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Frédéric Dard: Du mouron à se faire

Здесь есть возможность читать онлайн «Frédéric Dard: Du mouron à se faire» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию). В некоторых случаях присутствует краткое содержание. Город: Paris, год выпуска: 1955, ISBN: 2– 266– 10925– 1, издательство: Éditions Fleuve Noir, категория: Иронический детектив / Шпионский детектив / на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале. Библиотека «Либ Кат» — LibCat.ru создана для любителей полистать хорошую книжку и предлагает широкий выбор жанров:

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Frédéric Dard Du mouron à se faire

Du mouron à se faire: краткое содержание, описание и аннотация

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Cette histoire a commencé très bizarrement. Depuis une quinzaine, je me faisais tarter à Liège, dans l'attente d'éventuels espions qui devaient passer par là. Pourtant, j'adore cette ville au charme provincial, mais franchement, quinze jours sans action… Ça me devient vite insupportable. Et puis un matin, alors que j'étais encore dans ma chambre d'hôtel, mon attention a été sollicitée par un curieux éclat lumineux. Je me suis approché par le balcon de la chambre voisine, et là j'ai vu le spectacle le plus insolite de ma vie. N'allez pas imaginer du gaulois…, du paillard…, du pomo… Pas du tout. Il y avait dans la pièce un brave monsieur occupé à fourrer des fruits confits avec des…diamants ! Quelques heures plus tard, je l'ai revu, le type. Mais je n'ai pas eu l'occasion de lui poser des questions, vu qu'il était en train de tomber du sixième étage dans une cage d'ascenseur…

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Je me lève.

— Votre mari était-il au courant de… de… vos relations avec Ribens ?

— Non. Même s’il avait été au courant, cela lui aurait été égal. Je ne l’intéressais pas.

— Il subvenait à vos besoins ?

— Oui.

— Largement ?

— Oui.

Je la regarde d’une façon particulièrement appuyée.

— Vous envoyait-il des paquets quelquefois ?

— Des paquets ?

— Oui… Des… des friandises par exemple ?

Son visage ne bronche pas et dégage la même candeur.

— Jamais…

— Vraiment ?

— Vraiment…

— Où habitait-il ?

— Ici, ou en Allemagne…

— Il ne descendait pas à l’hôtel à Liège ?

— Oh ! non. Pourquoi ?

— Avait-il une maîtresse ?

— Je l’ignore, je ne m’occupais pas de cela.

— Pourquoi ne divorciez-vous pas ?

Elle a une hésitation.

— Parce que… Jef… Enfin, il me payait largement.

Je vois ; elle tenait à gagner son bœuf, la petite marrante. C’est pourquoi elle s’accommodait d’une situation ambiguë, contiguë et antidérapante.

— Dites, beauté, et des ennemis, lui en connaissiez-vous à Jef ?

Elle ouvre de grands cocards.

— Des ennemis ? Non, pourquoi en aurait-il eu ?

Je me relance dans le franc-parler.

— Parce qu’un homme qui se fait buter n’a pas que des amis, ma belle.

— Ah ?

— Ben, voyons…

J’ajoute entre mes ratiches :

— Et puis un homme marié à une pareille pétroleuse ne peut pas affirmer qu’il n’en a pas !

— Quoi ? demande Huguette.

Je hausse les montants.

— Rien…

Elle va pour protester devant mon attitude, mais un coup de sonnette vient faire diversion.

CHAPITRE IV

Ô FUNÉRAILLES !

Il y a tout un trèpe dans l’immeuble. On vient de découvrir la carcasse de Van Boren et les naturels du coin veulent être laga lorsqu’on annoncera la mauvaise nouvelle à sa femme. Les hommes sont comme les mouches à chose. Dès que ça pue quelque part, ils radinent en vitesse, avides, se bousculant, ouvrant des lucarnes grandes comac pour ne pas louper la séance.

Un agent de police prend la parole. C’est un jeune, pâlot, qui n’a pas l’air d’aimer ce genre de besogne. Huguette Van Boren est très bien. En entendant le coup de carillon, je l’ai rapidement chapitrée.

— Gaffe ! On vient vous affranchir sur l’accident. Pas de simagrées. De la dignité. Vous ne savez rien. Moi, je suis un correspondant de votre mari. Il m’a fixé rendez-vous ici et ça fait une heure que je l’attends.

Elle fait signe qu’elle est d’accord sur tout et délourde.

J’apprécie alors à quel point elles sont rusées, combien elles sont comédiennes, les garces ! Dans chaque gonzesse, il y a une Sarah Bernhardt qui somnole. Mais qui somnole d’un carreau seulement. Elle y va dans les gammes sensorielles, Huguette. Et à fond de ballon. Pour la suivre dans ce chemin creux, faudrait s’être farci vingt piges de Comédie-Française, et encore !

