Brown, Dan - Deception point

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— Vous avez donc l‘intention de commettre un autre meurtre ? fit Rachel. Vous m‘écœurez, monsieur le directeur !

Le courage de Rachel stupéfia Tolland. Elle méprisait son père, mais elle n‘avait pas l‘intention de mettre le sénateur en danger quoi qu‘il arrive. Malheureusement, son plan se retournait contre elle. Même si le sénateur découvrait le fax et appelait le Président pour lui annoncer la supercherie et faire rappeler les commandos, personne à la Maison Blanche n‘aurait la moindre idée de ce dont Sexton parlait, ni de l‘endroit où ces commandos pouvaient se trouver.

— Je ne le répéterai qu‘une fois, fit Pickering, posant un regard menaçant sur Rachel. Cette situation est trop complexe pour que vous puissiez la comprendre pleinement. Vous avez commis une énorme erreur en envoyant ces informations à des étrangers. Vous mettez votre pays en danger.

William Pickering essayait de gagner du temps, Tolland l‘avait compris. Et la raison pour laquelle il agissait ainsi avançait calmement à tribord. Tolland sentit une violente décharge d‘adrénaline quand il vit le commando arriver nonchalamment vers eux, portant une liasse de documents, fusil-mitrailleur au poing.

Tolland fut lui-même choqué par sa réaction. Empoignant son arme, il la pointa sur Delta 1 et appuya sur la détente.

Il y eut un maigre clic.

— J‘ai trouvé le numéro de fax, fit le commando, en tendant à Pickering une feuille de papier. Et M. Tolland est à court de munitions.

– 488 –

124.

Sedgewick Sexton entra au pas de charge dans le hall de l‘immeuble sénatorial. Il n‘avait aucune idée de la façon dont Gabrielle avait pu pénétrer dans son bureau mais elle avait réussi, il le savait. Pendant leur conversation téléphonique, Sexton avait distinctement entendu le tic-tac de son horloge à l‘arrière-plan. Une conclusion s‘était imposée à lui : les propos que Gabrielle avait entendus lors de la réunion avec les P-DG de l‘aérospatiale l‘avaient ébranlée, et elle avait décidé de trouver des preuves, pour savoir à quoi s‘en tenir.

Mais comment diable a-t-elle fait pour entrer ?

Sexton se félicita d‘avoir changé le mot de passe de son ordinateur.

Arrivé devant la porte, il saisit son code pour désactiver l‘alarme. Puis il fouilla dans son trousseau de clés, déverrouilla, ouvrit d‘un grand geste les deux lourdes portes blindées et entra brusquement avec l‘intention de prendre Gabrielle sur le fait.

Mais le bureau était vide et obscur, avec pour toute lueur celle de son économiseur d‘écran. Il éclaira et promena un regard inquisiteur sur la pièce. Chaque chose semblait à sa place. Un silence de mort régnait, uniquement ponctué par le tic-tac de l‘horloge.

Mais bon Dieu, où est-elle ?

Il perçut un bruissement dans la salle de bains, s‘y précipita et alluma la lumière. La pièce était vide. Il regarda derrière le battant, rien.

Stupéfait, Sexton se regarda dans le miroir, se demandant s‘il n‘avait pas un peu trop bu ce soir. J‘ai bien entendu quelque chose ! Désorienté et troublé, il quitta la pièce.

— Gabrielle ? cria-t-il.

Il se rendit dans le bureau de la jeune femme. Elle n‘y était pas, tout était éteint. Le bruit d‘une chasse d‘eau résonna dans les toilettes pour dames. Il sortit en hâte dans le couloir. Il arriva devant la porte au moment où Gabrielle sortait en s‘essuyant les mains. Elle sursauta en le voyant.

– 489 –

— Mon Dieu, vous m‘avez fait peur ! dit-elle avec une mine sincèrement effrayée. Que faites-vous ici ?

— Vous m‘aviez dit que vous étiez passée prendre des documents sur la NASA, répondit-il, en regardant ses mains vides. Où sont-ils ?

— Je ne les ai pas trouvés. J‘ai cherché partout. Ça m‘a pris un temps fou.

Il la regarda dans les yeux.

