Max Gallo - Caïn et Abel

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J’ai longtemps hésité à leur avouer ce que je ressentais, ce que je croyais.

Puis, tout à coup, moi qui avançais prudemment, afin de ne pas me découvrir, m’exposer aux sarcasmes, je me suis précipité et ai parlé avec ardeur :

« Qui a des oreilles, qu’il entende… »

J’ai osé dire : l’homme devient homme s’il croit que sa mort est une autre puissance.

S’il s’y refuse, il n’est qu’une masse de chair putrescible, un assemblage provisoire d’organes et d’os, une outre de peau pleine de sang et qui crèvera, comme lui.

Il ne sera pas différent d’un insecte qu’on écrase, d’un agneau qu’on égorge.

Sa vie n’aura été qu’une succession absurde et aléatoire d’actes sans signification.

Les sentiments qu’il a éprouvés, l’amour qu’il a donné ou inspiré, la haine qu’il a suscitée n’auront été qu’illusions.

Car si la mort n’est pas renaissance, si elle n’est que la destruction d’un organisme, alors la vie n’a pas de sens. Il n’y a plus de vérité, tout devient relatif, tout se vaut, tout est dans l’ordre des choses.

Tout est affaire de circonstances, de point de vue.

Il n’y a ni bourreau ni supplicié, ni coupable ni innocent, seulement des forts et des faibles.

L’homme n’est alors qu’un rat qui, au long de sa vie, apprend plus ou moins vite à cheminer dans le labyrinthe, à éviter les pièges afin d’atteindre les nourritures et les honneurs dont il se gave et se pare.

Puis il meurt, et sa vie n’aura été que ce trottinement prudent, cette quête avide pour satisfaire ses besoins.

Je réfute cette vision de l’homme qui le réduit à l’état d’insecte, d’agneau, de rat.

L’homme n’est homme que si sa mort, et donc sa vie, ne se terminent pas dans une fosse commune où pourrissent des milliards d’autres corps.

Je crois en Dieu parce que je veux croire que l’homme échappe à cet ensevelissement :

« Voulez-vous n’être que des rats ? »

Je leur ai dit cela et ils sont d’abord restés silencieux en se regardant les uns les autres, quêtant auprès de Veraghen un signe, une attitude, une réponse à mes propos.

Le « Vieux », l’esprit fort, a ricané.

J’ai lu dans leurs yeux de l’ironie, de l’accablement, de la commisération, un étonnement mêlé de déception, voire de mépris. Puis ils se sont partagés :

Il y avait les athées : Veraghen, Boyon et Wessermann. Dieu est mort ! clamaient-ils, arrogants. Comment, après des siècles de combat contre l’obscurantisme, pouvais-je oser, moi, le savant exégète, évoquer à nouveau la supercherie de la résurrection ?

Les autres – Moralès, Natakis, Claudia, Rosa –, plus prudents, jouaient les indifférents. Ils étaient de ceux que Dieu interpelle dans l’Apocalypse de Jean :

« Je sais tes œuvres, et que tu n’es ni froid ni chaud ! Si seulement tu étais froid ou chaud ! Mais tu es tiède, et je vais te vomir de ma bouche ! »

Ils écoutaient avec attention Veraghen, Boyon, Wessermann prétendre que le hasard était seul à l’origine de l’univers, qu’un jour la science résoudrait toutes les équations demeurées mystérieuses. Quant au sens de la vie, c’était la mémoire, l’histoire des hommes qui le donnaient.

Le reste n’était qu’affabulation, superstition.

Et la mort de Marie, ma décharnée ? Et le désespoir qu’elle avait engendré ?

Et l’amour qu’en dépit de mon égoïsme j’avais éprouvé pour elle, n’était-ce qu’un réflexe de rat ?

Et les bras de Marie que, petite, elle avait l’habitude de nouer autour de mon cou, c’était quoi ? L’instinct ?

Tout cela à la fosse ? Dans le crématoire ? Et tout était dit ?

Et ces centaines de milliers d’enfants gazés, brûlés ? Et ceux dont un homme en noir fracassait la tête en les tapant contre un mur ? Sans importance ? Sans signification ? Sans espérance ?

