Frédéric Dard - Bérurier au sérail

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Bérurier au sérail: краткое содержание, описание и аннотация

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Figurez-vous qu'Alcide Sulfurik, plus connu dans les milieux de l'espionnage sous le matricule S 04 H2, a été kidnappé au retour d'une importante mission en Chine populaire par un commando de rebelles arabes dans l'aride pays de Kelsaltan !
Connaissez-vous le Kelsaltan ?
Il est situé très exactement à l'angle du golfe Persique et de l'avenue Raymond-Poincaré… C'est vous dire… Pour l'atteindre, il faut, à dos de chameau, traverser le grand Rasibus ou désert de la soif.
Et, par ironie, il a fallu que pour accompagner votre valeureux SAN-ANTONIO dans cette mission périlleuse on fasse appel à Pinaud et surtout à BÉRURIER ! Je ne vous en dis pas plus… Joignez-vous à notre étrange caravane et venez visiter le sérail du cheikh BÉRURIER (qui est d'ailleurs un cheikh avec provision).

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— Tu as été sensas, Gros, applaudis-je.

— J’ai fait comme j’ai pu, me dit-il. Heureusement que j’avais ton épingle. C’est pas qu’elle était grosse, mais je l’y ai planté dans les breloques. Je m’ai dit que du moment qu’on allait les y couper, c’était pas la peine de se gêner, tu comprends ?

Je comprends.

Maintenant, c’est à moi.

À moi de jouer pour l’honorable assistance d’abord.

À moi de jouer pour mon compte personnel after.

Mon numéro est sobre, classique, impec.

Je fignole. Je commence par une petite série de boules de verre jetées en l’air par Pinuche — mon assistant — et que je pulvérise à coups de pistolets. Puis je coupe des cigarettes aux lèvres du même Pinuche. Il a drôlement confiance en mes qualités buffalobiliennes, le Déchet. Recta, je cisaille les mégots au ras de ses moustaches de rat. Ça plaît. On m’applaudit. Le pétard de précision du père Obolan me botte. J’ai bien envie de le lui sucrer à la faveur de ces réjouissances. Mon petit doigt me chuchote qu’il pourra m’être utile dans pas longtemps et sans doute avant. Aussi, lorsque j’ai réussi le clou de mon numéro : un tir à la renverse accompli en visant dans un miroir, il ne m’est pas difficile de glisser la seringue dans ma gandoura au lieu de la remettre dans son écrin.

Ouf ! Nous en avons fini. Maintenant c’est le mangeur de feu qui va se déguiser en lampe à souder. Puis viendront les danseuses, Sirk, etc… J’ai du temps devant moi.

— Annonce-toi, Gros, fais-je. Et toi aussi, Pinuchet.

Nous remontons dans nos appartements. Il n’y a personne dans les couloirs. Les larbins se pressent aux fenêtres pour mater les performances. C’est vraiment le bon moment.

La gosse Lola est assise sur mon plumard. En la découvrant, mes subordonnés insubordonnés écarquillent leurs obturateurs. Mais où ils sont complètement siphonnés, c’est quand ils voient la favorite se précipiter dans mes bras et me galocher tout en me faisant dans l’entrepont le coup du genou-pédaleur.

— Ah ! ben toi, alors ! bredouille l’Enflure, on te changera jamais. Partout où y a du cheptel, tu te sélectionnes le surchoix.

Pinaud, plus réaliste, murmure :

— C’est de la démence, San-A., tu sais ce que tu encours ?

Je rends à Lola la monnaie de son baiser avant de répondre car Félicie m’a appris qu’il ne faut jamais parler la bouche pleine.

— Pas de panique, mes enfants. Si on ne risquait pas sa vie par amour de l’amour, pourquoi la risquerait-on ?

— Vous êtes prêt ? me demande Lola.

— Je suis.

— Alors venez.

J’intime à mes preux chevaliers l’ordre de nous filer le train et je marche sur les talons de Lola.

Elle connaît ce palais comme la poche de mon kangourou.

Au bout du couloir, la voilà qui soulève une tenture et qui s’engage dans un escalier dérobé.

On se descend commako la valeur de trois étages, alors que nous sommes partis du premier. Ce qui revient à dire, je le précise pour ceux d’entre vous qui seraient faibles en mathématiques, que nous arrivons deux étages sous terre. Une porte de fer dont les barreaux ne sont pas rachitiques barre soudain l’escalier. Lola met un doigt sur ses lèvres et me désigne un garde assis sur un tabouret.

L’homme est en train de graisser un revolver gros comme une bombarde. Il fredonne une mélopée.

