Carlos Zafón - Le jeu de l'ange

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Le cinquième jour, je pénétrai comme tous les matins dans la chambre de Cristina et vis que le fauteuil dans lequel elle m'attendait d'habitude était vide. Alarmé, je regardai autour de moi et la trouvai accroupie par terre, dans un coin, le corps recroquevillé en forme d'œuf, les bras autour des genoux et le visage couvert de larmes. En me voyant, elle sourit, et je compris qu'elle m'avait reconnu. Je m'agenouillai près d'elle et la pris dans mes bras. Je ne crois pas avoir jamais été aussi heureux que durant ces quelques pauvres secondes où je sentis son souffle sur ma figure et vis qu'une apparence de lumière étaient revenue sur ses traits.

— Où étais-tu ? demanda-t-elle.

Cet après-midi-là, le docteur Sanjuán me donna la permission de sortir avec elle pour une heure de promenade. Nous marchâmes jusqu'au lac et nous assîmes sur un banc. Elle se mit à me parler d'un rêve qu'elle avait eu, l'histoire d'une enfant qui vivait dans une ville labyrinthique et obscure dont les rues et les maisons étaient vivantes et se nourrissaient des âmes des habitants. Dans son rêve, comme dans le récit que je lui avais lu les jours précédents, l'enfant réussissait à s'échapper et arrivait sur une jetée s'avançant sur une mer infinie. Elle marchait en tenant la main d'un étranger sans nom et sans visage qui l'avait sauvée et l'accompagnait maintenant vers la fin de cette plateforme de planches s'allongeant sur l'eau où quelqu'un l'attendait, quelqu'un qu'elle ne parvenait jamais à voir, parce que son rêve, comme mon histoire, restait inachevé.

Cristina se souvenait vaguement de la villa San Antonio et du docteur Sanjuán. Elle rougit en me racontant qu'elle pensait qu'il lui avait proposé de l'épouser la semaine précédente. Dans sa vision, l'espace et le temps se mélangeaient. Parfois, elle croyait que son père était soigné dans une chambre de la villa et qu'elle était venue le visiter. Un instant plus tard, elle ne se rappelait pas comment elle était arrivée ici, et ne se posait même pas la question. Elle se rappelait que j'étais sorti acheter des billets de train et, par moments, elle parlait de cette matinée où elle avait disparu comme si cela s'était passé la veille. D'autres fois, elle me confondait avec Vidal et me demandait pardon. Et d'autres encore, la peur assombrissait son visage et elle se mettait à trembler.

— Il approche, murmurait-elle. Il faut que je parte. Avant qu'il ne te voie.

Alors elle s'isolait dans un long silence, étrangère à ma présence ou au monde, comme si on l'avait entraînée dans un lieu lointain et inaccessible. Au bout de quelques jours, la certitude que Cristina avait perdu la raison commença de m'imprégner profondément. L'espoir du premier moment se teinta d'amertume et parfois, en revenant le soir à mon hôtel, s'ouvrait en moi ce vieil abîme de noirceur et de haine que je croyais oublié. Le docteur Sanjuán, qui m'observait avec la même patience et la même ténacité que celle qu'il réservait à ses patients, m'avait prévenu que c'était inévitable.

— Vous ne devez pas perdre espoir, mon ami, répétait-il. Nous accomplissons de grands progrès. Ayez confiance.

J'acceptais docilement et, jour après jour, je retournais au sanatorium et j'emmenais Cristina en promenade jusqu'au lac, pour écouter ces souvenirs rêvés qu'elle m'avait répétés sans relâche mais qu'elle redécouvrait quotidiennement. Chaque fois, elle me demandait où j'étais allé, pourquoi je n'étais pas revenu la chercher. Chaque fois, elle me regardait du fond de sa prison invisible et me demandait de la prendre dans mes bras. Chaque fois, quand je la quittais, elle me demandait si je l'aimais et je lui répondais invariablement :

— Je t'aimerai toujours. Toujours.

Une nuit, je fus réveillé par des coups frappés à la porte de ma chambre. Il était trois heures du matin. Je me traînai pour ouvrir, à demi inconscient, et trouvai une infirmière sur le seuil.

