Frédéric Dard - La nurse anglaise

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Sir David Bentham, lord et pair d'Angleterre, compte parmi les individus les plus petits du Royaume-Uni puisque, à vingt-huit ans, il ne mesure que 104 centimètres. En revanche, la nature a doté ce gentleman d'un attribut viril d'une taille et d'une puissance phénoménales dont il use sans répit. Le nanisme de sir David, joint à la richesse familiale, le dispense d'exercer une profession. Alors, comme il déteste l'oisiveté, pour passer le temps, il tue les gens…

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San-Antonio

La nurse anglaise

Roman

A Georges CHASSOT qui, de coups de tampons en coups de tampons, a fini par devenir l’un de mes amis les plus chers.

Un autre natif du 29 juin.

SAN-A.

« Que de nains couronnés paraissent des géants ! »

Voltaire

AVERTISSEMENT

tous les personnages de ce livre sont hélas fictifs. les membres de la famille royale britannique impliqués dans ces pages sont sans rapport avec la famille royale britannique et ne relèvent que de la fantaisie exacerbée de l’auteur.

QUELQUES GRANDS MEURTRIERS ANGLAIS EN GUISE DE HORS-D’ŒUVRE :

Jack l’EVENTREUR

Tua 5 prostituées à Londres en 1888, les mutila et préleva certains organes sur ses victimes.

John Reginald Halliday CHRISTIE (1898–1953)

Né dans le Yorkshire. Tua sa femme et probablement sa fille.

Il a aussi étranglé 5 autres femmes.

Fut pendu.

George SMITH (1872–1915)

Né à Londres. Noya ses trois femmes dans sa baignoire en 1912, 1913 et 1915.

Exécuté.

John George HAIGH (1909–1949)

Né à Stamford. Tua par balle une veuve, puis la jeta dans un bain d’acide sulfurique pour réduire son corps.

Probablement 5 autres victimes.

Peut-être buvait-il le sang de ses victimes.

Exécuté.

Neville George HEATH (1917–1946)

Né à Ilford. 2 meurtres sexuels brutaux en 1946.

Donald NEILSON (1936-)

Né près de Bradford, surnommé « La panthère noire » en raison de la cagoule noire qu’il portait.

3 meurtres et 1 enlèvement.

Tua probablement davantage.

Ian BRADY (1938-)

Myra HÏNDLEY (1942-)

« Les tueurs de la Lande. »

Au début des années 60, ce couple a torturé puis tué deux enfants, peut-être plus, et un adolescent de dix-sept ans.

Ils enterraient les corps dans la lande du Yorkshire.

Tous les deux sont en prison à vie.

Peter SUTCLIFFE (1946-)

Né à Bingley, près de Bradford.

« L’éventreur du Yorkshire. »

Tortura et assassina 13 femmes dont beaucoup étaient des prostituées, entre 1975 et son arrestation en janvier 1981.

Fut aussi inculpé de 7 intentions de meurtre.

Emprisonné à vie pour chacun de ses meurtres.

Dennis NILSEN

En 1983, âgé de 37 ans, il admit avoir commis 15 meurtres. Ex-policier londonien.

Rencontrait des touristes étrangers, des clochards et des jeunes sans attaches, dans les pubs. Les invitait chez lui, les étranglait, les coupait en morceaux (faisait bouillir les têtes, etc.). C’est le pire criminel du siècle.

Condamné à perpétuité plusieurs fois.

Fred WEST et Rosemary WEST

De Gloucester. Ensemble abusèrent sexuellement de jeunes filles, ainsi que de leur fille aînée et les tuèrent. Les enterraient dans la cave, dans le jardin ou dans la campagne environnante. Abusèrent aussi de leurs autres enfants.

Avant le procès, Fred WEST se suicida dans sa cellule. Rosemary WEST fut inculpée de dix meurtres, mais les corps n’ont pas été retrouvés, non plus que celui de la première femme de Fred.

Les crimes se sont produits sur une durée de 20 ans, sans être découverts.

