Carlos Zafón - Le jeu de l'ange

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— Enlève-les, toi.

— Je ne peux pas. Il faut que ce soit le médecin qui…

— S'il te plaît, supplia-t-elle.

— Cristina, il vaut mieux que…

— Je t'en prie.

La douleur et la peur envahissaient ses traits, pourtant y régnaient une clarté et une présence absentes depuis mon arrivée. Elle était redevenue elle-même. Je détachai les deux premières lanières qui passaient sur ses épaules et sa taille. Je lui caressai le visage. Elle tremblait.

— Tu as froid ?

Elle fit non.

— Tu veux que je prévienne le docteur ?

Encore une fois, elle fit non.

— David, regarde-moi.

Je m'assis au bord du lit et la regardai dans les yeux.

— Tu dois le détruire, dit-elle.

— Je ne comprends pas.

— Tu dois le détruire.

— Quoi ?

— Le livre.

Cristina, il vaudrait mieux que je prévienne le docteur…

— Non. Écoute-moi.

Elle se cramponna à ma main.

— Le matin où tu es allé chercher les billets, tu te souviens ? Je suis remontée dans le bureau et j'ai ouvert le coffre.

Je soupirai.

— J'ai trouvé le manuscrit et j'ai commencé à le lire.

— C'est seulement un conte, Cristina…

— Non, tu mens. Je l'ai lu, David. En tout cas suffisamment pour savoir que tu dois le détruire…

— Ne t'inquiète pas pour ça maintenant. Je t'ai déjà dit que j'avais abandonné le manuscrit.

— Mais lui ne t'a pas abandonné. J'ai essayé de le brûler…

Un instant, en entendant ces mots, je lâchai sa main, réprimant une colère froide au souvenir des allumettes éteintes que j'avais trouvées sur le sol du bureau.

— Tu as essayé de le brûler ?

— Mais je n'ai pas pu, murmura-t-elle. Il y avait quelqu'un dans la maison.

— Il n'y avait personne dans la maison, Cristina. Personne.

— Dès que j'ai gratté l'allumette et l'ai approchée du manuscrit, je l'ai senti derrière moi. J'ai reçu un coup sur la nuque et je suis tombée.

— Qui t'a frappée ?

— Tout était très obscur, comme si la lumière du jour s'était retirée et ne pouvait pas entrer. Je me suis retournée, mais tout était trop sombre. J'ai seulement vu ses yeux. Des yeux comme ceux d'un loup.

— Cristina…

— Il m'a arraché le manuscrit des mains et l'a remis dans le coffre.

— Cristina, tu ne vas pas bien. Laisse-moi appeler le docteur et…

— Tu ne m'écoutes pas.

Je lui souris et l'embrassai sur le front.

— Si, bien sûr, je t'écoute. Mais il n'y avait personne dans la maison…

Elle ferma les yeux et inclina la tête de côté en gémissant, comme si mes paroles étaient autant de couteaux qui lui tailladaient les entrailles.

— Je vais prévenir le docteur…

Je me penchai pour l'embrasser encore et me levai. Je me dirigeai vers la porte en sentant son regard rivé sur mon dos.

— Lâche ! cria-t-elle.

Quand je revins en compagnie du docteur Sanjuán, elle avait défait la dernière attache et titubait dans la chambre pour gagner la porte, laissant des marques sanglantes sur le carrelage blanc. À nous deux, nous la recouchâmes sur le lit. Elle criait et se débattait avec une rage qui glaçait le sang. Le tapage avait alerté le personnel infirmier. Un gardien nous aida à la maintenir pendant que le docteur l'attachait de nouveau. Quand elle fut immobilisée, il m'adressa une semonce sévère.

— Je vais encore lui administrer un sédatif. Restez là, mais pas question de la détacher de nouveau.

Je demeurai seul avec elle une minute, tentant de la calmer. Elle continuait de se débattre pour se dégager des courroies. Je saisis son visage et essayai de capter son regard.

— Cristina, je t'en prie…

Elle me cracha à la figure.

— Va-t'en.

Le médecin revint avec une infirmière qui portait sur un plateau métallique une seringue, des pansements et un flacon en verre contenant une solution jaunâtre.

