Patrick Suskind - Le parfum

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Au bout de deux ans, la rente ne suffisait même plus à payer le bois de chauffage. Madame se vit contrainte de vendre sa maison, à un prix dérisoire, car il y avait soudain, en même temps qu’elle, des milliers d’autres gens qui se voyaient également contraints de vendre leur maison. Et là encore, elle ne reçut en contrepartie que ces stupides petits papiers, et au bout de deux ans de plus ils ne valaient à peu près plus rien eux-mêmes ; et en l’an 1797 (elle allait alors sur ses quatre-vingt-dix ans) elle avait totalement perdu tout le bien qu’elle avait péniblement amassé en près d’un siècle et elle logeait dans une minuscule chambre meublée de la rue des Coquilles. Et c’est alors seulement, avec dix ans, avec vingt ans de retards que la mort arriva ; elle arriva sous la forme d’une longue affection tumorale qui prit Madame à la gorge et lui ôta d’abord l’appétit, puis la voix, si bien qu’elle ne put avoir un seul mot de protestation lorsqu’on l’embarqua pour l’Hôtel-Dieu ; on la mit dans la même salle peuplée de centaines d’incurables promis à une mort prochaine que celle où son mari déjà était mort, on la fourra dans un lit commun avec cinq autres vieilles femmes qu’elle n’avait jamais vues, et où elles étaient couchées peau contre peau, et là on la laissa mourir en public trois semaines durant. Puis elle fut cousue dans un sac, jetée à quatre heures du matin sur une charrette avec cinquante autres cadavres et emportée, au son aigre d’une clochette, jusqu’au cimetière qu’on avait récemment ouvert à Clamart, à une lieue de l’enceinte, et où elle trouva sa dernière demeure dans une fosse commune, sous une épaisse couche de chaux vive.

C’était en l’an 1799. Dieu merci, Mme Gaillard ne soupçonnait rien du destin qui l’attendait quand, en ce jour de 1747, elle rentrait chez elle, laissant derrière elle l’enfant Grenouille et notre histoire. Sinon, il aurait pu se faire qu’elle perde sa foi en la justice et du même coup le seul sens qu’elle trouvait à la vie.

6

Au premier coup d’œil qu’il jeta sur M. Grimal (ou plutôt à la première bouffée qu’il inspira de son aura olfactive), Grenouille sut que c’était là un homme capable de le battre à mort à la moindre incartade. Sa vie désormais avait tout juste autant de valeur que le travail qu’il serait capable d’accomplir, elle avait pour toute consistance l’utilité que lui attribuerait Grimal. Aussi Grenouille se fit-il tout petit, sans faire jamais ne fût-ce qu’une tentative pour se rebeller. Du jour au lendemain, il renferma de nouveau en lui-même toute son énergie de défi et de hargne, qu’il employa exclusivement à survivre, telle la tique, à l’ère glaciaire qu’il allait traverser : endurant, frugal et terne, mettant en veilleuse la flamme de l’espoir de vivre, mais veillant jalousement sur elle. Il fut désormais un modèle de docilité, sans prétention aucune et plein d’ardeur au travail, obéissant au doigt et à l’œil et se contentant de n’importe quelle nourriture. Le soir, il se laissait sagement enfermer dans un appentis jouxtant l’atelier et où l’on entreposait des outils et des peaux brutes traitées à l’alun. Il y dormait à même le sol en terre battue. Durant le jour, il travaillait tant qu’on y voyait clair, en hiver huit heures, en été quatorze, quinze, seize heures : il écharnait les peaux qui puaient atrocement, les faisait boire, les débourrait, les passait en chaux, les affrétait à l’acide, les meurtrissait, les enduisait de tan épais, fendait du bois, écorçait des bouleaux et des ifs, descendait dans les cuves remplies de vapeurs âcres, y disposait en couches successives les peaux et les écorces, selon les instructions des compagnons, y répandait des noix de galle écrasées et recouvrait cet épouvantable entassement avec des branches d’if et de la terre. Après une éternité, il fallait de nouveau tout exhumer et tirer de leur tombeau les cadavres de peaux momifiés par le tannage et transformés en cuir.

