Patrick Suskind - Le parfum

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Et, retroussant sa soutane, Terrier empoigna le panier qui hurlait et fila, fila à travers le fouillis des ruelles, gagna la rue du Faubourg Saint-Antoine, la remonta vers l’est jusqu’à sortir de la ville, pour trouver, bien loin de là, la rue de Charonne, qu’il suivit aussi presque jusqu’au bout, et là, près du couvent de Sainte-Madeleine-de-Trenelle, il alla frapper chez une certaine Mme Gaillard, dont il savait qu’elle prenait des petits pensionnaires de tout âge et de toute sorte, pourvu qu’il se trouvât quelqu’un pour payer ; et c’est là qu’il déposa l’enfant qui criait toujours et, ayant payé un an d’avance, il s’enfuit de nouveau vers la ville où, une fois rentré dans son couvent, il s’arracha ses vêtements comme s’ils avaient été souillés, se lava des pieds à la tête et se réfugia dans le lit de sa petite chambre, où il fit maint signe de croix, pria longuement et finit par s’endormir, soulagé.

4

Mme Gaillard, quoiqu’elle n’eût pas encore trente ans, avait déjà sa vie derrière elle. Extérieurement, elle faisait son âge et, en même temps, elle avait l’air deux ou trois ou cent fois plus vieille, comme une momie de jeune fille ; et intérieurement, elle était morte depuis bien longtemps. Lorsqu’elle était encore une enfant, son père lui avait flanqué un coup de pique-feu sur le front, juste au-dessus de la base du nez, et elle en avait perdu l’odorat, mais aussi tout sens de la chaleur humaine et de la froideur humaine, et du reste toute passion. La tendresse, du même coup, lui était devenue tout aussi étrangère que la répulsion, et la joie aussi étrangère que le désespoir. Elle n’éprouva rien, quand plus tard un homme la prit, et rien non plus quand elle eut ses enfants. Elle ne s’affligea pas plus de ceux qui moururent qu’elle ne se réjouit de ceux qui lui restèrent. Lorsque son mari la battait, elle ne bronchait pas, et elle n’éprouva nul soulagement quand il mourut du choléra à l’Hôtel-Dieu. Les deux seules sensations qu’elle connût, c’était que son humeur s’assombrissait très légèrement à l’approche de sa migraine mensuelle et qu’elle s’égayait à nouveau très légèrement quand ladite migraine passait. A part cela, cette femme morte ne ressentait rien.

D’un autre côté... ou peut-être précisément à cause de cette totale absence d’émotions, Mme Gaillard avait un sens implacable de l’ordre et de la justice. Elle n’avantageait aucun des enfants qui lui étaient confiés et elle n’en défavorisait aucun. Elle distribuait trois repas par jour et pas la moindre bouchée de plus. Elle langeait les petits trois fois par jour, et seulement jusqu’à leur deuxième anniversaire. Après, celui qui faisait encore dans sa culotte recevait une gifle, sans aucune remontrance, et un repas de moins. Sur le prix des pensions, elle consacrait exactement la moitié à l’entretien des enfants et gardait exactement l’autre moitié pour elle. Elle ne cherchait pas à augmenter son bénéfice quand les denrées étaient bon marché ; mais, quand les temps étaient durs, elle n’allongeait pas un sol de plus, même si c’était une question de vie ou de mort. L’affaire n’aurait plus été rentable. Elle avait besoin de cet argent Elle avait fait ses comptes avec précision. Pour ses vieux jours, elle voulait s’acheter une rente et, de plus, avoir de quoi mourir chez elle, au lieu de crever à l’Hôtel-Dieu comme son mari. En elle-même, la mort de cet homme ne lui avait fait ni chaud, ni froid. Mais cette agonie publique, partagée avec des centaines d’inconnus, lui faisait horreur. Elle entendait s’offrir une mort privée, et pour ce faire, elle avait besoin de toute la marge que lui laissaient les pensions. Il y avait certes des hivers où, sur deux douzaines de petits pensionnaires, elle en perdait trois ou quatre. C’était tout de même nettement moins encore que chez la plupart des nourrices privées, et infiniment moins que dans les grands orphelinats publics ou religieux, dont le taux de pertes était souvent de neuf sur dix. Au demeurant, les trous étaient vite bouchés. Paris produisait annuellement plus de dix mille enfants trouvés, bâtards et orphelins. De quoi oublier bien des pertes.

