Carlos Zafón - L'ombre du vent

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– Soyez sans crainte. Rappelez-vous que je suis le Sphinx de Gizeh.

– Je vous en remercie. Et maintenant, allez-y, et prenez du bon temps.

Je lui fis le salut militaire et le regardai s'en aller, gaillard comme un coq qui se rend au poulailler.

Cinq minutes ne s'étaient pas écoulées quand j'entendis la clochette de la porte et levai les yeux des colonnes de chiffres. Un individu engoncé dans une gabardine grise et coiffé d'un feutre de même couleur venait d'entrer. Il arborait un sourire de camelot, faux et forcé. Je regrettai que Fermín ne soit plus là, car il était expert dans l'art de se débarrasser des vendeurs de camphre, naphtaline et autres articles de ménage qui s'introduisaient de temps en temps dans la librairie. Le visiteur m'adressa son rictus gras et fourbe, et prit un volume sur une pile près de l'entrée, en attente d'estimation. Tout en lui respirait le mépris. Tu ne me vendras rien, pas même un bonsoir, pensai-je.

– Ça en fait des pages, hein ? dit-il.

– C'est un livre : ordinairement, les livres ont un certain nombre de pages. En quoi puis-je vous aider, mon sieur ?

180

L’ombre du vent

L'individu remit le volume à sa place et acquiesça d'un air écœuré, en ignorant ma question.

– C'est bien ce que je dis. Lire, c'est pour les gens qui ont beaucoup de loisirs et rien à faire.

Comme les femmes. Quand on doit travailler, on n'a pas de temps pour la faribole. Dans la vie, faut trimer.

Vous n'êtes pas d'accord ?

– C'est une opinion. Vous cherchiez quelque chose ?

– Non, c'est pas une opinion, c'est un fait. Le problème, dans ce pays, c'est que les gens ne veulent pas travailler. C'est plein de branleurs partout, pas vrai ?

– Je ne sais pas, monsieur. Ici, comme vous voyez, nous vendons seulement des livres.

L'individu s'approcha du comptoir, son regard continuant de balayer la boutique et rencontrant parfois le mien. Son aspect et ses gestes me semblaient vaguement familiers, sans pour autant savoir où je les avais vus. Quelque chose en lui me faisait penser à ces figures que l'on voit sur les cartes à jouer, chez les antiquaires ou les extralucides, un personnage échappé des illustrations d'un incunable.

Son allure avait quelque chose de funèbre et de dangereux, comme une malédiction en costume du dimanche.

– Si vous me dites en quoi je peux vous être utile…

– C'est plutôt moi qui suis venu vous rendre un service.

Êtes-vous

le

propriétaire

de

cet

établissement ?

– Non. C'est mon père.

– Prénom ?

– Lequel, le mien ou celui de mon père ?

L'individu m'adressa un sourire narquois. Le voilà qui me fait des risettes, pensai-je.

181

Ville d'ombres

– J'en déduis que l'enseigne Sempere & fils vous joigne tous les deux.

– Vous êtes très perspicace. Puis-je vous demander le motif de votre visite, si vous ne cherchez pas un livre ?

– Le motif de ma visite, qui est une visite de politesse, est de vous prévenir que mon attention a été attirée par les rapports que vous entretenez avec des gens de mauvais aloi, et en particulier des invertis et des voyous.

Je l'observai, ahuri.

– Pardon ?

L'individu me fusilla du regard.

– Je parle de pédés et de voleurs. Ne me dites pas que vous ne savez pas de quoi il s'agit.

– Je crains de ne pas en avoir la moindre idée, ni aucun intérêt à continuer de vous écouter.

Il hocha la tête d'un air hostile et méprisant.

– Alors va falloir vous mettre les points sur les i.

Je suppose que vous êtes au courant des activités du citoyen Federico Flaviá.

– M. Federico est l'horloger du quartier, une excellente personne, et je doute qu'il soit un voyou.

– Je vous parlais de pédés. J'ai été averti que cette vieille guenon fréquentait votre établissement, sans doute pour acheter des bouquins libertins et pornographiques.

