Eugène Zamiatine - Nous Autres

Здесь есть возможность читать онлайн «Eugène Zamiatine - Nous Autres» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Жанр: Старинная литература, fra. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Nous Autres: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Nous Autres»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

Nous Autres — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Nous Autres», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

La beauté d’un mécanisme réside dans son rythme précis et toujours égal, pareil à celui d’une pendule. Mais vous, qui avez été nourris dès votre enfance du système Taylor, n’avez-vous pas la précision du pendule ?

Seulement, le mécanisme n’a pas d’imagination. Avez-vous jamais vu un sourire rêveur recouvrir le cylindre d’une pompe pendant son travail ? Avez-vous jamais entendu les grues soupirer et se plaindre pendant les heures destinées au repos ?

NON

Mais vous, rougissez ! Les Gardiens voient vos sourires et entendent vos soupirs de plus en plus fréquents. Voilez-vous la face : les historiens de l’État Unique demandent des congés pour ne pas avoir à consigner des événements honteux.

Mais ce n’est pas de votre faute : vous êtes malades.

Votre maladie, c’est l ’imagination.

C’est un ver qui creuse des rides noires sur vos fronts. C’est une fièvre qui vous oblige à courir plus loin, bien que ce « plus loin » commence où finit le bonheur. C’est la dernière barricade sur le chemin du bonheur.

Réjouissez-vous, elle est vaincue !

Le chemin est libre !

Le dernier pas que vient de faire la Science Nationale consiste dans la découverte du centre de l’imagination.

Une triple application des rayons X sur ce centre vous guérira à jamais.

Vous êtes parfaits, vous êtes comme des machines ; le chemin du bonheur à cent pour cent est ouvert. Hâtez-vous, jeunes et vieux, hâtez-vous de vous soumettre à la Grande Opération. Courez aux auditoria où elle est pratiquée. Vive la Grande Opération, vive l’État Unique, vive le Bienfaiteur !

Si, au lieu de lire tout cela dans mes notes, qui ressemblent à quelque vieux roman fantastique, vous aviez tenu comme moi, dans vos mains tremblantes cette feuille sentant encore l’encre fraîche et si vous aviez su, comme moi, que c’est une réalité qui, si elle ne s’accomplit pas aujourd’hui, s’accomplira demain, vous auriez sans doute éprouvé les mêmes sentiments que moi. La tête ne vous aurait-elle pas tourné ? Des aiguilles glacées ne vous auraient-elles pas couru dans le dos et dans les bras ? N’auriez-vous pas cru que vous êtes un géant, un Atlas, qui, en se redressant, se cognera la tête contre le plafond de verre ?

Je décrochai le récepteur :

« I-330. Oui, 330. Vous êtes chez vous ? Oui ? Vous avez lu, dans le journal ? C’est extraordinaire !

– Oui… » Il se fit un long silence sombre. Le récepteur bourdonnait imperceptiblement, pensait à quelque chose. « J’ai absolument besoin de vous voir aujourd’hui. Oui, chez moi après seize heures. Absolument ! »

« Chère I, comme elle est gentille. Elle a dit : “absolument” »… pensais-je. Je souriais sans arrêt et sentis que je porterais ce sourire avec moi dans la rue, comme une lanterne, haut sur la tête…

Dehors, le vent m’assaillit. Il tourbillonnait, sifflait et coupait la respiration ; mais je n’en étais que plus joyeux. « Hurle, souffle, cela ne fait rien, tu ne peux plus renverser les murs. » Des nuages de fonte noire se brisaient au-dessus de ma tête : « Vous n’obscurcirez pas le soleil, nous l’avons enchaîné au zénith, nous sommes des Josués, des fils de Nun ! »

Au coin, un groupe de Josués attendait, les fronts collés au mur de verre. À l’intérieur, l’un d’eux était déjà étendu sur la table blanche. On voyait ses pieds nus former un angle jaune et des médecins penchés sur sa tête ; une main blanche, tenant une seringue pleine, s’approchait déjà.

« Et vous, qu’est-ce que vous attendez ? demandai-je au hasard.

– Et vous ? me répondit une tête ronde.

