Patrick Suskind - Le parfum

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Une tique comme cela, voilà ce qu’était l’enfant Grenouille. Il vivait refermé sur lui-même, attendant des temps meilleurs. Au monde, il ne donnait rien que ses excréments ; pas un sourire, pas un cri, pas un regard brillant, pas même sa propre odeur. Toute autre femme aurait rejeté cet enfant monstrueux. Mme Gaillard, non. Car elle ne sentait pas qu’il ne sentait rien et elle ne s’attendait pas de sa part à quelque émotion, puisqu’elle avait elle-même l’âme hermétiquement scellée.

Les autres enfants, en revanche, sentirent tout de suite ce qu’il en était de Grenouille. Dès le premier jour, le nouveau les mit mal à l’aise. Ils s’écartèrent de la caisse où il était couché et serrèrent leurs lits les uns contre les autres, comme s’il avait fait plus froid dans la chambre. Les plus jeunes criaient parfois, la nuit, ils avaient l’impression qu’un courant d’air traversait la pièce. D’autres rêvaient que quelque chose leur coupait la respiration. Une fois, les plus âgés se mirent d’accord pour l’étouffer. Ils entassèrent sur sa figure des chiffons, des couvertures et de la paille, et coincèrent le tout avec des briques. Lorsque Mme Gaillard le dégagea, le lendemain matin, il était tout fripé, aplati et tout bleu, mais pas mort. Ils s’y reprirent à plusieurs fois, en vain. Quant à l’étrangler carrément, en lui serrant le cou de leurs propres mains, ou à lui obturer la bouche ou le nez, ce qui aurait été une méthode plus sûre, ils n’osaient pas. Ils ne voulaient pas le toucher. Il leur répugnait, comme une grosse araignée qu’on ne veut pas écrabouiller à main nue.

Quand il grandit, ils renoncèrent a leurs desseins meurtriers. Sans doute s’étaient-ils rendus à l’évidence : on ne pouvait l’anéantir. Au lieu de cela, ils l’évitaient, le fuyaient, se gardaient en tous les cas de le toucher. Ils ne le haïssaient pas. Ils n’étaient pas non plus jaloux de lui, ni ne lui enviaient ce qu’il mangeait. De tels sentiments n’avaient pas lieu d’être, dans la maison Gaillard. Simplement, le fait qu’il fût là les dérangeait. Ils ne pouvaient pas le sentir. Ils avaient peur de lui.

5

Pourtant, objectivement, il n’avait rien qui pût faire peur. Le temps passant, il ne devint pas particulièrement grand, ni fort, il était laid, certes, mais pas laid à faire peur inévitablement. Il n’était pas agressif, pas fuyant, pas sournois, il ne provoquait personne. Il se tenait volontiers à l’écart. Son intelligence, elle aussi, ne paraissait rien moins que redoutable. Ce n’est qu’à trois ans qu’il se tint sur ses jambes, à quatre qu’il prononça son premier mot ; ce fut le mot « poisson », qui jaillit de sa bouche en un moment de soudaine excitation, comme un écho, tandis qu’un poissonnier remontait de loin la rue de Charonne en faisant l’article à grands cris. Les mots qu’il lâcha ensuite furent « géranium », « étable aux chèvres », « chou frisé » et « Jacques l’Horreur », ce dernier étant le nom d’un aide-jardinier du couvent voisin des Filles de la Croix, qui accomplissait à l’occasion chez Mme Gaillard les gros travaux et les tâches immondes et qui avait ceci de particulier qu’il ne s’était jamais lavé de sa vie. Les verbes, adjectifs et adverbes n’étaient pas tellement son fort. A part « oui » et « non » (que du reste il ne dit pour la première fois que très tard), il proférait uniquement des substantifs, et même précisément les noms de choses concrètes, de plantes, d’animaux et d’êtres humains, et encore seulement quand ces choses, ces plantes, ces animaux ou ces êtres humains lui faisaient soudain une forte impression olfactive.

