Pierre Lemaitre - Travail soigné

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Dès le premier meurtre, épouvantable et déroutant, Camille Verhœven comprend que cette affaire ne ressemblera à aucune autre. Et il a raison. D’autres crimes se révèlent, horribles, gratuits… La presse, le juge, le préfet se déchaînent bientôt contre la « méthode Verhœven ».
Policier atypique, le commandant Verhœven ne craint pas les affaires hors normes mais celle-ci va le placer totalement seul face à un assassin qui semble avoir tout prévu. Jusque dans le moindre détail. Jusqu’à la vie même de Camille qui n’échappera pas au spectacle terrible que le tueur a pris tant de soin à organiser, dans les règles de l’art…
Prix Cognac, 2006.

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Parfois, comme cette nuit, il la regardait et l’affreux sentiment du miracle l’étreignait. Il trouvait Irène incroyablement belle. L’était-elle réellement ? Il s’était posé la question à deux reprises.

La première fois lorsqu’ils avaient dîné ensemble, trois ans plus tôt. Irène portait ce soir-là une robe bleu nuit, fermée par une série de boutons du haut en bas, le genre de robe que les hommes s’imaginent tout de suite en train de déboutonner et que les femmes portent exactement pour ça. Sur son décolleté un simple bijou en or.

Il s’était souvenu d’une phrase lue il y a longtemps, qui parlait de la « ridicule prévention des hommes sur la retenue des blondes ». Irène avait un air sensuel qui démentait ce jugement. Irène était-elle belle ? Réponse « oui ».

La seconde fois qu’il s’était posé la question, c’était sept mois plus tôt : Irène portait la même robe, seul le bijou avait changé, elle portait maintenant celui que Camille lui avait offert le jour de leur mariage. Elle était maquillée.

— Tu sors… avait demandé Camille en arrivant.

En fait, ça n’était pas une question, plutôt une sorte de constat interrogatif, un mélange à sa manière, hérité du temps où il pensait qu’Irène et lui étaient une de ces parenthèses comme la vie a parfois le bon goût de vous en offrir et la lucidité de vous les retirer.

— Non, répondit-elle, je ne sors pas.

Son travail aux studios de montage lui laissait peu de temps pour préparer les repas. Quant à Camille, ses horaires étaient indexés sur la misère du monde, il arrivait tard et repartait tôt.

Ce soir-là, pourtant, la table était dressée. Camille respira en fermant les yeux. Sauce bordelaise. Elle se baissa pour l’embrasser. Camille sourit.

— Vous êtes bien belle, madame Verhœven, dit-il en approchant sa main de sa poitrine.

— L’apéritif d’abord, avait répondu Irène en esquivant.

— Évidemment. Qu’est-ce qu’on fête ? demanda Camille en se hissant sur le canapé.

— Une nouvelle.

— Une nouvelle quoi ?

— Une nouvelle tout court.

Irène s’assit près de lui et lui prit la main.

— A priori, ça sent plutôt la bonne nouvelle, dit Camille.

— J’espère.

— Pas sûre ?

— Pas certaine. J’aurais préféré que la nouvelle arrive un jour où tu serais moins soucieux.

— Non, je suis seulement fatigué, avait protesté Camille en lui caressant la main pour s’excuser. J’ai besoin de sommeil.

— La bonne nouvelle c’est que moi je ne suis pas fatiguée et que j’irais bien me coucher aussi.

Camille sourit. La journée avait été marquée par des coups de couteau, des arrestations mouvementées, des hurlements dans les locaux de la Brigade, une vraie plaie du monde, grande ouverte.

Mais Irène avait l’art de la transition. Elle était du genre à donner confiance, à savoir ménager des diversions. Elle parla du studio, du film en cours (« une connerie, tu n’imagines pas… »). La conversation, la chaleur de l’appartement, la fatigue de la journée qui s’éloignait. Camille sentit monter en lui un bien-être à la limite de la torpeur. Il n’écoutait plus. Sa voix lui suffisait. La voix d’Irène.

— Bon, dit-elle. On va manger.

Elle allait pour se lever lorsqu’il sembla lui revenir quelque chose à l’esprit.

— Tout de suite, pendant que j’y pense, deux choses. Non, trois.

— Allez, dit Camille en terminant son verre.

— On dîne chez Françoise le 13. Possible, pas possible ?

— Possible, dit Camille après un court temps de réflexion.

— Bien. Deuxième chose. Je dois faire les comptes, donne-moi tout de suite tes relevés de carte bleue.

Camille descendit du canapé, sortit son portefeuille de sa sacoche, fouilla et retira un paquet de tickets froissés.

— Ne fais tout de même pas les comptes ce soir, ajouta-t-il en posant le paquet sur la table basse. La journée a déjà été difficile.

