Max Gallo - Caïn et Abel
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Elle m’avait comblé, m’avait donné l’illusion d’une résurrection, et j’en étais plus désespéré encore.
Assis sur ma pierre, j’ai gardé la tête baissée pour échapper à mon désir de l’enlacer, de l’aimer. Immobile, je voulais me persuader que tout ce que j’éprouvais pour elle était vain.
J’ai murmuré : « Trop tard. »
M’a-t-elle entendu ? A-t-elle cédé à la compassion ?
Elle a fait un pas, s’est assise près de moi dans le soleil, mais elle a veillé à ne pas m’effleurer et je n’ai pas tenté de me rapprocher d’elle.
J’ai tendu le bras vers l’horizon, vers cette mer éblouissante, sans limites, recouverte d’écailles vibrantes.
Dans le creux de la rade, au pied de la colline, s’entassaient les maisons cubiques et blanches du port de Skala.
« La Cité du Soleil », ai-je dit.
Le titre du livre du dominicain Tommaso Campanella s’était tout à coup imposé à moi et je me suis mis à parler de cet homme au visage massif, à la peau épaisse et rugueuse, aux grosses verrues qui l’enlaidissaient, au regard exprimant détermination et obstination.
Il était né en 1568 en Calabre, dans le petit village de Stilo. J’avais vu, sur la place de Stilo, la statue de ce fils de pauvres gens aussi démunis et analphabètes que l’avaient été les parents de Thomas Münzer.
Mais alors que Münzer, clerc dans le siècle, avait soulevé les paysans et pris la tête de leur révolte, Tommaso Campanella était resté au sein de l’Église, au bord de l’hérésie, et n’avait pas manié le glaive, mais trempé sa plume dans la colère et le rêve.
Mort en 1639, il avait décrit dans les premières années du xviie siècle une principauté idéale, cette Cité du Soleil , livre que j’avais lu pour la première fois à Patmos, nombre d’années auparavant.
Je me suis levé, posant un instant la main sur l’épaule de Claudia. Elle s’est aussitôt raidie. Je me suis éloigné en lui expliquant que j’allais chercher un livre essentiel dont je souhaitais lui parler, une édition rare de la Civitas Solis , l’utopie, la rêverie de Campanella. Il me fallait attiser sa curiosité, recréer un lien entre nous, percer cette indifférence qu’elle manifestait désormais et que je devinais lourde de reproches, alors que nos premières étreintes avaient laissé en moi le souvenir d’un moment de grâce, d’un vrai miracle.
Je suis revenu et ai placé le livre entre nous deux sur la pierre plate.
Il fallait que je parle, que mes mots agrippent Claudia, démantèlent ses préventions, cette volonté d’en finir avec moi – je le ressentais ainsi –, ce désir qu’elle avait sans doute d’aller retrouver Veraghen.
Je ne pouvais rivaliser avec lui dans l’art de la séduction.
Je devais donc la surprendre.
« Civitas Solis », ai-je répété.
Puis j’ai parlé avec ferveur de Campanella, ce dominicain comploteur, philosophe, astrologue du pape Urbain VIII et du cardinal de Richelieu.
Il avait été accusé d’hérésie. On l’avait torturé, mais il avait simulé la folie et on ne l’avait pas brûlé vif, ni garrotté en lui brisant le cou.
On l’avait emprisonné durant près de trente années et il avait rêvé, édifié dans la nuit des cachots sa Cité du Soleil .
35
Claudia Romano m’écoute. Je ne la regarde pas, mais je sens qu’elle est tournée vers moi.
Empruntant la voix de Tommaso Campanella, je cite :
« Je suis la cloche qui annonce l’aurore nouvelle ! »
Car il pensait que l’année 1600 serait le nœud des temps, et qu’après cela viendrait un âge d’or.
Il voulait que la Terre soit le royaume de Dieu, mais se défiait de ceux qui se proclamaient disciples du Christ.
