Carlos Zafón - Le jeu de l'ange
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— Quand il te dira qu'il est désolé, ce qu'il fera sûrement, tu prendras la mine d'une jeune fille en perdition et tu lui avoueras, si possible en pleurnichant, que ton père t'a déshéritée et qu'il veut te forcer à te faire bonne sœur ; aussi as-tu pensé que tu pourrais peut-être travailler dans la librairie, quelques heures, à l'essai, en échange d'une commission de trois pour cent sur ce que tu vendras, afin de te ménager un avenir loin du couvent, en femme libérée et vouée à la propagation de la littérature.
Isabella fit la grimace.
— Trois pour cent ? Vous voulez aider Sempere ou le plumer ?
— Je désire que tu mettes une robe comme celle de l'autre soir, que tu te pomponnes comme tu sais le faire et que tu lui rendes cette visite pendant que son fils est dans la librairie, c'est-à-dire, normalement, l'après-midi.
— Est-ce que nous parlons bien du joli garçon ?
— Combien de fils a M. Sempere ?
Isabella feignit de compter et, quand elle commença à saisir où je voulais en venir, elle me décocha un regard sulfurique.
— Si mon père savait le genre d'individu pervers que vous êtes, il achèterait le fusil.
— Tout ce que je te demande, c'est de faire en sorte que le fils te voie. Et que le père voie que le fils te voit.
— Vous êtes encore pire que je ne le pensais. Maintenant, vous vous livrez à la traite des Blanches.
— Simple charité chrétienne. En plus, tu as été la première à admettre que le fils Sempere est beau garçon.
— Beau, mais un peu niais.
— N'exagérons pas. Sempere junior est juste légèrement timide en présence de la gent féminine, et c'est tout à son honneur. C'est un citoyen modèle qui, bien que conscient de l'effet persuasif de sa prestance et de sa séduction, sait se contrôler et pratique cet ascétisme par respect et dévotion pour la pureté immaculée de la femme barcelonaise. Ne me soutiens pas que cela ne lui confère pas une auréole de noblesse et de charme qui doit éveiller ton instinct maternel, sans oublier les autres.
— Parfois, je crois que je vous déteste, monsieur Martín.
— Conserve précieusement ce sentiment, mais ne reporte pas sur le pauvre benjamin des Sempere mes déficiences trop humaines, parce que lui, question pureté, c'est un saint homme.
— Nous étions convenus que vous ne me chercheriez pas de fiancé.
— Personne n'a parlé de fiançailles. Si tu me laissais terminer, je t'expliquerais la suite.
— Poursuivez, Raspoutine.
— Lorsque Sempere père te donnera son accord, et il te le donnera, je veux que tu passes deux ou trois heures par jour au comptoir de la librairie.
— Vêtue comment ? En Mata Hari ?
— Vêtue avec la retenue et le bon goût qui te caractérisent. Mignonne, séduisante, mais sans forcer la note. Si nécessaire, tu peux ressortir une robe d'Irene Sabino, mais choisis-en une décente.
— Il y en a deux ou trois qui me vont à merveille, précisa Isahella, se pourléchant d'avance.
— Eh bien, tu mettras la moins décolletée.
— Vous êtes un réactionnaire. Et que va devenir ma formation littéraire ?
— Peut-on trouver meilleure école que la librairie Sempere & Fils ? Tu y seras entourée de chefs-d'œuvre et tu n'auras qu'à en tirer la substantifique moelle.
— Et comment ferai-je ? En respirant profondément pour essayer d'en avaler des bribes ?
— Il ne s'agit que de quelques heures par jour. Ensuite, tu peux poursuivre ton travail ici, comme maintenant, et recevoir mes conseils, qui n'ont pas de prix et feront de toi une nouvelle Jane Austen.
— Et dans tout ça, où est l'astuce ?
— L'astuce, c'est que chaque jour je te donnerai des pesetas, et toutes les fois qu'un client te payera, tu profiteras de ce que la caisse est ouverte pour les y glisser discrètement.
— Alors c'est ça, votre plan…
— Oui, c'est ça mon plan qui, comme tu vois, n'a rien de pervers.