C’est par une belle journée de mars, comme il était assis sur un tas de bûches de hêtre qui craquaient au soleil, qu’il prononça pour la première fois le mot « bois ». Il avait déjà cent fois vu du bois, et entendu cent fois le mot. D’ailleurs, il le comprenait, ayant souvent été envoyé en chercher en hiver. Mais jamais l’objet « bois » ne lui avait paru assez intéressant pour qu’il se donne la peine de dire son nom. Cela n’arriva pas avant cette journée de mars où il était assis sur le tas de bûches. Empilé à l’abri d’un toit en surplomb, contre le coté sud de la grange de Mme Gaillard, ce tas faisait comme un banc. Les bûches du dessus dégageaient une odeur sucrée et roussie, du fond du tas montait une senteur de mousse, et les parois de sapin de la grange répandaient à la chaleur une odeur picotante de résine.

Grenouille était assis sur ce tas, jambes allongées, le dos appuyé à la paroi de la grange , il avait fermé les yeux et ne bougeait pas. Il ne voyait rien. Il n’entendait et ne ressentait rien. Il sentait uniquement l’odeur du bois qui montait autour de lui et restait prise sous l’avant-toit comme sous un éteignoir. Il buvait cette odeur, il s’y noyait, s’en imprégnait par tous ses pores et jusqu’au plus profond, devenait bois lui-même, gisait comme une marionnette en bois, comme un Pinocchio sur l’amas de bois, comme mort, jusqu’à ce qu’au bout d’un long moment, une demi-heure peut-être, il éructe enfin le mot « bois ». Comme s’il avait été bourré de bois jusqu’aux yeux, gavé de bois jusqu’à plus soif, rempli de bois du ventre au gosier et au nez, voilà comment il vomit ce mot. Et cela le ramena à lui et le sauva, juste avant que la présence écrasante du bois lui même, son odeur, ne menaçât de l’étouffer. Il se secoua, se laissa glisser en bas du tas de bûches et s’éloigna d’un pas incertain, comme si ses jambes avaient été de bois. Bien des jours plus tard, il était encore si marqué par cette intense expérience olfactive que, lorsque le souvenir en remontait en lui avec force, il bredouillait tout seul « bois, bois » pour la conjurer.

C’est ainsi qu’il apprit à parler. Les mots qui ne désignaient pas d’objets odorants, et par conséquent les notions abstraites, surtout d’ordre éthique et moral, lui posaient de graves problèmes. Il était incapable de les retenir, il les confondait, et, même une fois adulte, il les employait encore à contrecœur et souvent de façon erronée : droit, conscience, Dieu, tout ce qu’on entendait exprimer par là était pour lui un mystère et le demeurait.

Inversement, la langue courante n’aurait bientôt plus suffi pour désigner toutes les choses qu’il avait collectionnées en lui-même comme autant de notions olfactives. Bientôt, il ne se contenta plus de sentir le bois seulement, il sentit les essences de bois, érable, chêne, pin, orme, poirier, il sentit le bois vieux, jeune, moisi, pourrissant, moussu, il sentit même telle bûche, tel copeau, tel grain de sciure – et les distinguait à l’odeur mieux que d’autres gens n’eussent pu le faire à l’œil. Il en allait de même avec d’autres choses. Que ce breuvage blanc administré chaque matin par Mme Gaillard à ses pensionnaires fût uniformément désigné comme du lait, alors que selon Grenouille il avait chaque matin une autre odeur et un autre goût suivant sa température, la vache dont il provenait, ce que celle-ci avait mangé, la quantité de crème qu’on y avait laissée, etc. ; que la fumée, qu’une composition olfactive comme la fumée du feu, faite de cent éléments qui à chaque seconde se recombinaient pour constituer un nouveau tout, n’eût justement d’autre nom que celui de « fumée »... ; que la terre, le paysage, l’air, qui à chaque pas et à chaque bouffée qu’on aspirait s’emplissaient d’autres odeurs et étaient animés d’identités différentes, ne pussent prétendument se désigner que par ces trois vocables patauds... toutes ces grotesques disproportions entre la richesse du monde perçu par l’odorat et la pauvreté du langage amenaient le garçon à douter que le langage lui-même eût un sens, et il ne s’accommodait de son emploi que lorsque le commerce d’autrui l’exigeait absolument.

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