Pancol,Katherine - Les yeux jaunes des crocodiles

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« Ces pauvres petites sont mal parties dans la vie ! déclara Madame mère à Iris. Mon Dieu, ce qu’on fait vivre aux enfants de nos jours ! Et on s’étonne que la société aille mal. Si les parents ne savent pas se tenir, que peut-on attendre des enfants ? »

Madame mère. Elle ne la voyait plus. Depuis le mois de mai. Depuis leur affrontement dans le salon d’Iris. Plus un seul mot. Plus un seul coup de téléphone. Plus une seule lettre. Rien. Elle n’y pensait pas tout le temps, mais quand elle entendait, dans la rue, une femme de son âge penchée sur une vieille dame qu’elle appelait « maman », ses genoux se dérobaient et elle cherchait un banc pour s’asseoir.

Et pourtant, elle se refusait à faire le premier pas. Et pourtant, elle n’enlevait pas un seul mot au discours qu’elle avait prononcé ce soir-là.

Elle se demandait même si ce n’était pas cette scène avec sa mère qui lui avait donné l’énergie de travailler. « On se sent très fort quand on ne triche pas. Ce soir-là, tu n’as pas triché et depuis, regarde comme tu avances ! » C’était la théorie de Shirley. Et Shirley n’avait peut-être pas tort.

Seule. Sans Antoine, sans mère. Sans homme.

À la bibliothèque, dans les travées étroites, entre les étagères de livres, elle avait heurté un homme qui venait en sens inverse. Elle avait les bras chargés de livres. Elle ne l’avait pas vu. Tous les livres avaient dégringolé, faisant grand bruit, et l’inconnu s’était baissé pour l’aider à les ramasser. Il lui avait fait les gros yeux, ce qui avait déclenché un fou rire chez Joséphine. Elle avait été obligée de sortir pour se calmer. Quand elle était rentrée, il lui avait adressé un clin d’œil de connivence. Elle avait été bouleversée. Tout l’après-midi elle avait cherché son regard, mais il avait gardé les yeux baissés sur ses classeurs. À un moment elle avait levé les yeux, il était parti.

Elle l’avait revu et il lui avait fait un petit signe de la main avec un sourire très doux. Il était grand, efflanqué, ses cheveux châtains lui tombaient dans les yeux, et ses joues avaient l’air aspirées tellement elles étaient creuses. Il posait délicatement son duffle-coat bleu marine sur le dossier de sa chaise avant de s’asseoir, l’époussetait, le lissait puis se laissait tomber comme un danseur sur sa chaise en tournant le dossier à l’envers. Il avait des jambes longues et maigres. Jo l’imaginait faisant des claquettes. En collant noir, veste noire, haut-de-forme noir. Son visage changeait souvent d’apparence. Elle le trouvait beau et romantique, pâle et mélancolique l’instant d’après. Elle n’était jamais sûre de le reconnaître. Parfois elle perdait son image et devait s’y prendre à plusieurs fois avant de le reconnaître, en chair et en os.

Elle n’avait pas osé raconter l’histoire du jeune homme à Shirley. Elle se serait moquée d’elle. « Mais il fallait l’inviter à prendre un café, lui demander son nom, connaître ses horaires de travail ! T’es nulle. »

Ben oui… Je suis nulle et c’est pas nouveau ! soupira Joséphine, en gribouillant sa feuille de comptes. Je vois tout, je sens tout, mille détails entrent en moi comme de longues échardes et m’écorchent vive. Mille détails que d’autres ne remarquent pas parce qu’ils ont des peaux de crocodile.