— C’est lui qui a les clés, me chuchote Lola. Et il y a deux autres gardes dans une pièce voisine.

Problème épineux. Que faire ?

Si je me mets à casser la cabane avant d’avoir assuré nos arrières, je risque fort de me faire bloquer dans une impasse. D’un autre côté, il est indispensable que je communique avec les prisonniers. Alors ?

— Tu parles kelsaltipe, chérie ? je demande à la souris.

— Couramment !

— C’est vrai que tu es douée pour les langues.

Je dégaine le pistolet et le coule entre les barreaux.

— Tu vas appeler l’homme à voix basse et lui dire de venir ouvrir, sans qu’il fasse le méchant, O.K. ?

— S’il appelle ? objecte la belle messaline.

— Il n’appellera pas deux fois. À ces profondeurs et avec le boucan qu’il y a dans le jardin, le bruit d’une détonation passerait inaperçu.

Elle est prête à tout, Lola. Pour une fille soumise, c’est une fille soumise.

— Hé ! Houssékonsmé poûrsbékoté ! fait-elle.

Le garde cesse de chanter, lève la tête, nous voit, se dresse, empoté avec son revolver démonté. Il doit regretter d’avoir choisi ce moment pour lui faire sa toilette intime à son pétard.

— Féfissa ! lui lance Lola.

Il regarde en direction de la pièce où se tiennent ses potes. J’ai un petit mouvement du pistolet très opportun. Le gars, c’est pas le chevalier Bayard. Il s’approche jusqu’à la grille.

— Dis-lui qu’il lève les bras et chope la clé de la tirelire dans sa poche, beauté !

Elle exécute docilement mes ordres. Nous voici dans la place. D’un hochement de tranche, je signifie au Gros de s’occuper du garde. C’est pas au vainqueur de Tranche-Montagne qu’il faut faire un dessin pour lui apprendre la façon de mettre un zig K.O. en douceur.

Il l’étale d’une manchette en pleine glotte. De sa main libre, il le rattrape afin de freiner sa chute. Avant de le déposer à terre, il lui place un petit crochet sec comme un biscuit à la pointe du menton. Je connais la dose de Béru. Cette anesthésie va chercher dans les dix minutes.

— Surveille le type et la lourde, chuchoté-je dans la feuille de la Vieillasse. S’il y a du pet, tousse.

Silencieux comme l’ombre d’un sourd-muet sur du velours, je me dirige vers la porte de droite. J’entends parler à l’intérieur.

— À nous deux de faire, Mec, dis-je au Gros. On les cueille à la surprise. Je délourde brutal et chacun prend le sien, correct ?

— C’est parti.

Aussitôt dit, aussitôt fait. D’un coup de tatane, je virgule la porte. Nous découvrons un large couloir sur lequel s’ouvrent des cellules semblables à celles que nous occupâmes lors de notre arrivée chez Obolan.

Deux bonshommes jouent au troufignard-borduré en buvant du sirop dévogecazé. Leurs mitraillettes sont posées sur la table, près de leurs tasses.

Ils sont vifs. Notre brutale intrusion les paralyse deux secondes seulement. Les voilà qui empoignent leurs pétoires.

Le drame, comprenez-vous, c’est qu’ils sont à l’autre bout du fameux couloir et que nous avons une dizaine de mètres à faire avant de les atteindre. Je pige illico qu’on arrivera sur eux juste à temps pour morfler une giclée de dragées brûlantes dans le placard. Alors j’applique la jouvence extrême. Pas celle de l’abbé Souris, l’autre : celle du révérend Pan-pan.

Deux balles : deux défunts ! Je les ai dotés l’un et l’autre d’un troisième œil. À propos de troisième œil, ça me fait penser à l’histoire de la maîtresse d’école qui demandait à ses élèves s’ils aimeraient avoir un troisième œil et si oui, où ils souhaiteraient l’avoir. Le premier le voulait derrière la tête pour surveiller ses arrières, le deuxième le voulait à la plante de ses pieds pour mater les embûches du chemin, et le troisième rêvait de l’avoir au bout du zizi-à-coulisse, afin de pouvoir le passer à travers la haie pour suivre en douce les matches de football le dimanche. À part ça, qu’est-ce que je voulais dire ? Oh ! oui : les gardes. Ils sont morts.

Béru, qui avait déjà pris de l’élan, culbute leurs carcasses et s’étale sur le sol.

Il se relève en sacrant comme à Reims. L’endroit est mal éclairé par deux lampes à huile (le Sieur vous les offre). Je regarde dans les cellules. Elles sont au nombre de quatre. Deux seulement sont occupées.

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