Carlos Zafón - Le jeu de l'ange

Здесь есть возможность читать онлайн «Carlos Zafón - Le jeu de l'ange» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Жанр: Старинная литература, fra. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Le jeu de l'ange: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Le jeu de l'ange»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

Le jeu de l'ange — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Le jeu de l'ange», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

— Fini le despotisme éclairé. À partir d'aujourd'hui, cette maison est une démocratie.

— Liberté, égalité, fraternité.

— Doucement avec la fraternité. Mais plus de « je veux » ni de « j'ordonne », et plus de numéros à la mister Rochester.

— Comme vous voudrez, miss Jane Eyre.

— Et ne vous faites pas d'illusions, je ne me marierai pas avec vous, même si vous devenez aveugle.

Je lui tendis la main pour sceller notre pacte. Elle la serra avec hésitation, puis elle se jeta à mon cou. Je me laissai prendre dans ses bras et plongeai mon visage dans ses cheveux. Son contact était apaisant et rassurant, il rayonnait de vie, celle d'une jeune fille de dix-sept ans, et je voulus croire qu'il ressemblait à celui que ma mère n'avait jamais eu le temps de me prodiguer.

— Amis ? murmurai-je.

Jusqu'à ce que la mort nous sépare.

22.

Les nouvelles règles du règne isabellien entrèrent en vigueur dès le lendemain neuf heures, lorsque ma secrétaire fit son apparition dans la cuisine et, sans préambule inutile, m'annonça ce que serait désormais notre emploi du temps.

— J'ai pensé que vous manquiez d'une routine dans votre existence. Sinon, vous vous dispersez, et votre vie pâtit de votre inconséquence.

— Où as-tu pêché cette expression ?

— Dans un de vos livres. In-con-sé-quen-ce. Ça sonne bien.

— Et ça rime du tonnerre.

— Ne cherchez pas à m'embrouiller.

Pendant la journée, nous travaillerions tous les deux à nos manuscrits respectifs. Nous dînerions ensemble, après quoi elle me montrerait les pages du jour et nous les commenterions. Je jurais d'être sincère et de lui donner les indications adéquates, et non de simples flatteries pour la contenter. Les dimanches seraient chômés et je la mènerais au cinématographe, au théâtre ou en promenade. Elle m'aiderait à chercher de la documentation dans les bibliothèques et les archives et se chargerait d'approvisionner le garde-manger grâce à nos liens avec l'épicerie familiale. Je ferais le petit déjeuner et elle le dîner. La préparation du déjeuner reviendrait à celui des deux qui serait libre à ce moment-là. Nous partagerions les tâches de l'entretien de la maison et je m'engageais à accepter le fait incontestable que celle-ci avait besoin qu'on y fasse régulièrement le ménage. En aucun cas je ne tenterais de lui trouver un fiancé, et elle s'abstiendrait de me questionner sur les raisons qui me forçaient à travailler pour le patron ou de manifester son opinion à ce sujet, à moins d'en être expressément priée. Pour le reste, nous improviserions au fur et à mesure.

Je levai ma tasse de café, et nous fêtâmes ma défaite et ma reddition sans conditions.

Deux jours ne s'étaient pas écoulés que je m'étais déjà habitué à la paix et à la sérénité du vassal. Isabella avait un réveil lent et lourd, et lorsqu'elle émergeait de sa chambre, les yeux encore mi-clos et traînant des pantoufles qu'elle m'avait empruntées et qui mesuraient le double de son pied, j'avais déjà préparé le petit déjeuner, le café et un journal du matin.

La routine est la gouvernante de l'inspiration. Quarante-huit heures s'étaient à peine écoulées depuis l'instauration du nouveau régime, et déjà je découvrais que j'étais en train de retrouver la discipline de mes années les plus productives. Les heures d'enfermement dans mon bureau se traduisirent rapidement par des pages et des pages sur lesquelles je commençais à reconnaître, non sans une certaine inquiétude, que le travail avait atteint ce degré de consistance où il cesse d'être une idée et devient une réalité.

