Max Gallo - Caïn et Abel

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Misère de la chair !

J’écris cela aujourd’hui, dégrisé.

Je revois le visage de Claudia et lis sur ses traits indifférence et lassitude. Mais elle m’accorde ce que je désire. Elle s’applique à me satisfaire. Elle dit : « Si tu veux… » Elle m’accompagne, silencieuse, lorsque je parcours ce qui sera notre Cité du Soleil.

Puis, alors que l’aube s’annonce, elle s’habille en hâte :

« Il faut que je parte », dit-elle.

Je m’affole, proteste :

« Je croyais… »

Du bout de ses doigts, elle me caresse les lèvres, la joue. Elle m’enlace, se serre contre moi avec tendresse et abandon. Elle efface mes craintes, mon angoisse, mes soupçons. Je lui propose de la raccompagner. Elle refuse d’un mouvement de tête. J’insiste. Elle me repousse.

Tout à coup, je la vois en pleine lumière, démaquillée, résolue, répétant d’une voix dure :

« Non, je préfère être seule, maintenant. »

Ces mots-là sont tombés, tranchants, et j’en ai été terrifié, comme si la terre s’était mise à trembler. Le sol s’est ouvert et une faille noire m’a englouti.

La mémoire m’est revenue. J’étais dans le hall de l’hôtel Xénia, je venais d’apprendre la mort de Marie, ma fille, ma décharnée, et l’abîme sans fond béait devant moi.

J’ai balbutié, ne pouvant que répéter son prénom comme on tend la main pour une aumône.

« Claudia, Claudia… »

Elle est partie sans me répondre.

L’apocalypse était sans espérance.

Aucun homme ne pourrait jamais bâtir la Cité du Soleil.

Heureux du moins celui qui en rêvait !

Troisième partie

Apocalypse et Espérance

37

Rafaele Di Pasquale a plaqué ses paumes sur ses yeux irrités, brûlants.

Il ne pouvait plus lire les mots de Paul Déméter qui s’affichaient sur l’écran de l’ordinateur.

Assez !

Quel père, sinon un être aimant se vautrer avec une complaisance morbide dans le remords et la culpabilité, aurait osé écrire après le suicide de son enfant unique : « Marie, ma fille, ma décharnée » ?

Assez !

Le commissaire s’est levé. Il doit quitter cette maison, sortir, respirer, s’arracher à ces phrases de Déméter qui l’obsèdent, forment les mailles d’un filet qui l’emprisonne, l’étouffe.

Assez !

Lisant ces textes, il avait souvent eu envie de hurler, la bouche pleine de l’âpre salive de la colère, de l’injure et du mépris. Oui, il en bavait de rage !

Cet homme était lâche et retors. Il jouissait du suicide de sa fille. Il en avait fait son blason, la marque de sa distinction, la preuve que Dieu l’avait choisi et puni. Ce châtiment signifiait qu’il était un être d’exception, l’égal d’un « élu » dont Dieu avait exigé le sacrifice suprême, l’offrande de son enfant égorgé.

Et, comme un bateleur, Déméter en montrait le corps : « Regardez-la, ma fille décharnée offerte à Dieu ! Regardez-moi, voyez mes mains tachées de son sang, condamnez-moi, admirez-moi, frappez-moi ! »

Il invoquait le Christ, saint Jean, saint Paul, il poverello saint François, Joachim de Flore, Thomas Münzer ou Tommaso Campanella, mais c’était manière de se placer dans leur lumière, au sommet du monde, de flatter, d’exalter son égoïsme sacré, ce bloc d’un Moi jamais entamé. Il s’accusait, se flagellait afin qu’on le plaigne et parle de lui.

C’était sa façon de séduire. Sa douleur, la mort de sa fille lui servaient d’appât.

Et Claudia Romano, et combien d’autres avant elle avaient été dupes ?

Paul Déméter savait que le malheur attire, suscite curiosité et compassion.

Cet homme était vil.

Di Pasquale a tiré à lui la porte si brutalement qu’il a trébuché, heurtant le seuil surélevé.

Tout est piège, dans cette maison.