Quand il n’était pas à enterrer ou déterrer les peaux, c’est qu’il portait de l’eau. Pendant des mois, il porta de l’eau depuis le fleuve jusqu’à la tannerie, toujours deux seaux, des centaines de seaux par jour, car le tannage exigeait d’énormes quantités d’eau, pour laver, pour assouplir, pour détremper, pour teindre. Pendant des mois, il n’eut pas un fil de sec, à force de porter de l’eau ; le soir, ses vêtements dégoulinaient et sa peau était froide, ramollie et gonflée comme du cuir brassé en cuve.

Au bout d’un an de cette existence de bête plus que d’être humain, il attrapa une splénite, redoutable inflammation de la rate qui frappe les tanneurs et entraîne généralement la mort. Grimal avait déjà fait une croix sur lui et songeait à lui trouver un remplaçant – non sans regret, d’ailleurs, car jamais il n’avait eu ouvrier moins exigeant et plus efficace que ce Grenouille. Mais, contre toute attente, Grenouille survécut à la maladie. Il n’en garda que les cicatrices des gros anthrax noirs qu’il avait eus derrière les oreilles, dans le cou et sur les joues, qui le défigurèrent et le rendirent encore plus laid que jamais. Il lui en resta de surcroît – avantage inappréciable – une immunité contre l’inflammation de la rate qui lui permit désormais d’écharner, même avec des mains crevassées et en sang, les peaux dans le pire état sans risquer de se contaminer à nouveau. Cela le distinguait non seulement des apprentis et compagnons, mais de ses propres remplaçants potentiels. Et comme dorénavant il n’était plus aussi facile à remplacer, cela accrut la valeur de son travail et par conséquent la valeur de sa vie. Tout d’un coup, il ne fut plus contraint de coucher à même le sol, on lui permit de se construire un bat-flanc dans l’appentis, on lui donna de la paille pour mettre dessus, et une couverture à lui. On ne l’enferma plus pour dormir. Les repas étaient plus copieux. Grimal ne le traitait plus comme un quelconque animal, mais comme un animal domestique utile.

Lorsqu’il eut douze ans, Grimal lui donna champ libre la moitié du dimanche, et à treize ans il eut même la permission de sortir les soirs de semaine une heure après le travail, et de faire ce qu’il voulait. Il avait gagné, puisqu’il vivait et qu’il possédait une petite dose de liberté qui suffisait pour continuer à vivre. Son temps d’hibernation était terminé. La tique Grenouille bougeait de nouveau. Elle flairait l’air du matin. L’instinct de chasse le prit. Il avait à sa disposition la plus grande réserve d’odeurs du monde : la ville de Paris.

7

C’était comme un pays de cocagne. A eux seuls, déjà les quartiers voisins de Saint-Jacques-de-la-Boucherie et de Saint-Eustache étaient un pays de cocagne. Dans les rues adjacentes de la rue Saint Denis et de la rue Saint-Martin, les gens vivaient tellement serrés les uns contre les autres, les maisons étaient si étroitement pressées sur cinq, six étages qu’on ne voyait pas le ciel et qu’en bas, au ras du sol, l’air stagnait comme dans des égouts humides et était saturé d’odeurs. Il s’y mêlait des odeurs d’hommes et de bêtes, des vapeurs de nourriture et de maladie, des relents d’eau et de pierre et de cendre et de cuir, de savon et de pain frais et d’œufs cuits dans le vinaigre, de nouilles et de cuivre jaune bien astiqué, de sauge et de bière et de larmes, de graisse, de paille humide et de paille sèche. Des milliers et des milliers d’odeurs formaient une bouillie invisible qui emplissait les profondes tranchées des rues et des ruelles et qui ne s’évaporait que rarement au-dessus des toits, et jamais au niveau du sol. Les gens qui vivaient là ne sentaient plus rien de particulier dans cette bouillie ; car enfin elle émanait d’eux et les avait imprégnés sans cesse, c’était l’air qu’ils respiraient et dont ils vivaient, c’était comme un vêtement chaud qu’on a porté longtemps et dont on ne sent plus l’odeur ni le contact sur sa peau. Mais Grenouille sentait tout comme pour la première fois. Il ne sentait pas seulement l’ensemble de ce mélange odorant, il le disséquait analytiquement en ses éléments et ses particules les plus subtils et les plus infimes. Son nez fin démêlait l’écheveau de ces vapeurs et de ces puanteurs et en tirait un par un les fils des odeurs fondamentales qu’on ne pouvait pas analyser plus avant. C’était pour lui un plaisir ineffable que de saisir ces fils et de les filer.

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