– Moi, plus tard, je dois d’abord… »

Je m’éloignai un peu troublé. Il me fallait d’abord la voir. Pourquoi « d’abord », c’est ce que je n’aurais pu dire.

Sur le dock, l’ Intégral brillait et scintillait de toute sa masse bleue. Une dynamo bourdonnait dans la salle des machines, semblant me répéter toujours le même mot, sans fin, un mot caressant et bien connu. Je me penchai et caressai le tube long et froid du propulseur.

« Quel tube délicieux ! Demain tu t’animeras, tu seras secoué, pour la première fois de ta vie, de tressaillements puissants… »

Avec quels yeux aurais-je regardé ce monstre puissant, si tout était resté comme hier ? Si j’avais su que demain, à midi, je le trahirais…

Je me sentis frôlé au coude, je me retournai et vis derrière moi le visage lisse du Constructeur en Second.

« Vous avez appris la nouvelle ? me demanda-t-il.

– Quoi ? l’Opération ? Oui, c’est extraordinaire. Tout le monde, d’un seul coup…

– Mais non, ce n’est pas cela, le vol d’essai a été remis à après-demain, tout ça, à cause de l’Opération. C’était bien la peine de se presser et de se fatiguer… »

« Tout ça à cause de l’Opération… Quel homme ridicule et borné. Il ne voit pas plus loin que son assiette. S’il savait que, sans l’Opération, il serait demain à midi sous clef, dans une cellule de verre, à essayer de grimper contre le mur… »

Je rentrai chez moi à douze heures et demie et trouvai U dans ma chambre. Elle était assise à ma table, dans une attitude droite et osseuse, la tête dans la main. Elle devait attendre depuis longtemps car, lorsqu’elle se leva, les traces de ses doigts : cinq raies blanches, marquaient sa joue.

Je pensai un instant à cette malheureuse matinée où U et I se trouvaient face à face, pleines d’indignation. Mais cela ne dura qu’une seconde, tous ces souvenirs furent lavés par le soleil radieux. Si, entrant dans votre chambre en plein jour, vous tournez par inattention le bouton électrique, la lampe s’allume, mais sa lumière paraît ridicule, pauvre, inutile et noyée par la lumière solaire.

Je lui tendis la main sans hésitation car je pardonnais tout. Elle les prit toutes deux et les serra fortement dans ses doigts osseux puis me déclara, en faisant trembler ses joues pendantes comme des breloques :

« J’attendais… Je ne vais rester qu’une minute, je voulais seulement vous dire combien je suis heureuse, combien je me réjouis pour vous. Demain, après-demain peut-être, vous serez tout à fait bien portant, vous serez né de nouveau. »

J’aperçus sur la table les deux dernières pages que j’avais écrites hier. Elles étaient restées comme je les avais laissées. J’eus d’abord peur qu’elle ne les ait lues, puis pensai que cela n’avait pas d’importance, que c’était de l’histoire ancienne, quelque chose comme un paysage contemplé par le gros bout d’une lunette…

« Oui, lui dis-je. Savez-vous, je me trouvais sur le boulevard quand j’ai vu l’ombre d’un homme qui marchait devant moi. Figurez-vous que cette ombre était lumineuse ! Je suis sûr que demain, ni les hommes, ni les choses ne projetteront plus d’ombres, le soleil traversera tout…

– Vous êtes un fantaisiste, répondit-elle d’une voix ferme et douce. Je ne permettrais pas à mes enfants de l’école de parler comme cela. »

Elle me raconta ensuite qu’elle avait mené tous ses gosses à l’Opération, qu’il avait fallu les attacher, qu’il fallait les aimer « impitoyablement » et qu’elle, enfin, s’était décidée…

Elle arrangea le pan de sa robe tombé entre ses genoux, m’enveloppa d’un sourire et sortit sans dire un mot.

… Par bonheur, le soleil ne s’est pas encore arrêté aujourd’hui. À seize heures, je frappai à la porte de I, le cœur battant.

« Entrez ! »

Je me jetai sur le plancher, près de son fauteuil, lui embrassai les genoux et la regardai dans les yeux. Je me voyais dans chacun d’eux, en une merveilleuse captivité…

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Nous Autres»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Nous Autres» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Отзывы о книге «Nous Autres»

Обсуждение, отзывы о книге «Nous Autres» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x