Isabella fronça les sourcils.
— Ça ne marchera pas. Il se rendra compte que quelque chose cloche. M. Sempere n'est pas né de la dernière pluie.
— Ça marchera. Et si Sempere s'étonne, tu lui expliqueras que, en découvrant une jeune fille jolie et sympathique derrière la caisse, les clients ont tendance à être plus généreux et surveillent moins leur porte-monnaie.
— Ça se passe peut-être de cette manière dans les bouges sordides que vous fréquentez, mais pas dans une librairie.
— Pas d'accord. Suppose que j'entre dans une libraire et que je me trouve face à une employée aussi charmante que toi : je serais même capable de lui acheter le dernier prix national de littérature.
— Parce que vous avez l'esprit aussi sale que le perchoir d'un poulailler.
— Mais aussi parce que j'ai – je devrais préciser nous avons – une dette envers la générosité de Sempere.
— Ça, c'est un coup bas.
— Alors ne me force pas à viser encore plus bas.
Toute manœuvre de persuasion efficace fait d'abord appel à la curiosité, puis à la vanité, et enfin à la bonté ou au remords. Isabella baissa les yeux et acquiesça lentement.
— Et quand avez-vous l'intention de mettre en pratique votre histoire de nymphe au cœur fidèle ?
— Ne remettons pas à demain ce que nous pouvons faire aujourd'hui.
— Aujourd'hui ?
— Cet après-midi.
— Dites-moi la vérité. S'agit-il d'un stratagème pour blanchir l'argent que vous donne le patron et soulager votre conscience ou ce qui vous en tient lieu ?
— Tu sais bien que mes motifs sont toujours égoïstes.
— Et que se passera-t-il si M. Sempere refuse ?
— Assure-toi que le fils est là, habille-toi avec élégance, sans excès.
— Ce plan est dégradant et offensant.
— Et il te ravit.
Isabella sourit enfin, féline.
— Et si, tout d'un coup, le fils devenait trop hardi et décidait de ne plus se contrôler ?
— Je te garantis que l'héritier ne se risquera pas à poser un seul doigt sur toi, si ce n'est en présence d'un curé et nanti d'un certificat du diocèse en bonne et due forme.
— Certains en font toujours trop, d'autres jamais assez.
— Tu acceptes ?
— Pour vous ?
— Pour la littérature.
23.
Dans la rue, je fus saisi à l'improviste par une brise froide et coupante qui balayait rageusement les rues. L'automne entrait sur la pointe des pieds dans Barcelone. Sur la place Palacio, je montai dans un tramway qui attendait, vide, telle une grande souricière de fer forgé. Je m'assis près de la fenêtre et payai mon billet au contrôleur.
— Vous allez jusqu'à Sarrià ? demandai-je.
— Jusqu'à la place.
J'appuyai la tête contre la vitre, et bientôt une secousse m'annonça que le tramway s'ébranlait. Je fermai les yeux et laissai ma tête bringuebaler avec cette jouissance que seul procure un voyage à bord d'un de ces engins mécaniques, idéal de l'homme moderne. Je rêvai que je me trouvais dans un train construit en ossements noirs dont les wagons en forme de cercueil traversaient une Barcelone déserte et jonchée de vêtements abandonnés, comme si les corps qui les avaient occupés s'étaient évaporés. Une toundra de chapeaux et de robes, de costumes et de souliers couvrait les rues rendues silencieuses par un maléfice. La locomotive lâchait des jets d'une fumée écarlate qui se répandait dans le ciel comme une peinture dégoulinante. Le patron, souriant, voyageait à côté de moi. Il était habillé de blanc et portait des gants. Une substance noire et gélatineuse gouttait du bout de ses doigts.
— Que sont devenus les gens ?
— Ayez confiance, Martín, ayez confiance.
Quand je me réveillai, le tramway glissait lentement à l'entrée de la place de Sarrià. Je descendis avant l'arrêt complet et m'engageai sur la côte de la grand-rue de Sarrià. Quinze minutes plus tard, j'étais arrivé à destination.
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