Il a claqué le battant, fait quelques pas sur l’aire. Le vent venu d’Asie est violent. On dirait qu’il projette des épines qui s’enfoncent dans la peau du visage.

Di Pasquale lui a tourné le dos, s’arrêtant un instant devant cette pierre plate à côté de l’entrée de la bergerie. Les phrases de Déméter qu’il a un instant oubliées l’oppressent à nouveau.

Il a respiré leur poison durant plusieurs semaines. Il les a analysées, commentées, citées dans les rapports qu’il a envoyés au ministère. Personne n’a dû les lire. On lui a téléphoné :

« Continuez l’enquête, les charognards de la presse sont aux aguets. Si on ne leur donne rien en pâture, ils diront qu’on étouffe l’affaire. Et les Grecs, où en sont-ils ? »

Vassilikos voulait seulement qu’on respecte la pierre angulaire de la foi chrétienne qu’était à ses yeux l’île de Patmos, là où s’était écrite l’histoire de la création du monde et de la fin des temps. Il avait admonesté Di Pasquale : le médiocre destin, la conclusion sordide de la vie d’un professeur français ne devaient en aucun cas ternir la gloire évangélique de Patmos.

« Faites ce que vous voulez, cher collègue, mais gardez bien en mémoire que l’être de Patmos, c’est l’Apocalypse ! »

Di Pasquale a contourné la maison, arpenté le cimetière, à l’abri du vent derrière la bergerie.

C’est à peine si frissonnaient les longues herbes emmêlées qui recouvraient les tombes.

Il s’est assis sur l’une de ces dalles et s’est à nouveau souvenu que Paul Déméter était souvent venu méditer au milieu des sépultures.

C’est ici qu’il avait conçu ce dernier texte que Di Pasquale hésitait à pénétrer, peut-être d’abord à cause du titre, Apocalypse et Espérance , où s’exprimaient la mégalomanie et l’égocentrisme de Déméter.

Cependant, le commissaire sait qu’il lui faut « ouvrir » ces pages, s’avancer au milieu de ces phrases, risquer de s’y perdre.

Il doit accomplir le dernier acte de l’autopsie de Paul Déméter.

Il n’a pas le droit de refuser cette reconnaissance ultime.

Tout homme, quel qu’il soit, quoi qu’il ait fait, mérite qu’on cherche les raisons et les circonstances de sa mort.

38

Le vent est tombé, mais une pluie d’averse a commencé à strier le ciel, et Rafaele Di Pasquale s’est réfugié dans la maison de Paul Déméter.

Il est d’abord resté sur le seuil. La pénombre avait envahi la grande pièce, drapant la réalité de ses plis noirâtres, effaçant les contours, masquant le portrait de Marie Déméter.

Elle convient à Di Pasquale. Il s’y est enfoncé, heurtant les fauteuils, la table basse, tâtonnant jusqu’à la grande table.

Il s’est assis face à l’ordinateur, bras croisés, ses poings fermés glissés sous les aisselles comme s’il voulait emprisonner ses mains, les empêcher de toucher le clavier, d’en faire jaillir les phrases.

Il a écouté le crépitement de la pluie, tel un joueur qui hésite à dire « échec et mat » parce qu’il craint que son adversaire ne lui ait tendu un piège et ne retourne la situation.

Di Pasquale n’entend pas être vaincu, réduit à l’impuissance, cantonné dans sa petite case, acculé à l’abandon ou, pis, renversé, tué, roi gisant sur l’échiquier.

Toute vie se terminait ainsi : la partie ne prenait sens qu’à la fin, tout ce qui avait précédé n’était que préparation à l’ultime.

Celui qui se croyait vainqueur n’était qu’en sursis. Lui aussi serait à son tour vaincu.

« Chaque vie est un calvaire, puisqu’elles conduisent toutes à la croix », a songé Di Pasquale.

Il a frappé la table du poing tout en marmonnant des injures. Cette phrase aussi appartenait à Déméter. Ce lâche, ce pervers, ce masochiste empoisonné et contagieux. Il fallait l’écraser d’un coup de talon !

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