé a le chic, en construisant avec une minutie d’horloger son intrigue au long cours, de rendre crédible ce que son imagination débordante invente de façon totalement débridée. Bravo l’artiste ! Blaise de Chabalier, Le Figaro littéraire. Diaboliquement construit suivant le principe des poupées russes,
se dévore avec un mélange d’effroi et de jubilation. Grangé explore la frontière ténue qui sépare la raison de la folie. Celle floue entre le bien et le mal. Il nous entraîne vers des abîmes d’autant plus angoissants qu’il les a puisés dans l’ordinaire — à peine exagéré — de la société contemporaine et ses dérives.
Hubert Lizé, Aujourd’hui en France.

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— Tu es ici.

Corto désignait de l’index une photographie de groupe fixée au mur. Narcisse s’approcha et se reconnut. Il portait une blouse d’artiste, très fin XIX e. Il avait l’air jovial. Les autres riaient aussi, avec quelque chose de déglingué, de détraqué dans leur allure.

— Nous avons pris cette photo pour l’anniversaire de Karl, le 18 mai dernier.

— Qui est Karl ?

Le psychiatre montra un gros homme hilare, aux côtés de Narcisse, portant un tablier de cuir et brandissant une brosse maculée de noir. Il évoquait un forgeron du Moyen Âge.

— Viens. Je vais te le présenter.

Ils remontèrent un nouveau couloir qui menait à une porte coupe-feu. Ils sortirent et prirent un escalier en direction du deuxième édifice, en contrebas. Sous le soleil de midi, le paysage se révélait dans toute sa splendeur. Une beauté froide, indifférente, sans pitié. Des pics, des aiguilles, des fragments de roches rouges se dressaient comme des pierres votives. Des totems qui faisaient jeu égal avec les dieux qu’ils représentaient. Au fond de la vallée, des forêts noires s’épanchaient et révélaient un biosystème farouche et sélectif. La terre nourrissait seulement ici ceux qui supportaient l’altitude, le froid et le vide. Les autres pouvaient crever.

Ils pénétrèrent dans le bâtiment et dédaignèrent le premier étage — les chambres — pour descendre au rez-de-chaussée. Corto frappa à la première embrasure du couloir — il n’y avait pas de porte — et attendit la réponse.

Hereinkommen !

Narcisse marqua un temps sur le seuil. L’atelier était uniformément noir, plafond compris. Sur les murs, des monochromes, noirs eux aussi. Au centre de la pièce, se tenait le colosse de la photo. La version grandeur nature mesurait près de deux mètres pour 150 bons kilos. Il portait un tablier en cuir, comme passé au cirage.

— Salut Karl. Comment ça va aujourd’hui ?

L’homme s’inclina en ricanant. Il portait un masque filtrant. Les effluves chimiques étaient irrespirables dans la pièce.

Corto se tourna vers Narcisse :

— Karl est allemand. Il n’est jamais parvenu à apprendre correctement notre langue. Il était interné dans un asile en RDA, près de Leipzig. Après la chute du Mur, j’ai visité tous les instituts d’Allemagne de l’Est en quête de nouveaux artistes. J’ai découvert Karl. Malgré les punitions, les électrochocs, les privations, il s’obstinait à peindre en noir tout ce qui lui tombait sous la main. À l’époque, il utilisait surtout du charbon.

— Et maintenant ?

— Maintenant, Karl fait le difficile ! rit Corto. Aucun produit ne lui donne satisfaction. Pour ses monochromes, il essaie des mélanges, à base d’aniline et d’indanthrène. Il me donne des listes de produits chimiques incompréhensibles ! Il cherche la non-couleur absolue. Quelque chose qui absorberait vraiment la lumière.

Le malabar s’était remis au travail, penché sur un bac où il pétrissait une sorte de goudron chaud et souple. Il ricanait encore sous son masque.

— Karl a un secret, murmura le psychiatre. Il mixe sa peinture avec son propre sperme. Il prétend que cette substance donne une vie souterraine à ses monochromes.

Narcisse observait les grosses mains qui barattaient la matière. Il imaginait l’artiste, avec ces mêmes mains, s’astiquer le manche. Privilège de l’arthérapie de Corto : la libido s’agitait encore. À Henri-Ey, ses patients abrutis de psychotropes avaient tous le cigare en berne.

Il s’approcha d’un des tableaux uniformément noirs :

— C’est censé représenter quoi ?

— Le néant. Comme beaucoup d’obèses, Karl est sujet à des apnées profondes durant son sommeil. Il ne respire plus. Ne rêve plus. Il meurt, en quelque sorte. Il prétend peindre ces trous noirs.