– Et puis-je savoir en quoi cela vous regarde ?

Pour toute réponse, il sortit son portefeuille et le posa ouvert sur le comptoir. Je reconnus une carte de la police, crasseuse, portant la photo de l'individu nettement

plus

jeune.

Je

lus

au-dessous :

« Inspecteur-chef

Francisco

Javier

Fumero

Almuñiz ».

182

L’ombre du vent

– Jeune homme, parlez-moi avec respect, ou je vous mets au trou, vous et votre père, pour vente de cochonneries bolcheviques. Compris ?

Je voulus répliquer, mais les paroles gelèrent sur mes lèvres.

– Mais bon, c'est pas pour le pédé que je viens aujourd'hui. Tôt ou tard, il finira au commissariat,

comme tous ses congénères, et je le moucherai.

Présentement, l'objet de ma préoccupation, ce sont les rapports que j'ai reçus : vous employez un vulgaire filou, un indésirable de la pire espèce.

– Je ne vois pas de qui vous parlez, inspecteur.

Fumero émit son petit rire servile et gluant, d'un air entendu et complice.

– Dieu sait sous quel nom il vit aujourd'hui. Il y a des années, il se faisait appeler Wilfredo Camagüey, le roi du mambo, et disait être expert en vaudou, professeur de danse de don Juan de Bourbon et amant de Mata Hari. D'autres fois, il adopte des noms d'ambassadeurs, d'artistes de variétés ou de toreros.

Nous en avons perdu le compte exact.

– Je regrette de ne pouvoir vous aider, mais je ne connais personne du nom de Wilfredo Camagüey.

– Bien sûr que non, mais vous savez de qui je veux. parler. Pas vrai ?

– Non.

Fumero s'esclaffa de nouveau. Ce rire forcé et maniéré le définissait et le résumait comme un doigt accusateur.

– Vous voulez faire le malin, c'est ça ? Écoutez, je suis venu ici en ami, vous mettre en garde et vous prévenir que toute personne qui installe un indésirable à son domicile finit par se faire échauder, et vous me traitez de menteur !

183

Ville d'ombres

– Absolument. Je vous remercie de votre visite et de votre avertissement, mais je vous assure qu'il n'y a pas…

– Ne me racontez pas de conneries, parce que si vous me cassez les couilles, je vous fous une paire de baffes et je ferme votre taule, compris ? Vous avez de la chance que je sois de bonne humeur aujourd'hui, donc ce n'est qu'un avertissement. A vous de choisir votre camp. Si vous aimez les pédés et les voleurs, c'est que vous êtes un peu les deux. Les choses sont claires. Ou vous êtes avec moi, ou vous êtes contre moi. C'est ça, la vie. Alors,

Je ne dis rien. Fumero hocha encore la tête et émit on autre petit rire.

– Très bien, Sempere. Vous l'aurez voulu. Ça commence mal, vous et moi. Si vous cherchez les ennuis, vous les aurez. La vie, c'est pas comme dans les romans, sachez-le. Dans la vie, faut choisir de quel côté on est. Et il est clair que vous avez choisi : celui de ceux qui perdent par bêtise.

– Je vous prierai de sortir, s'il vous plaît.

– On se reverra sûrement. Et dites à votre ami que l'inspecteur Fumero le tient à l'œil et qu'il lui envoie son meilleur souvenir.

La visite du sordide inspecteur et l'écho de ses paroles me gâchèrent la fin de l'après-midi. Après m’être agité une quinzaine de minutes derrière le comptoir, les tripes nouées, je décidai de fermer la librairie avant l'heure et d'aller me promener au hasard. Je ne pouvais m'ôter de l'esprit les insinuations et les menaces de ce sbire de bas étage.

Je me demandais si je devais parler de cette visite à mon père et à Fermín, mais je supposai que l'intention de Fumero était justement de semer le doute, l'inquiétude, la peur et l'incertitude parmi nous. J'en conclus que je n'avais pas à entrer dans 184

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