Elle donne le la avec un air stupéfait qui lui vaudrait d’être engagée comme partenaire de Bourvil, puis, lorsque le jeune cogne a jacté, ce sont les grandes eaux, les petits cris, les « Où est-il, je veux le voir ! Laissez-moi aller près de lui ! » De quoi faire chialer trois mètres cubes de ciment armé ! Les assistants, bons bougres dans le fond, s’essuient les hublots, le flic en uniforme passe deux doigts fébriles entre son col et sa peau pour se donner un peu plus d’oxygène.

Moi, je reluque la séance en me disant que ça n’est pas la peine d’aller douiller des trois ou quatre cents balles au Rex ou au Marignan pour voir des films qui puent le studio, lorsque à l’œil on peut s’offrir des superproductions en réel-color, panoramique, relief, etc., etc.

La période de confusion passée, le flic fait entrer Huguette chez elle. Une voisine compatissante s’introduit subrepticement avec une bouteille de rye dont elle fait lichetrogner plusieurs rasades à ma protégée. En bas de l’immeuble, c’est le puissant remue-ménage. Police-secours radine pour canaliser les badauds. La police s’amène pour les constatations.

Nous avons bientôt la visite d’un jeune inspecteur, roux comme un brasero allumé, à la tête osseuse, aux yeux gris-acier, qui paraît en rogne contre l’humanité depuis sa naissance.

Il nous regarde, Huguette et moi, comme, un instant auparavant, j’ai regardé Huguette et son amant. Pas besoin de lire l’avenir dans le marc de café pour comprendre ce qu’il pense.

Il laisse un instant Huguette sous la garde d’un de ses subordonnés, puis il me fait signe de le suivre dans la pièce voisine qui se trouve être la chambre à coucher. Le lit garde l’empreinte de deux corps. Je suis passagèrement confus, car le flicard ne doute pas un instant que je suis le petit copain de la jolie petite veuve et que je lui ai joué la grande scène d’Adam et Eve se consolant de la perte du Paradis terrestre.

Entre parenthèses, en voilà deux, Adam et Eve, qui auraient mieux fait de bouffer des poires ou du chewing-gum au lieu d’une pomme. Ç’aurait mieux valu pour tout le monde, moi je vous le dis. Maintenant, on serait peinards, sans soucis, sans tracas… Mais ces vaches ont croqué une malheureuse pomme et c’est nous qui avons les pépins. Je sais que le jeu de mots n’est pas fameux, mais il est assez bon pour vous faire marrer, tas de noix !

Je regarde le rouquin et il me regarde.

— J’ai vu votre photographie quelque part, dit-il, soupçonneux.

Comme quoi, pour un Belge, il a l’œil américain.

— Vous croyez ?

— J’en suis certain. Qui êtes-vous et que faisiez-vous dans cette maison ?

Je sors ma carte et je la lui exhibe.

Il change complètement d’attitude. Il devient frétillant, heureux.

— Monsieur le commissaire San-Antonio ! C’est un grand honneur pour moi, je…

Je le calme du geste.

— Pas si fort…

Il baisse la tête.

— Puis-je vous demander… ?

— Ce que je fiche ici ?

— Heu… oui !

A toute vibure, je lui monte un petit cinéma.

— Je faisais une enquête en Allemagne. J’ai été amené à m’intéresser à Van Boren. J’interrogeais discrètement sa femme, en prétextant que j’étais une relation d’affaires, lorsque le… le drame s’est produit.

Il a ce parfait cri du cœur :

— Comment ! elle est innocente ?

— Pourquoi ? Vous la soupçonniez ?

— Oui, j’avoue. Quand on m’a dit que toutes les portes étaient fermées au moment où…

— Qui vous a dit cela ?

— La voisine d’à côté. L’ascenseur ne fonctionne que pour la montée. Elle est descendue et n’a rien remarqué d’anormal. En bas, quelqu’un a actionné le bouton d’appel comme elle parvenait au rez-de-chaussée. Elle a baissé les yeux et a aperçu le cadavre… Elle s’est mise à crier et a donné l’alerte.

Il ajoute :

— Pensez-vous que Van Boren ait été assassiné ?

— Oui…

— Par qui ?

— Vous m’en demandez trop.

— Alors, insiste-t-il, sa femme est innocente ?

— Oui.

— Bon… Du moment que vous me le dites…

Il a beau être impressionné par ma « personnalité » (ce coup de savate dans les chevilles), il ne me croit pas. Ou plutôt ça lui fait mal aux seins de me croire. Ce gars-là doit être têtu comme douze mulets attachés à la queue leu leu. Il a de la personnalité, de la ténacité et le respect de ses supérieurs, bref, tout ce qu’il faut pour réussir dans la police.

Je m’assieds et lui offre une cigarette à bout de coton. Il l’accepte, tant mieux ; plus vite j’aurai liquidé ce foutu paquet de sèches à la gomme, plus vite j’aurai l’âme en paix.

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