Narcisse se pencha sur une toile et décela une fine écriture en relief qu’il aurait fallu plutôt lire avec les mains, comme du braille.

— Ce n’est pas de l’allemand ?

— Ni aucun autre idiome connu.

— Un langage qu’il a inventé ?

— Selon lui, la langue parlée par les voix qui le visitent au fond de l’apnée. Au fond de la mort.

Karl continuait à rire sous cape. Ses mains se tordaient maintenant dans le bac. La peinture qu’il malaxait jaillissait des bords comme un puits de pétrole réveillé.

— Allons-y, proposa Corto. Il s’énerve quand les visiteurs restent trop longtemps.

Dans le couloir, Narcisse demanda :

— Pour quoi était-il interné à Leipzig ? De quoi souffre-t-il ?

— Pour dire la vérité, il était en prison. L’équivalent de nos UMD. Il a arraché les yeux de sa femme. Il dit que c’est sa première œuvre. Toujours l’obscurité…

— Il ne prend aucun médicament ?

— Aucun.

— Pas de mesure de sécurité ?

— On veille seulement à bien lui couper les ongles. En Allemagne, il y a eu un problème avec un infirmier.

Narcisse réagit en psychiatre : Corto jouait avec le feu. Il était surpris que les autorités médicales et sociales le laissent faire. L’atelier suivant était occupé par une petite femme âgée d’au moins 70 ans. Vêtue d’un ensemble Adidas rose, les cheveux bleutés, elle offrait une image très soignée — une Américaine à la retraite. L’atelier était à son image : le parfait intérieur d’une ménagère irréprochable. Sauf qu’elle tenait une clope pincée entre ses lèvres fines.

Ni l’Allemand ni cette femme n’étaient sur le char de Nice. Ils avaient sans doute obtenu une dérogation. L’un à cause du poids, l’autre à cause de l’âge.

— Bonjour, Rebecca. Comment vous sentez-vous ?

— Le problème, c’est les douanes, fit-elle d’une voix rocailleuse. Pour faire passer mes œuvres…

Elle était penchée sur une feuille qu’elle couvrait toujours du même visage, à l’aide d’un minuscule crayon tenu à deux doigts. Pour apprécier son œuvre, il fallait se reculer. Les milliers de figures s’articulaient comme une marqueterie et formaient des vagues, des motifs, des arabesques.

— Le travail avance ?

— Ce matin, on m’a poussée dans les waters. Hier, la viande n’était pas mixée.

Syndrome de Ganser . Un trouble plutôt rare, qui se caractérise par des réponses toujours à côté. Face à ces artistes, Narcisse comprit qu’il réagissait en psychiatre. Il n’admirait pas leurs œuvres : il les traitait en malades. Malgré ses efforts, il n’était pas Narcisse. Il restait Mathias Freire.

— Je connais cette tête, remarqua-t-il en désignant le visage démultiplié sur la page.

— C’est Albert de Monaco.

Corto expliqua — la femme était absorbée par son dessin.

— Il y a une trentaine d’années, Rebecca travaillait au palais monégasque. Femme de ménage. Elle est tombée amoureuse du prince, d’une manière… irraisonnée. Elle ne s’est jamais remise de ce trauma affectif. En 1983, elle est entrée à l’hôpital pour ne plus en sortir. Quelques années à Saint-Loup, puis chez nous.

Narcisse lui lança un coup d’œil. Rebecca travaillait de manière automatique — comme si une force invisible lui tenait la main. Jamais son crayon ne se levait ni ne revenait sur un trait. Cette ligne était comme le fil rouge de sa folie. Corto était déjà sorti.

— Vous avez cherché ces artistes à travers toute l’Europe ? demanda Narcisse après l’avoir rattrapé.

— Oui. Dans le sillage de mes prédécesseurs. Hans Prinzhorn, en Allemagne. Leo Navratil, en Autriche. Grâce à eux, l’art brut existe.

— L’art brut : c’est quoi au juste ?

— L’art des fous, des marginaux, des médiums, des amateurs. Le nom a été inventé par Jean Dubuffet. D’autres l’appellent « l’art outsider », « art psychotique »… Les Anglais disent « raw art », « l’art cru ». Les termes parlent d’eux-mêmes. C’est un art libéré de toute convention, de toute influence. Un art libre ! Souviens-toi de ce que je t’ai dit : « Ce n’est pas l’art qui nous soigne, c’est nous qui soignons l’art ! »

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