Frédéric Dard - La nurse anglaise

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La nurse anglaise: краткое содержание, описание и аннотация

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Sir David Bentham, lord et pair d'Angleterre, compte parmi les individus les plus petits du Royaume-Uni puisque, à vingt-huit ans, il ne mesure que 104 centimètres. En revanche, la nature a doté ce gentleman d'un attribut viril d'une taille et d'une puissance phénoménales dont il use sans répit. Le nanisme de sir David, joint à la richesse familiale, le dispense d'exercer une profession. Alors, comme il déteste l'oisiveté, pour passer le temps, il tue les gens…

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Peu après, les lumières s’éteignirent dans la salle à manger. Il y eut un murmure de surprise.

— Je vous prie de nous excuser, fit paisiblement lady Muguette, on procède à des travaux dans le secteur.

Sir David sortit sans encombre de sous la table et, à quatre pattes, quitta la pièce, l’escarpin entre ses dents. Il en aima l’odeur de femme et de cuir et décida que miss Victoria, sa nurse, le masturberait au-dessus du soulier, ce qui constituerait une manière délicate, quoique indirecte, de copuler avec la jolie princesse.

Il traversa la bibliothèque où son père, lord Jeremy Bentham [1] Rien de commun avec Jeremy Bentham, le réformateur du XVIII. rédigeait ses mémoires à un pupitre d’acajou marqueté de nacre. Il avait entrepris cette œuvre une vingtaine d’années auparavant et la conduisait cahin-caha, au gré de son gâtisme précoce, biffant et raturant presque davantage qu’il n’écrivait. L’âge semblait l’avoir pris de vitesse, avec son cortège de tracasseries physiques et de marottes séniles. Bien qu’il n’eût pas soixante-quinze ans, il en paraissait dix de plus. Siégeant parfois à la Chambre des lords, il était une aubaine pour les autres pairs moins diminués que lui car il avait le don du quiproquo et des colères injustifiées.

Sa surdité contribuait à son isolement. Lorsqu’il atteignit la quarantaine, et malgré le vœu de célibat prononcé au chevet de sa mère mourante, il épousa Muguette Lenormand, rencontrée à Paris, rue des Saints-Pères, dans une galerie de peinture où la pluie l’avait incité à entrer. On y exposait de l’hyperréalisme d’inspiration américaine. Muguette travaillait là en qualité de gérante. Elle aimait l’art, l’en entretint de manière décisive. Elle était plutôt jolie, mais il lui trouva surtout du charme. Le soir même il la convia à dîner au Ritz où on lui gardait son rond de serviette. Elle acheva la conquête du noble personnage qui ne tarda pas à l’épouser. Cela l’amusa de devenir lady. Depuis sa quatrième au lycée, elle n’était jamais retournée à Londres et fut éblouie par cette ville hors du temps, altière et pudique, où les gens ne se parlaient pas dans l’autobus et s’arrêtaient de vivre l’après-midi pour boire du thé en grignotant des biscuits friables. Son goût pour l’art la poussa à peindre, au grand contentement de son époux qui entreprit tout ce qui était en son pouvoir pour la lancer.

Peu porté sur les ébats amoureux, lord Jeremy n’en eut pas moins deux enfants avec sa petite artiste française. Le premier, sir John, devait devenir un juriste réputé, contracter un mariage en rapport avec son rang, et se déterminer comme un élément de qualité pour le parti conservateur. Il était plutôt bel homme, mais son air sérieux, voire rogue, décourageait les femmes qui auraient pu être sensibles à ses attraits.

Le second enfant du couple, sir David, de cinq ans son cadet, devait compter parmi les individus les plus petits du Royaume-Uni, puisqu’à vingt-huit ans il mesurait 104 centimètres.

Son nanisme, joint à son titre et à la richesse familiale, le dispensait d’exercer une profession.

Alors, comme il détestait l’oisiveté, pour passer le temps il tuait les gens.

2

Les Bentham habitaient Charles Street, dans Mayfair, non loin de l’immeuble situé au 22, où vécut le duke de Clarence avant de devenir roi sous le nom de William IV. Cet oncle de la future reine Victoria demeurait avec sa maîtresse à laquelle, par amour et inadvertance, il fit dix enfants. La dame étant comédienne, elle passa une partie de sa carrière à exhiber son gros ventre sous les feux de la rampe qui lui servirent de couveuse.