Et si le tueur échappe à la justice des hommes et meurt en paix, ayant troqué le noir de l’uniforme pour le blanc du rentier, aucun châtiment ?

Pris ou pas pris, tel serait donc le non-sens de cette vie animale ?

Vous voulez donc n’être que des rats ?

Si vous refusez d’être homme, craignez la fin des temps !

Les athées timorés, les agnostiques se taisaient.

J’avais longtemps été l’un de ces lâches qui détournent la tête. Je n’avais pas voulu voir ma fille morte et j’avais laissé les flammes la dévorer.

J’avais été plus rat qu’un rat qui lèche sa portée et la défend.

Je suis innocent devant la loi, qui est l’ordre des choses. Mais si je crois que la vie a un sens, je suis coupable et criminel.

Qu’on me frappe « avec une trique de fer, comme on brise des vases de poterie » !

J’espère ce châtiment évoqué au chapitre II, verset 27, de l’Apocalypse de Jean.

« Je sais tes œuvres », a dit Dieu à l’Évangéliste.

Il connaît les miennes et celles de chaque homme.

43

Apocalypse et Espérance

V

« Et j’ai vu dans la droite de celui qui est sur le trône, écrit au-dedans et au dos et scellé de sept sceaux… Qui est digne d’ouvrir le livre et d’en rompre les sceaux ?… Digne est l’agneau égorgé de recevoir la puissance, la richesse, la sagesse, la force, l’honneur, la gloire et la bénédiction. »

Apocalypse de Jean, V, 1, 2, 12.

Je laisse s’éloigner Claudia Romano et Rosa Berelowicz. Veraghen les entraîne en les tenant par la taille. J’entends son rire.

Tous les autres – Moralès, Natakis, Boyon, Wessermann – leur emboîtent le pas.

Claudia me fait signe, m’invite à les rejoindre. Veraghen se tourne vers moi, m’interpelle :

« Paul, prenez donc la vie comme elle vient ! »

Je m’assieds à même le sol, dos appuyé au tronc d’un olivier. Je ne peux plus vivre comme eux et, lorsque je parcours les chemins de ma mémoire, il me semble n’avoir jamais connu leur insouciance, leur légèreté.

La vie était pour moi une paroi verticale que je devais gravir à mains nues, collant au rocher, me dépouillant de tout ce qui m’alourdissait, et chaque mètre gagné devait être payé d’un sacrifice.

Ma seule joie – mais ce mot-là ne convient pas, il faudrait employer un terme comptable : profit, gratification ? – était non pas de jouir, mais de conquérir.

Je voulais prendre et posséder.

Je sais aujourd’hui que j’ai ainsi troqué l’essentiel contre le dérisoire.

La vie de Marie, ma fille, contre mes ambitions.

J’ai cru accéder au sommet et, lorsque j’ai levé la tête, sûr de ne trouver au-dessus de moi que le ciel éclatant, j’ai vu l’ombre que faisait, en surplomb, une roche dont l’horizontale agressivité m’interdisait même de rêver pouvoir m’y agripper.

Mon désespoir douloureux, mon aveugle vanité font que je ne suis qu’un être quelconque, à l’image de ceux qui s’engagent tous dans la même vaine escalade.

Ils désirent le dérisoire.

Or il ne peut y avoir de civilisation là où l’on préfère la verroterie au diamant.

Ce que j’ai fait, ce qu’ils font tous.

« Il faut prendre la vie comme elle vient », dit Veraghen.

Il se trompe, il se ment.

« Vivre, ce n’est pas prendre, c’est donner. »

La conquête est vaine ; la possession, c’est la mort.

Ils sont revenus vers moi, fourbus et silencieux. Veraghen a concédé que l’horizon du côté de l’Asie était bouché, le vent au sommet de l’île, glacial.

« Vous n’êtes qu’un prophète de malheur, Paul. Vous aviez prévu l’orage. »

Il s’est assis en face de moi, m’a défié.

« Qu’est-ce que vous offrez, Paul, en compensation ? »

J’ai sorti de ma sacoche ce livre écorné que je garde toujours avec moi parce que les textes sacrés qu’il contient sont une source inépuisable.

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