Je lis :
« Les chrétiens d’aujourd’hui ressemblent bien plus à ceux qui Te crucifièrent qu’à Toi-même, Crucifié. Tant ils s’éloignèrent, bon et doux Jésus, des lois prescrites par Ton esprit divin… Si Tu redescends sur terre, viens armé, Seigneur. Tes ennemis Te préparent d’autres croix, non les Turcs ni les Juifs, mais les chrétiens eux-mêmes. »
J’étais le prédicateur qui doit à toute force retenir l’attention des fidèles, piquer leur curiosité, les convaincre, les exalter pour les entraîner à sa suite.
« Les habitants de la Cité du Soleil, les Solariens, étaient gouvernés par un Métaphysicien assisté de trois princes : Pon, Sin et Mor – Puissance, Sagesse et Amour. Dans la Cité, tous les Solariens sont soumis à l’étude de toutes les disciplines, et les sept murailles concentriques qui délimitent les quartiers sont à la fois des fortifications, des habitations et des bibliothèques. »
C’était une fable, un rêve. J’ai senti que cette utopie ravissait Claudia et je m’appliquais à rendre ma voix d’autant plus veloutée, persuasive.
Je devais être l’enchanteur.
« Dans la Cité du Soleil, tout appartient à tous, l’adultère n’existe pas, de même qu’il n’y a pas de mal à manger le pain qui est commun, et la fornication n’est pas reconnue comme un péché contre nature, car dans la République du Soleil la fornication n’existe pas, puisqu’il y a communauté. »
Je n’ai pas voulu m’interrompre, briser le charme, ce lien qui nous unissait à nouveau.
Mais je devais aussi m’interdire de céder à mes tentations : regarder Claudia, saisir sa main, lui baiser le cou, les lèvres, l’enlacer, la porter jusqu’au lit.
J’ai expliqué que, dans la Cité du Soleil, des astrologues désignaient ceux qui iraient au lit ensemble.
J’ai repris le livre et, sans me tourner vers Claudia, j’ai lu :
« Alors, après force ablutions, ils font l’amour tous les trois soirs, les grandes et belles filles avec les hommes grands et intelligents, les grasses avec les maigres et les maigrelettes avec les gros, afin de tempérer les excès… Celui qui s’éprend d’une femme a le droit de lui parler, de lui dédier des poésies, de plaisanter, d’offrir des fleurs et des plantes… Ils ne s’accouplent que digestion faite, et après avoir prié. Ensuite ils se mettent à la fenêtre et implorent le Dieu du Ciel qu’Il leur accorde une belle descendance. »
36
Claudia est entrée la première dans la bergerie et je l’y ai suivie, abandonnant sur la pierre plate la précieuse édition de 1637 de la Civitas Solis .
Elle s’est allongée sur le lit et, sur l’instant, je n’ai pas compris que, cette nuit-là, elle allait m’offrir une cérémonie d’adieux.
J’ai perdu la raison, la mesure du temps, la mémoire.
Fougueux, j’avais la tête pleine de rêves. Quand mon désir s’apaisait, je décrivais notre propre Cité du Soleil et Claudia me faisait faire et dire, se prêtant à toutes mes folies, les suscitant, m’accompagnant dans cette vie future que je bâtissais pour nous deux.
J’ai cru que son silence valait approbation lorsque j’ai dit qu’un fils serait l’âme, le principe et le but de notre Civitas Solis .
Cette nuit-là, j’ai oublié que j’avais déjà eu – je reprends les termes de Campanella – « une belle descendance ». Et que j’avais laissé ma fille Marie dépérir et mourir. Comment ai-je pu croire qu’on peut, comme un innocent, prétendre benoîtement au bonheur quand on a commis un tel crime ?
Mais le Diable qui est dans la chair m’avait rendu amnésique.
Comme un homme ivre qui ne sait plus ni qui il est ni où il se trouve, j’affirmais que mon passé n’avait jamais existé, que l’amour et le désir que j’éprouvais pour Claudia étaient les premiers.
Par elle, en elle, je naissais à la vie.
Elle détenait le pouvoir divin de la résurrection. C’était elle, ma tête serrée entre ses cuisses, qui me mettait au monde.
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