La maison de lord Jeremy, d’une architecture parfaitement maîtrisée, était d’un brun foncé dans lequel s’inscrivait une porte d’un blanc crayeux. Elle s’entourait d’une grille noire flanquée à l’entrée d’éteignoirs de cierges coniques utilisés jadis par les gens d’escorte pour leurs torches. Parallèlement à la rue, une impasse proposait un alignement d’adorables maisonnettes issues des écuries qu’on avait transformées.

Sir David, le nain, s’était fait aménager l’une de ces constructions en garçonnière de luxe. L’habitation comportait au rez-de-chaussée un salon que n’eût pas désavoué une cocotte début de siècle et, au premier étage, une chambre de même style ainsi qu’une salle de bains beaucoup plus vaste où se trouvaient rassemblés, avec les éléments réservés à l’hygiène, d’étranges instruments dont l’usage échappait aux personnes non averties.

Grâce aux appuis de son père, sir David avait pu obtenir le percement d’un bref tunnel sous la rue, qui permettait d’aller de son pied-à-terre à la demeure familiale sans mettre le nez dehors.

Serrant maintenant l’escarpin de la princesse sur son cœur, il franchit le passage souterrain pour gagner son gîte où l’attendait Victoria Hunt.

Il s’agissait d’une authentique nurse, récemment sortie d’une des meilleures écoles professionnelles du Royaume.

Il avait fait sa connaissance sur un banc de Hyde Park. Son nanisme semblait fasciner la jeune femme, laquelle était en charge d’un affreux nourrisson aux cheveux carotte, dont les innombrables taches de rousseur ressemblaient à une maladie incurable.

Il s’aperçut vite, au fil de la discussion, de la vive intelligence de cette personne pleine de grâce. Elle le séduisit immédiatement, au point qu’il en eut une érection de force 5.

Sir David bandait beaucoup et à tout propos. La rumeur publique crédite les nains d’un sexe particulièrement fort, son anatomie ne démentait pas cette croyance populaire. Le pénis de ce bref gentleman offrait aux dames un périmètre d’à peu près vingt centimètres, ce qui lui créait fréquemment des problèmes d’intromission.

Après une conversation qu’il serait superflu de rapporter, la délicieuse nurse constata la protubérance frappant le petit homme et cessa de parler, tant fut grande sa médusance. S’apercevant de son effarement, sir David lui décocha un sourire indulgent.

« Mais oui, fit-il, il ne s’agit pas d’une tricherie. »

Il prit la main de son interlocutrice avec la prudente délicatesse que l’on met à cueillir une rose et la porta au point congestionné de son individu. Miss Victoria crut toucher une ligne à haute tension et faillit s’évanouir. Cet appendice brutal, énorme, ardent lui causa un émoi dont elle fut littéralement meurtrie.

Elle connaissait, pour les avoir pratiqués, quelques phallus non négligeables, mais aucun n’approchait le membre phénoménal soumis à son sens tactile. Il semblait vivre indépendamment de son propriétaire. Qu’il appartînt à un nain renforçait cette impression. Elle ne se lassait pas de le pétrir et ne tarda pas à forcer le pantalon de sir David pour lier connaissance de manière plus complète.

L’énorme « chose » se dilatait, vibrait, paraissait « respirer » entre ses doigts fuselés. Elle s’animait de soubresauts inconsidérés, déployait une telle furia qu’on pouvait craindre qu’elle se sépare du bas-ventre qui la portait.

Miss Victoria Hunt vécut, sur ce banc, l’instant culminant de son existence. Elle ne parvenait pas à se rassasier. Des sanglots la secouaient et elle émettait des sortes de râles, évocateurs d’une agonie difficile. Ils attirèrent l’attention de différents promeneurs qui, bien qu’ils fussent britanniques, jugèrent charitable de lui porter secours. Mais constatant que les mains de la jolie nurse s’engouffraient dans une braguette de nain, ils passèrent leur chemin, terriblement choqués de ces privautés qu’ils estimèrent « contre nature ».

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