Le texte coulait, brillant et électrique. Il se laissait lire comme s'il s'agissait d'une légende, d'une saga mythologique de prodiges et de vicissitudes, peuplée de personnages et de scènes évoluant autour d'une prophétie, promesse d'espoir pour la race. Le récit préparait la voie à la venue d'un sauveur guerrier qui libérerait la nation de toutes les douleurs et de tous les affronts subis, pour lui restituer sa gloire et sa fierté confisquées par des ennemis sournois qui conspiraient depuis toujours et ne cesseraient jamais de conspirer contre le peuple, quel qu'il soit. Le mécanisme était impeccable et fonctionnait de façon identique appliqué à n'importe quelle croyance, race ou tribu. Drapeaux, dieux et proclamations étaient comme les jokers d'un jeu où revenaient sans cesse les mêmes cartes. Étant donné la nature du travail, j'avais décidé d'employer l'un des artifices les plus compliqués et les plus difficiles à exécuter dans n'importe quel texte littéraire : l'apparente absence de tout artifice. Le langage était simple et facile, le ton honnête et franc d'une conscience qui ne raconte pas mais, tout bonnement, révèle. Je m'arrêtais parfois pour relire ce que je venais d'écrire, et vanité une aveugle m'envahissait devant la précision de la mécanique que j'étais en train d'assembler. Je m'aperçus que, pour la première fois depuis bien longtemps, je passais des heures sans penser à Cristina ou à Pedro Vidal. Je songeai que mon existence s'améliorait. Et pour cette raison peut-être, parce qu'il semblait que j'allais enfin émerger de mon bourbier, je fis ce que j'ai toujours fait chaque fois que ma vie a pris une nouvelle et heureuse tournure : tout gâcher et tout perdre.

Un matin, après le petit déjeuner, je revêtis un de mes costumes de citoyen respectable. J'allai à la galerie saluer Isabella et la vis penchée sur sa table en train de relire les pages de la veille.

— Vous n'écrivez pas, aujourd'hui ? demanda-t-elle en levant les yeux.

— Journée de réflexion.

Je remarquai qu'elle avait disposé le jeu de plumes et l'encrier près de son cahier.

— Je croyais que c'était un cadeau de mauvais goût, persiflai-je.

— Moi aussi, mais je suis une fille de dix-sept ans et j'ai tous les droits du monde d'aimer les cadeaux de mauvais goût. C'est comme vous avec les havanes.

Elle flaira l'odeur de l'eau de Cologne et me lança un coup d'œil intrigué. En voyant que je m'étais habillé pour sortir, elle fronça les sourcils.

— Vous allez encore jouer au détective ? questionna-t-elle.

— Un peu.

— Vous n'avez pas besoin d'un garde du corps ? D'une docteur Watson ? D'une personne de bon sens ?

— N'apprends pas à chercher des excuses pour ne pas écrire avant d'avoir appris à écrire. C'est un privilège de professionnel, et il faut d'abord le mériter.

— Si je suis là pour vous aider, je dois le faire pour tout.

Je souris avec indulgence.

— Maintenant que tu le dis, oui, je voulais te demander un service. Non, n'aie pas peur. Ça concerne Sempere. J'ai appris qu'il a des problèmes d'argent et que la librairie bat de l'aile.

— Ce n'est pas possible.

— Si, malheureusement, mais ça n'ira pas plus loin, parce que nous ne le permettrons pas.

— M. Sempere est très fier, et il n'acceptera jamais que… Vous avez déjà essayé, n'est-ce pas ?

Je confirmai.

— Voilà pourquoi j'ai pensé que nous devions être plus rusés et recourir à des moyens hétérodoxes, quitte à être un peu malhonnêtes.

— C'est votre spécialité.

J'ignorai le ton réprobateur et poursuivis mon exposé.

— Voici ce que j'ai pensé : tu passeras à la librairie comme si seul le hasard t'y amenait, et tu raconteras à Sempere que je suis un ogre, que tu n'en peux plus…

— Jusque-là, rien d'invraisemblable à cent pour cent.

— Ne m'interromps pas. Tu lui expliques tout cela, et aussi que ton salaire de secrétaire est misérable.

— Mais puisque vous ne me payez pas un centime…

Je soupirai et m'armai de patience.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Le jeu de l'ange»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Le jeu de l'ange» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


libcat.ru: книга без обложки
Carlos Zafón
libcat.ru: книга без обложки
Carlos Zafón
Carlos Zafón - Alicia, al Alba
Carlos Zafón
Carlos Zafón - Rosa de fuego
Carlos Zafón
Carlos Zafón - Der dunkle Wächter
Carlos Zafón
Carlos Zafón - Das Spiel des Engels
Carlos Zafón
Carlos Zafón - Le prince de la brume
Carlos Zafón
Carlos Zafón - The Angel's Game
Carlos Zafón
Carlos Zafón - La sombra del viento
Carlos Zafón
Отзывы о книге «Le jeu de l'ange»

Обсуждение, отзывы о книге «Le jeu de l'ange» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x