Pour le petit Grenouille, l’établissement de Mme Gaillard fut une bénédiction. Il est vraisemblable qu’il n’aurait pu survivre nulle part ailleurs. Mais là, chez cette femme sans âme, il prospéra, il était bâti à chaux et à sable. Quand on avait comme lui survécu à sa propre naissance au milieu des ordures, on ne se laissait pas facilement bousculer et prendre sa place en ce monde. Il était capable de vivre pendant des jours de soupes claires, de se nourrir du lait le plus étendu d’eau, de supporter les légumes les plus pourris et la viande la plus avariée. Au cours de son enfance, il survécut à la rougeole, à la dysenterie, à la petite vérole, au choléra, à une chute de six mètres dans un puits et à une brûlure à l’eau bouillante de toute sa poitrine. Certes, il en garda des cicatrices, des crevasses et des escarres, ainsi qu’un pied quelque peu estropié qui le faisait boiter, mais il vécut. Il était aussi dur qu’une bactérie résistante et aussi frugal qu’une tique accrochée à un arbre et qui vit d’une minuscule goutte de sang qu’elle a rapinée des années plus tôt. Son corps n’avait besoin que d’un minimum de nourriture et de vêtements. Son âme n’avait besoin de rien. Les sentiments de sécurité, d’affection, de tendresse, d’amour, et toutes ces histoires qu’on prétend indispensables à un enfant, l’enfant Grenouille n’en avait que faire. Au contraire, il nous semble qu’il avait lui-même résolu de n’en avoir rien à faire dès le départ, tout simplement pour pouvoir vivre. Le cri qui avait suivi sa naissance, ce cri qu’il avait poussé sous l’étal, signalant son existence et envoyant du même coup sa mère à l’échafaud, n’avait pas été un cri instinctif réclamant pitié et amour. C’était un cri délibéré, qu’on dirait pour un peu mûrement délibéré et par lequel le nouveau-né avait pris parti contre l’amour et pourtant pour la vie . Il faut dire qu’étant donné les circonstances, celle-ci n’était d’ailleurs possible que sans celui-là, et que si l’enfant avait exigé les deux, il n’aurait certainement pas tardé à périr misérablement. Il est vrai que, sur le moment, il aurait aussi bien pu choisir la seconde possibilité qui s’offrait à lui : se taire et passer de la naissance à la mort sans faire le détour par la vie, épargnant du même coup au monde et à lui-même quantité de malheurs. Mais pour s’esquiver aussi modestement, il eût fallu un minimum de gentillesse innée, et Grenouille ne possédait rien de tel. Il était, dès le départ, abominable. S’il avait choisi la vie, c’avait été par pur défi et par pure méchanceté.

Il va de soi qu’il n’avait pas choisi comme le fait un être adulte, mettant en œuvre son expérience et sa plus ou moins grande raison pour se décider entre deux options distinctes. Mais il avait tout de même choisi, de façon végétative, comme un haricot qu’on jette et qui choisit de germer, ou bien préfère y renoncer.

Ou encore comme la tique sur son arbre, à laquelle pourtant la vie n’a rien d’autre à offrir qu’une perpétuelle hibernation. La petite tique toute laide, qui donne à son corps couleur de plomb la forme d’une boule, afin d’exposer le moins de surface possible au monde extérieur ; qui rend sa peau dure et sans faille, pour ne rien laisser filtrer, pour qu’il ne transpire absolument rien d’elle au-dehors. La tique, qui se fait délibérément petite et terne, pour que personne ne la voie et ne l’écrase. La tique solitaire, concentrée et cachée dans son arbre, aveugle, sourde et muette, tout occupée, pendant des années, à flairer sur des lieues à la ronde le sang des animaux qui passent et qu’elle n’atteindra jamais par ses propres moyens. La tique pourrait se laisser tomber. Elle pourrait se laisser choir sur le sol de la forêt et, sur ses six minuscules petites pattes, se traîner de quelques millimètres dans un sens ou dans l’autre pour se disposer à mourir sous une feuille, ce ne serait pas une perte, Dieu sait ! Mais la tique, butée, bornée et répugnante, reste embusquée, et vit, et attend. Attend jusqu’à ce qu’un hasard extrêmement improbable lui amène le sang juste sous son arbre, sous la forme d’un animal. Et c’est alors seulement qu’elle sort de sa réserve, se laisse tomber, se cramponne, mord et s’enfonce dans cette chair inconnue...

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