— Évidemment, dit Irène en se dirigeant vers la cuisine. Allez, à table.

— Tu avais dit trois choses ?

Irène s’arrêta, se retourna, fit mine de chercher.

— Ah oui ! Finalement… Papa, ça te plairait ?

Irène était debout près de la porte de la cuisine.

Camille la regarda stupidement. Par réflexe, son regard descendit sur son ventre, pourtant parfaitement plat, remonta jusqu’à son visage. Il vit ses yeux qui riaient. L’idée d’un enfant avait fait l’objet de longs palabres entre eux. Un vrai désaccord. Camille avait d’abord joué la montre, Irène avait opté pour l’entêtement. Camille s’était replié prudemment du côté de la génétique, Irène avait contourné l’obstacle par un bilan approfondi. Camille avait alors sorti son atout : le refus. Irène avait abattu le sien : j’ai trente ans. La messe était dite. Et maintenant la partie était jouée. Alors il se demanda pour la seconde fois si Irène était belle. Réponse « oui ». Il eut l’absurde sentiment qu’il ne se poserait plus jamais la question. Et pour la première fois depuis le Moyen Âge, il sentit des larmes monter, un vrai chagrin de bonheur, quelque chose comme l’existence qui vous explose à la figure.

21

Maintenant il était là, dans le lit, une main lourdement posée sur son ventre plein. Et sous sa main, il sentit un coup, brutal et cotonneux. Parfaitement réveillé, sans bouger le moindre muscle, il attendit. Irène, dans son sommeil, poussa un petit grognement. Une minute passa, puis une deuxième. Patient comme un chat, Camille guettait et un second coup arriva, juste sous sa main, quelque chose de différent, une sorte de roulement feutré, comme une caresse. C’était comme d’habitude. Il ne pouvait rien se dire d’autre que cette heureuse stupidité que ça bougeait, comme si dans sa vie même tout s’était soudain mis à bouger. La vie était là. Un court instant pourtant, une tête de jeune fille clouée au mur vint s’interposer. Il la chassa et tenta de se concentrer sur le ventre d’Irène, tout le bonheur du monde, mais le mal était fait.

La réalité maintenant avait gagné le rêve, et les images se mirent à défiler, lentement d’abord. Un bébé, le ventre d’Irène, puis un cri de nourrisson d’une présence presque palpable. La machine prit un rythme accéléré, le beau visage d’Irène quand elle faisait l’amour, et ses mains, puis des doigts coupés, les yeux d’Irène, et l’affreux sourire d’une autre femme, un sourire ouvert d’une oreille à l’autre… La bande-annonce devenait folle.

Camille se sentait d’une lucidité stupéfiante. Entre la vie et lui, il y avait un vieux différend. Il pensa soudain que ces deux filles coupées en morceaux transformaient, inexplicablement, le différend en contentieux. Des filles comme celle qu’il caressait en ce moment, avec, elles aussi, deux fesses rondes et blanches, de la chair ferme de jeune femme, avec, elles aussi, un visage comme celui-ci, de nageuse à l’envers à l’instant du sommeil, une respiration lourde et lente, un léger ronflement, des apnées inquiétantes pour l’homme qui les aime et les regarde dormir, et des cheveux comme ceux-là qui bouclent sur une nuque bouleversante. Ces filles étaient exactement comme cette femme, celle qu’il aimait aujourd’hui. Et elles étaient arrivées un beau jour, quoi, invitées ? Recrutées ? Forcées ? Enlevées ? Payées ? Toujours est-il qu’elles s’étaient fait découper, tronçonner par des types qui avaient seulement envie de découper en morceaux des filles aux fesses blanches et onctueuses, et qu’aucun d’eux n’avait été ému par un seul de leurs regards suppliants lorsqu’elles avaient compris qu’elles allaient mourir, que même ces regards les avaient peut-être excités et que ces filles faites pour l’amour, pour la vie, étaient venues mourir, on ne savait même pas comment, dans cet appartement-là, dans cette ville-là, dans ce siècle-ci où lui, Camille Verhœven, flic tout ce qu’il y avait de plus ordinaire, gnome de la PJ, petit troll prétentieux et amoureux, où lui, Camille, caressait le ventre sublime d’une femme qui était toujours la nouveauté absolue, le vrai miracle du monde. Quelque chose n’allait pas. En un dernier éclair épuisé, il se vit consacrer toute son énergie à ces deux buts absolument ultimes, définitifs, premièrement aimer autant qu’il était possible ce corps qu’il caressait là, et dont allait venir le plus inattendu des cadeaux, deuxièmement chercher, traquer, trouver ceux qui avaient bousillé ces filles, les avaient baisées, violées, tuées, découpées en morceaux et étalées sur les murs.

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