— Sortez, m'ordonna-t-il.

Je me retirai sur le seuil. L'infirmière maintint Cristina contre le lit et le docteur lui fit une piqûre au bras. Cristina jetait des cris déchirants. Je me bouchai les oreilles et sortis dans le couloir.

Lâche, me répétai-je. Lâche.

10.

Au-delà du sanatorium de la villa San Antonio s'ouvrait un chemin bordé d'arbres qui longeait un ruisseau et s'éloignait du village. La carte encadrée dans la salle à manger de l'hôtel du Lac le mentionnait sous le doux nom de promenade des Amoureux. Cet après-midi-là, en quittant le sanatorium, je m'aventurai sur ce sentier sombre qui suggérait moins l'amour que la solitude. Je marchai environ une demi-heure sans croiser une âme, laissant derrière moi la silhouette anguleuse de la villa San Antonio, et les résidences qui entouraient le lac se réduisirent à des découpages en carton sur l'horizon. Je m'assis sur un des bancs qui jalonnaient le parcours et contemplai le coucher du soleil, à l'autre bout de la vallée de la Cerdagne. De là, on apercevait, à quelque deux cents mètres, une petite chapelle isolée au milieu d'un champ enneigé. Sans bien savoir pourquoi, je me levai et me frayai vers elle un chemin dans la neige. Arrivé à une douzaine de mètres, je remarquai que la chapelle n'avait pas de porte. La pierre était noircie par les flammes qui l'avaient dévorée. Je montai les marches menant à ce qui avait été l'entrée et fis quelques pas. Les restes de bancs brûlés et de poutres tombées du toit gisaient parmi les cendres. La végétation avait rampé vers l'intérieur et grimpait sur les vestiges de l'autel. La lumière du crépuscule pénétrait par les fenêtres étroites. Je m'installai sur ce qui restait d'un banc face à l'autel et écoutai le vent siffler dans les fissures de la voûte dévorée par le feu. Je levai les yeux et souhaitai posséder ne fût-ce qu'un souffle de cette foi qu'avait hébergée mon vieil ami Sempere, foi en Dieu ou en les livres, pour pouvoir implorer Dieu ou l'enfer de me donner encore une chance et de me laisser tirer Cristina de ce lieu.

— S'il vous plaît murmurai-je, en retenant mes larmes.

Je souris amèrement : un homme déjà vaincu suppliant misérablement un Dieu auquel il n'avait jamais cru. Et devant cette maison de Dieu en ruine et en cendres, envahie par le vide et la solitude, je compris que je retournerais le soir même auprès de Cristina sans autre miracle ni bénédiction que ma détermination à l'emmener et à l'arracher des mains de ce médecin pusillanime et amoureux fermement décidé à la transformer en Belle au bois dormant. Je mettrais le feu à la maison plutôt que de laisser encore quelqu'un porter la main sur elle. Je l'emmènerais chez moi pour mourir à son côté. La haine et la colère éclaireraient mon chemin.

Je quittai la vieille chapelle à la tombée de la nuit. Je traversai ce champ d'argent qui brillait à la lumière de la lune et repris le sentier à travers les bois, suivant dans le noir le tracé du ruisseau, jusqu'à ce que j'aperçoive au loin la villa San Antonio éclairée, ainsi que les tours et les toits qui bordaient le lac. En arrivant au sanatorium, je ne me donnai pas la peine de sonner à la grille. Je sautai le mur et traversai le jardin plongé dans l'obscurité. Je contournai la maison et allai à l'une des entrées de service. Elle était fermée de l'intérieur, mais je n'hésitai pas un instant à briser la vitre d'un coup de coude pour accéder à la poignée. Je pénétrai dans le couloir, guettant les voix et les chuchotements, m'imprégnant de l'odeur d'une soupe qui montait des cuisines. Je traversai le rez-de-chaussée jusqu'à la chambre du fond où le bon docteur avait enfermé Cristina, cultivant sans doute son fantasme de Belle au bois dormant destinée à flotter éternellement dans des limbes de médicaments et de lanières.

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