James HANRATTY (1936–1962)

Assassina un homme et viola puis fusilla sa petite amie Valéry STORIE sur une aire de stationnement de la A6.

Valéry survécut et l’identifia.

Fut pendu en 1962.

Après son exécution, des témoins confirmèrent son alibi. Beaucoup pensent encore qu’il était innocent.

Roy FONTAINE

Archibald HALL, alias Roy FONTAINE, usant de ses goûts bisexuels assassina cinq personnes à Londres.

Arrêté en 1978.

Sir David BENTHAM

Le héros de ce livre, dont les meurtres n’ont pas été dénombrés.

1

Assis en tailleur sous l’immense table de la salle à manger, sir David contemplait l’entrejambe de la princesse de Galles.

Lady Diana portait une jupe écossaise aux carreaux beige et bleu. Ses bas couleur chair révélaient ses moindres muscles et l’on devinait d’imperceptibles veines aux chevilles. Sir David jugea ses longues jambes un peu trop minces pour son goût. Il appréciait les femmes « confortables-sans-excès », beaucoup moins les personnes du sexe guettées par l’anorexie. Cependant, que lady Diana ne mît pas de collants, mais de véritables bas soutenus par un porte-jarretelles, compensait à ses yeux ses mollets trop filiformes.

Il attendait, obstiné guetteur de sensations, qu’elle ouvre les cuisses, mais l’aimable personne avait trop de maintien pour découvrir son slip, fût-ce sous une table. Elle demeurait résolument close, telle une huître en bonne santé, genoux serrés, ce qui finit par irriter profondément le fils cadet de lord Bentham, célèbre par ses caprices et les exigences que ceux-ci généraient.

Au-dessus de lui, la conversation s’animait sans que, toutefois, le ton ne monte. Dîner de dames. La duchesse, sa mère, avait convié les femmes les plus en vue de Londres. Quelques-unes d’entre elles étaient jolies, deux ou trois spirituelles, mais toutes jouissaient d’une influence indiscutable sur la vie artistique du pays.

Lady Muguette, peintre animalier de talent, préparait une exposition ayant pour thème le basset hound : vingt-cinq toiles grand format consacrées à ce pittoresque canin aux oreilles traînantes. Elle avait pour habitude de les présenter en son logis, avant de les confier à la galerie. Elle invitait pour la circonstance des personnes de la « jet » qui appréciaient qu’on leur propose la primeur de ses créations.

Avant de passer à table, presque toutes « ces dames » avaient élu comme clou de la proche exposition un tableau intitulé Maternité , représentant une chienne sur le point de mettre bas. L’expression de l’animal dégageait quelque chose de pathétique. On était conquis par son regard de navrance et ses mamelles à ras du sol.

L’œuvre continuait de défrayer la conversation pendant le repas. A cause de la lourde nappe de brocart tombante, sir David ne percevait pas très bien les propos échangés, ce qui le laissait de marbre. Il se montrait résolument misogyne et les bavardages féminins le faisaient bâiller.

A un moment donné, il nourrit l’espoir d’en apprendre davantage sur l’entrejambe de la princesse de Galles ; mais lady Di se contenta d’incliner ses cuisses dans l’autre sens, sans pour autant les désunir. Mentalement, sir David la traita de « pétasse borgne », de « cul pourri », de « pompeuse de singes », de « sale crevure » et autres qualificatifs malsonnants. Il aurait aimé sortir de sa poche son rasoir à manche pour tailler dans les mollets de la jeune femme.

Au moment où sa rage le faisait trembler, il se produisit un événement qu’il n’attendait pas : lady Diana ôta, du pied droit, son escarpin gauche qui la blessait. Elle détestait acheter ses chaussures à Londres, préférant les bottiers italiens, ou français. Le soulier britannique n’est que masculin, par sa robustesse.

Sir David n’hésita pas un instant : il s’en empara dès que le pied de sa propriétaire l’eut quitté et actionna la commande sans fil chargée d’alerter Tom, son valet personnel, un Noir aux cheveux défrisés et à l’œil de velours dont les services lui coûtaient une fortune.

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