— Le docteur m'envoie vous chercher.

— Que s'est-il passé ?

Dix minutes plus tard, je franchissais les portes de la villa San Antonio. On entendait les cris depuis le jardin. Cristina avait bloqué de l'intérieur la porte de sa chambre. Le docteur Sanjuán, l'air de ne pas avoir dormi depuis huit jours, et deux infirmiers tentaient de la forcer. Dedans, Cristina hurlait et cognait les murs, renversait les meubles et cassait tout ce qui lui tombait sous la main.

— Qui est avec elle ? demandai je, pétrifié.

— Personne, expliqua le docteur.

— Mais elle parle à quelqu'un…, protestai-je.

— Elle est seule.

Un veilleur de nuit arriva en toute hâte avec un pied-de-biche.

— C'est tout ce que j'ai trouvé.

Le médecin acquiesça et l'homme glissa le levier dans la fente entre la serrure et l'encadrement de la porte pour forcer celle-ci.

— Comment a-t-elle pu s'enfermer de l'intérieur ? demandai-je.

— Je ne sais pas…

Pour la première fois, il me sembla lire de la peur sur le visage du docteur. Le veilleur de nuit était sur le point de réussir, quand, soudain, le silence s'abattit de l'autre côté.

— Cristina ? appela le médecin.

Il ne reçut pas de réponse. La porte céda enfin et s'ouvrit d'un coup. Je suivis le docteur dans la chambre, baignée dans la pénombre. La fenêtre était ouverte et un vent glacé soufflait. Les chaises, la table, le fauteuil étaient sens dessus dessous. Les murs étaient barbouillés de ce qui me parut être des traînées irrégulières de peinture noire. C'était du sang. Il n'y avait pas trace de Cristina.

Les infirmiers coururent au balcon et scrutèrent le jardin à la recherche d'empreintes dans la neige. À ce moment, nous entendîmes un rire provenant de la salle de bains. J'ouvris la porte. Le sol était jonché de verre. Cristina était assise par terre, adossée à la baignoire métallique comme une poupée cassée. Ses mains et ses pieds saignaient, semés de coupures et de morceaux de verre. Son sang coulait encore sur les éclats du miroir qu'elle avait brisé à coups de poing. Je l'entourai de mes bras et cherchai son regard. Elle sourit.

— Je ne l'ai pas laissé entrer, chuchota-t-elle.

— Qui ?

— Il voulait que j'oublie, mais je ne l'ai pas laissé entrer, répéta-t-elle.

Le docteur s'agenouilla près de moi et examina les coupures qui couvraient son corps.

— S'il vous plaît, murmura-t-il en m'écartant. Pas maintenant.

Un infirmier avait couru chercher une civière. Je les aidai à y étendre Cristina et lui tins la main pendant qu'on la menait à la salle de soins, où le docteur lui injecta un calmant qui, en quelques secondes à peine, lui fit perdre conscience. Je restai près d'elle jusqu'à ce que son regard devienne un miroir vide et qu'une infirmière me prenne par le bras pour m'obliger à sortir. Je demeurai là, les mains et les vêtements tachés de sang, au milieu du couloir obscur qui sentait le désinfectant. Je m'adossai au mur et me laissai glisser sur le sol.

Cristina se réveilla le lendemain pour se retrouver attachée sur son lit par des courroies de cuir, enfermée dans une chambre sans fenêtres ni autre éclairage qu'une ampoule pendant du plafond et répandant une lumière jaune. J'avais passé la nuit sur une chaise posée dans un coin, sans notion du temps qui s'était écoulé. Elle ouvrit les yeux d'un coup, avec une grimace de douleur due aux élancements des blessures sur son bras.

— David ? appela-t-elle.

— Je suis là.

Je m'approchai du lit et me penchai pour qu'elle voie mon visage et le sourire anémique que j'avais tenté d'esquisser pour elle.

— Je ne peux pas bouger.

— Tu es attachée par des courroies. C'est pour ton bien. Dès que le docteur viendra, il te les enlèvera.

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