Le plus dur, c’était de ne pas se laisser envahir par la panique. La panique frappait toujours la nuit. Elle écoutait grandir en elle le danger qu’elle ne pourrait fuir. Elle se tournait et se retournait sur son matelas sans parvenir à s’endormir. Payer les traites de l’appartement, les charges de l’immeuble, les impôts, les jolies tenues d’Hortense, l’entretien de la voiture, les assurances, les notes de téléphone, l’abonnement à la piscine, les vacances, les places de cinéma, les chaussures, les appareils dentaires… Elle énumérait les dépenses et, les yeux grands ouverts, terrifiée, s’enroulait dans les couvertures pour ne plus penser. Il lui arrivait de se réveiller, de s’asseoir dans son lit, de faire et refaire les comptes dans tous les sens et de constater que non, elle n’y arriverait pas alors qu’en pleine journée, les chiffres avaient dit oui ! Elle allumait, paniquée, allait rechercher le morceau de papier sur lequel elle avait griffonné ses comptes et les recommençait dans tous les sens jusqu’à ce qu’elle retrouve… son bon sens et éteigne, épuisée.

Elle redoutait les nuits.

Elle jeta une dernière fois les yeux sur les chiffres tracés au crayon et sur ceux tracés en rouge et constata, rassurée, que, pour le moment, ils se tenaient tranquilles. Son esprit s’envola vers la conférence qu’il lui fallait préparer. Un passage, qu’elle avait lu, lui revint en tête. Elle s’était dit qu’il serait utile de le recopier et de s’en servir. Elle partit à sa recherche, le retrouva. Elle décida de le placer en tête de sa conférence.

« Les recherches de l’histoire économique mettent toutes en valeur les années 1070-1130 en France : on trouve alors aussi bien de nombreuses fondations de bourgs ruraux que les premiers signes de l’essor urbain, aussi bien la pénétration de la monnaie dans les campagnes que l’établissement de courants commerciaux interurbains. Or ce temps de dynamisme et d’innovation est aussi celui où l’extorsion seigneuriale apparaît systématique. Comment penser la relation entre ces deux faits : décollage économique malgré la seigneurie ou grâce à elle ? »

Le coude glissant sur la toile cirée, Jo se demandait si la question ne s’appliquait pas aussi à son propre cas. Depuis qu’elle était seule, persécutée par les notes à payer, elle grandissait en savoir et en sagesse. Comme si le fait d’être en danger la poussait à mettre les bouchées doubles, à travailler, travailler…

Si tout cet argent ne s’évaporait pas aussi vite, je pourrais louer une maison pour les filles l’été prochain, leur acheter les beaux vêtements qu’elles réclament, les emmener au théâtre, au concert… On pourrait dîner au restaurant une fois par semaine et se faire belles ! J’irais chez le coiffeur, j’achèterais une belle robe, Hortense n’aurait plus honte de moi…

Elle se laissa aller à rêver un instant puis se reprit : elle avait promis à Shirley de l’aider à livrer des gâteaux pour un mariage. Une grosse commande. Shirley avait besoin d’elle pour que les gâteaux ne se répandent pas dans le break et pour rester au volant, pendant la livraison, au cas où elle ne pourrait pas se garer.

Elle rangea ses affaires, son livre de comptes, son crayon, son Bic rouge. Resta encore un instant pensive, à suçoter le capuchon du Bic, puis se leva, enfila un manteau et rejoignit Shirley.

Shirley l’attendait sur le palier en tapant du pied. Son fils Gary se tenait debout dans l’embrasure de la porte. Il fit un signe de la main à Jo puis referma la porte. Joséphine étouffa une exclamation de surprise qui n’échappa pas à Shirley.

— Qu’est-ce que tu as ? Tu as vu un fantôme ?

— Non mais Gary… je viens de le voir en homme, l’homme qu’il sera dans quelques années. Qu’est-ce qu’il est beau !

— Oui, je sais, les femmes commencent à le reluquer.

— Il le sait ?

— Non ! Et c’est pas moi qui vais le lui dire… J’ai pas envie qu’il soit imbibé de sa personne.

— Imbu de sa personne, Shirley, pas imbibé.

Shirley haussa les épaules. Elle avait empilé les cagettes où reposaient, enveloppés dans des linges blancs, les gâteaux qu’elle devait livrer.

— Dis-moi… Le père devait être pas mal ?

— Le père était l’homme le plus beau du monde… C’était sa principale qualité, d’ailleurs !

Elle fronça les sourcils et balaya l’air de la main comme si elle chassait un mauvais souvenir.

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