— Êtes-vous entrée dans mon bureau ?

Je dois la vie à ce fax, se dit Gabrielle. Quelques minutes auparavant, elle était assise devant l‘ordinateur de Sexton, essayant d‘imprimer ses relevés de banque. Mais ces fichiers étant protégés, il lui fallait trouver une astuce. Elle aurait sans doute encore été en train d‘essayer, si le fax de Sexton ne s‘était mis à crépiter, la rappelant brusquement à la réalité.

Gabrielle avait alors compris que le moment était venu de partir. Sans prendre le temps de lire le fax, elle avait refermé les dossiers, mis l‘ordinateur en veille, vérifié que tout était à sa place et repris le chemin de la salle de bains. Elle était en train de regagner les toilettes adjacentes par le faux plafond quand elle avait entendu Sexton entrer.

Sous le regard scrutateur du sénateur, elle avait maintenant l‘impression de passer au détecteur de mensonges.

Si elle le dupait, il allait s‘en apercevoir illico.

— Vous avez bu, sénateur, fit-elle en se détournant.

Comment a-t-il compris que j‘étais dans son bureau ?

s‘interrogea-t-elle.

Sexton posa ses mains sur les épaules de Gabrielle et la força à le regarder.

— Étiez-vous dans mon bureau, Gabrielle ?

Gabrielle avait de plus en plus peur. Sexton avait visiblement bu. Il ne s‘était jamais montré aussi brusque avec elle.

— Dans votre bureau ? demanda-t-elle avec un petit rire crispé. Mais comment ? Et pourquoi ?

— J‘ai entendu sonner mon horloge quand je vous ai appelée.

– 490 –

Rachel pesta intérieurement. Son horloge ? C‘était bien la dernière chose à laquelle elle aurait pensé.

— Enfin, sénateur, c‘est une accusation totalement ridicule !

— Gabrielle, je passe toutes mes journées dans mon bureau, et je connais très bien le bruit qu‘elle fait.

Il fallait que cet interrogatoire cesse sur-le-champ.

La meilleure des défenses, c‘est l‘attaque. En tout cas, c‘est ce que Yolanda Cole disait toujours. Gabrielle fit un pas en avant et jeta un regard furibond à Sexton. Posant ses mains sur ses hanches, la jeune femme lui rétorqua avec toute la véhémence dont elle était capable :

— Parlons peu mais parlons bien, sénateur. Il est 4 heures du matin, vous avez bu toute la soirée, vous avez entendu un tic-tac dans le téléphone et c‘est la raison pour laquelle vous êtes ici ?

Elle pointa un doigt indigné vers sa porte blindée dans le couloir.

— Si je comprends bien, vous m‘accusez d‘avoir désactivé un système d‘alarme fédéral, d‘avoir forcé deux serrures, d‘être entrée par effraction dans votre bureau, et en plus d‘être assez stupide pour répondre sur mon portable alors que je suis en train de commettre un crime d‘une pareille gravité, de réactiver le système en sortant, pour ensuite aller aux toilettes avant de fuir les mains vides ? Est-ce bien de cela que vous m‘accusez ?

Sexton la regardait, les yeux écarquillés.

— Il ne faut jamais boire seul, sénateur. Maintenant, voulez-vous que nous parlions de la NASA, oui ou non ?

Sexton retourna dans son bureau, l‘esprit complètement embrouillé. Il se dirigea vers son bar et se servit un Pepsi. Il ne se sentait pas ivre du tout. Avait-il pu commettre pareille erreur ? À l‘autre bout de la pièce, son horloge émettait un tic-tac moqueur. Sexton vida son Pepsi et s‘en versa un autre ainsi qu‘un pour la jeune femme.

— Un verre, Gabrielle ?

Mais elle ne l‘avait pas suivi. Elle était toujours sur le seuil de la porte, affichant un air indigné.

– 491 –

— Oh ! Pour l‘amour du ciel, Gabrielle, entrez donc ! Et dites-moi ce que vous avez découvert à la NASA.

— Je crois que j‘en ai assez fait pour aujourd‘hui, lâcha-t-elle, d‘un ton distant. On en reparlera demain.

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